dimanche 30 août 2009

Prix du diamant

Adam Smith se demandait pourquoi le diamant, inutile, valait cher, alors que l’eau et l’air étaient gratuits. La réponse : loi de l’offre et de la demande. La rareté coûte cher. Paradoxalement, on découvre en 1870, en Afrique du sud, que le sous-sol de la planète regorge de diamants. Pourquoi le diamant est il toujours hors de prix ? Du fait de la stratégie des producteurs :

  1. Ils vendent juste ce qu’il faut pour maintenir élevés les prix.
  2. Ils ont fait un effort colossal de marketing, ou, plus exactement, de manipulation. En une génération, une campagne de publicité lancée par De Beers en 1938 fait entrer dans la culture mondiale que « le diamant est le seul symbole acceptable de l’amour éternel et que plus grande la taille du diamant, plus grand l’amour », autrement dit « le diamant est éternel ».

La technique n’est pas propre à De Beers, elle se retrouve chez la plupart des producteurs de bien de consommation. Ce qui m’a frappé quand j’ai étudié Unilever, il y a quelques années, c’est que, selon un de ses anciens contrôleurs de gestion, on y lit Elle et pas les Échos : son marketing, au budget énorme, s’inscrit dans les modes. C’est ainsi qu’Unilever vend cher sa poudre à laver, qui ne coûte rien.

Autrement dit, ce que racontent les livres d’économie est une farce : les prix sont déterminés non par l’offre et la demande, en concurrence parfaite, mais par la manipulation. L’art de la stratégie d’entreprise ? Acquérir des monopoles et trafiquer l’inconscient collectif.

Compléments :

  • La stratégie des producteurs de diamants : Its hardness is natural ; its value is not, Scientific American de Septembre.
  • Sur les mécanismes de partage de la « valeur » : Bonus et Goldman Sachs.

2 commentaires:

Bsa a dit…

ce qui fait la valeur c'est le desir. Le prix que l'on est pret a payer pour assouvir ce desir est fonction du gain attendu. Le plus hardu etant de creer du desir autour de quelque chose, rare ou pas. Plus le desir est grand plus le prix peut etre eleve ce qui rend la chose rare, meme si elle est abondante. La spirale vers les prix fous est lancée. Effectivement la blague de l'offre et de la demande est une mystification. Les theoriciens éco ont bien noyé le poisson. Pour quelle contrepartie? Au profit de qui?

Julien a dit…

Comme bien souvent, vous êtes un peu caricatural. L'économie n'a jamais dit qu'il n'existe qu'un seul type de compétition, la pure et parfaite. Et justement, ce que vous dites à propos des diamants est exactement ce qui est décrit en économie comme une concurrence monopolistique, jusqu'à ce qu'éventuellement on considère que de Beers est en position de monopole de fait.

Soit dit en passant, l'économiste dit justement que le monopole est à proscrire _dans la plupart des cas_, car il mène à des prix plus élevés pour le consommateur (c'est le cas ici).

Juste pour finir, car je suis un lecteur régulier depuis quelques mois, tentez si vous le voulez bien d'être moins entier dans vos jugements sur l'économie, cela ne fera que crédibiliser vos positions. Entre ce que dit la science économique, et l'interprétation qu'en font certains dans le but de mettre en avant leurs propres intérêts, il y a un grand gouffre.