vendredi 31 décembre 2010

Thèmes du mois

Innovation. Au lieu de faire un point à chaque centaine de billets, je le fais maintenant en fin de  mois (ce qui revient à peu près au même, mais est plus simple pour moi).

Une idée surnage du résumé ci-dessous. Le monde s’éveille doucement. Progressivement, il découvre que ce qu’il croyait, l’idéologie libérale pour faire simple, était une illusion. Ou plutôt une anesthésie. Un à un, les démons que l’on pensait ensevelis ressurgissent. Plus grave, on ne sait plus si ce sont de vrais démons, ou s'ils ont été diabolisés. 

Isabelle Caro

J’aperçois le nom d’Isabelle Caro dans une une étrangère.

Qui est-ce ? Un article de Wikipedia explique que c’est un mannequin qui a parlé de son anorexie.

Un bandeau, au début de l'article, dit que quelqu’un a proposé de le supprimer. Ce qui me surprend : il a des équivalents dans un grand nombre de langues, l’article anglais étant d’ailleurs bien plus long et mieux fait que le français. Qu’est-ce qui justifie cette différence de traitement ?

D’ailleurs, quand mérite-t-on d’avoir une page dans Wikipedia ?

Je me suis demandé si de temps à autres l’homme ne parvient pas à faire des choses qui le dépassent, comme représenter le combat contre l’anorexie ; alors ce qu’il est ne lui appartient plus. Il appartient à la société et à Wikipedia ?

Révolution industrielle

BBC 4 parlait des « conséquences de la Révolution industrielle », hier matin.

J’en retiens que la transformation s’est faite sans beaucoup de résistance. La campagne est allée à la ville.

Le changement a été radical, pourtant. La vie est devenue urbaine, les machines et les usines sont apparues partout. La population, qui vivait jusque là au gré des saisons, avec pas mal de loisirs, a subi la discipline des horaires industriels. La vie communautaire s’est transformée aussi. Les déplacés créent de nouveaux modes de vie sociale, mutuelles (friendly societies), syndicats, communautés religieuses. Ce qui évite, peut-être, une révolution, non industrielle.

En fait cette période fut effectivement une révolution pour l’espèce humaine. Pour la première fois elle a connu une croissance démographique forte sans qu'elle déclenche une « réaction malthusienne ».

Les conditions de vie de la classe ouvrière étaient-elles abjectes ? Le niveau de vie croit dans la seconde moitié du 19ème siècle. Mais avant ? Les optimistes semblent argumenter que l'abjection était encore plus grande lors des siècles précédents. La Révolution industrielle, d'ailleurs, n’a pas eu que des désagréments. Cependant, il y aurait eu stagnation du salaire des hommes alors que la taille de la famille augmente. L’épouse n’aurait pu apporter de revenu complémentaire, ses emplois traditionnels ayant disparu.

Finalement, d’où est venu le déclin de l’Angleterre, à partir de 1850 ? En partie du libre échange, qu’elle croyait la raison de sa prospérité. Ses concurrents ont acquis à bon compte sa technologie et l’ont développée à l’abri de barrières protectionnistes. L’éducation est surtout coupable. L’Angleterre n’a pas su passer du « bricolage » des temps héroïques à une démarche scientifique, comme l’Allemagne par exemple. Les héritiers des entrepreneurs ont reçu un enseignement classique traditionnel, inadapté au développement de leurs affaires.

Compléments :

Singe et changement

Quant il est question de changement, on raconte une expérience édifiante. Collectivité de singes. On accroche une banane au plafond. Quand un singe veut la décrocher, il déclenche un fort jet d'eau. Rapidement plus personne n’ose toucher à la banane. Même si le jet d'eau est débranché. La communauté en a fait un fruit défendu, et empêche son approche. Cette loi est transmise de génération en génération. Enseignement ? Nous sommes tous des singes rétrogrades et ridicules. Nous refusons le changement. 

Et si nous avions été des singes innovants ? Mon billet sur les retraites américaines en donne un exemple. Aux USA, la faillite n’est plus une honte, mais une technique de management ; les retraites sont devenues des dettes, secondaires. Nous avons remis en cause les règles de la morale. Que s’est-il passé ? Rien. On a découvert que le singe innovant décrochait la banane. Car, dans une société, les jets d'eau ne se déclenchent pas instantanément. Et quand ils se déclenchent, ils ne sont pas des jets d'eau, mais des guerres nucléaires. Ou pire.

Que va-t-il arriver à notre société ? 
  1. Le singe fait des émules, grande vague d’innovation, l’édifice s’effondre. C'est la fin de l'histoire.
  2. La communauté découvre, à temps, la nécessité de ses principes fondateurs, réagit et ramène l’innovateur dans le rang. Grâce à lui, on aura dépoussiéré les dits principes. Peut-être seront-ils devenus plus efficaces ?
Compléments :
  • Stratégie de virus ? Loin d’attaquer une faiblesse, il s’en prend, au contraire, à un de nos principes vitaux si fondamental que le corps a oublié qu’il existait ? Mais le virus serait un moteur de changement : ce qui ne tue pas renforce ?

jeudi 30 décembre 2010

Fêtes

Chaque année je me fais la même réflexion. Pendant les fêtes, il ne se passe rien.

Mais où sont les si terribles marchés financiers, devant la perfection desquels les nations et les hommes doivent se plier ? Leur logique serait elle, malgré tout, sensible à quelque force culturelle ?

Et si le meilleur moyen de les calmer était, finalement, de supprimer toutes les vacances ? 

Retour aux retraites

Quand la réforme des retraites était contestée, je pensais que M.Sarkozy avait son moment Thatchérien. Les faits semblaient m’avoir donné raison jusqu’à ce que j’y réfléchisse à nouveau.

Car le ministre Woerth a été démis. La tradition n'a pas été démentie. La victoire gouvernementale n’a pas été complète.

Quelqu’un a-t-il gagné quelque chose dans ces événements ? La famille Bettencourt s’est réconciliée. Quant à Maître Metzner, a-t-il mieux démontré son talent que dans l’affaire Kerviel ?

Les politiques, Aristote

Aristote, Les politiques, traduction Pierre Pellegrin, GF Flammarion, 1993.

Pour Aristote, ce qui rend l’homme humain, c’est la cité. C'est-à-dire un groupe suffisamment important pour vivre en autarcie, mais relativement restreint, et encadré par la loi, ou plutôt une juste constitution.

Le rôle de la cité est de rendre l’homme « heureux », ce qui exige une vie de loisirs. Pour cela il doit apprendre la « vertu ». Ceux dont la « nature » est favorable doivent être conduits à la vertu par des lois et par l’éducation (la première préoccupation du législateur). L’éducation forme les habitudes et la raison.

Le législateur, l’auteur de la constitution, a donc un rôle décisif dans le sain développement de la cité. Il doit veiller à l’avantage commun (pas à celui d’un groupe privilégié). Pour cela il lui faut adapter la forme constitutionnelle (royauté, aristocratie ou gouvernement constitutionnel) au nombre d’hommes de bien de la cité (un, un petit nombre, ou un grand nombre), et prendre garde d’éviter les dérives qui guettent chacun de ces régimes (respectivement tyrannie, oligarchie et démocratie). Par ailleurs, la cité et son environnement évoluent, le législateur doit veiller à faire évoluer sa constitution en fonction.

Point curieux : la terre est une imitation imparfaite du cosmos. C’est de cette imperfection que viennent nos malheurs, en particulier les vices et la non permanence de la cité. Mais c’est à elle que nous devons notre liberté. Sans elle nous serions des pantins !

Commentaires

Initialement j’ai considéré Aristote avec condescendance. N’était-il pas ridicule de dire que la femme, l’esclave ou l’artisan étaient inférieurs « par nature » ? Mais pas longtemps.

J’ai vite compris que s’il y avait des ridicules dans la pièce, c’étaient nous. Où avons-nous pu pécher que notre démocratie était le but ultime du monde ? Que le régime chinois, par exemple, incarnait le mal ? Chez Aristote, un régime politique doit être adapté aux caractéristiques d'une population. Et surtout il évolue sans cesse. D’ailleurs, qui dit que la démocratie est idéale ? Celle d’Aristote a besoin d’esclaves, de femmes et d’artisans. Les bénéfices de la nôtre ne sont-ils pas aussi destinés à une classe de privilégiés ? Pire, vivons-nous dans une « démocratie » (Aristote aurait dit un régime constitutionnel), ou dans une oligarchie de « travailleurs riches » et d’intellectuels ? En déréglementant à tour de bras, en légiférant au fait divers, ne risquons nous pas de basculer dans un régime démagogique, dans lequel la société devient une « masse » animale ?  

En outre, ce qu’Aristote dit de la cité, de l’homme heureux… rejoint quasiment mot pour mot les travaux de sociologie moderne. En fait, Les politiques est un traité de conduite du changement.

Reste une question. Pourquoi, lui qui était le précepteur d’Alexandre, a-t-il écrit sur la cité, alors qu’Alexandre et son père, Philippe, l’ont éliminée de l’histoire ? Comme Gorbatchev, il n’a pas vu les conséquences du changement auquel il donnait la main ? A-t-il été victime de l’habitude : le philosophe grec réfléchissait par tradition à la cité idéale, peut-être justement parce qu’elle avait du plomb dans l’aile ? 

En tout cas, une fois de plus, il me semble que sans crise il n’y a pas de philosophie digne de ce nom.

Compléments :

mercredi 29 décembre 2010

Internet et innovation

L’histoire récente d’Internet est celle de toute découverte de l'humanité, du feu jusqu'à l'énergie nucléaire : que peut-on en faire de bien, en en évitant les dangers ? L’apprentissage se faisant à tâtons.

Les derniers épisodes sont marqués par le problème de la confidentialité de l’information, qui est depuis toujours lié au modèle économique d’Internet. Lors de la bulle Internet on appelait cela la question de « l’infomédiaire ». Celui qui possédait des données sur une personne possédait une partie de son patrimoine. En effet, cette information trahissait certainement les goûts de la personne et permettait donc de savoir quoi lui vendre. Il semblerait que l’intérêt de Facebook pour le mail vienne de là : le mail serait porteur de plus d’informations commercialement utiles que ce qu’il possède déjà.

Compléments :
  • Sur les infomédiaires : voir les travaux de John Hagel. Mon expérience avec Amazon USA montre que l’idée d’infomédiaire peut être qualitativement pertinente : les suggestions de livres qu’il fait sont judicieuses. (Malheureusement, j’achète chez Amazon France, qui visiblement possède peu de lecteurs qui me ressemblent.)
  • J’ai découvert que Facebook permettait de suivre ce que font ses proches distants, sans les bombarder de mails. Un publicitaire m’expliquait que c’était la raison pour laquelle les grands parents s’intéressaient à Internet : rester en contact avec leurs petits-enfants. Mais est-ce que ceux-ci sont d’accord ? Dans la vie hors ligne on peut tenir des conversations différentes, voire contradictoires, à différents types de personnes. Ne plus pouvoir le faire ne risque-t-il pas de limiter Facebook, par exemple, à des échanges aseptisés ? Mais peut-être y aura-t-il application du « paradoxe du décolleté » dont me parlait un conducteur de taxi, lors d’une discussion philosophique. La femme qui le porte ne conçoit que la séduction qu’elle exerce sur sa cible, non le regard concupiscent du libidineux. Le membre de Facebook ne concevra-t-il toujours que des conséquences favorables à ses écrits ?

Sens de la vie

En ces temps où l’efficacité semble se suffire à elle-même, je suis frappé par ce qu’Aristote définit comme étant l’objectif, la fin, de l’existence : « le loisir ». « La guerre doit être choisie en vue de la paix, le labeur en vue du loisir, les choses indispensables en vue de celles qui sont belles. »

Cependant, cette vie se gagne. « Il faut posséder beaucoup de choses indispensables pour pouvoir se permettre une vie de loisir. » Et se mérite. « il faut du courage et de l’endurance pour le temps de la besogne, de la philosophie pour celui du loisir, et de la tempérance et de la justice pour ces deux temps, mais surtout pour ceux qui vivent en paix et dans le loisir. »

Ce point de vue s’oppose à la spécialisation anglo-saxonne, qui doit conduire à produire toujours plus (Adam Smith). Pour Aristote, en confondant fin et moyen, on finit par dribbler les poteaux du but. « La plupart des cités (qui) assurent leur salut par la guerre (…) une fois qu’elles ont acquis la domination elles périssent. » Surtout on aliène sa liberté. Comme aliènent leur liberté l’esclave, la femme ou l’artisan, qui ne sont que des moyens, et non des fins. « on doit considérer comme digne d’un artisan toute tâche, tout art, toute connaissance qui aboutissent à rendre impropres à l’usage et la pratique de la vertu, le corps, l’âme ou l’intelligence des hommes libres. »

Mais la contradiction n’est peut-être qu’apparente. Pour que l’homme libre puisse l’être, Aristote a besoin d’esclaves, de femmes et d’artisans. (C’est leur juste destin : ce sont des êtres inférieurs « par nature ».) De son côté, la classe dirigeante anglo-saxonne mène essentiellement une vie de loisirs, comme l’écrivent Veblen et Galbraith. D’ailleurs Adam Smith était un philosophe qui a vécu aux crochets des puissants. La spécialisation serait-elle pour le petit peuple, et les loisirs pour le grand ?

Compléments :
  • Aristote, Les politiques, traduction Pierre Pellegrin, GF Flammarion, 1993

Démagogie

Ce qu’Aristote (Les politiques) dit de la démagogie m’a frappé.
  • La démagogie est une forme corrompue de la démocratie. 
  • Comment cela survient-il ? L’explication d’Aristote est inattendue. Remplacement de la loi par le décret, expression du caprice populaire.
  • Sans guides, le peuple devient une « masse », une sorte d’animal collectif, mu par des désirs primaires. Le démagogue le mène par le bout du nez. Mieux, au nom du peuple, il asservit les institutions.
Cela m’a rappelé le début du quinquennat, et sa législation au fait divers. La destruction des codes de lois peut-il faire de nous une « masse » facilement manipulable ?

mardi 28 décembre 2010

Dissonance cognitive

La dissonance cognitive est une différence entre ce à quoi l’on croit, et ce que l’on fait vraiment. (cf. le Bobo.)

C’est un phénomène lié à l’hypocrisie. Il est au cœur du changement, puisque le changement est très souvent dû à une difficulté à réaliser ce que l’on pense bien (et que l’on disait faire jusque-là – cf. la charte d’éthique d’Enron).

Les universitaires anglo-saxons ont cherché à utiliser ce mécanisme comme moyen d’influence d’un comportement. Par exemple, un ami m’a envoyé une bande dessinée dans laquelle un consultant demande à un employé pourquoi il travaille dans des conditions abjectes, alors qu’il est deux fois plus intelligent que son patron. Devant cette situation absurde, l’employé rationalise la contradiction : ce travail est passionnant.

On peut aussi utiliser la dissonance comme un moyen de motivation. Il s’agit alors d’amener l’homme à la hauteur de sa légende. Si elle réussit, la transformation conduit à une énorme vague d’optimisme. Mais il faut procéder avec prudence. Car la dissonance met l’homme en face d’une image qu’il hait. Son réflexe naturel est de détruire le miroir. Comme Tartuffe.  

Angleterre en croissance

Les mâles anglais auraient pris en moyenne 7,7kg en 14 ans.

Ils mangent trop et ne font pas assez d’exercice. Ce qui est excellent pour l’économie : cette surconsommation alimentaire s’accompagnera d’une surconsommation de produits pharmaceutiques.

Compléments :
  • L’obésité française est inquiétante (14,6%), mais un peu moins que l'anglaise (25%, seulement 7% en 86-87). L’explication de notre relative meilleure santé serait culturelle. Le repas a conservé chez nous un rôle social, alors que c’est un geste technique dans les pays anglo-saxons. Du coup, cela nous force à manger de manière relativement équilibrée.

Journalisme

Quelques observations venues de mes rencontres avec les journalistes :
  • Trompé peut-être par ce que me disent mes amis ex-journalistes, je pensais que les bons journalistes avaient quitté le métier. C’est faux. La profession compte de grands professionnels. Bizarrement plutôt en position un peu subalterne et menacée.
  • J’ai fini par voir ce qui bloquait le journaliste vis-à-vis de mon sujet. Implicitement, il connaît mieux la question que moi. Mais, dès qu'il comprend que ce dont je lui parle, c’est ce qu’il vit tous les jours, son attitude change. Malheureusement, je ne suis plus capable de répondre à ses questions sans parler longuement. Erreur à corriger.
  • Plus surprenant, dans son domaine de spécialité il arrive que j’en sache plus que lui. Ma lecture de The Economist me donne une avance inattendue. Mais ce que dit The Economist, et la presse anglo-saxonne, semble impubliable, subversif !, à la fois au journaliste de gauche et de droite. Même des théories économiques qui ont reçu depuis longtemps le prix Nobel sentent le soufre. Personne ne paraît avoir la moindre idée de ce qui se passe en Angleterre ou aux USA et des leçons que la France pourrait en tirer…
Le journaliste français penserait-il qu’il sait parce qu’il est journaliste, et donc qu’il n’a rien à apprendre ? Ce qu’il sait serait-il défini par une sorte de pensée commune à son milieu ? Serait-ce ce que dit l’ambassade des USA en France ?
les grands journalistes français sont souvent issus des mêmes écoles élitistes que beaucoup de responsables gouvernementaux. Ces journalistes ne considèrent pas forcément que leur premier devoir est de surveiller le pouvoir en place. Nombre d'entre eux se voient plutôt comme des intellectuels, préférant analyser les événements et influencer les lecteurs plutôt que de reporter des faits.
le secteur privé des médias en France – en presse écrite et audiovisuelle – continue d'être dominé par un petit nombre de conglomérats, et les médias français sont plus régulés et soumis aux pressions politiques et commerciales que leurs équivalents américains.

lundi 27 décembre 2010

Facebook

Parmi les révisions de fin d’année, il a celle de l’histoire de Facebook telle que racontée par The social network.

Si je comprends bien le film, le fondateur de Facebook vole l’idée à d’autres étudiants de Harvard. Or, cette idée est principalement d’utiliser la notoriété de Harvard. Ce qui me semble déjà un vol.

Mécontents, ils rencontrent le président de Harvard, Larry Summers (le grand déréglementeur), en lui demandant de faire appliquer le code de bonne conduite de Harvard. En gros, il leur répond que Facebook n’a aucun avenir, d’aller chercher d’autres innovations ailleurs : Harvard en est plein.

Drôle d’image d’une certaine société américaine : la science ne sert plus qu’à gagner de l’argent, et tous les coups sont permis, il n’y a plus de règles et de morale.

Trotskysme et révolution

Dans mon enquête sur le Trotskysme, j’ai manqué quelque-chose.

Je me suis montré étonné de trouver les Trotskystes partout au sein des mouvements anti-gouvernementaux. Mais c’est normal. Le principe fondamental du Trotskysme est la révolution mondiale. Il est donc logique qu’il soit devenu l’animateur de l’agitation populaire.

Compléments :

Le tombeau des lucioles

Film de Isao Takahata, 1988.

Un film fort triste. Mais très honnête. Il n’y a pas de bons et de méchants. La population est unanime dans son partage du projet patriotique. Le jeune héros-victime aurait dû devenir en toute bonne conscience un militaire fanatique. Le Japon n’est pas non plus un pays d’entraide. Comme ailleurs beaucoup y sont mesquins, jaloux et ont le cœur froid.

Dans ce film, on subit de très impressionnants bombardements. Ce qui était inattendu d’un dessin animé. Vue du sol, au milieu d’une population civile, il est bien difficile de croire que l’aviation américaine a la justice de son côté.

Le tombeau des lucioles est certainement la plus terrible des plaidoiries contre la guerre.

Compléments :
  • Au Japon, n’y a-t-il de lien humain qu’au sein d’une communauté ? Ce qui expliquerait qu’il y ait des exclus ?
  • Ce que je retiens de ce film, curieusement du Nom des gens, et aussi de l’expérience de ceux qui ont été les victimes d’une guerre, c’est qu’elle détruit les survivants, les ampute d’une partie de leur être. Il faut être bien stupide pour penser qu’elle fait des héros. 

dimanche 26 décembre 2010

Union soviétique

L’Union européenne deviendrait-elle soviétique ? Le pouvoir hongrois semble avoir décidé que son expérience démocratique était finie.

Curieusement, l’Europe ne réagit pas à cette violation de ses principes fondateurs. Et l’Angleterre, qui avait cru que les ex-soviétiques l’aideraient à rénover la vieille Europe, s’en désintéresse maintenant.

Les nations européennes se sont engourdies dans un individualisme mesquin, parviendront-elles à réveiller leur projet commun ?

RP et manipulation

Ce qu’il y a de curieux dans l’histoire des relations publiques, c’est qu’on y parle immédiatement de manipulation. Un de ses pères fondateurs aurait même été un neveu de Freud, un certain Edward Bernays.

Comment la science peut-elle amener les masses où entreprises et gouvernements veulent qu’elles aillent ? se demande-t-on. Déjà, on repère la sensibilité de l’esprit humain aux émotions, aux images, à l’influence des leaders d’opinion.

Pourquoi l’entreprise n’a-t-elle pas cherché à s’adresser à la rationalité humaine ?

Parce que le capitalisme n’a pas attendu la révolution russe pour avoir mauvaise presse. Ses origines sont marquées par un affrontement avec syndicats et salariés. Inquiète pour sa situation, son élite dirigeante était prête à tous les coups. 

Que signifie que la publicité ressortisse toujours à de la manipulation ? Plus qu’un marché, le dirigeant nous voit comme une populace révolutionnaire qui en veut à ses richesses ?

Hamlet

Film de Laurence Olivier, 1948.

Quelques jours après avoir vu ce film, j’ai entendu la BBC dire qu’il était 100% inspiré par Freud. (Je me demandais aussi pourquoi il y avait autant de plans lourdement insistants sur le lit de la mère d’Hamlet…)

Dommage, je l’avais trouvé fort bon (en dehors d’une Ophélie grasse et mièvre). Shakespeare serait-il insubmersible ?

Toujours est-il que ses ratés lâches et incertains nous parlent bien plus que les héros du drame français de la même époque. Serions-nous tous anglais maintenant ? Greed and fear ?

samedi 25 décembre 2010

Berlusconi l’insubmersible ?

Les entreprises télévisuelles de M.Berlusconi affrontent le plus terrible des fléaux inventés par le capitalisme libéral : Ruppert Murdoch.

Or, elles se défendraient bien  mieux que l’élite économique fréquentable. Cela ne serait pas dû uniquement à des manipulations des lois de la République. Elles sauraient séduire le marché.

L’Angleterre juge la France

Les siècles n’ont pas changé l’opinion de l’Anglais sur le Français. Voici ce que dit John Stuart Mill (Representative Government) :
(Les Anglais) ont le plus grand dégoût pour la lutte des partis politiques ou des individus pour une charge ; et il y a peu de choses pour lesquelles ils aient plus d’aversion que pour la multiplication des emplois publics ; quelque chose qui est, au contraire, toujours fort populaire chez les membres des nations criblées de bureaucratie du continent, qui préféreraient payer plus d’impôts que de réduire par la plus infime fraction leur chance d’obtenir une charge pour eux-mêmes ou leurs proches, et parmi lesquels une demande d’économie ne signifie jamais l’abolition des charges, mais la réduction des salaires de celles qui sont trop considérables pour que le citoyen ordinaire ait la moindre chance d’y être nommé.
Je crois que la classe supérieure anglaise se trouve toutes les qualités, et estime que sa position est due à son mérite. En outre ses rangs sont ouverts à ceux qui parviennent à s’y hisser. Celui qui l’envie et veut l’éliminer, en conséquence, n’est qu’un paresseux.

Le Français, du fait de son histoire, voit les choses différemment. Pour lui la classe supérieure doit sa position à l’hérédité, et non au mérite. Et quand on y pénètre de son vivant, c’est par quelque magouille que la morale réprouve. (Dans les deux cas, effectivement, il n’y a pas d’intrigue indécente pour obtenir une charge : l’un la reçoit du fait de ses relations, et l’autre la dérobe par son « esprit d’entreprise ».)

Compléments :
  • Cette admiration de la classe supérieure anglaise pour elle-même s’exprime peut-être dans ses sports nationaux, qui la donnent en spectacle à la nation : Sport et identité nationale.

vendredi 24 décembre 2010

Recherchons terroristes, Bac+5

« Le terrorisme est une activité complexe ». Les terroristes recrutent leurs suicidaires sur diplômes. Décidément nous appartenons bien à une économie de la connaissance.

Et l’intellectuel est beaucoup plus sensible à la séduction du terrorisme que le peuple. (Exploding misconceptions.)

(Les premiers terroristes, ceux de 89, et les trotskystes étaient tous des intellectuels, d’ailleurs !) 

Triste Amérique

L’Amérique n’est pas faite pour connaître le chômage. Or il est devenu très élevé (9,8%), et il semble parti pour s’éterniser.

L’Américain moyen commence à être terriblement touché. Il se retrouve bien vite sans chômage et sans sécurité sociale. Triste spectacle. 

Esprit d’ISO 26000

Ma lecture de la norme ISO 26000. À l’origine, je vois une double idée :
  1. Disparition du service public. Il faut que quelqu’un récupère les responsabilités abandonnées par l’État. La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise accompagne la déresponsabilisation de l’État.
  2. Globalisation et interdépendance (conséquence de la fameuse mode de la « supply chain » ?) conduisent à un impact mondial de décisions locales. La responsabilité de l’entreprise s’est massivement amplifiée.
À tout ceci vient s’ajouter des « groupes vulnérables » particulièrement susceptibles aux crises économiques et dont il faut d’autant plus prendre soin que l’État n’assure plus son rôle. Mais la norme l’avertit qu’il doit se ressaisir et assumer ses responsabilités. Le rôle des services publics est « primordial », notamment en ce qui concerne les susdits « groupes vulnérables ». (Attention : que l’entreprise devienne responsable ne signifie pas que l’Etat ne doit plus l’être : leurs rôles et responsabilités sont différents, non substituables.)

La question que pose ISO 26000 est simplement : quelles sont mes responsabilités d’homme ? La norme en elle-même est là pour aider cette réflexion en proposant une liste (minimale ?) de questions à se poser. Mais rien ne peut dégager l'homme de sa responsabilité, surtout pas une norme.

On découvre qu’être responsable c’est répondre de l’impact de ses décisions, ne rien cacher, connaître et respecter les lois (« primauté du droit », un point sur lequel la norme insiste lourdement), avoir un comportement éthique, respecter les normes de comportement international (coutumes, si possibles universelles…), respecter les intérêts de ses « parties prenantes », respecter les droits de l’homme.

Cela demande aussi (de manière un peu redondante ?) de connaître et de s’interroger sur les droits de l’homme, les droits des travailleurs (une partie des précédents), les droits des clients, les bonnes pratiques du métier, l’environnement et la société. Et de se donner la « gouvernance » qui permet de respecter ses engagements.

Technique centrale. Le dialogue avec les parties prenantes. Leur rôle : aider à trouver une solution aux questions ci-dessus. Mais attention. Elles ne dégagent pas la responsabilité de celui qu’elles aident. Elles peuvent ne pas penser à tout. Et surtout elles ne représentent pas tous les intérêts en cause. Il ne faut pas oublier ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix (comme les générations futures ou la nature, ou encore les chômeurs, ou toute communauté mal organisée).

Le but de ce dialogue est aussi (essentiellement ?) d’éliminer les conflits entre intérêts. Entre parties prenantes, entre parties prenantes et sujet de la RSE, entre parties prenantes et société.

Commentaires

ISO 26000 c'est le monde à l'envers :
  • L’individualisme triomphant jusqu’ici (les droits de l’homme) est mâtiné d’une forte couche d'influence sociale. (Importance de « comprendre les attentes générales de la société » ; normes de comportement international, en particulier les coutumes qui dirigent les peuples – une pierre dans le jardin des Lumières.)
  • Le rappel permanent à la légalité contraste bizarrement avec le Far West que nous avons vécu. 
  • L’Etat est sommé de reprendre son rôle d'Etat. 
Le plus curieux, c'est le dialogue avec les parties prenantes. C’est la dialectique grecque qui cherche à établir une solution juste entre intérêts apparemment contradictoires (la norme parle de « conflits »). Mais contrairement au modèle grec (et anglo-saxon), les parties prenantes ne se limitent pas à celles qui ont un pouvoir de nuisance. La responsabilité de l’entreprise concerne aussi, surtout, ceux qui ne peuvent pas se faire entendre. D’ailleurs, même vis-à-vis des parties prenantes, son rôle n’est pas tant de les écouter que de les remettre, le cas échéant, sur le chemin de la vertu.
Les parties prenantes peuvent avoir des intérêts qui ne sont pas compatibles avec ceux de la société. 
En fait ce dialogue me semble l'opposé du diviser pour régner créateur d'un individualisme généralisé, c'est l'exercice central à la constitution et à la maintenance d'une société :
  • Le travail d’analyse préliminaire à ce dialogue montre que l’intermédiaire est pris dans une sorte d’injonction paradoxale. Son donneur d’ordre tend à le forcer (s’il ne veut pas perdre ses contrats) à mal faire son travail, c'est-à-dire à exploiter les faiblesses du marché. J’en suis arrivé à me demander si ce n’est pas comme cela qu’a fonctionné l’économie ces derniers temps. Elle a détroussé les faibles. Et si c’était cela qui rendait notre développement non durable ?
  • En mettant en lumière les conflits entre parties prenantes, le dialogue permet de sauver l’intermédiaire d’une situation non durable (l’injonction paradoxale n’est plus possible). Surtout, en confiant la résolution du problème à la société (non plus à quelques individus isolés, qui voient midi à leur porte), il permet de trouver des solutions honnêtes aux intérêts des uns et des autres.
ISO 26000, reconstitution du lien social ? Contrepied des décennies post 68 ?

Compléments :
  • Quelques observations pratiques résultant d’une première mise en œuvre. 

jeudi 23 décembre 2010

Ernst et Young et Lehman Brothers

Depuis quelques temps la presse parle d’Ernst et Young, accusé d’avoir contribué à tromper le marché sur la solidité de Lehman Brothers.

La BBC ce matin s’inquiétait de ce que 99 sur 100 des grandes entreprises anglaises sont auditées par des « big four » qui ne semblent rien avoir appris de l’histoire d’Enron et d’Arthur Andersen. Un interviewé expliquait qu'il ne leur est pas possible de mécontenter leurs clients, ils pèsent trop lourds dans leurs comptes, et que leurs employés peuplent leur organisme de contrôle.

Bulle financière américaine, Mediator français, recherche en économie financée par l’entreprise… Le secteur privé peut-il s’auto-contrôler ? Au fond il est curieux à quel point les intérêts du secteur privé tendent rapidement à s’aligner pour exploiter le « marché », qui, lui, est divisé et sans force. 

Réseau électrique français

Notre réseau électrique n’aurait pas été entretenu.

Effet inattendu de la transformation d’un service public en une entreprise en situation de monopole ?

Pourtant le livre d’économie pour débutant explique que le monopole n’innove pas, il exploite son marché.

Est-ce la raison qui a poussé à la déréglementation des services publics, et, surtout, à la façon dont elle a été menée ? « On n’a pas besoin de lumière, quand on est conduit par le ciel » ?

Heureux les vieux

Bonne nouvelle : les très vieux seraient très heureux. Après une chute continue, le bonheur repartirait à la hausse à partir de 46 ans.

Plusieurs explications s’affrontent. Pour ma part, j’y vois l’écho d’une de mes vieilles théories. Et si l’âge de 46 ans marquait le passage de la phase « jeune con », qui se tape la tête contre les murs, à celle de « vieux con », qui n’a plus que des certitudes ?

Achats et sous-traitance

Nouvel enseignement de l’année. J’ai eu la surprise de retrouver la situation que j’avais rencontrée dans l’automobile. À savoir des entreprises qui massacrent leur sous-traitance par une politique d’achats irréfléchie.

L’Automobile (essentiellement américaine et française) a poursuivi une politique qui l’a conduite à concentrer sa sous-traitance. Parallèlement elle l’a soumise à des appels d’offres extrêmement rigoureux. Résultat : la crise a balayé la plupart des équipementiers, ceux qui demeurent (secourus par l’État, pour la plupart), sont maintenant en situation de quasi monopole.

Cette politique d’achat s’est accompagnée d’un abandon de compétences. Les constructeurs ont éliminé les personnels qui savaient concevoir les équipements (jusqu’ici les sous-traitants ne faisaient que les fabriquer). Si bien qu’ils sont maintenant incapables de contrôler leurs fournisseurs.

J’ai donc été étonné de retrouver ce même phénomène dans d’autres industries. Concentration des fournisseurs, baisse des prix par un système d’injonction paradoxale, abandon des compétences du donneur d’ordre. Il est étonnant à quel point les entreprises sont incapables d’apprendre les unes des autres.

En fait, je crois que le phénomène est plus subtil que ce que je pensais. J’ai observé, du côté du marketing, une stratégie de recherche d’avantage par le prix et par l’inflation de fonctionnalités. (Au fond, c’était aussi vrai dans l’automobile. Les voitures sont maintenant pleines d’un bric-à-brac électronique inutile.) Ce qui conduit à en demander beaucoup plus au sous-traitant pour beaucoup moins cher. Le sous-traitant ne pouvant pas perdre un client qui assure l’essentiel de son chiffre d’affaires, il fait mal son métier.

À la réflexion, je ne pense pas que ce soit délibéré. Marketing et achats n’agissent pas de concert. Il y a perte de vision globale.

Le changement que doit subir la grande entreprise est sans doute ici. C’est ce que le marketing appelle l’exercice du « positionnement » : développer un avantage unique et durable pour lequel le marché est prêt à payer cher. Ce qui demande de comprendre ce qu’il veut, ce que peut faire l’entreprise et de la reprendre en main pour qu’elle coordonne ses efforts pour concevoir le produit ad hoc. Apple me semble illustrer cette idée. 

mercredi 22 décembre 2010

Soviétisation de l’Europe de l’est

Comme la Russie, l’Europe de l’Est retourne au modèle soviétique d’un pouvoir central fort, protecteur et peu démocratique.

Logique. Quelle séduction pourrait-elle trouver au modèle occidental ? 

Changement en Angleterre

Le gouvernement anglais renverserait la centralisation de Margaret Thatcher. Il donnerait aux collectivités locales la conduite de la réforme qu’il a entreprise. C’est logique : son projet de « Big society » signifie que c’est au peuple de prendre son sort en main. Et qui est plus près du peuple qu’une collectivité locale ? En tout cas pas l’État.

Mais les raisons de la centralisation (donner des conditions identiques à tous) n’ont pas disparu, et les moyens financiers des collectivités locales seront sérieusement réduits. (Careful what you wish for.)

Vont-elles se trouver en position d’injonction paradoxale : on leur demande d’en faire plus avec moins ? Si elles ne veulent pas sombrer dans une forme de folie, elles doivent définir un plan d’action qu’elles savent réaliser, avec les moyens dont elles disposent ? Et le faire signer à M.Cameron ?

Compléments :
  • Que va faire le gouvernement français, qui semble appliquer le modèle de centralisation Thatchérienne ? 

Sophisme de l’actionnaire

Un dirigeant fondateur de société me dit du mal de ses actionnaires. Pourquoi auraient-ils droit aux revenus de l’entreprise alors qu’ils n’y travaillent pas ?

Une histoire similaire serait arrivée chez Facebook. Son fondateur avait donné 30% de la société en échange de 1000$ à un ami. Mais, qu’était cet argent en comparaison des nuits et des jours que consacraient au projet Mark Zuckerberg et ses premiers collaborateurs, et surtout de son potentiel (si j’en crois The social network) ?

Pendant des années on nous a dit que l’entreprise devait maximiser les gains de l’actionnaire. Ça nous est apparu comme évident. Mais, au fond, ça ne l’est pas du tout. L’intuition commune est que l’entreprise appartient à celui qui « crée de la valeur », qui lui apporte son génie, les plus belles années de sa vie, pas son argent.

Ce doit être cela un sophisme : il parle à la raison, et la raison est aisément manipulable si elle n’est pas appuyée sur l’expérience.

Compléments :
  • Marx disait que le capitaliste était un exploiteur. Les beaux esprits l’approuvaient. Puis l’université américaine a présenté la thèse inverse. Ils ont gobé sans broncher.
  • Ma solution au divorce entre membre de la société et actionnaire est de démontrer l’utilité de l’actionnaire. Un actionnaire (de petite entreprise) doit être un conseiller et un vendeur, avec un gros carnet d’adresses. C’est d’ailleurs comme ceci que se présentent les fonds d’investissement américains.  L’investisseur doit s’investir dans l’entreprise. 

mardi 21 décembre 2010

Fin du microcrédit ?

Le microcrédit, comme tous les crédits, serait victime de bulles spéculatives. D’où surendettement et suicide. Et les taux demeurent très élevés (plus de 30%). Les gouvernements s’en émeuvent. (Under water.)

C’est peut-être une mauvaise nouvelle pour l’idéologie libérale. Je soupçonne que l’Inde et les pays de sa région, avec leurs légions d’économistes, offraient au monde un capitalisme nouveau qui aurait trouvé un antidote à sa malédiction : la pauvreté. 

Eh bien la pauvreté ne semble pas prête à disparaître par miracle. 

La France innove ?

Au détour d’un article, je découvre que le Rafale, partant d’un porte-avion, pourrait lancer ou détruire des satellites. (Endangered birds.)

Ce serait une première.

La France de l’armement aurait-elle encore des choses à dire au monde ?

Le nom des gens

Film de Michel Leclerc, 2010.

Enfin un film optimiste, où il n’y a pas de bons et de mauvais. On y découvre même un Lionel Jospin fort sympathique. Et que les vrais drames sont muets. 

lundi 20 décembre 2010

L’État et l’Anglo-saxon

Et si l’État était une excuse à l’irresponsabilité ? me fait penser mon billet sur le systèmes de retraite américain.

L’Américain a remarqué que lorsqu’il commettait un acte que la morale réprouve, l’État se charge de redresser le tort. Dès lors le plan de marche est simple : je détruis, l’État répare et s’endette, je l’attaque pour son incompétence. En effet, si je ne le faisais pas, je plaiderais coupable.

Quand l’État est trop endetté, personne ne voulant, bien entendu, le renflouer, il ne peut que faire défaut. (Explication de Amérique éternelle ?)

Et si cela justifiait aussi l’euroscepticisme anglais : la bureaucratie européenne a un double intérêt, c’est un État et il n’est même pas anglais. Bouc émissaire idéal ! 

Miracle irlandais

Paul Krugman a déniché une interview de George Osborne, datant de 2006. L’actuel ministre des finances anglais y explique le succès irlandais. Démonstration scientifique : l’Irlande est un miracle de l’économie de marché. Ses fondamentaux (recherche et développement, enseignement, etc.) résultent de lourds investissements et lui garantissent une prospérité durable. Il faut l’imiter.

Cet homme a-t-il tiré du même type de raisonnement imparable la réforme qu’il applique à son pays ?

Chine économique

L’évolution économique de la Chine se ferait par phases. À partir de 79, capitalisme financier avec acquisition de tous les composants nécessaires (bourses, banques, etc.) Reflux dès 2006. Le système financier chinois se referme sur lui-même.

Par ailleurs, « Le gouvernement chinois est en train de retirer les subventions à l’industrie et d’assouplir le contrôle du prix de l’énergie. Les employés demandent des hausses de salaire. Les normes environnementales, aussi, sont renforcées. Toutes ces tendances affectent les profits, mais le gouvernement est heureux de les laisser se développer ». (Where are the profits?)

Ferait-il meilleur vivre en Chine ? A-t-il fallu, pour cela, se protéger de l’irrationalité du « marché » ? Avec la disparition de ceux qui avaient voulu le capitalisme financier chinois s’est enfui « le désir de la direction du pays de supporter la brutale volatilité des systèmes basés sur le marché ».

Avenir du nucléaire

L’avenir du nucléaire ne semble pas aussi prometteur qu’il y a quelques temps. (Thinking small.)

Le marché américain se serait fermé. Et les petits réacteurs, ressemblant à ceux qui propulsent les bateaux, pourraient être préférés aux grands.

La chance sourirait-elle à DCNS plutôt qu’à AREVA ? En tout cas, sur le marché du petit réacteur, la concurrence s’annonce féroce.

Compléments :
  • En voyant les difficultés d’AREVA à construire ses centrales, je me demande si elle n’a pas perdu son métier. Après tout elle n’avait plus de pratique depuis longtemps. Et puis le nucléaire n’attire plus les ingénieurs. 

Pension dumping - Retraites américaines


HAWTHORNE, Fran, Pension dumping, Bloomberg, 2008. Si je comprends bien, aux USA, ce sont les entreprises qui paient les retraites. Soit elles constituent des plans permettant au retraité de recevoir un montant prédéfini (comme chez nous), soit, de plus en plus, elles aident l’employé à constituer un pécule qu’il gère lui-même (401(k)). Cette dernière formule serait plus économique que la première pour l’entreprise, mais moins susceptible de retenir ses personnels qualifiés (et moins favorable au retraité, dont le montant de la retraite est incertain). C’est de la première que parle le livre. Elle concerne environ 13% de la population américaine. (28% en 1979.)

En fait, elle a été l’objet d’une sorte de nettoyage ethnique. Les entreprises et les fonds « charognards » (spécialisés dans la récupération des entreprises en faillite) ont découvert qu’il n’y avait dans cet engagement rien de sacré. En fait, c’était une dette ! Et la dette la moins bien protégée de toutes puisqu’elle appartient à des retraités qui n’ont plus aucun pouvoir de nuisance. Ils l’ont donc liquidée à la moindre faillite. Et, aux USA, la faillite n’est plus une honte depuis longtemps, mais une technique de management. (Le livre a été écrit avant la crise.) 

Bien sûr le retraité n’est pas laissé sans rien. À la suite de l'indignation produite par les premières liquidations, l’État fédéral a constitué une assurance qui prend en charge une partie des retraites non versées. On peut donc liquider la conscience tranquille.

En réalité, tout le monde a prêté la main à la liquidation des fonds de pension. Les entreprises ont utilisé des astuces comptables pour ne pas mettre l’argent nécessaire dans leurs fonds de pension, maintenant très déficitaires ; les syndicats défendent les actifs – non les retraités ; ils ont peut-être aidé à constituer des systèmes généreux parce qu’il était plus facile de promettre deux tu l’auras qu’un tien ; les tribunaux pour faillite font ce qu’ils peuvent pour reconstruire des entreprises les plus saines possibles ; si une société liquide son fonds de pension, ses concurrents ont intérêt à le faire ;  le management et les fonds charognards voient là une mesure d’économie rapide qui leur permet des gains de rentabilité immédiats ; les fonds de pension, eux-mêmes, sont clients de ces charognards. Et le phénomène n'est pas propre à l'entreprise : les fonds de pension des États de l’Union sont en sous-financement massif (381md$ en 2006) !

Le livre est aussi l’occasion d’une réflexion sur la retraite. En promettre une est nécessaire pour attirer un personnel qualifié et le conserver. Sans ces fonds de pension les entreprises qui en ont constitué n’auraient pu recruter. Par ailleurs, l’actif achète sa retraite : il accepte de réduire son salaire en échange d’elle.  (Bref, dans cette affaire, les retraités sont les dindons de la farce, on leur a promis quelque-chose qu’on ne voulait peut-être pas leur donner. Et en plus, ils ont payé pour !) La retraite permet aussi de se débarrasser des personnels âgés.

Commentaire

La rigueur intellectuelle, et morale, n’est décidément pas la caractéristique des USA. On y promet ce qu’on ne peut pas tenir. L’hypocrisie y va jusqu’à se décharger sur l’État de ses responsabilités, puis à l’accuser d’être trop gros, du fait d'une coupable mauvaise gestion !

Le plus curieux, grave ?, est peut-être notre propre attitude. Car depuis des décennies on nous donne l’Amérique comme modèle. Il est concevable que la culture américaine trouve sain ce que décrit ce livre, mais est-ce compatible avec la nôtre ? Ne serait-il pas normal que l’on soit informé d’où on veut nous amener ?

Compléments :

dimanche 19 décembre 2010

Euro pas réparé

Les observateurs de désolent du manque de courage des dirigeants européens. Ils ont incapables trouver une solution durable aux défauts de fabrique de la zone euro. Ce serait même l’eurosceptique Angleterre qui tirerait les marrons du feu ! Les « marchés » vont-ils faire de la chair à pâté de l’euro ?

Et si c’était le marché qui faisait l’euro ? S’il fallait une crise pour stimuler le courage des politiques ? S’ils avaient besoin que l’Europe soit au bord du gouffre ? Et, si, entre-temps les insultes qu’ils reçoivent leur permettaient de juger de la motivation du peuple ? Et s’ils avaient besoin des idées qu’on leur jette à la figure pour construire les leurs ?

Compléments :

Amérique éternelle

« L’histoire financière de l’Amérique a été celle d’une succession de batailles perdues contre la dette et l’inflation » dit une revue de livre.

Et cela s’est fait par une série d’innovations qui ont permis de contourner l’esprit de la morale que l’Amérique s’était donnée. « La ruée vers l’or a créé une alternative à la notion puritaine de travail et d'épargne, qui avait caractérisé les débuts de la nation ». « La loi sur le cours légal, sous Abraham Lincoln, a pavé la voie à l’acceptation du déficit. Les mœurs monétaires se sont encore plus relâchées dans les années 20 avec l’explosion du crédit à la consommation (lié au développement de l’automobile) et de l’investissement spéculatif, alimenté par la dette ».
Un certain nombre de thèmes reviennent. Exubérance irrationnelle des marchés financiers, amenant à intervalle régulier le développement puis l’éclatement de bulles spéculatives de crédit. L’instabilité (et le pouvoir politique) des banques, et l’inconscience fiscale des États. La répugnance à la fois du gouvernement fédéral et de celui des États de collecter suffisamment d’impôts pour financer leurs engagements. La tentation de recourir à l’inflation comme solution des déficits publics et de laisser la dette croître plus vite que l’économie. (…) La faillite était utilisée pour favoriser les affaires des aventuriers de la fin du 19ème siècle, de la même façon qu'elle a été employée au profit d'objectifs politiques, avec General Motors et Chrysler. (…) le Fed a servi la Maison blanche et les grandes banques avant de servir le peuple – par exemple en fournissant régulièrement des liquidités pour stabiliser les marchés financiers sous couvert de sauver l’économie réelle. (…) Dès la fin des années 70, le logement a commencé à remplacer la défense comme moteur de croissance. Bien vite, le mythe que l’on n’a jamais suffisamment de quoi que ce soit s’était enraciné. Progressivement, la politique visant à rendre le logement plus accessible est devenue une entreprise géante englobant 1500 organisations publiques et privées. (L’auteur) n’est pas le seul à se demander comment l’économie américaine va faire sans un marché du logement florissant.
Peut-être a-t-on là une application d'une théorie de Durkheim ? Quand on est innovant on l'est pour le bien et pour le mal. Quand l'Amérique ne trouve pas de moyens honnêtes de se développer elle en cherche d'autres ?

Premier geste du changement

Le changement présente un risque majeur. Le cancer.

Le changement peut être pris pour un signal, par chacun, qu’il doit attaquer l’intérêt collectif. La maladie n’est pas volontaire. Chacun se protège en se débarrassant de ce qui le gène chez les autres. Or, ceux-ci son moins bien équipés que l’expéditeur pour les traiter. Et ils représentent des organes vitaux de l’organisation. S’ils crèvent, la société les suit.

Le geste qui sauve ? Montrer (plutôt que dire) que la règle du jeu est l’entraide. Identifier les problèmes majeurs, et aider à construire le processus collectif qui permettra de les résoudre. Surtout, être vigilant.

En cas de restructuration ? Si sa survie le demande, le groupe peut aider certains de ses membres à jouer leur rôle d’individu responsable et solidaire, qui les amènera à retrouver un emploi ailleurs. Il aura ainsi évité le cancer.

samedi 18 décembre 2010

Sortir des idéologies

Article sur le moyen-âge anglais. Surprise. L’homme de l’époque avait quasiment sa taille actuelle, il était solide et avait d’excellentes dents (peu de sucre). La déchéance physique serait le fait de l’ère victorienne ! Le « progrès » aurait-il plongé une énorme partie de la population dans l’abjection ?  

Ce qui m’a ramené curieusement à un texte de Serge Antoine, pionnier du développement durable. Il parlait des résidences secondaires. Dans mon enfance, le progrès c’était la résidence secondaire. Du coup, on bétonnait les littoraux, ce que l’on commençait à trouver extrêmement préoccupant. Je comprends aujourd’hui que nous découvrions que notre développement n’était pas durable.

Car, jusque-là, « développement » signifiait faire profiter toute la population de ce qu’avaient les plus fortunés. Ce n’était pas tenable, alors nous en sommes revenus à la solution victorienne ?

Cela aurait déprimé Aristote. Pour lui la démocratie, qui vise à faire de tous des égaux (communisme ?), et l’oligarchie, qui fait de l’inégalité la norme (néoconservatisme et Angleterre victorienne ?), sont instables. Elles veulent construire la société à partir d’un de ses composants, en éliminant l’autre, qui lui est nécessaire.

Autrement dit, il faut des riches sans ostentation, dévoués à l’État et qui ne considèrent pas le pauvre comme un mal à éradiquer, et une classe moyenne importante, satisfaite de son sort et qui ne voit pas d’injustice dans la différence. De l'importance de cette classe dépend la solidité de l’édifice social, dit Aristote.

Compléments :

Génial Berlusconi ?

S.Berlusconi aurait-il été plus malin que tout le monde ? Contrairement à nous, il a évité une relance qui l'aurait endetté et forcé à un plan de rigueur, destructeur des services publics. (Article.)

Or, les plans de rigueur sont loin d'avoir fait leurs preuves... Et on commence à se demander si le peuple va longtemps tolérer d’être le dindon de la farce.

L’auteur de l’article reproche à M.Berlusconi de ne pas avoir fait les réformes structurelles libérales dont la crise aurait facilité le passage.

Ça en dit peut-être plus long sur le libéralisme et sur l’esprit des réformes actuelles que sur M.Berlusconi. Elles ne sont pas une solution à la crise, mais la crise est leur excuse ? Elles sont idéologiques, et ultralibérales ? 

D’ailleurs M.Berlusconi est depuis toujours la bête noire de tous les libéraux, The Economist en tête. Et s'il y avait derrière cette haine autre chose qu’une réaction de la vertu outragée ?

Compléments :
  • Par ailleurs, j’ai constaté que les bons politiques sont des « survivants », ils savent que ce qui compte est de durer (cf. Clinton). Pour cela tous les coups sont permis. Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire.

Droite et gauche

Je crois que l’homme de droite pense qu’il se doit tout. L’homme de gauche, lui, croit que la société doit tout à l’individu. La droite crée l’exclusion, la gauche l’assistanat.

À mi chemin, il y a la constatation que l’homme n’est rien sans la société, mais que c’est à lui de se tirer de ses problèmes personnels. Il ne doit confier son sort à personne, sans être absolument sûr de ce qu’il fait. La guerre est trop importante pour être laissée aux militaires… 

vendredi 17 décembre 2010

Hôpital modèle

Des jeunes économistes prometteurs analysent la performance des hôpitaux. Ce sont les américains et les anglais qui sont les meilleurs.  La France, l’Italie et le Canada devraient les copier.

Comment ces économistes définissent-ils la performance ? Leurs critères :
Gestion opérationnelle. Degré de standardisation des procédures cliniques, et qualité de la formation du personnel à ces procédures.
Gestion des objectifs et de la performance. Comment l’hôpital se donne-t-il et suit-il ses objectifs ? Revue de ces indicateurs ? Quelles sont les conséquences de ne pas atteindre les objectifs ?
Gestion du personnel. Quel est le système de recrutement du personnel ? Est-ce que l’hôpital évalue ses employés et les rémunère par rapport à leur performance ? Existe-t-il un système de promotion qui cherche à conserver et à motiver les employés ?
Mais ce sont des critères culturels ! Pas étonnant qu’ils classent l’Amérique au premier rang ! Qu'est-ce qui les justifie ?
Dans de précédentes études nous avons montré comme les pratiques de gestion sont associées à la productivité et des indicateurs de performance tels que le taux de retour sur capital, la croissance des ventes et le taux de survie de l’entreprise.
Visiblement l’homme n’est pas une préoccupation de l’économiste supérieur. Devons-nous nous précipiter pour imiter l’excellence américaine ?

Compléments :
  • Je doute de ce qu'a montré la précédente étude des auteurs de l'article. L'excellence américaine semble plus médiocre que la médiocrité française sur le plan économique. (Mais peut-être que nos économistes nous disent simplement que l'hôpital français gagnerait beaucoup d'argent s'il était américain ?) Et l’espérance de vie américaine est faible pour un pays « développé ». Mais pourquoi donc les économistes se compliquent-ils la vie avec des équations. Pourquoi ne nous disent-ils pas simplement que l’Amérique c’est le bien ? Et que le reste du monde, c’est le mal ?
  • Une raison possible du désastre américain : le marché.

L’Américain et l’Europe

À force de voir des films américains un de leurs aspects m’a frappé.

Le héros est souvent un homme du peuple. Lorsqu’il rencontre la haute société européenne, il montre qu’il en aurait pu être le phénix. En smoking ou en robe du soir il vaut tous les ducs et les duchesses. Mais il a mieux, et plus honnête, à faire. Entreprendre. Message : ce que l’Europe appelle « culture » n’est que complexité gratuite. Miroir aux alouettes. Pas étonnant qu’il n’arrive pas à la comprendre : elle est incompréhensible.

Le billet précédent en donne un exemple. Mais, peut-être, plus curieusement, Kingdom of Heaven aussi. Ce film récent montre des croisés en pionniers du Far West et un forgeron bien meilleur chef de guerre que les nobles, surtout lorsqu’il introduit la démocratie à Jérusalem.  

La baronne de minuit

Film de Mitchell Leisen, 1939.

Une Américaine dans la mouise vient faire fortune dans la haute société française. Heureusement elle est sauvée de cette culture vaine et dégénérée par un noble hongrois qui s’est élevé à la condition de taxi. L’avenir sourit à leur esprit d'entreprise. 

Les valeurs de l'Amérique à leur meilleur. 

jeudi 16 décembre 2010

On redécouvre l’hélice

Pour une armée, l’avion à hélices est infiniment moins cher que le jet (de l’ordre de 2m$ contre 80m$), il est particulièrement résistant, bien armé il est redoutable. Et il n’a pas l’inconvénient de la télécommande du drone. Et il aurait de multiples avantages sur l’hélicoptère.

Même les sulfateuses volantes ont des vertus militaires. (Air power on the cheap.)

Voilà qui va bouleverser l’industrie aéronautique ?

Paradoxale Russie

The Economist décrit une Russie mafieuse, mise en coupe réglée par une bureaucratie assoiffée d’argent et des forces de l’ordre qui tirent le meilleur de leur pouvoir de nuisance. Le tout ne fonctionnerait que grâce aux revenus du pétrole, qui permettrait d’acheter le peuple. Mais l’élite serait mécontente. Chaos imminent ?

Pourtant 70% de la population a une opinion favorable du couple présidentiel (MM. Poutine et Medvedev). (Frost at the core.)

Y aurait-il quelque chose du besoin populaire que des gens aussi peu fréquentables que MM.Poutine ou Berlusconi auraient compris et qui échapperait à des personnes aussi admirables que M.Obama, et l’intelligentsia occidentale ?

Droite et entreprise

Le hasard fait que j’entends beaucoup parler de l’homme politique de droite (nouveau ?), particulièrement depuis un an. Je viens de réaliser que ces conversations, venant d'horizons pourtant fort différents, finissent par dessiner une image simple et cohérente :
  • Bien qu’issu d’un appareil politique, ou de l’administration, il se prend pour un grand patron. En termes de gestion d’entreprise, il n’a de leçons à recevoir de personne. Surtout pas de ceux qui y ont passé leur vie. D’ailleurs, il parle avec des mots anglais. Le « kick off » voisine avec les ors des palais de la République.
  • Il a une obsession. L’État c’est le mal. Il faut éliminer le maximum de fonctionnaires. Quels qu’ils soient, de toute manière, ils n’apportent rien. Bizarrement, les meubles précieux, les tableaux et les tapisseries anciennes, les immenses bureaux, les interminables couloirs, les huissiers oisifs dans l’attente de leur désir… ne sont pas vus comme des coûts.
  • Comment faire le bien ? Avec énormément d’argent. On attirera les talents, qui généreront encore plus d’argent. C’est ainsi qu’il réinvente l’économie sociale à coup de subventions. Il fait avec beaucoup de moyens ce que des militants désintéressés (donc inquiétants ?) réalisaient grâce à leur débrouillardise. C’est cela l’entrepreneuriat social.
  • Mais il a très peur de ce peuple révolutionnaire et paresseux. À la moindre alerte, il fait des concessions exagérées, ou prend ses jambes à son cou. Ah, s’il était à la tête d’une entreprise ! Là il montrerait ce dont il est capable ! Attention, cependant, il n’est pas inactif. Il élimine, sous le manteau, tout ce qui ne résiste pas. Les piliers de l’édifice social dont on a oublié l’utilité. « Ils n’ont pas vu ce que je leur ai fait », dit-il avec contentement. Voilà sa contribution à l’histoire ?
Compléments :
    • Si cette analyse est juste, les problèmes qui se sont posés à France Télécom ne seraient pas isolés. 
    • Je me demande si l'histoire de l'université Léonard de Vinci (que l'on appelait à un moment « Fac Pasqua ») n'illustre pas ces idées. On m'a raconté, il y a quelques années, qu'elle avait bénéficié d'énormes subventions, et que l'on y avait croisé des stars internationales de l'enseignement. Apparemment, ça n'a pas suffi pour en faire un nouvel Harvard. 

    mercredi 15 décembre 2010

    L’économie en 2011

    Zone euro en mode rigueur et ne parvenant pas à restructurer ses dettes nationales. Amérique qui ne sait que dépenser et qui va finir par le payer. Pays émergents en surchauffe.

    Tout ceci pousse les flux financiers dans le mauvais sens. Ils empirent la situation.

    « Une économie mondiale divisée pourrait faire de 2011 une année de chocs destructeurs ». (Three-way split.)

    Compléments :

    Génération Y

    Synthèse manageris, n°180a, La génération Y au travail, 2009.

    La génération Y = petits Américains ? Consommation, bons sentiments, utilitarisme, incapacité au long terme, aucune profondeur.

    Ils semblent revendicatifs et agressifs, alors que ce sont de bons petits, facilement manipulables, qui ont besoin d’une attention permanente. Ils ont une prétention à une totale liberté, alors qu’ils ne peuvent être autonomes faute de savoir penser à long terme, donc de s’organiser.

    La perspective de leur laisser les commandes du pays serait-elle une plus efficace incitation à ne pas prendre sa retraite que les réformes du président Sarkozy ?

    Transporter des immeubles

    Un moyen pour transporter 150 tonnes dans les lieux oubliés par la civilisation : un dirigeable qui ressemble à une soucoupe volante de 150m de diamètre. (Flying saucers.)

    mardi 14 décembre 2010

    Diaspora contre Facebook ?

    Des universitaires construiraient un anti-Facebook (en termes d'esprit).

    Si je comprends bien, il n’appartiendrait à personne – logiciel libre, permettrait de stocker ses données chez soi (non sur le « cloud »), de communiquer aussi facilement que possible avec les applications qui comptent sur Internet (par exemple Facebook). Notamment.

    Demander une invitation (en français !).

    Larry Summers

    Larry Summers est un économiste exceptionnellement précoce et supérieurement intelligent. Sa famille compte plus de prix Nobel d’économie que bien des nations. Et il est l’architecte de la déréglementation des marchés financiers de l’ère Clinton, et de toute la politique de M.Obama.

    Que croit-il ? Que les marchés financiers sont efficaces - c’est pour cela qu’il les a déréglementés dans un premier temps, et qu’il les a secourus massivement dans un second ; que les marchés de biens ne le sont pas, que l’État doit leur fournir une assurance pour qu’ils puissent prendre des risques (risque = innovation pour l’économiste). D’où une série de plans de relance (le dernier en date, par réduction des impôts – 280md$). 

    Ne dort-on pas mieux, lorsque l'on découvre que le monde est aux mains de tels hommes de science ?

    Fin de Berlusconi

    Depuis quelques temps je lis que la fin de S.Berlusconi est imminente.

    Mais une instabilité italienne ne signifierait-elle pas une nouvelle crise de l’euro ?

    Illustration des techniques de négociation ? Le bon négociateur se place dans une situation dans laquelle nous n’avons qu’une seule possibilité d’action, qui est à son avantage. Sinon c’est l’apocalypse. 

    Harceleur et harcelé

    Brève conversation avec une psychologue. Ce que je retiens :
    • Le harceleur ne harcèle pas n’importe qui mais certaines personnes ayant un profil psychologique particulier (par exemple ayant besoin d’être aimées). Il pourrait aussi avoir des caractéristiques qui attireraient le harcelé. Par contre, il est inoffensif pour le reste de la société.
    • On ne peut pas transformer le harceleur (par exemple par coaching). Mais on peut lui rappeler la loi et les risques que son comportement peut lui faire courir. (Il serait sensible à ce type d’argument.)
    • Il faut surtout déplacer le harcelé. Un coaching peut l’aider à prendre conscience de la situation et l’amener à réfléchir à son histoire et à ce qui fait qu’elle le prédispose au harcèlement.
    • Les médecins généralistes seraient sensibilisés à la question et sauraient y apporter des solutions. 

    ISO 26000 : mise en œuvre

    Problème : une profession voit son salut dans le développement durable. ISO 26000 a été conçu pour guider ce changement. Premières réflexions sur sa mise en œuvre.
    • ISO 26000 est une méthode lourde et exhaustive, qui ne colle pas au peu de temps dont nous disposons mes interlocuteurs et moi. Du coup, j’ai décidé d’utiliser ISO 26000 pour guider l’amélioration continue du comportement de l’organisation. (Idée 0.) En attendant, il faut franchir, vite, une première étape marquante, qui donne très envie de poursuivre, en montrant où l’on va. Comment faire ?
    • Première idée. Décrire son rôle. La question fondamentale de la RSE (développement durable appliqué à l’entreprise) est : quelle est ma responsabilité (par rapport à la société et à la nature) ? Comment dois-je modifier mon comportement pour l’assumer ? Eh bien, notre première responsabilité est de tenir notre rang dans la société !
    • Seconde idée. Quelles sont les forces qui transforment le monde ? Quelles sont les impacts qu'elles peuvent avoir sur mes « parties prenantes », sur la nature et la société ? Quelle peut être mon influence sur leur sort ? Dans quel sens pensé-je qu’il est bien, moral, que je l’exerce ? Cette simple question permet d’obtenir un résultat rapide, sans appliquer l’usine à gaz 26000. (Mais c’est l’esprit d’ISO 26000.)
    • Troisième idée. Comment dois-je faire évoluer ma « gouvernance », avec les moyens du bord, pour mettre en œuvre les actions envisagées ?
    Tout cela a une conséquence imprévue. En travaillant à long terme, on voit apparaître d’inattendues opportunités économiques. On en tire une stratégie, qui conduit fermement la décision quotidienne. Du coup, plus de tentation de décision aveugle et suicidaire imposée par « le marché ».

    Compléments :
    • Remarque. L'esprit de cette démarche s’oppose à celle des deux idéologies qui ont fait notre histoire récente. Le communisme voulait recréer la société. L’idéologie occidentale du progrès donnait la nature à l’homme pour qu’il la façonne. Ici on observe dans quel sens va l’histoire. Puis on cherche à lui faire emprunter l’embranchement qui nous convient le mieux. Pour cela on utilise les outils et techniques apportés par le « progrès ». Il n’aura pas été vain ?

    lundi 13 décembre 2010

    Malheur des fonds d’investissement

    Le taux de retour sur investissement réalisé par les fonds de capital investissement européens serait tombé à -20% en 2008, en dépit de ce qu’ils s’achètent leurs participations les uns aux autres. Ce qui augure mal de leur avenir.

    (Une chance pour de nouveaux entrants ?) 

    Réduire les dettes avant la tempête ?

    D’après une étude de McKinsey citée par The Economist, les taux d’intérêt devraient revenir à leurs niveaux historiques – beaucoup plus hauts qu’aujourd’hui. Ce qui signifie que les nations endettées vont avoir de sérieuses difficultés.

    Raison ? Pendant les dernières décennies les pays riches ont peu investi. Le décollage des émergents fait repartir l’investissement, or l’épargne ne suit pas.

    Ça pourrait commencer à poser des problèmes aux USA, en particulier. Les Républicains, qui avaient été élus pour comprimer le train de vie de l’État ont réduit les impôts et B.Obama est allé au-delà de leurs espérances. (La France n’est guère mieux.)

    Compléments :
    • L’article lie le faible investissement au faible taux de croissance. Mais, si c’était le contraire, et si les pays occidentaux avaient plus exploité l’existant qu’ils n’avaient cherché à le développer ? Validation de la théorie de Mancur Olson ?