samedi 30 avril 2011

Thèmes du mois

Les méfaits de l’enseignement payant

Ces dernières décennies, sans que personne ne se préoccupe de le démontrer, l’idée s’est installée que notre enseignement était mauvais, et qu’il serait meilleur s’il était payant.

Aux USA le prix d’une formation universitaire a crû de 650% au dessus de l’inflation en un peu plus de 30 ans. Et la valeur du diplôme pour l’employeur a diminué ! (Students are paying high prices for a terrible service)

Contrairement à ce que l’on pensait, rendre l’enseignant vénal ne stimule pas son génie, mais en fait un parasite ?

Compléments :
  • Un billet sur la dégradation des services de l’université américaine : son argent n’est pas allé vers l’essentiel, mais vers le superflu. 

Hombre

Film de Martin Ritt, 1967.

La culture occidentale n’est qu’hypocrisie. Et c’est encore ce qu’elle fait de mieux. Quand elle cède au bon sentiment, elle suscite des catastrophes. Période contestataire...

vendredi 29 avril 2011

Bulle chinoise

L'économie chinoise serait tirée par des investissements sans objet. Situation malsaine qui pourrait aboutir dès 2013 à « une crise financière ou une période de croissance lente » ?

Réforme des universités en Angleterre

Le gouvernement anglais a permis aux universités locales d’augmenter leurs tarifs. Beaucoup ont choisi le prix maximum (9000£ par an  - « les frais de scolarité auront augmenté de presque sept fois en une décennie »). Ce qui n’était pas envisagé. Il pensait que les lois du marché ne le permettraient pas. Mais le plus curieux n’est pas là :

Le plan prévoit que les étudiants empruntent, à taux faible, à l’État pour payer leurs études. Ils ne rembourseront que lorsqu’ils auront un salaire suffisamment élevé (21000£). On s’attend à ce que 30% des prêts ne soient pas recouvrés. Race to the top

Ce qui signifie que l’État donne d’une main ce qu’il a retiré de l’autre (des subventions aux universités) ? Qu’il a augmenté ses dettes, plutôt qu’il ne les a réduites, son projet initial  ?

Tomboy

Film de Céline Sciamma, 2011.

De loin les problèmes des enfants paraissent infimes, et pourtant ils ont occupé notre vie, et l’ont formée.

jeudi 28 avril 2011

Petraeus et la CIA

 Le général Petraeus devrait prendre la tête de la CIA. Un curieux organisme qui renseigne autant qu’il combat (au moins par le biais de ses drones) et dont la guerre principale est celle du Pakistan.

Les agents de la CIA attendent le général de pied ferme : il a la réputation d’arriver avec des idées préconçues. Si c’est le cas le « système immunitaire » le rejettera. (Article dont je tire mes informations)

C’est aussi ce que dit un de mes livres, avec les mêmes termes. Pour être accepté par une organisation, même si l’on est son chef, il faut être un « donneur d’aide », et pas un donneur de leçons. 

Tribunal correctionnel et jury populaire

Le gouvernement semble vouloir étendre le jugement par jury populaire.

Dans les pays anglo-saxons, le jury est supposé représenter le peuple, et ses décisions peuvent même modifier la loi. Le gouvernement opposerait-il le bon peuple au mauvais juge, représentant d’une « bureaucratie » attentatoire aux libertés individuelles ?

L’affaire ne semble pas aussi simple que cela, si j’en crois l’opinion de Robert Badinter : en fait, 3 juges seraient accompagnés de 2 jurés. Les jurés populaires ne seraient donc pas seuls à juger. Et ils auraient peu de pouvoir : les décisions sont prises à la majorité simple. D’ailleurs, l’expérience montre que l’influence du groupe joue un rôle déterminant dans les décisions de ses membres. D’autant plus que les sujets traités sont extrêmement techniques… Plus curieux :
Paradoxalement, ce projet qui prétend accroître le rôle des simples citoyens dans la justice pénale réduit leur pouvoir dans les cours d'assises. Il crée en effet des cours d'assises "light" qui ne comprendront plus que deux "citoyens assesseurs" au lieu des neuf jurés siégeant avec les trois magistrats.
La réforme pourrait avoir l’effet inverse de celui qui est annoncé : il y aurait eu liquidation du rôle du peuple dans les jugements ?

Serait-ce une tentative de ménager la chèvre et le chou ? On annonce que les permissifs juges seront encadrés par des jurés populaires, alors que l’on retire tout pouvoir à ces jurés, y compris là où ils en avaient ?

Finlande et Europe

On craint que l’arrivée en masse des nationalistes finlandais au pouvoir n’ait de fâcheux effets sur la politique européenne (un repli protectionniste ?). Mais les Finlandais semblent des gens pragmatiques : « les choses finissent toujours par marcher ». A Suomi shake-up

Fausse globalisation ?

La globalisation était-elle un leurre ? Les échanges mondiaux semblent fort peu globaux, et beaucoup fonction de liens culturels. Peut-être, plus curieusement, l’immigration n’est plus aussi massive qu’elle le fut.
les niveaux d’immigration d’aujourd’hui sont au dessous de ceux d’il y a un siècle, quand 14% des gens nés en Irlande et 10% des norvégiens immigraient. À l’époque on n’avait pas besoin de visas.
L’article (The case against globaloney) explique aussi que la grande mode de la « supply chain » est en rapide recul. 

mercredi 27 avril 2011

Préparer les crises

The Economist semble d’accord avec moi : l’accident (notamment nucléaire) est inévitable, il faut se donner les moyens d’y répondre. (In place of safety nets)

Parmi les idées proposées : redondance d’équipements et de systèmes d’information. Plutôt que d’imposer des règles de sécurité, demander aux entreprises les risques qu’elles courent, ce qu’elles ont mis en place pour y répondre, et aux organismes de contrôle d’évaluer et d’auditer ces dispositifs.

Compléments :
  • Curieusement, c’est le principe que j’ai proposé comme fondement d’un système de gestion des risques d’une multinationale. Mon idée est 1) que la règle déresponsabilise et que la responsabilité est la première garantie contre le risque ; 2) que le savoir est « en bas », chez l’entreprise pas chez le régulateur.

Religion explicable ?

Toutes les religions auraient des caractéristiques communes qui correspondraient à celles de l’homme.

Par exemple, il tendrait à s’attendre à ce qu’un acte mauvais soit suivi d’une punition immanente ; se savoir surveillé rendrait sa morale plus sourcilleuse. Les rites religieux correspondraient aussi aux modes de l’apprentissage humain : répétitions incessantes de banalités ou expériences frappantes et rares. The good god guide

Société et piratage

Ce n’est pas l’anarchie qui fait le pirate, mais un minimum d’organisation sociale. Brigands seeking harbours

mardi 26 avril 2011

Maroc : roi en danger ?

Le sort de la royauté au Maroc serait lié à celui de ses réformes, si elles n’arrêtent pas les manifestations, elle pourrait être compromise. Reform or fall

L’échec est bon pour l’entreprise

Je cite souvent une étude de McKinsey qui dit qu’une nouvelle entreprise a une chance sur 2 de survivre en France et 1 sur 3 en Angleterre.

Eh bien il semblerait qu’elle ait une chance sur dix aux USA… (Fail often, fail well)

Je soupçonne que ceci signifie que la récompense est fonction du risque pris et que l’Américain vise donc beaucoup plus gros que le Français. Ce qui signifie aussi peut-être que l’environnement s’y prête : il est probablement beaucoup plus difficile de faire une grosse fortune en France qu’aux USA. 

Foule modélisée

Le comportement d'une foule semblerait pouvoir être modélisé par deux règles. 
  1. Tout d’abord des gens cherchant à atteindre un objectif, ce qui donne un comportement collectif fluide tant que la densité humaine est faible puis, quand elle augmente, une avancée par à-coups. 
  2. Si elle croît encore, l’homme perd tout contrôle de son sort et se comporte comme une molécule dans un liquide. (Wisdom about crowds)
Au fond, sans règles sociales nous serions les esclaves du hasard. Il faut des contraintes pour se libérer ?

lundi 25 avril 2011

Comment faire changer nos partis politiques

Nos partis politiques semblent exclusivement préoccupés de tactique : quelle mesure de facilité leur permettra de se garantir de leurs extrêmes ? Jean-Louis Bourlanges : "Les hommes politiques nous roulent dans la farine" - LeMonde.fr. Résultat :
entre l'incohérence du discours de Nicolas Sarkozy et l'insignifiance de celui du PS sur les réformes, les Français sentent que le compte n'y est pas, repèrent qu'on leur dit ce qu'ils ont envie d'entendre et flairent l'imposture.
Comme le dit le billet précédent, les politiques doivent regarder dans les yeux les problèmes du pays. Il faut donc qu’ils se transforment, qu’ils changent. Mais comment les en convaincre alors que, comme le bon François Hollande, ils disent que le changement c’est eux ?

Compléments :
  • Problème « d’anxiété d’apprentissage » : le politique était habitué à la solution à l’emporte pièce, mais les idéologies sont en faillite ?

La France qui en veut

The Economist semble croire que ce que le monde connaît de la France, grèves, manifestations, xénophobie, paresse… est la partie émergée d’une nation raisonnable, qui travaille dur, qui entreprend avec succès, qui, en bref, est sympathique.

Si elle n’a pas le destin qu’elle mérite, c’est faute d’un pouvoir politique qui veuille regarder en face les causes de ses maux. Reforming gloomy France

Royal Ouattara

Alassane Ouattara descendrait des « gouvernants musulmans du grand empire Kong ».

Par ailleurs, il aurait passé 50 ans de sa vie à l’étranger, où il aurait notamment acquis un PHD américain. (The king of Kong)

Effet de levier

Certains peuples de paysans pauvres dépensent l’argent de leur récolte au lieu de le conserver pour acheter de l'engrais pour leur prochaine récolte. Mais s’ils en achètent après leur récolte, ils le conservent. (Untying the knot)

Exemple d’effet de levier : il faut inscrire le changement dans les règles culturelles d’un groupe humain, alors il se fait immédiatement. 

dimanche 24 avril 2011

Dette grecque

Les Grecs ne pourront jamais payer leurs dettes, mais ils ne peuvent pas faire faillite sans faire s’effondrer le système bancaire allemand (notamment). On sortirait de l'aveuglement collectif, et on s’acheminerait vers une solution intermédiaire : défaut partiel, allongement de la maturité de la dette, transformation des obligations en « actions »... Latin lessons

Les dangers de la démocratie directe

The Economist examine l’anarchie californienne. L’État d’Hollywood et de la Silicon valley est en faillite ! Raison : démocratie directe, impossible de réformer.

De l’eau au moulin d’Aristote ? Pour que la démocratie fonctionne, il lui faut une « constitution », de solides principes directeurs, sans quoi elle sombre dans le chaos démagogique ?

Mais la démocratie directe fonctionne en Suisse. Autre tiroir d’Aristote : la constitution doit être adaptée à la culture nationale. Les Californiens ne sont pas des Suisses… (Ou ils ne le sont plus, le dysfonctionnement ne serait que récent.) The perils of extreme democracy

En tout cas, comme le dit l’article, c’est un avertissement pour ceux qui cherchent à renforcer la démocratie directe. 

Detective Dee

Film de Tsui Hark, 2010.

Est-ce une bonne idée de faire d’un juge du 7ème siècle un maître de Kung Fu ? Il me semblait que les juges chinois d’alors étaient avant tout de subtils lettrés, fruits d’une quantité infinie d’examens. Et en plus, il a été victime du Seigneur des anneaux. Même esthétique de jeu vidéo. 

Nostalgie d’un film de la série « Il était une fois en Chine » où se trouve une bataille au milieu de cannes de bambous. La technique serait-elle fatale au génie ?

samedi 23 avril 2011

Sortir de la crise libyenne

Les moyens de l’OTAN sont impuissants, les forces de Kadhafi tiennent le haut du pavé. Comment éviter que l’affaire ne se transforme en Vietnam, pour nous ?

Il faudrait former les forces rebelles et des drones américains. (Crunch time in Libya)

Il semblerait effectivement que ce soit la solution choisie

Grande dépression

J’entendais, hier, une émission sur la Grande dépression, par France Culture.

Elle disait ce que disaient déjà mes livres de terminale : c’est la guerre qui a mis fin à la misère des Américains (au moins des classes moyenne et inférieure). Et cette misère a été terrible, inimaginable aujourd’hui. Hitler n’a pas été le mal incarné, mais le résultat naturel d’une situation intenable.

Je ne peux m’empêcher de penser que l’après guerre a été une période d’opulence, qui a été ruinée par un retour aux idées antérieures.

N’est-ce pas une défaite de la science qu’elle n’ait pu expliquer cette crise, et qu’elle ne soit toujours que l’arme de l’idéologie ?

Les femmes du 6ème étage

Film de Philippe Le Guay, 2011.

Du carcan social gaullien ébranlé par les prémices du souffle de liberté de 68.
Où l’on rappelle que la France fut considérée comme un pays riche par beaucoup de ses voisins.
Et où l’on aborde la question de l’immigration sous un angle moins agressif, et moins insupportablement moraliste, que celui que notre société a choisi pour s’entredéchirer. 

vendredi 22 avril 2011

N.Sarkozy distribue l’argent des entreprises

Les sciences du changement ont formulé une sorte de théorème qui dit que l’homme fait le contraire de ce qui lui est imposé. (Voir Michel Crozier et Le Phénomène bureaucratique.)

Que vont faire les entreprises à qui l’on demande de verser des primes à leurs salariés ? Accélérer la liquidation d'une masse salariale qui leur coûte de plus en plus cher ? (Et quid d'une prime négative, lorsque les dividendes sont en baisse ?)

Comment interpréter les derniers actes de notre président ? La croisade libyenne ? Les déclarations gouvernementales concernant l’Islam et l’immigration tunisienne en Italie ? Cette prime ?

Notre président, dos au mur, est-il prêt aux paris démagogiques les plus hasardeux pour notre avenir, pour être réélu ? Après lui le déluge ?

Justice alimentaire

Le juge est clément lorsqu’il a déjeuné. Beaucoup moins ensuite. Effet saisissant : dans le cas dont il est question dans I think it's time we broke for lunch… les jugements favorables passent de plus de 60% à quasiment 0 à mesure que l’on s’éloigne du repas.

L’effet serait lié à la fatigue qui amènerait le juge à rechercher les solutions qui économisent son intellect.

De l'indépendance de la justice, et de la rationalité humaine ?

jeudi 21 avril 2011

Europe divisée

Nicolas Sarkozy est-il en train de disloquer l’Europe ? En partant seul à l’assaut de la Libye, il a montré que la solidarité européenne ne comptait pas. Visiblement, il n’en a pas fallu beaucoup à ses collègues puissants pour faire de même (The EU and the squabbles of Spring). À ce train là, l’Europe sera bientôt une anarchie. D’autant que la crise et le chômage favorisent le mouvement.

En tout cas les Anglais doivent être honteux : N.Sarkozy les a battus à leur propre jeu, diviser le continent (Histoire de l’Angleterre).

Compléments :

Criquets et investisseurs

Il semblerait que l’on soit capable de prévoir le mouvement de nuées d’animaux ou d'insectes par des règles très simples. Par exemple, pour les criquets, avec l’hypothèse que l’individu tend à imiter ses voisins. (Self propelled particles)

Curieusement ces modèles seraient aussi efficaces pour expliquer les marchés financiers.

La finance donnerait-elle à l’homme le QI du criquet ?

Harcèlement, effet culturel ?

De nombreux chercheurs sont parvenus à la conclusion que le harcèlement moral se produit uniquement dans une culture organisationnelle qui permet, voire récompense, ce type de comportements. De plus, l’offenseur ne se livrera à des actes de harcèlement que s’il pense avoir la bénédiction implicite de ses supérieurs de se comporter de cette manière.
Bertin, Evelyne, Développer le capital humain de l’entreprise, éditions ems, 2004. 

mercredi 20 avril 2011

Modèle économique irlandais

L’Irlande doit-elle faire comme l’Islande, ne pas payer ses créditeurs ?
En Irlande des économistes tels que Philip Lane du Trinity College de Dublin, voit des risques à suivre l’exemple de l’Islande. L’Irlande a besoin, en tant que rampe de lancement de multinationales, de sa place dans l’UE. Il survit des liquidités de la Banque Centrale Européenne, et, dans tous les cas, ne peut pas se permettre de se couper de l’Europe. (A parable of two debtors)
Parasite irlandais ?

Vampyr

Film de Carl Theodor Dreyer, 1932.

Une sorte de chaînon manquant entre muet et parlant : peu de paroles et beaucoup de textes. Il n’y a pas vraiment d’intrigue ou de récit. Peut-être est-ce le film d’un rêve ? Peut-être cherchait-on plus, dans les années 30, l’image forte que l’histoire ?...

Découverte de Nicolas de Gunzburg, qui aurait vécu une curieuse vie, de dilettante, mécène et esthète.

mardi 19 avril 2011

Négociation aux USA

Démocrates et Républicains se haïssent et pourtant ils viennent de trouver un compromis budgétaire :
Les économies, de 78,5md$, étaient proches des 100md demandés par les Républicains. Mais elles étaient principalement circonscrites aux secteurs que les Démocrates trouvaient les moins douloureux. Rival visions 
Illustration d’une des idées fondatrices des techniques de négociation : les hommes n’ont pas les mêmes objectifs, c’est pour cela qu’ils parviennent toujours à s’entendre (pour peu qu’ils ne soient pas trop bornés) ?

Compléments :
  • FISHER, Roger, URY, William L., Getting to Yes: Negotiating Agreement Without Giving In, Penguin, 1991.
  • C’est probablement aussi ce que pensaient les Grecs, et les Romains : Droit romain.

Immigrés en Italie

L’Italie aurait subi l’arrivée de 25000 immigrants tunisiens et demande de l’aide avec vigueur.
La France et l’Allemagne seraient peu compatissantes au motif qu’elles accueillent chacune de l’ordre de 50.000 immigrés par an contre 10.000 pour l’Italie. (Take my migrants, please)

Pourquoi j’aime le changement

Livre sur le changement écrit par un psychologue. Beaucoup de choses intéressantes. Mais pas très gai et pas beaucoup d'effet de levier. On classe la population en fonction de ses nuances d’appétence pour le changement, et on planifie, scrupuleusement, en fonction… Très programmatique ?

Mes 25 ans d’expérience du changement n’ont jamais été comme cela. Ce fut, et c’est, rapide, animé, enthousiasmant, imprévisible. Le souffle de l’aventure et des grands espaces. Je n’ai vu que quelques personnes de l’organisation, et pourtant elle s’est transformée en bloc. Pourquoi cette différence me suis-je demandé ? J’ai fini par trouver la réponse suivante :

Employé plus ou moins junior ou consultant, j’ai toujours été un « leader » des changements auxquels j’ai participé. En fait j’ai une vision américaine du changement. 

John Kotter a écrit « leading change ». Pour lui, et pour l’Américain en général, le changement c’est la promesse de lendemains qui chantent. Le « leader » a la vision de cet avenir si désirable, peut-être même le crée-t-il ?, il le montre et on y court. (Feeling of urgency disent les Anglo-saxons.)

Par contraste, notre perception du changement est passive, subie : difficulté, souffrance, martyr, purgatoire.

Compléments :
  • J'apprends que pour réussir le changement il faut être résilient. Quel effroyable mot. Chez moi la vertu cardinale est l'optimisme. 

lundi 18 avril 2011

La France sans munition en Libye

L’armée française semblerait avoir surestimé ses capacités d’intervention en Libye. (Quelle défense pour l’Europe et pour la France ?)

Leçon pour l’avenir ? Nos politiques doivent ramener leurs ambitions aux niveaux de nos moyens ? 

Crise persistante

  • Les PIG vont-ils finalement devoir faire faillite ? L’Espagne va-t-elle être touchée ? Les banques européennes, allemandes en tête, vont-elles prendre un bouillon ? (Europe, courting trouble)
  • En tout cas, les peuples européens semblent las de n’avoir pour horizon que le chômage et, en conséquence, votent nationaliste. (Finland rocks the EU)
  • La situation américaine n’a pas l’air fort différente. (US warned on lack of deficit plan)
Nos politiques iraient-elles à l'envers du bon sens, parce que ceux qui les font sont ceux qui devraient se réformer ?

Drogue en Amérique centrale

L’Amérique centrale baignerait dans la drogue et le crime organisé.

L’un de ses maux semble vérifier la thèse d’un de mes billets concernant les effets d’un ordre public subventionné par la charité des riches, suivant le modèle libéral :
Les plus riches s’arrangent par eux-mêmes - il y a 5 fois plus de gardes de sécurité privés que de policiers ou de soldats au Guatemala et quatre fois plus au Honduras – et donc bloquent tout effort de lever des impôts nécessaires au renforcement de l’État. (The drug war hits Central America)
Bref, la justice n'a pas les moyens d'ennuyer les trafiquants. 

Fonds de stabilité européen : marché de dupes ?

Si je comprends bien le graphe de Follow the money, l’Allemagne contribue de l’ordre de 50md€ au sauvetage des « pays de la périphérie », mais ses banques risqueraient 230md en cas de faillite. L’apport de la France est  relativement supérieur (40 ou 45md ? pour en sauver 150). Le grand gagnant serait la perfide Albion, qui ne contribue quasiment pas, mais risque plus que la France (200md). Le grand perdant, l’Italie qui donnerait plus qu’elle ne joue… (On apprend aussi que les USA risquent presque autant que la France.)

Prospective : se projeter dans l’avenir

Définition de prospective que je ne connaissais pas. La prospective c’est se projeter dans l’avenir. Plus exactement c’est trouver l’avenir attirant parce que l’on y a créé un projet motivant, que l’on sait pouvoir mener à bien.
L'avenir ne se prévoit pas, il se prépare. (Maurice Blondel)
Notre période manque singulièrement de prospective : on n’y parle que fondamentalisme ou (néo)conservatisme, retour vers les valeurs du passé ou à la nature… Aurions-nous un problème avec l’avenir ?

Compléments :
  • L’article : RICHOU, Saphia, BERTIN, Evelyne, Prospective et Psychanalyse : des espaces de transition pour bâtir le futur. Colloque « Prospective et Entreprise », Paris, 6 décembre 2007.
  • Une version de la transformation d’identité de Maslow ?

dimanche 17 avril 2011

État et libéralisme

Le libéralisme veut qu’il n’y ait rien en dehors de l’individu et que ce qu’il gagne lui soit propre. Dans un tel système, il n’y a pas d’inégalité. Mais il y a quand même une forme d’entraide qui passe par la charité, acte volontaire de l’individu.

Curieusement ce modèle n’élimine pas non plus l’État, puisqu’il semble qu’il y ait besoin de maintenir l’ordre, mais il est subventionné lui aussi par la charité.

Compléments :
  • Subrepticement cette vision du monde a pénétré nos vies : les ONG s’occupent des déshérités et nous indiquent les maladies que notre argent doit aider à soigner, l’économie sociale remplace l’État. (Le projet de Big Society de David Cameron.)
  • Si je comprends bien le modèle de Mancur Olson, une société dans laquelle les riches subventionneraient l’État-bien commun serait une mauvaise affaire pour eux. En effet, l'allocation optimale leur permet de s’offrir une quantité de bien commun moindre que si toute la communauté y avait contribué (par exemple une milice), et, en plus, le reste de la population peut en profiter gratuitement. 

Pragmatisme américain et rigueur intellectuelle française

Larry Summers, grand dérégulateur, s’interroge sur la régulation sans être accusé de reniements. Nicolas Sarkozy jette ses lois de début de mandat et est tourné en ridicule par l’opposition. Contraste.

Difficile d’avoir tort en France, mieux vaut persévérer dans l’erreur. C’est probablement pour cela que nous aurons toujours une guerre de retard. Si « rigueur intellectuelle » n’est pas américain, être pragmatique a de grands avantages…

La presse obstacle au changement

Le Nouvel Économiste (La dérive médiatique) écrit que les schémas de pensée simplistes de nos médias (« émotion », « morale », « oppositions primaires ») les rendent incapables de regarder en face « la complexité du monde », donc de remplir leur mission vis-à-vis de nous.

Ce qui m’a amené une curieuse pensée. Et si, parce qu’ils croient que le monde est abjecte, les journalistes avaient transigé avec leur déontologie ? Mais si le monde peut se transformer en bien, alors ils se sont comportés en criminels... Et si c’était cela qui les rendaient hostiles au changement ?

Irresponsabilité sociétale des entreprises

Henry Mintzberg parle de l’irresponsabilité sociale des entreprises. Je suis surpris : il a écrit ces lignes il y a plus de 30 ans.

Ce serait un trait naturel des multinationales. Presque toutes (99 sur 100 pour certaines statistiques qu’il donne) sont « divisionnalisées », i.e. de quasi holdings. Le principe de construction de ces organisations est le contrôle (financier). Par conséquent tout ce qui n’est pas mesurable (dimension sociale et environnementale) n’existe pas. En outre ceux qui sont au contact avec cette réalité ignorée sont les membres des divisions, qui, par définition, n’ont pas de pouvoir.

Je ne suis pas sûr que Mintzberg ait vu juste. La cause de la situation qu’il dénonce, je soupçonne, vient de la formation du dirigeant. S’il ne connaît du monde que la finance, ou les ministères, il se comportera certainement selon le modèle de Mintzberg. S’il s’est élevé dans la hiérarchie en venant du bas (comme en Allemagne), la situation sera probablement différente. 

Compléments :
  • MINTZBERG, Henry, Structure et dynamique des organisations, Éditions d’organisation, 1982.

samedi 16 avril 2011

Les riches ne créent pas la richesse ?

Selon une idée qui revient périodiquement depuis plus de 2 siècles, ce sont les riches qui créent la richesse. L’Amérique l’a clamé bien haut. La France a agi en se gardant de le dire. Comme d’habitude.

Dans les deux cas, il semblerait que l’enrichissement national n’ait pas été au rendez-vous. (Le « choc fiscal » assomme Nicolas Sarkozy, The 1% solution.)

Homme politique

Conférence il y a quelques jours. J’ai la surprise de découvrir le visage connu d’un ancien ministre, que je croyais retiré. 83 ans. Poignée de main faible. Il semble fragile et a besoin d’aide pour progresser vers l’estrade. Mais là, métamorphose. Il se cambre, magnifique. Voix forte, assurée. Il ne lit pas ses notes. La passion de la politique, du pouvoir ?, fait des miracles.

Médias, Internet et modèles économiques

Décidément, ce que disaient nos beaux esprits durant la bulle Internet était idiot.

Qu’est-ce qui fait gagner de l’argent aux médias ? Les vieux et les médias traditionnels. (Les jeunes sont fauchés, et la pub sur Internet ne rapporte rien.) Pas le gratuit payé par la pub, mais l’abonnement ! (Peggy Sue got old)

C’est le monde de la prévision qui marche sur la tête ! (Ou avait-il d’autres intérêts que de nous dire la vérité ?)

vendredi 15 avril 2011

Jackson Richardson

L’autre soir Daniel Costantini expliquait comment il avait fait entrer Jackson Richardson, la star du handball français, en équipe de France.

Le joueur n’avait aucune méthode et semblait vouloir jouer seul. Ce qui rendait fous ses coéquipiers. Daniel Costantini est sur le point de l’exclure lorsqu’il découvre que l’équipe adverse est encore plus désorientée que l’équipe de France.

Non seulement le « pouvoir est en bas », mais le talent y est aussi. Le dirigeant comme l’entraîneur doit bâtir sa stratégie sur les compétences uniques de son organisation, et, surtout, ne pas la faire entrer dans le carcan des « bonnes pratiques » imitées de l’extérieur. C'est d'ailleurs l’art de l’entrepreneur

Économie italienne

L’économie italienne chuterait plus vite que celle de l’Europe et remonterait plus lentement.

Cause : pas assez de grandes entreprises, et un colossal déséquilibre nord / sud (chômage des jeunes 40% - 5% d’écart de croissance de PIB !?). The euro's Achilles heel.

Raffineries à vendre

Les raffineries ne seraient pas rentables et seraient vendues par les pétroliers à des fonds ou à des pays émergents.

Les pays émergents voudraient augmenter leur capacité de raffinage. Quant aux fonds, je ne comprends pas très bien comment ils réussiront mieux que les professionnels. En faisant des économies de maintenance, peut-être ?

Compléments :
  • Refined tastes.
  • Projets de Total.
  • Mais la gestion à courte vue des compagnies pétrolières fait aussi des heureux : les « spillionnaires » (traduire en marionnaires ou millionnoirs ?)

Sagesse des foules ?

En économie, du moins, les foules verraient justes quand elles sont faites d’individus isolés (la moyenne des avis est le bon). Dès qu’ils s’influencent, elles divaguent. The foolishness of crowds.

Pour Aristote, la foule est intelligente lorsqu’elle est encadrée par des principes bien pensés. La différence de point de vue s’explique probablement par le fait que l’économie croit que l’homme est essentiellement un électron libre alors qu’Aristote considérait qu’il était un être social. On retrouve le débat sur Gemeinschaft et Gesellschaft, qui a fait longtemps rage en Allemagne. 

jeudi 14 avril 2011

Logiques politiques

Le Nouvel Économiste, sur la logique de quelques politiques importants :
  • Martine Aubry : « remédier aux injustices sociales, sa spécialité ».
  • Jean-Louis Borloo, il s’adresse « aux déçus du Sarkozysme, inquiets du socialisme ». Selon mes hypothèses, ce serait bien un « radical-socialiste », mais l’auteur de l’article (Michèle Cotta) n’envisage qu’une alliance à droite. 

Politiquement correct

Hier, France Culture. J’intercepte un bout de débat concernant le politiquement correct.

Tout ce qui hier était « politiquement correct » serait maintenant « politiquement incorrect ». Et ce sans plus de débat ou d’appel à la raison.

Qui a vécu par le glaive… ?

Compléments :
  • Un résultat de la « guerre des idées » que se livrent les partis politiques ?

Pourquoi le Pakistan est-il une poudrière ?

Le Pakistan est le candidat le plus sérieux à une guerre nucléaire. En attendant, il est aux prises avec des conflits religieux. Y a-t-il un coupable ?

Ce pourrait être une fois de plus les USA. Afin de mener la guerre afghane, ils ont  « encouragé l’interférence des militaires dans les affaires civiles » et ont déstabilisé le Pakistan.

Dominos ? Pour détruire l’URSS (qui n’en avait pas besoin), ils ont fait renaître un Islam radical et fondamentaliste, ce qui a entraîné toute une série de conflits (notamment en Europe), chacun étant provoqué par la tentative de répondre à l’autre…

Ne faudra-t-il pas un jour envisager de maîtriser l'apprenti sorcier ?

Compléments :
  • Islam et Pakistan.
  • Elsässer, Jürgen, Comment le Jihad est arrivé en Europe, Xenia, 2006.

Cyclone à la Jamaïque

Film d’Alexander Mackendrick, 1965.

L’enfant n’a-t-il aucune compassion, et s’amuse-t-il de tout ? Mais alors comment peut-il devenir un bon pirate ?

Ça m’a fait penser au Seigneur des mouches.

mercredi 13 avril 2011

Les difficultés imprévues de l’égalité des sexes

Mon incursion récente dans le monde des femmes dirigeantes m’a fait découvrir que leur sort n’avait rien d’enviable.

La doctrine de l’égalité des sexes se heurterait à des contraintes imprévues. Notamment au fait que les femmes ont des enfants, et qu’elles continuent à jouer un rôle déterminant dans leur éducation.

La carriériste anglaise ne serait pas mieux lotie. Ne serait-ce que parce que :
La Grande Bretagne est un pays dur, concurrentiel et inégalitaire, qui dédaigne la conformité et qui est profondément conservateur pour un nombre surprenant de choses.
Il en serait de même des USA, qui ne font strictement rien pour faciliter le sort de ceux qui ont des enfants. (It just isn't fair)

Décidément les Anglo-saxons sont forts pour faire de beaux discours…

Libéralisme et gestion des entreprises

Mintzberg définit ainsi les mécanismes de coordination de l’entreprise, de plus à moins centralisés :
  1. Supervision directe
  2. Standardisation des procédés de travail
  3. Standardisation des productions
  4. Standardisation des qualifications
  5. Ajustement mutuel
En lisant cette analyse, je me suis demandé : le libéralisme veut éviter que l’homme n’asservisse l’homme, quel mode de coordination est-il adapté à ce programme ?
  • Pas la supervision directe, donc. 
  • La standardisation des procédés peut le tenter, mais il fait de l’homme un robot, ce n’est pas mieux. 
  • La standardisation des qualifications et l’ajustement mutuel sont deux formes de socialisation : c’est la société qui modèle l’homme à sa convenance. Est-ce acceptable pour un libéral ?
  • Il reste la standardisation des productions : c’est la logique du contrat, on se met d’accord sur ce que l’on doit produire. Explication de l’importance du contrat dans la culture anglo-saxonne ? Problème : entre partis inégaux le contrat et léonin, et/ou peut devenir du flicage.
En fait, l’Anglo-saxon accepte une forme de socialisation. Il place plus haut que tout l’éthique du protestantisme (on a là les bases d’un « ajustement mutuel ») et est fier de ses universités (« standardisation des qualifications »).

Mintzberg remarque par ailleurs que les expériences de démocratisation de l’entreprise ont débouché sur une spécialisation (méritocratie), donc sur l’acceptation de se conformer à un processus particulier de socialisation.

Conclusion ? Le libéralisme c’est peut-être accepter de se soumettre à une forme de socialisation. Elle nous « change » de manière acceptable (en tenant compte de nos envies et de nos talents), et surtout le fait  « équitablement », c’est-à-dire dans l’intérêt collectif, et non pour profiter à tel ou tel (qui, lui, ne changerait pas). Le rôle des générations actuelles est de faire que le modèle social respecte les principes ci-dessus. 

Compléments :
  • MINTZBERG, Henry, Structure et dynamique des organisations, Editions d’organisation, 1982.

mardi 12 avril 2011

L’industrie de l’armement peut-elle être globale ?

De l’armement lourd à la photocopieuse (!), la mode serait à les équiper de dispositifs qui puissent être utilisés en cas de conflit (soit pour détruire le matériel soit pour qu’il serve d’espion). Something wrong with our **** chips today.

Dans ces conditions, le commerce international est-il possible ? Est-il judicieux de se débarrasser de notre industrie de l’armement ? Ou de confier nos télécoms aux Chinois ?...

Stress et âge

Le stress chronique a un impact direct sur la capacité des cellules à se diviser. Autrement dit plus on est stressé moins on vieillit.

On aurait découvert que la « gestion du stress » (un peu d’écoute amicale) permettrait d’éviter ce phénomène.

Nouvelle preuve de ce que la vie est un sport d’équipe ? (Ou que l’homme est un animal politique, comme disait Aristote ?)

Le vice de la production de masse

Henry Mintzberg :
Souvent, ce qui est bon pour la production n’est tout simplement pas bon pour le producteur (…) à cause de ces conflits (…) les entreprises de production de masse développent une obsession du contrôle : une conviction que les ouvriers doivent toujours être surveillés et poussés si on veut qu’ils fassent leur travail.
Serait-ce cela un des vices de l’entreprise moderne ? Un modèle qui reposerait sur le principe implicite d’une « lutte des classes » ?

Mintzberg remarque que la production continue élimine ce conflit, puisque tous les hommes de l’entreprise sont du même côté : ils gèrent des machines.

C’est aussi le cas « lean manufacturing » à la japonaise (que ne traite pas Mintzberg) : l’ouvrier et au cœur des processus productifs et les fait progresser sans arrêt. 

Compléments :
  • MINTZBERG, Henry, Structure et dynamique des organisations, Editions d’organisation, 1982.

lundi 11 avril 2011

Le capitalisme n’a pas la cote

La France n’aime pas le capitalisme, presque partout sa côte est à la baisse (sévèrement chez les Américains qui gagnent moins de 20.000$).

Exceptions ? L’Allemagne, la Chine et le Brésil. (Market of ideas)

Les gagnants aiment le capitalisme, les perdants le détestent ? Par ailleurs, le socialisme, voire le communisme, est-il favorable au capitalisme ? Il lui ôte ses désagréments ? 

Parler aux extraterrestres

On a trouvé un moyen élégant de communiquer avec les extraterrestres.

Il suffit de leur expédier des neutrinos de forte énergie : comme il n’y en a pas dans la nature, il ne peut y avoir de doute sur l’intention. Mieux, en bombardant de neutrinos les céphéides, des étoiles dont la luminosité varie régulièrement, on peut les amener à modifier légèrement leur pulsation. 

Volonté de contrôle et bureaucratisation des entreprises

D’après les études analysées par Henry Mintzberg, vouloir contrôler une organisation de l’extérieur tend à en faire une bureaucratie centralisée.
Les deux moyens les plus efficaces par lesquels l’extérieur peut contrôler l’organisation sont : 1) de tenir son décideur le plus puissant responsable de ce qui arrive à l’organisation, et 2) d’imposer à l’organisation des standards clairement définis.
Comme le montre, par ailleurs, le travail d’Henry Mintzberg, une entreprise laissée à elle-même adopte rarement cette configuration. Par conséquent, il y a de bonnes chances qu’elle ne soit pas bonne pour sa santé.

Autre résultat : la volonté de pouvoir de ses membres conduirait naturellement à une telle organisation.

Je me suis demandé si la bureaucratisation de l’entreprise constatée ces dernières décennies ne venait pas de tels phénomènes : désir de contrôle soit par le top management, soit par de gros actionnaires (l’un étant d’ailleurs supposé faire le bonheur des autres).

dimanche 10 avril 2011

Désarmant Larry Summers

Larry Summers, économiste star, a été au cœur de la déréglementation américaine, qui, de l’avis général, est à l’origine de nos tracas actuels.

Alors qu’il semblait particulièrement sûr de ses connaissances à l’époque, il paraît dire aujourd’hui que la science économique n’a rien produit d’utile, et qu’il faut contrôler la finance.

N’est-ce pas l’envers de ce qu’il conseillait, hier, aux présidents américains ?

Pragmatisme américain ?

Changement de doctrine du FMI ?

Les pays émergents sont submergés par l’argent qui fuit l’Occident à la recherche de placements juteux. Ayant peur d’une bulle spéculative ils prennent des mesures de contrôle.

Le FMI, qui jusque-là prônait le laisser-faire, ne leur donnerait pas totalement tort.
Pire, on commence à s’interroger sur sa mission : doit-il réglementer les pays pauvres ou les pays riches ?
« des pays qui adoptent des politiques hyper expansionnistes pour se tirer de la crise et provoquent une augmentation des liquidités à l’échelle mondiale », et qui insistent ensuite pour que les pays qui reçoivent cet argent suivent des règles directrices. The Reformation.
Vers une réglementation des politiques économiques mondiales ? 

Le renouveau du radical socialisme ?

L’évasion de Jean-Louis Borloo me fait me demander s’il n’y a pas reconstitution d’une forme de mouvement radical socialiste.

Cette tendance semble avoir joué un rôle fondamental dans notre histoire. Et peut-être même représenter un trait de caractère qui nous est propre : un individualisme qui considère qu’il a besoin de la société pour lui fournir la justice.

Pourquoi a-t-elle disparu ? S’est-elle compromise dans la collaboration ?...

En tout cas, j’ai l’impression que de Gaulle représentait un courant proche des radicaux : il voulait représenter la France, ce qui supposait qu’elle n’avait plus besoin de partis politiques. Aurait-il récupéré le courant radical, qui ne s'en serait pas relevé ?

Puis Pompidou et Mitterrand ont décidé que le modèle gaulliste n’était pas viable et qu’il fallait lui substituer le bipartisme que nous connaissons aujourd’hui. Est-ce la conséquence de leurs origines ou celle de leur évolution ? Les valeurs de ces partis sont majoritairement individualistes. Marché de dupes ?

(à creuser)

Compléments :
  • LACOUTURE, Jean, De Gaulle, Seuil, 1985.

Trop de banques est mauvais pour la santé

D’après des économistes, si un secteur financier pèse plus de 110% du PIB national, le dit pays est en danger.

Ça semble ressortir de modélisations compliquées, et ne pas être contredit par les faits…

Compléments :
  • L’article dit aussi que « durant les trois dernières décennies, le secteur bancaire américain a crû 6 fois plus vite que le PIB ». Si le secteur bancaire a pour but de servir le reste de l’économie, son développement devrait induire un enrichissement collectif. Si ça n’a pas été le cas est-ce parce que le phénomène a fonctionné à l’envers ?

samedi 9 avril 2011

Obama le démocrate ?

La presse anglo-saxonne reproche à B.Obama d’être un faible. Il n’intervient que très peu dans la vie parlementaire et laisse les débats s’y dérouler à leur gré. De même, il n’a pas été le leader de l’affaire libyenne.

Est-il faible ou croit-il dans la démocratie, ou dans ce que le « pouvoir est en bas », plutôt qu’en haut ?

Si c’est le cas, c’est courageux de confier son sort à ses convictions, en dépit de la vindicte élitaire et populaire.

Mais ça semble marcher : dos au mur, les sénateurs américains se sont mis d’accord sur un projet budgétaire.

S’il survit aux prochaines élections, il se pourrait que la politique américaine gagne pour longtemps en intelligence et en démocratie…

Compléments :

Jean-Louis Borloo fait sécession

Depuis quelques temps j’entends dire que Jean-Louis Borloo s’éloigne de l’UMP. Un homme de la majorité présidentielle s’inquiétait ce matin de ce que ça pourrait conduire à l’élimination de la droite des élections présidentielles.

Je me suis demandé si l’argument pouvait porter. Traditionnellement les radicaux n’étaient ni de gauche, ni de droite. Donc, quelle que soit l’issue du premier tour des présidentielles, elle peut leur être favorable. D’autant plus que le PS ou l’UMP peuvent avoir intérêt à s’allier à des modérés plutôt qu’à des extrémistes. 

C’est la marque qui fait l’homme

Il semblerait que l’on juge l’homme en fonction du logo de la marque de ses vêtements. En fait le logo serait un signe des qualités de l’individu qui le porte. À tel point que l’on ferait, spontanément, plus volontiers confiance à une personne avec marque qu’à une personne sans marque (avec des habits identiques).

J’avais remarqué un phénomène similaire, à l’époque où je faisais des études de marché. L’homme associe des qualités à une marque qui peuvent aller très au-delà de ce qu’elle produit.

Par contre, je ne savais pas que les qualités de la marque pouvaient s’étendre à l’homme qui les porte.

En tout cas, c’est une nouvelle démonstration de notre susceptibilité à l’influence, et du peu de rôle que joue la raison dans nos choix.

Compléments :
  • Question : est-ce que le phénomène peut jouer à l’envers ? Une personne qui a une mauvaise image peut-elle nuire à la marque qu’elle porte ? Quid de la popularité de M.Sarkozy et de celle de Rolex ?
  • Ce que dit J.N.Kapferer de la marque : un billet.
  • CIALDINI, Robert B., Influence: Science and Practice, Allyn and Bacon, 4ème édition, 2000.

Délit d’entrave

J’ai observé la situation suivante. Une organisation procède à un changement. Pour ne pas être accusée de « délit d’entrave », elle doit informer les « partenaires sociaux » de ses plans, avant ses personnels. Ces partenaires décident de demander un délai d’analyse de deux semaines, qui prolonge le black out, et fait monter l'anxiété. Ils déclenchent aussi une grève préventive, peut-être pour montrer leur force.

Le curieux de l’affaire est ailleurs. La communication est bloquée entre les membres de la direction (l’organisation est extrêmement étendue). Si bien que personne n’étant correctement informé, tout le monde, à commencer par les top managers (qui se méfient de la partie du changement qui dépend de leurs collègues !), est inquiet pour son sort et fait courir les pires bruits. Plus bizarre : le peu que l’on sait du plan est trouvé très bon, y compris par les syndicats… C’est ce qu’on ne sait pas qui fait peur. Mais, voilà, la direction est ligotée et ne peut parler.

Quels enseignements en tirer ? 
  • Notre législation pave l’enfer de bonnes intentions. En tout cas elle n’était probablement pas prévue pour les circonstances actuelles.
  • Le management de l’organisation a fait une erreur. Parce qu’il n’a pas fait confiance à la discrétion de ses collaborateurs directs, il ne leur a fait part que du minimum d’informations possible. L’analyse était juste. Les directeurs ont été incapables de se taire. Et ils ont dit leur inquiétude. S’ils avaient été informés, ils auraient expliqué le changement. 

vendredi 8 avril 2011

Transport rail, mer

Conférence sur l’avenir du transport rail, mer. Des 3 interventions, je retiens :
  • Le rail et le fret connaissent un boom partout dans le monde. On parle de 1000md$ d’investissement. Les grandes voies du commerce transcontinentales (par exemple celles de la soie) se couvrent de chemins de fer. Nouveauté : les modes de transport ne sont plus concurrents mais interconnectés. Les Allemands sont très présents : on parle d’un « Berlin Shanghai », Hambourg équipe son « hinterland »… Mais où est la France ? me suis-je demandé.
  • Le transport maritime a une mauvaise image mais il est essentiel (plus de 90% des volumes transportés). Il est en crise par excès d’offre. Son avenir ? Peut-être les autoroutes de la mer ? En tout cas le transport du charbon, qui est l’énergie de demain matin. Quant aux ports français, les plus gros sont à la centième place mondiale, coulés par le « conservatisme des professionnels ».
  • Le Grand Paris. Je découvre que le projet avait pour but « d’analyser l’ouverture de Paris sur le monde », et d’éliminer ses handicaps. Un débat public a permis de découvrir qu’il venait en concurrence avec le projet Arc Express de la Région Ile de France, et qu’il ne répondait pas aux attentes des usagers (rénover les transports existants). Résultat louable : les hommes politiques concernés ont accepté de se parler, le projet est devenu Grand Paris Express, fusion des deux projets initiaux, et prendrait en compte les besoins des usagers. Ce miracle est-il dû aux talents d’animateur du changement du préfet Leblond, qui a dirigé le débat ?
En écoutant ces exposés, j’ai pensé, à tort ou à raison, que la France est en dehors du coup. Au moment où elle aurait besoin d’un afflux d’oxygène, son organisation sociale se comporte comme un nœud coulant. J’ai aussi pensé, une fois de plus, que le gouvernement communiquait mal. On n’entend parler que d’Islam, d’identité nationale… des projets apparemment utiles (Grand Paris) nous semblent une preuve de son incompétence. Ce qui est curieux est qu’au fond nous sommes probablement dirigés par une immense majorité de gens intelligents ayant une vision juste des problèmes du pays, pourtant nous sommes paralysés et nous donnons au monde une image de stupidité. 

Fondements de la moralité

Il n’y aurait pas de moralité sans empathie. Et pas d’empathie sans un milieu familial ayant des pensées amicales pour l’enfant. Sinon comment pourrait-il vouloir se glisser dans la tête des autres ? (Medical diagnosis of malfeasance)

On peut aussi imaginer qu'il veuille donner ce qu’il n’a pas reçu.

Bienvenue Mister Chance

Film de Hal Hashby, 1979.

Un film qui annonce la victoire de Ronald Reagan ? Un simple d’esprit transforme la haute société américaine (avant de prendre le pouvoir). Ses paroles incompréhensibles sont prises pour des oracles. Une fois de plus il est démontré que, pour qu’il y ait miracle, il faut croire. 

jeudi 7 avril 2011

Développement durable = réduction de coûts

Les entreprises américaines découvriraient qu’économiser l’environnement réduit leurs coûts. Le développement durable aurait-il du bon ?

Exemple peut-être le plus frappant : des fabricants de chips cherchent à exploiter l’eau des pommes de terre pour couvrir l’intégralité des besoins des usines de fabrication.

Pourquoi ne l’ont-ils pas fait plus tôt ? me suis-je demandé. Technique de créativité bien connue : la contrainte produit l’innovation ? Ou serait-ce une illustration d’une idée (voir la fin du billet) qui m’était venue lors d’une mission ISO 26000 : la RSE force à penser à long terme, et lorsque l’on pense à long terme on trouve d’excellentes solutions pour le court terme ?

Travailler plus pour vivre moins

Il semblerait qu’il y ait une corrélation entre gros horaires de travail et risques d’arrêt cardiaque.

Des causes indirectes (manque d’exercice physique) pourraient être aussi en cause.

Alors « les prisonniers du boulot ne font pas de vieux os » ? 

Les dons de la femme pour le changement

Je fais une présentation à l’association des femmes chef d’entreprise du 92. J’explique que j’ai constaté que la femme est remarquablement douée pour le changement (alors que l'homme ne l'est particulièrement pas), et que ses caractéristiques correspondent à ce que John Kotter a défini comme étant celles du « leader » (du changement).

Une participante avance une explication que je n’avais jamais rencontrée jusque-là : la femme a un corps qui est en changement permanent. 

Facebook et la CIA

Où s’arrêtera la soif de Facebook d’emmagasiner des informations sur nos comportements (ce que nous « aimons », nos photos, maintenant les commentaires que nous écrivons sur tous les réseaux sociaux…) ?
Si les gouvernements faisaient cela, nous serions révoltés. Qu’une entreprise privée exerce ce type d’influence est-il moins préoccupant ? (Trolling for your soul)

Résistance aux antibiotiques et économie de marché

Nos antibiotiques ne sont plus efficaces. Cela signifie que nous sommes mal protégés d’anciennes maladies, et que beaucoup d’opérations, qui ne peuvent être faites que parce que nous savons nous garantir des infections, peuvent devenir impossibles.

Ce regrettable état de fait semble un effet imprévu de l’économie de marché (The spread of superbugs) :
  • La médecine libérale fait tout ce qui est en son pouvoir pour plaire au client. À commencer par lui donner ce qu’il réclame, même quand il n’en a pas besoin. Du coup il développe des germes résistants aux antibiotiques qui iront infecter ses semblables.
  • Le gros des antibiotiques sert à accélérer la croissance des animaux industriels.
  • Les laboratoires n’investissent plus dans la recherche de nouveaux antibiotiques, parce que ça rapporte peu, et surtout qu’ils guérissent ce qu'ils soignent. Les maladies chroniques sont bien plus rentables. 
Compléments :

    mercredi 6 avril 2011

    Islam et Pakistan

    30.000 morts en 4 ans. C’est ce que coûte au Pakistan ses luttes interconfessionnelles. Un modèle tellement satisfaisant qu’il cherche à l’exporter.

    Cause ? Ses gouvernements successifs trouvent habile d’utiliser l’Islam pour masquer leurs échecs, et leur corruption.

    À l’UMP comme ailleurs, Islam outil de manipulation des peuples ?

    Compléments :

    Robotique et entreprise : révolution intellectuelle

    Le monde pourrait être à l’aube d’une révolution de la pensée managériale : faire que les robots se comportent comme des humains, plutôt que, option favorite du 20ème siècle, faire que les humains se comportent comme des robots. (I, robot-manager)

    mardi 5 avril 2011

    Les verts, parti de gouvernement

    Élections allemandes. Les verts gagnent beaucoup de voix. Ces verts là ne sont pas des illuminés, mais un parti de gouvernement. Il peut s’allier à droite ou à gauche. (A Green revolution)

    Pourquoi n’en est-il pas de même en France ? Différences culturelles ? L'Allemand construit des organisations, le Français brasse des idées ?

    Ordet

    Film de Carl Theodor Dreyer, 1954.

    L’histoire du monde serait-elle celle d’une supercherie ? Notre « progrès » n’est que celui d’une sophistique lâche, qui masque notre médiocrité sous l’apparence de la raison, qu’elle soit religieuse ou scientifique ?  C’est parce qu’il nous a détournés de l’essentiel, une confiance pure et simple, que nous ne connaissons plus de miracles ? Que nous ne parlons plus à Dieu ?


    Un noir et blanc magnifique, et une forme de suspens : tour à tour chacun croit que sa petite certitude personnelle est vérifiée. Remarquablement construit. 

    lundi 4 avril 2011

    Nucléaire japonais : le syndrome français ?

    Pourquoi les réacteurs nucléaires japonais sont-ils à la fois aussi groupés, et aussi mal placés ? Le Japon ne serait-il pas victime d'un syndrome français ?

    Le Japon a décidé un jour de limiter sa dépendance énergétique grâce au nucléaire. Mais, voilà, après Three Mile Island, personne ne voulait une centrale près de chez soi. Alors on les a construites là où il n’y avait pas de résistance, aux plus mauvais endroits.

    N’a-t-on pas, actuellement, une démonstration frappante de la logique de ce système « top down », très français, qui fait payer aux petits les erreurs de leurs dirigeants ? La direction de l’entreprise qui possède les réacteurs en fusion dit à qui veut l’entendre que les employés qui essaient de réparer ses erreurs, dans des conditions d’existence et de sécurité révoltantes, « ne font que leur travail » !

    Compléments :

    Japon : mort du dogme de la supply chain ?

    Les difficultés du Japon font découvrir à l’industrie mondiale qu’elle ne connaît rien de sa « chaîne d’approvisionnement », et que celle-ci dépend de maillons faibles en situation de monopole. (Broken links)

    La « supply chain » a été un coup de génie des dernières décennies. C’est ce concept qui a amené à une délocalisation en masse à la recherche de coûts les plus bas possibles.

    Il est donc probable que les dogmes associés, « juste-à-temps », « lean »…, vont subir quelques ajustements, afin de limiter les dépendances des entreprises vis-à-vis de l’inconnu. L’approvisionnement local et les seconds couteaux de la sous-traitance pourraient en profiter.

    Curieusement une nouvelle industrie pourrait aussi émerger : celle qui « maintient des stocks essentiels pour le compte de fabricants ». En effet, les entreprises seraient tellement accro au zéro stock qu’elles chercheraient à s’en donner l’illusion en les faisant porter par d’autres.

    Comme le disent les Anglo-saxons l’économie de marché c’est « greed and fear », l’homme ramené à ses instincts primaires, l’inexistence du QI ?

    Compléments :

    Doctrine d’Obama

    B.Obama penserait que « l’Amérique a beaucoup à gagner d’un monde qui suit des règles ».

    Autrement dit, son rôle est de favoriser les mouvements internationaux qui cherchent à faire respecter ces règles, plutôt que de vouloir créer un ordre mondial idéal en s’asseyant sur les équilibres préexistants (et sur les aspirations des peuples ?). (Togetherness in Libya)

    La défiance instinctive du Tea Party est justifiée : cet homme n’est pas un Américain. 

    dimanche 3 avril 2011

    Qui faut-il changer en France ?

    France Info interviewe deux journalistes étrangers, ce matin. Ils analysent les dernières élections. Selon eux, nos partis politiques de gouvernement ne comprennent pas ce que pense le peuple, la cause de son vote protestataire en faveur du FN. Ils n’ont aucun programme.

    Je suis frappé par le contraste qui existe entre cette analyse et le discours de nos journalistes ou de nos élus.

    On dit parfois que « le poisson pourrit par la tête ». Je me demande si, dans les organisations sociales, ce n’est pas la tête qui est la dernière à changer. 

    Au fond, partout dans le monde le peuple cherche à faire comprendre à ses classes gouvernantes qu’elles doivent se transformer. Mais comment pourraient-elles l’entendre ? Qu’ont-elles à y gagner, que peuvent-elles espérer de mieux qu’une vie d’oligarque ? Alors, elles disent, comme François Hollande il y a peu : « le changement c’est moi » ?

    Impuissance politique européenne

    La plupart des gouvernants européens sont impopulaires et faibles (le nôtre serait donc la règle plutôt que l’exception). Cela expliquerait qu’ils soient incapables de prendre une décision commune, et que la zone euro fonce sur l’iceberg. (Billet précédent.)

    Intéressante explication. Fin des blocs politiques qui suivaient aveuglément un « Führer ». L’électeur est devenu intelligent et exigeant, l’homme politique, lui, n’a pas évolué. (The handicapped union)

    Bref, nous serions à la veille d’un changement majeur : la démocratie pourrait s’implanter en Europe, et notre élite politique pourrait devenir honnête, compétente, respectable, elle pourrait, même, ne plus nous prendre pour des crétins.

    Mais un tel changement se fera-t-il sans susciter une résistance désespérée ? 

    Réformons la zone euro

    Contrairement à ce que je disais dans un précédent billet, il serait possible de mettre en faillite la « périphérie de l’Europe », sans couler l’Espagne, ou le système bancaire des autres membres de l’UE. (They’re bust. Admit it.)

    Côte d’Ivoire

    Vue de loin, le vainqueur des élections ivoiriennes a fini par prendre les armes et va écraser par la force celui ne voulait pas accepter le choix du peuple. La logique démocratique est respectée.

    Pas si simple (Coming to a crunch) :
    • Laurent Gbagbo serait bien armé, et ne se rendra probablement pas sans une forte résistance.
    • Les luttes intestines locales ont tendance à s’étendre au voisinage des pays concernés, par le biais des populations et des combattants chassés par la guerre. 

    samedi 2 avril 2011

    Contrôler une entreprise à distance

    Comment faire qu’une partie d’une organisation, éloignée du cœur de son activité et promise à la fermeture, ne sombre pas dans la dépression ? m’a-t-on demandé il y a quelques jours.

    Comme d’habitude, je réponds qu’il faut procéder à un exercice de « socialisation ». Lorsqu’un groupe humain se soude autour d’expériences réussies, vécues en commun, ses composants peuvent s’éloigner les uns des autres sans perdre leur motivation pour l’intérêt général. Il se trouve qu’Henry Mintzberg, que je lis actuellement (Structure et dynamique des organisations), dit comme moi. Et il explique que c’est ainsi que procède la CIA pour s’assurer que ses agents servent fidèlement leur pays.

    En fait Mintzberg et moi avons tort. Dans « Réforme de l’ISF : marché de dupes » (Les Echos du week-end dernier), Philippe Villin, reprenant une argumentation aussi vieille que le monde, explique que si l’on est méchant avec les riches, ils iront à l’étranger, et qu’il vaut mieux avoir des riches qui paient peu d’impôts que des « artisans taxis et chauffeurs de bus ». Autrement dit le riche n’est pas « socialisable ».

    Compléments :
    • Curieusement, les riches anglais, eux, le seraient. Le riche français seul apatride ?
    • Par ailleurs, même asocial, le riche a peut-être des intérêts locaux ?

    Éthique et responsabilité sociétale

    Je reçois un mail du dirigeant d’un club d’éthique d’une association d’anciens élèves me proposant un diagnostic RSE gratuit, fait par son cabinet de conseil.

    Image même des contradictions de notre société ? Instrumentalisation des organes devant servir l’intérêt général (une association) au profit d’un individu ? Et, en plus, le dit individu se proclame le grand inquisiteur de l’Éthique et de la Responsabilité sociétale !

    Tartuffe est ridiculisé ?

    Supermarché et alcoolisme des mineurs

    Caisse de supermarché. Un adolescent veut s’acheter une canette de bière. Une cliente la fait passer parmi ses courses. La caissière s’en rend compte et fait la leçon au jeune homme.

    J’ai trouvé cette caissière admirable. Elle est mal payée, on exige d’elle, sans lui donner un kopek supplémentaire, de faire respecter une loi qui lui demande d’entrer en conflit avec son prochain. Et ce alors que les deux bobos de l’établissement (la cliente et moi) ne font rien, et facilitent le crime (la cliente).

    On pourrait dire de même des gendarmes ou des soldats, ou des personnels qui jouent leur vie pour éviter que la centrale nucléaire de Daïchi ne nous explose à la figure.

    Au fond la société est montée à l’envers. Les braves sont en bas, et méprisés, les lâches sont en haut, riches et estimés. Comment en sommes-nous arrivés là ? Nicolas Sarkozy a-t-il raison : « guerre des idées » ? Ceux qui l’ont gagnée sont ceux qui ont manipulé le cerveau de leurs semblables ?

    vendredi 1 avril 2011

    L’Angleterre attire l’entreprise

    Le gouvernement anglais va amener le taux d’imposition des entreprises locales à 23%. D’après un interviewé de la BBC, ceci devrait avoir le même effet qu’en Irlande : attirer des entreprises étrangères et créer de l’emploi. (En le prenant, donc, à d’autres pays.)

    Curieux. L’Europe semble croire que ses membres doivent évoluer de concert, et pourtant cette nouvelle la laisse indifférente. Il est vrai que l’Angleterre n’appartient pas à la zone euro.

    Compléments :
    • Un autre aspect étrange des réformes anglaises est qu’elles font subir un plan de rigueur féroce au peuple tout en améliorant le sort des entreprises, et que cela ne semble pas susciter de grandes émotions. 

    Entreprise irresponsable

    Aux USA, au moins, on reconnaît de plus en plus à l’entreprise les mêmes droits qu’à un homme.

    Mais attention à ne pas aller trop loin. Car alors, on lui demanderait aussi, comme on le fait avec tout homme, d’être responsable. Et cela c’est antinomique avec son intérêt. (Peculiar people)