dimanche 31 juillet 2011

Nouvelles du mois

Gouvernements à cours de munitions

«  Quand les marchés tanguaient, les banques centrales réduisaient brutalement les taux d’intérêt. Un sous-produit de cette politique a été une série de bulles alimentées par endettement ». « Une politique qui a consisté à éviter les petites récessions a résulté en la plus grande crise depuis les années 30. » «  Il reste peu d’options aux gouvernements des pays riches si l’économie s’affaiblit encore. » (Running out of options)

Déséquilibre social et crise de l’Occident

La crise viendrait-elle des divisions de la société ? Entre ceux qui s’accrochent à leur travail, et ceux qui n’en ont pas ; entre les syndicats et le reste du monde ; entre les vieux et les jeunes ? (Turning Japanese)

Faut-il aussi ajouter à cette liste ceux qui se sont massivement enrichis, comme certaines classes de la population, certains pays, et certains secteurs économiques (les banques, la santé…) ? Cela peut-il expliquer pourquoi les gouvernants mondiaux ont tant de mal à remettre l’économie en marche ?

Lire News of the World

News of The World était de toutes les croisades portées par le bon sens populaire. Celles qui exploitent tous les crimes pour clamer que la justice n’est pas assez punitive. Il s’affirmait le seul avocat du petit peuple des gens qui travaillent dur.

Ses dirigeants étaient les meilleurs amis de toutes les victimes. On découvre maintenant que c’était pour mieux violer leur intimité (British Judge Outlines Hacking Investigation - NYTimes.com), en faire profiter leurs journaux, leurs bonus et leurs carrières, fulgurantes.

Résumé de l’histoire récente de notre société ?

Le libéralisme triomphant, que l’on n’a pas osé nommer néoconservatisme en Europe (La pensée anti 68), a été un capitalisme primaire n’ayant pour morale que le gain, et qui a manipulé grossièrement le sentiment populaire pour atteindre ses fins ?

Changement dans le métro

Depuis des années, le métro parisien est un chantier.

Pour la première fois de mon histoire d’usager de la RATP, j’ai vu des stations fermées et des correspondances suspendues. Ce qui m’a démontré, une fois de plus, à quel point j’étais peu adapté au changement : mon emploi du temps en a été totalement déboussolé.

La poussière retombe. Qu’en ressort-il ? Une surprise : rien.

Depuis mon enfance, je suis habitué à un métro innovant : métro sur pneu, ligne 14… D’ailleurs, il n’est pas que le moyen de transport du parisien, c’est aussi celui du touriste. En cela il est l’image de la France, et de la Ville Lumière.

Cette fois-ci, je ne perçois pas ce que le passager ou le standing du pays y ont gagné. Difficile de voir en quoi les stations ont été rénovées, sauf, peut-être, FDR, qui a maintenant l’aspect d’une boîte de nuit. Le système de portillons de la ligne 1, bientôt automatisée, parait « low cost ». Et les rames, dont beaucoup sont branlantes, connaissent de plus en plus d’incidents.

Un changement « orienté client » ?

samedi 30 juillet 2011

Vol Rio-Paris

L’accident du vol Rio-Paris illustre peut-être un des grands théorèmes de la systémique : le problème est dans la solution.

Les pilotes de l’appareil l’ont cabré, alors qu’il aurait dû piquer du nez.

Il est souvent une bonne idée de faire le contraire de ce que l’on pense bien.

Cet enseignement s’applique-t-il à notre crise ?

Compléments :

L’homme change

Il est fréquent que les psychologues expliquent nos irrationalités par le fait que l’homme a été créé il y a fort longtemps, à une époque où Internet n’existait pas.

Cette opinion changerait. Le génome de l’homme a subi des évolutions rapides. Pourquoi pas son cerveau ? Et pourquoi n’aurait-il pas conçu la société à l’image de celui-ci ? (Fast-Evolving Brains Helped Humans out of the Stone Age: Scientific American)

Dégraisser le mammouth

Si je comprends bien, pour cause d’économie, l’État réduit le nombre d’enseignants et de policiers.

Il veut gagner en productivité, or, que je sache, on n’a pas encore trouvé le moyen de faire qu’un enseignant ou un policier soit plus efficace que par le passé. L’État ressemble-t-il à une entreprise qui arrêterait sa production pour faire des économies ?

Et si l’économie devait venir de l’infrastructure, et pas des simples soldats ? « reengineering » des services de support ?

vendredi 29 juillet 2011

Rad-soc Chirac

Je trouve par hasard un extrait du livre d’Anne Fulda sur Jacques Chirac.

Il y apparaît beaucoup plus complexe et riche qu’on ne le croit d’ordinaire. Au fond ce serait un « radical socialiste ». Ce qui va peut-être dans le sens de ma thèse selon laquelle le gaullisme serait une forme de radicalisme.  Mais, sa version actuelle ne semble pas très agissante. Radical-contemplatif ?

Mérites de l’hypocrisie

Dans La conquête, je faisais un parallèle entre N.Sarkozy et Colombo. Depuis je me demande si la comparaison avec Lenny n’est pas plus appropriée.

Les deux considèrent que, parce que tout le monde fait des entorses à la morale installée, il faut s’en débarrasser. Bénéfice : il n’y a plus d’hypocrisie.

À la réflexion, je crois qu’ils ont tort. L’hypocrisie est une solution « innovante » au problème du respect de nos idéaux, « hommage que le vice rend à la vertu » selon La Rochefoucauld. En la liquidant, on renonce à la vertu, et peut être à la société. Plus que des individus poussés par des appétits primitifs ? Le marché, autrement dit ?

Lois des systèmes

Von Bertalanffy pensait que tous les systèmes obéissent à des lois communes (ce qui ne signifie pas qu’ils n’aient pas de lois particulières). Si ce postulat est vrai, il est possible, par exemple, de déduire des lois valables pour les organisations humaines, à partir de lois biologiques et inversement.

Quelques phénomènes présents partout :
  • Différenciation. L’évolution voudrait que les organismes passent de l’équilibre dynamique à la spécialisation ou à la mécanisation (régulation par boucle d’asservissement), « le progrès n’est possible que si l’on passe d’une totalité indifférenciée à une différenciation des parties » mais « cette ségrégation progressive implique perte de régulabilité ». Par exemple, aux premiers jours de la vie de l’embryon, les cellules sont indifférenciées, puis, progressivement, il y a spécialisation : les organes, qui fonctionnent comme des machines, apparaissent. De même, l’enfant confond tous les sens, progressivement ceux-ci se différencient. Mais la mécanisation ne peut être totale sans quoi l’organisation ne peut plus évoluer.
  • Élément dominant. Un changement insignifiant d’un élément dominant engendre un changement considérable de l’ensemble. Il existe des phénomènes de « centralisation progressive » : dans les systèmes organisés, un élément devient généralement dominant (exemple : système nerveux).
Compléments :
  • BERTALANFFY (von), Ludwig, Théorie Générale des Systèmes, Dunod, 2002.
  • Par ailleurs, il semblerait que plus le système est complexe (la complexité est notamment liée au nombre d’éléments en interaction) moins il faut d’énergie pour le faire évoluer.

jeudi 28 juillet 2011

Zone euro : les difficultés continuent ?

« En bref ce que les marchés semblent voir est un désastre à la périphérie et la japanification du centre. » dit Paul Krugman de la nouvelle dégradation des affaires européennes.

Gouvernement impuissant ?

Triste histoire que celle que raconte Le Monde. Drame du chômage et du gouvernement. Depuis 5 ans, il se réjouit des succès de sa politique, pourtant le chômage croît, inéluctablement.

Face au mouvement des événements, l’homme est-il une mouche du coche ?

Toujours est-il que relever les promesses non tenues du gouvernement devient une distraction nationale. Le Figaro y contribue même. Il reprend le discours de notre président à Grenoble, il y a un an : peu en a résulté. 

Règle d’or

Le gouvernement veut inscrire dans la constitution une loi interdisant les déficits excessifs.

Du coup, j’ai regardé le dernier rapport de la Cour des comptes sur sa gestion. À la fin, se trouve une série de tableaux qui comparent les positions des pays de la zone euro. Sur plusieurs, la France n’est séparée des PIGS que par la Slovénie. Je n’avais pas réalisé que notre situation était aussi préoccupante. Et notre place de champion de la dépense publique ne nous a été volée par l’Irlande que cette année…

D’après le rapport, qui lui a déplu, le gouvernement serait plus efficace dans la suppression de recettes (TVA restaurateur, Taxe d’apprentissage…), que dans celle des dépenses. Curieusement, les collectivités territoriales, socialistes, seraient plus vertueuses que l’État.

Quel intérêt notre président a-t-il eu d’agiter ce sujet ? Le gouvernement n’est-il pas au courant de ces chiffres ? Complexe de supériorité en termes de gestion ? Pense-t-il que le Français se contente de paroles ?...

Compléments :

Taxe pour la fortune

Harald Hau, un économiste, remarque que le plan de secours de l’Europe à la Grèce est l’équivalent d’une subvention de 200md€ des contribuables pauvres, aux banques et aux riches qui les possèdent.

Selon lui il fallait laisser les banques périr de leurs erreurs. L’Etat y aurait alors investi. Cela aurait moins coûté, et aurait permis au contribuable d’entrer en partie dans ses fonds lors de la remise sur le marché après assainissement.

Pourquoi nos gouvernants n’ont-ils pas mieux défendu nos intérêts, ils étaient pourtant en position de force ?

Peur de faire le lit de Mme Le Pen ; pas les compétences de reprendre une banque ; le lobbying bancaire est irrésistible et fait la politique des États ; la BCE a été kidnappée par les banques.

Bientôt, une révolte des contribuables ? (Eurozone bailout: Taxpayer transfer to the wealthy?)

Systémique et crise de l’euro

Une modélisation grossière des événements du moment semble donner le schéma suivant.

Aux USA, les banques ont prêté aux individus insolvables, en Europe, elles ont prêté aux États insolvables.

Pour éviter un désastre (mais était-ce la seule solution ?), les États à peu près solvables se sont portés au secours de la finance en faillite. Les USA et les États de la zone euro sont donc maintenant endettés. Étrangement, ce n’est pas le modèle allemand qui nous a contaminés, mais le modèle grec.

Le système qui était cause de la crise est resté inchangé. Dans ces conditions, qu’est-ce qui peut faire redémarrer notre économie ?

Compléments :

mercredi 27 juillet 2011

Japon et Italie

Plus de dette que l’Italie, une population en déclin, un commerce déficitaire, et un Yen qui grimpe. Pourquoi le Japon ne préoccupe-t-il pas les marchés ?

Parce que sa dette est entre les mains des siens. En particulier des entreprises qui ont beaucoup investi à l’étranger et qui rapatrient leurs dividendes. (The domino that never falls)

Incapable de se remettre en cause, le Japon consomme ses économies ?

Le capitalisme sauvé par la femme ?

Imposer un quota de femmes aux conseils d’administration des entreprises serait désastreux dit The Economist.

Pas besoin de passer en force. Depuis que Facebook a une femme à sa tête, son image est transformée. Après les dynasties politiques, les dirigeants d’entreprise doivent comprendre que la femme rend aimable leur dictature. 

Chaos indien (suite)

L’Inde s’est libéralisée en 1991.

Aujourd’hui, il lui manque des routes, une main d’œuvre qualifiée et de l’énergie… (One more push)

Limites de l’économie de marché ? 

La conquête

Film de Xavier Durringer, 2011.

Je voulais voir Animal Kingdom. Mais, erreur de ma part ?, ce n’était pas le film projeté lorsque je suis entré dans la salle. Pourtant, je n’ai pas regretté mon incursion dans cet autre royaume animal.

La conquête n’a pas eu une bonne critique. On lui a reproché de ne rien nous apprendre de nouveau.

En fait, c’est la logique qui se dégage de ce connu regroupé en un temps court qui est intéressante.

À commencer par Nicolas Sarkozy : étrangement, je n’avais jamais pensé qu’il pouvait être en permanence comme il est dans ses discours. Je croyais qu’il s’était inventé un personnage, homme du peuple. Pas du tout.

L’histoire de La conquête, c’est Colombo contre Talleyrand. D’un côté quelqu’un qui ne fait aucun effort pour se conformer aux exquises conventions de la diplomatie française, et de ses palais, et qui ose être ce qu’il est et dire ce qu’il pense, de l’autre l’establishment des hauts fonctionnaires, sommet d’hypocrisie perfide.

Mais si Sarkozy n’avait été que Colombo, il aurait échoué. Un nombre insuffisant d’électeurs se reconnaît dans les valeurs qu’il aime. Il a donc cherché pour ses discours des rédacteurs qui pensent comme ceux qu’il voulait attirer. La manœuvre a réussi, mais il n’y a plus eu de cohérence entre acte et parole. 

mardi 26 juillet 2011

Réforme à l’italienne.

La semaine dernière, les marchés s’en prenaient à la dette italienne. Miracle. Une réforme est votée, instantanément. Qui a dit que l’Italie était désespérément inefficace ? Et c’est de la poudre aux yeux. Mais les marchés sont calmés. (Can he finally get Italy motoring?)

Décidément, nos gouvernants ont du talent. (Billet précédent)

David Cameron

Le scandale de News of the world a révélé que M.Cameron n’était jamais aussi fort qu’en situation difficile. C’est probablement pour cela qu’il manque de prudence. (Wider still and wider)

Pour les Grecs la qualité de l’homme d’État était la prudence. Aujourd’hui nous tendons à élire des indestructibles, imperméables au scandale. 

Stress hérité

Le stress passe de la mère à l’enfant. Épigénétique : nos conditions de vies peuvent conditionner les gènes de nos enfants. (Baby blues)

Du coup des temps troublés tendent à se perpétuer. Ils stressent les mères qui ont des fils stressés, qui stressent leurs épouses… 

lundi 25 juillet 2011

iPhone et Android

Android est plus coûteux qu’il n’y paraît : Apple a breveté beaucoup de choses (par exemple pouvoir faire des manipulations de l’écran avec la main), et l’utilisateur d’Android doit lui payer des royalties. (Android alert)

Grèce et contribuable français

Pourquoi la France déploie-t-elle tant d’énergie au secours de la Grèce ? Parce que son gouvernement préfère ses banques à ses contribuables.
  • Les premières sont menacées, un peu par la Grèce, beaucoup par l’Italie. 
  • Les seconds se pensent assistés, et n’ont pas compris que leur argent subventionnait des placements aventureux. (Bail-outs? Bof…)
Bref, c’est 15md de plus pour la dette française, selon François Fillon. « Nous étions au bord d’un gouffre, nous avons fait un grand pas en avant » ?

Compléments :
  • Dernière phrase : Félix Houphouët-Boigny.
  • L’article semble penser qu’il y a là une avenue pour le FN.
  • Exposition des banques françaises au risque italien : The road to Rome. « À la fin de l’année dernière les banques françaises détenaient près de 100Md€ de dette souveraine italienne (el leur exposition à l’Italie était environ quatre fois plus grande). »

Last Life in the Universe

Film de Pen-ek Ratanaruang, 2003.

Film sympathique à l’humour décalé.

Faut-il voir plus que la rencontre de deux solitudes ? Un Japon a-t-il besoin d’une bouffée d'exubérance thaïlandaise pour sortir de sa crise existentielle ? (Et la Thaïlande a-t-elle besoin du Japon pour remettre sa maison en ordre ?)

dimanche 24 juillet 2011

La Belgique sauvée par la crise ?

Bien que la Belgique n’ait jamais été aussi bien gérée que depuis qu’elle n’a plus de gouvernement, les limites du séparatisme flamand pourraient apparaître.

S'il y a divorce, qui va récupérer les dettes du pays ? Et la riche et francophone Bruxelles ? Et si les marchés s’en prenaient à la dette belge ? (Ceci n'est plus un pays)

Grèce irresponsable ?

Que faire si la Grèce ne se réforme que mollement, et connaît un déficit chronique ? Le système européen d’aide aux pays déficitaires récemment adopté masque le problème qui est au coeur de la crise de la zone euro.

Sachant qu’elle fait courir au monde un risque systémique, la Grèce est en situation de prise d’otages. Or, l’irresponsabilité est devenue un sport international.

Problème de l’agence, disent les économistes.

Que peut faire l’Europe, si la situation se présente ? Deux idées :
  • La méthode Badgehot. Les gouvernants grecs sont remplacés par des représentants de l’Europe. Le pays est remis en ordre, puis rendu à son fonctionnement habituel.
  • Une technique que j’ai utilisée pour des filiales de groupe. Les dirigeants de la filiale concernée doivent présenter un plan de redressement. Un animateur extérieur les aide à le construire. Ce faisant, il s’assure qu’ils savent le mettre en œuvre. Ensuite, il n’y a plus qu’à suivre la réalisation du plan d’action. 

Brésil, France, champion national

Près de 80% des transports collectifs hors Ile de France sont assurés par seulement deux sociétés.

Curieusement, cela rappelle la situation brésilienne : un petit nombre de champions nationaux essorent le marché local, au motif que c’est leur base de conquête du monde. Et, même histoire dans les deux pays : ces entreprises sont passées du public au privé.

Le champion national est-il dans l’intérêt général ? Pas nécessairement. Selon la logique de portefeuille de la matrice BCG, la France est une vache à lait (faible croissance, part de marché dominante). Autrement dit, elle sert à alimenter l’expansion internationale. 

Systèmes et changement

La systémique explique que les systèmes se caractérisent par des mécanismes de maintien d’équilibre. En fait, c’est eux qui font que le système est système. Von Bertalanffy parle de deux mécanismes de régulation :
  1. La boucle d’asservissement, qui permet un type de régulation automatisé (cf. le thermostat).
  2. L’équilibre dynamique : c’est l’action des différents composants du système qui amène à une convergence vers un état stable en dépit de fluctuations de son environnement (équifinalité). Le mouvement des ailes des abeilles maintient la température de la ruche.
Ces mécanismes expliquent aussi la résistance au changement : le système résiste parce que nous voulons le démolir.

Pour faire évoluer un système il faut le prendre dans son ensemble, et non, comme nous le faisons intuitivement, en ne regardant que ce qui ne va pas. Si un organe est malade, il faut soigner le corps. Idem pour une société.

Compléments :
  • BERTALANFFY (von), Ludwig, Théorie Générale des Systèmes, Dunod, 2002.

samedi 23 juillet 2011

La zone euro casse son thermomètre ?

Que signifient les décisions récemment prises par la zone euro ?
  • Elles veulent l'isoler des marchés. Première étape : la dette grecque est entre les mains des pouvoirs publics.
  • Mais la manœuvre n’est qu’incomplète : le Fonds de solidarité n’a pas les moyens d’isoler de plus grosses économies (Espagne, Italie, France). Pour cela, il lui faut un volume d’eurobonds susceptible de déclencher une attaque cardiaque massive chez le contribuable allemand (et peut être même français).
  • Ce n’est qu'un début. Il reste le problème sans lequel rien ne serait arrivé : l’anémie économique de la zone euro.
Sa résolution exige certainement une modification structurelle de la société européenne. Difficile de la voir réussir sans une crise grave, politique, comme le dit mon premier billet de la journée.

Bref, si la zone euro n'éclate pas, l'avenir européen est à une transformation sociale - bien plus qu'à un fédéralisme mollasson - difficilement imaginable aujourd'hui. Pour l'instant, nos gouvernements cherchent surtout à repousser le jour du jugement dernier.

Expérimentation Google+

Cela fait une semaine que j’ai un compte Google+. Silence total.

Ce type de réseau social doit être alimenté par un flux d’informations. C’est du twitter ou du blog, mais en vase clos.

Or, à de rares exceptions, les gens avec qui j’aurais envie de converser dans un tel cercle, sont irrémédiablement réfractaires aux réseaux sociaux. Pour le reste, j’ai déjà un blog.

Google+ serait-il destiné aux collectivités de leaders d’opinion des TIC ?

Crises politiques et changement

Des économistes le disent : pour qu’une société change, il faut plus qu’une crise économique, il faut une crise politique.

Leur modèle semble être le suivant : ce qui bloque une réforme structurelle est que les groupes sociaux qui doivent la subir cherchent à en payer le moins possible le coût. Technique : guerre d'attrition.

La crise politique indique que le société est en mouvement, et que le pire est possible ?

Compléments :
  • Avons-nous eu récemment une crise politique ? Marginalement. Mais il n’y a eu que quelques grands mouvements de foule. Rien qui puisse faire croire à une déroute imminente. 

vendredi 22 juillet 2011

Vive les agences de notation !

Accord européen présenté comme héroïque, et pourtant un peu bancal. Le plus dur est pour plus tard. Comme dans tout changement, le risque est grand que rien ne se passe, si les marchés se calment.

Car ce sont eux qui construisent l’Europe. Ils forcent les membres de la zone euro à mettre en application les engagements qu'ils avaient pris ; ils ont même rendu la finance anglo-saxonne fédéraliste, et dirigiste : après avoir cherché pendant plus de cinq siècles à diviser le continent, elle ne parle que d’eurobonds et de gouvernance européenne…

Quant aux agences de notations, la seule chose que l'on puisse leur repprocher c’est d’avoir collaboré à la précédente crise.

Compléments :

Les médias contre les réformes

Pourquoi M.Obama n’arrive-t-il pas à faire entendre raison à ses concitoyens ? En parti du fait
du développement de la télévision câblée partisane et de la cacophonie de la blogosphère (qui a) donné le pouvoir aux semeurs de confusion. (Dicing with debt and the future)
Ennuyeux. Internet semble annoncer une ère de médias éclatés (Fin des mass media). Ère d’irresponsabilité et de guerres fratricides ? 

Bons d’alimentation

En avril (la participation au programme de bons alimentaires) a atteint 45 millions de personnes, soit un Américain sur sept (mais) seulement deux tiers de ceux qui sont éligibles se sont inscrits. (The struggle to eat)
Curieux que la magnifique Amérique en soit arrivée là. Mais ça ne devrait pas durer. Les Républicains vont attaquer ce programme, pour réduire les impôts. 

Deep end

Film de Jerzy Skolimowski, 1970.

Un London pas très swinging. La police y est partout, on s’y lave dans des bains crasseux, et le refoulement sexuel semble la règle. Et dès la première image, le bain de sang est annoncé.

Film à message ?  

jeudi 21 juillet 2011

Idéologie travailliste

Ce que pense le parti travailliste :
Si les gens reçoivent assez d’information, ils trouveront, sans aide, le moyen de demander des améliorations, et de changer les choses pour le mieux. (Little platoons on a slow march)
Oui, une politique peut-être construite avec des idées aussi simplistes.

Mais la résistance des événements, et la realpolitik, fait que le programme ne va jamais à son terme, et que la montagne accouche de souris mal fichues. 

Retour au 18ème siècle

Le pourcent le plus fortuné de l’Angleterre de la fin du 18ème aurait possédé 17,5% des revenus nationaux. (America’s Revolution: Economic disaster, development, and equality | vox) C’est moins que ce qu'a le pourcent le plus riche aujourd’hui aux USA : « le pourcent le plus riche gagne maintenant 24% des revenus, contre 9,9 en 1976 » dit Our Banana Republic.

Ces dernières décennies, l'Occident aurait-il fait un grand pas vers l'Ancien Régime ?

L’esprit s’amuse

Film de David Lean, 1945.

Je ne m’attendais pas à trouver de la couleur dans un film de 1945.

Un film plein d’esprits, particulièrement anglais.

Noel Coward, auteur de la pièce qui a donné le film, était-il le Sacha Guitry anglais ? 

mercredi 20 juillet 2011

Relations et emploi

Connaître des gens qui ont un travail facilite grandement la probabilité d’en trouver un… Le réseau relationnel joue un rôle décisif dans la recherche d’un emploi. (« Aux Etats-Unis, 50% des emplois existants auraient été trouvés par des relations sociales ».)

Question d’information. Celle qu’apportent les organismes officiels est insuffisante. (I get a job with a little help from my friends | vox)

Effet pervers : plus le chômage augmente, plus l’information est réduite, et plus il est difficile de trouver un emploi, ou de recruter… 

Crise de l’euro et idéologie

La Grèce ne compte que pour 2,5% du PIB de la zone euro. Pourquoi cette dernière n’a-t-elle pas réglé ce problème immédiatement ? Pourquoi est-elle sur le point de nous entraîner, selon l’expression anglo-saxonne, dans un Armageddon mondial ? se demande la presse étrangère. (Firefighting)

Nous sommes dirigés par des fantoches, répond-elle, en substance. Éternel drame de la démocratie.

Je n’en suis pas sûr. Nos politiques ont accompli le devoir que leur prescrit Aristote. À savoir « les législateurs (…) cherchent à créer chez leurs concitoyens, les habitudes qui les rendent bons ». (Éthique à Nicomaque). En effet, ils ont répandu une théorie à laquelle ils croyaient : « le riche est créateur de valeur ».

La crise révèle une faille de cette théorie. La coupable Grèce peut faire capoter la vertueuse Allemagne. Le sort des riches et des pauvres est lié.

Mais, si le riche crée la valeur, tout impôt est scélérat ! entend-on en Allemagne, en Flandre et aux USA.

Or, il faut bien plus que de la vertu et du courage pour aller à l’encontre de l’idée fixe d’un peuple. 40 ans de propagande ? Armageddon ?...

Compléments :

The Economist

The Economist compte beaucoup pour ce blog, qui en tire nombre de billets.

Je lis ce journal depuis une trentaine d’années. Initialement, je cherchais un moyen d’apprendre l’anglais, qui soit plus intelligent que Time Magazine.

Ce que j’ai toujours apprécié chez The Economist, outre qu’il parle du monde, est que chaque article cherche à dégager la logique des événements qu’il décrits, les règles qui pourraient expliquer les comportements qui les ont provoqués.

Sa faiblesse cependant est qu’il se limite au « bon sens », i.e. il ne cherche pas à vérifier que son argumentation ne rencontre pas quelque contradiction profonde.

En outre, alors qu’il avait résisté à la bulle Internet, il a été pris d’une crise de folie lors de la grande vague libérale qui a suivi. Ce qui m’a fait résilier mon abonnement. Je ne l’ai repris qu’avec le démarrage de ce blog.

Entre temps la raison était revenue. Le pragmatisme et une certaine forme d’honnêteté intellectuelle sont d'admirables vertus anglaises.

mardi 19 juillet 2011

Chaos indien

L’Inde a toujours été un chaos : « de mouvements sécessionnistes à des pogromes sectaires », en passant par des « conflits territoriaux avec la Chine et la Pakistan ». Mais, aujourd’hui, à tout ceci vient s’ajouter la corruption de ses politiques, qui « n’est pas nouvelle, mais l’échelle et l’omniprésence de ces problèmes est réellement sans précédent ».

Raison ? enrichissement et réforme « qui a été définie en termes commerciaux restrictifs, comme signifiant le retrait de l’État de l’activité économique ».

L’Inde « n’est pas la puissance de demain, ou même une puissance émergente. C’est simplement une, complexe, fascinante et peut-être unique, expérience de nation et de démocratie, dont les dirigeants doivent encore et toujours faire attention aux failles, plutôt que prétendre conquérir le monde » dit Ramachandra Guha.

Crise de confiance au Japon

L’accident nucléaire qu’il a subi révèle que le Japon est un pays de dissimulation. Perte de confiance dans les autorités. (A question of trust)

Curieux, lui qui a inventé la qualité totale.

Comment se fait-il qu’il ne puisse plus s’appliquer les techniques qui ont fait sa fortune ? S’est-il endormi pour avoir cru trop tôt avoir réussi ? Ces techniques allaient elles trop fortement contre sa nature, et il est devenu insupportable de les utiliser ?... 

Carrefour en pièces ?

Bernard Arnault est entré dans le capital de Carrefour par une habile manœuvre qui devait lui faire gagner beaucoup (vendre les actifs immobiliers de Carrefour).

Mais ça n’a pas marché comme prévu. Et l’action Carrefour a été divisée par 2. (Off its trolley) D’ailleurs n’est-ce pas fatal lorsque les actionnaires veulent essorer l’affaire plutôt que la développer ?

Carrefour va-t-il finir en pièces, pour limiter les pertes de ses investisseurs ? Le capitalisme à son meilleur ?

lundi 18 juillet 2011

Crise de la zone euro

Curieusement, alors que les journaux étrangers tremblent pour la zone euro, et corrélativement pour le monde, nos politiques sont préoccupés de défilés et de norvégitude.

Dernières idées pour la zone euro : organiser le défaut des pays endettés ; secourir les banques qui vont subir le choc ; protéger les grosses économies de la contagion ; « eurobonds » et fonds de secours élargi. L’Allemagne et les pays du nord bloqueraient cette solution, mais ils devront s’y résoudre s’ils ne veulent pas voir disparaître la zone euro… (On the edge)

Booz Allen : arroseur arrosé

Le cabinet Booz Allen gagne beaucoup d’argent à conseiller le gouvernement américain quant à sa sécurité Internet.

Le dit cabinet vient de se faire pirater. Ses serveurs semblaient dénués de la plus simple des protections. (Hacked off)

Est-ce étonnant ? Comme disent les Anglo-saxons « ceux qui peuvent font, les autres enseignent ». 

Avenir de l’aviation de combat

Fin de l’avion de combat ? Il coûte beaucoup plus cher qu’un drone, et la vulnérabilité des porte-avions fait que son rayon d’action est insuffisant. (The last manned fighter)

dimanche 17 juillet 2011

Vénalité des offices ?

M. Obama a nommé des dizaines des principaux contributeurs à sa campagne présidentielle à des postes d’ambassadeur, de conseiller du gouvernement, ou dans son gouvernement (…) Marc Bernioff, qui a levé plus de 500.000$ est aussi président de Salesforce.com, une entreprise qui produit un logiciel dont le gouvernement Obama fait un large usage dans ses agences fédérales. Un autre contributeur, Michael Kempner, est le président de MWW Group (…) qui a un bureau de lobbying à Washington. (New Stable of Wealthy Donors Fueled Obama Campaign’s Record Fund-Raising Quarter)
Il est parfois surprenant à quel point l’Amérique moderne ressemble à l’Europe de l’Ancien régime. 

Révolution sans leader

La littérature du management anglo-saxonne ne parle que de leaders. D'ailleurs, des bonus toujours plus gros récompensent l’excellence des grands patrons et les employés d’élite.

Pourtant, on a vu, en peu de temps, le Tea Party, le printemps arabe et maintenant les indignés espagnols. (Europe's most earnest protesters), le monde se couvre de révoltes spontanées, sans leaders.

Cause ? Crise de la représentation ? Rappel que notre élite ne l’est pas par ses dons surnaturels, qui méritent bonus, mais par convention sociale ?

Démocratie anglaise malmenée

« Après la crise bancaire qui a révélé l’ineptie des hautes sphères, et qu’un scandale ait éclaté concernant les frais des parlementaires, une partie de la presse est accusée de violation de la loi à une échelle industrielle. » (Britain: shaken but not broken) à quoi l’on peut ajouter que la dite presse semble avoir massivement corrompu la police. (Stain From Tabloids Rubs Off on a Cozy Scotland Yard)

Le modèle démocratique que l’Angleterre aime à donner en exemple au monde serait-il ébranlé ?

Non, car ses errements ne sont rien en comparaison des ténèbres qui l’environnent : « La Grande Bretagne n’est pas résignée à devenir l’Italie ou la France ».

Le Français invente les lois

À répétition cette semaine on m’a parlé de grossières violations de la loi par le Français. Police, Éducation nationale, patrons, administrateurs d’association… tout y a passé, en seulement quelques jours.

Mon père, qui était juriste, disait que « le Français invente la loi ».

Explication ? La législation sur l’amiante ouvre peut-être une voie à explorer :

Les entreprises ont longtemps ignoré les risques de l’amiante et les injonctions du législateur. Du coup celui-ci a durci la loi. Elle est devenue virtuellement inapplicable (l’entreprise est supposée coupable par défaut).

Le mieux est-il l’ennemi du bien ? Et s’il fallait que nous fassions des lois moins ambitieuses, mais dont nous-nous donnons les moyens de l’application ?

Compléments :
  • Il y a une histoire de ce genre dans l’Ancien régime et la révolution de Tocqueville. La réglementation par l’Ancien régime du droit d’expression était effroyable. On risquait sa tête pour un mot de travers. Mais elle n'était – presque - jamais appliquée. (Malheureusement ce « presque » fait de notre pays une nation de l’arbitraire, ce que n'avait pas vu Tocqueville, me semble-t-il.)
  • L’opinion d’Aristote.
  • D’ailleurs le Français ne respecte pas plus ce qu’il a appris à l’école. Probablement pour les mêmes raisons : l’école n’est pas très sérieuse. Mais il suit tout de même des règles. Les siennes. On peut les déduire de son comportement. C’est l’enseignement central du cours que je donne.

samedi 16 juillet 2011

Von Bertalanffy et la science des organisations

Von Bertalanffy, un biologiste grand contributeur à la théorie de la systémique, pensait que le déséquilibre du monde vient d’un déséquilibre de nos connaissances :
nous connaissons et contrôlons les forces physiques trop bien, les forces biologiques plus moyennement et les forces sociales pas du tout. Si nous possédions une science de la société humaine assez développée et la technologie correspondante, ce serait la fin du chaos, de la destruction imminente de notre monde actuel.
La physique est une science statistique donc de la désorganisation. Du fait de sa réussite, elle a inspiré les autres sciences. Mais comment appliquer à l’organisé une science du désorganisé ? L’utilisation du modèle physique pour l’homme a conduit à le considérer comme une machine, de là bien des catastrophes.

Sous cet aspect, il est possible que nous ayons vécu une régression. L’économie classique, qui nie la dimension sociale de l’existence, a remplacé la physique dans la gestion du monde. Le résultat n’est pas encore la guerre qu’avait vécue Von Bertalanffy, mais une crise que l’on nomme, curieusement, « systémique »…

Nous manquerait-il toujours une science de l’organisation ?

Compléments :
  • BERTALANFFY (von), Ludwig, Théorie Générale des Systèmes, Dunod, 2002.

L’euro, projet de droite

Le Guardian nous dit d’abandonner l’euro, il est de droite. (Why the euro is not worth saving | Mark Weisbrot). Arguments :

Non seulement l’Europe a sauvé les financiers de leurs crimes, avec l’argent du contribuable, mais elle prend excuse de l’endettement qui en a résulté pour liquider son système de protection social ; la BCE ne parle que d’inflation et se moque du chômage ou des pays faibles (contrairement au Fed) ; on force la Grèce à l’ajustement, alors que ses difficultés résultent de différences structurelles de productivité entre nations.

Pas convaincu. La zone euro est probablement ce que l’on en a fait. Elle est de droite, parce que gérée à droite.

Mais son projet est-il idiot ? Il semble bien que la régulation financière ne fonctionne pas, et débouche fatalement sur des crises désastreuses (Histoire du système monétaire international). L’expérimentation euro est probablement une façon de réguler sa zone par des ajustements structurels. Autrement dit la « conduite du changement » que je pratique dans les entreprises.

Est-ce un argument que l’Anglo-saxon peut entendre ? Il aime la « main invisible ». S’il soupçonne l’intervention humaine, il est inquiet pour sa liberté ?

L’évadé d’Al Catraz

Film de Don Siegel, 1979.

D’après une histoire vraie.

L’ingéniosité humaine est sans limites. Mais pourquoi notre société, et « The land of opportunity » en particulier, utilise-t-elle si mal le talent humain ?

Quant à Clint Eastwood, il est décidément à son meilleur quand il ne parle pas. 

vendredi 15 juillet 2011

Joly redoutable ?

Les déclarations d’Eva Joly concernant le 14 juillet ont suscité une dénonciation de son origine norvégienne à droite, et des protestations d’affection pour l’armée à gauche. (Défilé du 14-Juillet : tollé politique après la proposition d'Eva Joly - LeMonde.fr)

Cri du cœur ou lecture, approximative ?, des attentes du peuple ?

Eva Joly pourrait bien maîtriser l’art le plus prisé des politiques : forcer l’adversaire à la phrase malheureuse, en le provoquant.

Compléments :
  • Curieusement, à gauche on semble croire qu’aimer l’armée s’est la faire défiler. Quant à la droite, ne confond-elle pas l’immigration économique, avec celle suscitée par l’amour des valeurs (universelles !) du pays, cœur de la tradition républicaine ?

Rupert Murdoch et la roche tarpéienne

Ça barde pour la famille Murdoch. À la réflexion, l’affaire est curieuse.

Pendant longtemps Rupert Murdoch a terrorisé la classe politique anglaise. Mais voilà que, soudainement, les caves se sont rebiffés. Il y a peut-être là une illustration de quelques théories :
  • Dans un monde d’individualistes, le fort a un avantage. Il divise pour régner. 
  • Mais un « point d’ancrage » peut surgir. Une idée commune peut rallier le peuple divisé. Ici, ce fut l’horreur du piratage des téléphones de familles malheureuses. Les victimes de la politique d’intimidation de Murdoch y ont vu le moyen de s'unir pour se débarrasser de lui.
C’est probablement ce type de phénomène qui entraîne les spéculations et les printemps arabes.

Compléments :
  • Sur les points d’ancrage voir Thomas Schelling et Strategy of conflict. Et The logic of collective action pour une explication de pourquoi le petit nombre exploite le grand.
  • Le groupe de presse Murdoch a piraté des milliers de téléphones et graissé la patte de la police anglaise, qui a lentement enquêté. Qu’aurait dit la presse anglo-saxonne si un tel événement était survenu dans cette Europe du sud si paresseuse et méprisée ? Par contre la nôtre ne dit rien. 

De l’art de l’irresponsabilité

USA dans l'impasse. Le pays est en faillite si sa limite d'endettement autorisée n'est pas relevée. Les Républicains refusent de le faire à moins d'un programme de réduction des dépenses féroce, sans aucune augmentation d'impôts. Situation critique. Un sénateur républicain a trouvé la solution suivante : le gouvernement pourra augmenter la limite d'endettement sur veto du président. L'endettement aura cru - et le pays sera sauvé, sans que les Républicains en soient responsables. Élégant.

L’art politique ultime semble celui de l’irresponsabilité, et ce n'est pas vrai qu'aux USA. (Debt ceiling: With irresponsibility comes power | The Economist)

Compléments :
  • Comment répondre à une tactique irresponsable ? Mise en œuvre, elle aboutit à une impossibilité. Si l’irresponsable passe à l’acte il est échec et mat. Cependant, l’exemple d’Hitler le montre, il peut alors entraîner le pays dans une spirale de prédiction auto-réalisatrice. (Troisième Reich.) L’expérimentation doit donc être aussi rapidement autodestructrice que possible. 

Créer de la valeur

Beaucoup de managers ne rêvent que de « créer de la valeur » pour le marché. Mais d’où sort ce vocabulaire effroyable ?

Les entreprises ont leur propre vocabulaire. Parce que l’utiliser est bon pour une carrière, leurs membres estiment qu'il fait le succès de l’entreprise. L’employé confond les nécessités de cohésion interne avec les conditions de succès économique.

(Et si l'écart entre vocabulaire interne et externe venait de ce que l’entreprise est coupée de son marché ?)

jeudi 14 juillet 2011

Défilé du 14 juillet

Eva Joly semble vouloir que le défilé du 14 juillet ne soit plus militaire.

Il se trouve que je m’interrogeais hier sur les raisons d’une « fête nationale ». Ne serait-il pas bien de remettre à plat la question : devons-nous être heureux d’être ensemble et si oui que devrions-nous fêter ?

En tous cas, si j’en crois Wikipedia, le défilé du 14 juillet est assez récent. Il remonterait à 1880, et serait sur les Champs depuis 1919. Ses grands moments sont l’après défaite de 70, l’après victoire, difficile, de 14, l’après peu glorieux 40. Serait-ce l’illusion de notre puissance guerrière qui descend les Champs ?

Pourquoi poursuivre ce rituel vacillant ? À une époque où notre gouvernement réduit les moyens de nos armées, l’illusion de notre force n’a jamais été aussi utile ? Tradition pour touristes, comme la relève de la garde à Buckingham ?...

Blogspot change

J’ai lu quelque part que Google « souhaiterait aussi réunir sous la marque Google plusieurs services de l'entreprise, tels que Picasa et Blogger ». Est-ce pour cela que l’interface de gestion de Blogspot a changé ?

L’éditeur de saisie s’est amélioré mais l’abricot et le bleu de l’interface ne sont pas du meilleur effet. Et il y a des bugs. Par exemple, les statistiques concernant certains billets ne sont pas les mêmes à différents endroits. Et, de temps à autres, blogspot me dit que mes billets ont été lus par mois une personne.

Et mon type de blogging, qui consiste à écrire des billets qui paraissent longtemps après ne paraît pas avoir été prévu : l’interface de saisie de dates est particulièrement peu pratique, et me semble buggé.

Bref, Google est certainement porté par des sentiments louables, mais ne connaît pas la « compatibilité ascendante ».

Spéculation ?

L’Europe est-elle attaquée par un gang de spéculateurs ? "Une bande organisée de spéculateurs cherche à faire tomber les pays de la zone euro" dit un professeur d’HEC.

Pourquoi s’en étonner ? La spéculation est le métier même du banquier. Par définition les marchés financiers cherchent à gagner de l’argent par quelque moyen que ce soit. Si l’explosion de la zone euro est possible, un financier ne mériterait pas ce nom s’il ne voulait pas profiter de l’occasion. Son rôle est de maximiser les revenus de l’établissement qui l’emploie.

D’ailleurs les financiers qui ont une morale affirment que la « main invisible » du marché fait le bien.

Compléments :

Crise européenne

Mme Merkel pense qu’elle a atteint le bon équilibre entre l’aide aux pays européens vacillants et la promotion de la cause des réformes et de partage de charge avec les créditeurs privés. (Hello to Berlin)

Dans les circonstances actuelles, elle semble la seule à ne pas douter.

En tout cas, les marchés vont mettre les Européens en difficulté jusqu’à ce qu’ils aient trouvé un dispositif de résolution de la crise satisfaisant, ou que la zone euro ait disparu.

Plusieurs paramètres entrent probablement en jeu : chaque acteur défend ses intérêts, ou plus exactement cherche à changer le moins possible ; il peut avoir aussi une perception plus ou moins juste de la nécessité de changer. S’il ne s’agit que d’une question d’intérêt, il est probable que les Européens finiront par trouver une solution à leurs problèmes. L'autisme d'un gouvernant poserait de plus graves difficultés. 

Les grandes espérances

Film de David Lean, 1946.

Où il est démontré que nous devons nos vices et nos vertus à la société ?

mercredi 13 juillet 2011

Répondre à un désespéré

Question d’une participante à un séminaire : que faire lorsqu’un de vos collaborateurs vous confie son désespoir ?

Technique que j’utilise, et qui ne me semble pas encore avoir été contredite par ce que j’ai lu des sciences humaines :
  • Éviter surtout de vouloir la faire taire par un expédient (tentation forte : il est désagréable de servir d’exutoire aux malheurs d’autrui) : la personne a besoin de parler. Il faut l’écouter. Puis essayer de débrouiller ce qu’elle dit, en cherchant quelle est la cause réelle de son mal-être.
  • Ensuite, lui demander quelles solutions elle aperçoit à ses difficultés. Il est rare que nous n’ayons pas d’idées pertinentes sur le sujet. Mais laquelle choisir ?  
  • Éventuellement, proposer des solutions qui ont réussi dans des conditions apparemment similaires. N’y en aurait-il pas une qui pourrait convenir ?
  • Si rien n’y fait, reformuler la question et chercher qui pourrait aider à la résoudre. 

Conquête du pouvoir par les femmes

The Economist remarque que les femmes conquièrent le monde. Beaucoup d’entre-elles sont les filles (Mmes Aubry et Le Pen chez nous), les femmes ou les sœurs de puissants.

La femme est le visage acceptable d’un pouvoir familial qui a le vent en poupe. « La nouvelle génération de femmes et de filles est peut-être préférable à leurs ancêtres males. Mais il s’agit toujours d’une politique dynastique – avec les trahisons, les querelles familiales et l’absence de sens des responsabilités qui va avec ». (The distaff of office)

Brève rencontre

Film de David Lean, 1945.

Entre deux passages de trains à vapeur, et dans la nuit permanente du noir et blanc, coup de foudre entre une femme et un homme, mariés par ailleurs.

Histoire bien loin de notre univers. Éternelle question : peut-il y avoir histoire d’amour sans interdiction ? L’amour serait-il une maladie sociale ? 

mardi 12 juillet 2011

Nationalisme mondial

Le Brésil a transformé ses entreprises d’État en champions nationaux. Ils « peuvent consolider leurs marchés, réduire la concurrence et accroître leurs profits, avec l’argent du gouvernement ». (Too little, too late)

En Chine, les entreprises étrangères ont des droits de propriété qui ne reposent sur aucun droit. Il ne tient qu’au bon plaisir du gouvernement local de les révoquer. (Who owns what?)

Pourquoi un tel nationalisme est-il permis partout sauf en Europe ? Pourquoi, d’ailleurs, n’est-il pas dénoncé ?

Parce que, si nos populations avaient compris que l’émergence se faisait en leur dérobant leurs biens, non par quelque supériorité innée des jeunes sur les vieux, elles auraient empêché certains de s’enrichir par leur transfert ? 

Killer app de Google+ ?

Google+ peut-il rejouer, vis-à vis de Facebook, Microsoft contre Netscape ? Éternel problème de marketing : le nouvel entrant face au concurrent installé.

Avec Google+, plus de demande (difficile à refuser) de rejoindre le réseau d’une personne. L’effet réseau est obtenu en choisissant ceux que l’on veut informer. Ils peuvent refuser l’invitation, et qui sont ou non des utilisateurs de Google+.

Google+ permet de dire non poliment à des gens à qui on ne peut pas dire non. Donc de débarrasser son réseau « d’amis » Facebook de ceux qui ne l'étaient pas vraiment, ou ne le sont plus. (How Google+ Will Balkanize Your Social Life)

Si les réseaux sociaux peuvent être facilement piratés, pourquoi leur valorisation est-elle aussi élevée… ?

Compléments :
  • Hervé Kabla se demandait comment il se faisait que Google, ayant depuis plusieurs années les briques techniques qui lui permettait de nuire à Facebook, ne l'avait pas fait. Manque de réactivité peut-être. En tout cas, cela lui a peut-être permis de voir la faille de Facebook. (En leur temps les Japonais laissaient à un concurrent innovant le temps d'explorer une niche, avant de l'en déloger et de développer agressivement le nouveau marché. Facebook, un peu japonais ?)

Éducation et position sociale

Le beau père d’un ami lui avait dit qu’il ne pourrait rien donner de plus à sa fille que son éducation.

C’était une phrase favorite de la génération qui a précédé la mienne. Elle sous-entendait que l’éducation donnait la capacité de tout faire. Ce qui paraît étrange : on apprend fort peu dans une grande école.

En fait, ce n’est pas une éducation que nous avons reçu, mais une position sociale. Ce qui est beaucoup plus. 

lundi 11 juillet 2011

Fin des mass media

The Economist étudie l’avenir de la presse. Internet a tué les mass médias. Retour au 19ème siècle, où la communication passait par les cafés.

La presse tendait à être relativement neutre par souci de la publicité, qui veut toucher un public aussi large que possible. Maintenant, à l’image de Foxnews aux USA, elle sera d’opinion. (Coming full circle)

Faut-il s’en réjouir ? Qui pourra payer le journalisme d’enquête ? Une presse d’opinion n’est-elle pas de type caniveau, à la Murdoch ? Va-t-on vers une société de l’affrontement entre idéologies simplistes ?...

Barack Obama

Le pari de Barack Obama : les Américains « sont peut-être exceptionnellement tolérants des gros écarts entre riches et pauvres, mais ils s’attendent à ce que les riches paient ce qu’ils doivent et que l’État donne la main à ceux qui en ont besoin. » (Fat cats and corporate jets)

Pas très visionnaire tout cela. On reproche à Barack Obama d’être un « fade ». 

Et s'il était fidèle à lui-même ? Il a confiance en l’Amérique, et veut la réconcilier avec elle-même... La solution à ses difficultés n’est pas dans telle ou telle révolution, mais dans de petits ajustements ?

Compléments :
  • L’article finit ainsi : « Ce pari médiocre n’est peut-être pas la lecture la plus stimulante de l’humeur américaine. Mais c’est peut-être le meilleur chemin vers la réélection. »

Alastair Giffin

Alastair Giffin, co-fondateur de Prendo Simulations, a eu une idée simple, donc brillante. Quelle est la raison principale d’échec d’un projet ? Par définition, l’équipe projet le fait pour la première fois !

Pourquoi, alors, ne pas former les chefs de projet comme les astronautes : avec un simulateur ?

Mais peut-on simuler la complexité humaine ?

Il est impossible de simuler une visite de la lune, mais il est possible de donner aux astronautes les gestes qui sauvent. Idem pour les projets.

Compléments :
  • Il vend ses simulations aux esprits supérieurs : Oxford, HEC… et à quelques multinationales éclairées.

dimanche 10 juillet 2011

Chômeurs sans voix

USA. Croissance constante du nombre de chômeurs. Mais on n’entend que le Tea Party, obsédé par la taille de l’État et qui prend le pauvre pour un parasite…

Le chômeur a honte, il est isolé, il n’a personne pour le défendre, et il ne vote même pas. (Somehow, the Unemployed Became Invisible)

N.Sarkozy a certainement raison. Nous vivons une guerre des idées. Et les idées qui ont gagné ces derniers temps ne sont pas favorables aux faibles. 

Qui sont les twitters ?

« Des études faites en Grande Bretagne et en Amérique suggèrent que 7 à 9% de la population utilise Twitter, contre 50% pour Facebook. Mais les utilisateurs de Twitter sont des influenceurs (…) le public n’utilise pas Twitter, mais les nouvelles sont sur Twitter. » (The people formerly known as the audience.)

Fin du laisser-faire ?

Lorsqu’un pays connaît une difficulté, on la met au compte d’un trop d’État, et on le condamne à la rigueur.

C’est curieux. Dans une telle situation, une entreprise ne réduit pas aveuglément ses coûts, mais cherche un « modèle économique » dont elle est sûre qu’il la sortira de sa mauvaise passe.

Cette idée est peut-être en train de gagner du terrain :
  • Un article sur la Grèce : « La Grèce et ses amis, devraient passer autant de temps et de réflexion à concevoir des éléments de stratégie de croissance à court et long terme, qu’ils en consacrent à mettre au point l’analyse de la dette du pays ». (Sea, ships and solar can get Greece growing - FT.com)
  • De même l’Angleterre découvre que relancer son industrie ferait beaucoup de bien à son emploi et à son économie. Malheureusement la situation est désespérée. Plus simple : développer le « high tech ». « Mais même cela demandera à l’État d’investir dans le capital humain et physique, et d’inciter le privé à faire de même. » (Less paper, more iron)

Fin du terrorisme journalistique ?

Les hommes politiques anglais vivaient dans la terreur de la presse de Rupert Murdoch.

Les scandales qui l’affectent vont peut-être les conduire à se révolter.  (Sting of Tabloids Kept British Politicians in Line). Dans son élan, nettoieront-ils son journalisme de caniveau ?

Et l’empire de M.Murdoch est-il menacé ? Qui a vécu par le glaive… ?

Compléments :
  • The lowest low.
  • Interrogation. Pendant longtemps l’Angleterre a accordé l’asile au terroristes afin qu’ils posent leurs bombes ailleurs. Puis la tactique s’est retournée contre elle. Et s’il en avait été de même pour la presse ? La haute société l'a crue son amie ? Idem pour la finance ? On ne pactise pas avec le diable ?

samedi 9 juillet 2011

Méfiez vous des dirigeants au visage large

Il y a deux types de dirigeants :
  1. Ceux qui ont un visage large et font prospérer les entreprises.
  2. Ceux qui sont honnêtes et éthiques.
Si j'en crois un chercheur. (Does your boss have an honest face?)

Juge d’instruction

Il n’y plus d’affaire DSK. Son accusatrice a été jugée indigne de justice.

En France, je soupçonne qu’un juge d’instruction aurait été nommé, qui aurait cherché à savoir ce qui s’était réellement passé.

Compléments :

Choisir un coach

Discussion avec une directrice de formation, qui s’interroge sur la sélection de coach pour les managers de son organisation.

Elle rejoint un argument d’Arrow concernant la médecine : le coach vénal est un mauvais coach, ses intérêts s’opposent à ceux de la personne qu’il accompagne.

Quelques indices favorables : 
  • propose un petit nombre de sessions (4 plutôt que 10), 
  • fait du coaching comme un hobby plutôt que comme un métier,
  • payé par le coaché, 
  • a une formation initiale de psychologue, plutôt qu’une formation complémentaire de coaching. 
Compléments :
  • J'ai du mal à comprendre qu'à une époque de grands licenciements on offre des coachs aux managers, comme si l'augmentation de leurs salaires allait avec celle de leur incompétence. 

vendredi 8 juillet 2011

Indépendance des agences de notation

Hier matin, une journaliste de France Musique disait que nous n’avions pas mieux que les agences de notation pour évaluer la solidité des nations européennes, puisqu’une agence européenne serait juge et parti. Ce qui semble expéditif. 
  • L’opinion des agences a été influencée, semble-t-il, par ce que leur payaient leurs clients. Et cela a contribué à notre crise. Elles ne sont donc pas indépendantes.
  • Ensuite, la BCE est supposée indépendante, or elle est payée par l’Europe. Et la Cour des comptes ? Et les Incorruptibles, payés par les USA et… incorruptibles.
Être influençable ou non n’est pas une question de mécanique mais d’éthique. Ce qui est en cause aujourd’hui est la culture du milieu des affaires, auquel appartiennent les agences de notations.

Compléments :

Inde : émergent chaos ?

L’Inde émerge-t-elle aussi irrésistiblement que l’on veut bien l’affirmer ?
(Le gouvernement) a, disent ses critiques, était incapable de contrôler la corruption et l’endettement public, pris du retard dans la construction d’infrastructures. (Mais aussi) les coûts du travail ont crû, particulièrement chez certaines entreprises contrôlées par l’État : la facture salariale de Steel Authority of India a augmenté d’un énorme 41%, l’année fiscale dernière. Indiscipline et croissance plus faible que prévue ont réduit les profits dans des secteurs tels que le ciment, la construction, l’immobilier et les télécommunications.
Selon The Economist.

L’Inde est-elle la puissance de demain ou un chaos en construction ?

Paradoxe de l’acheteur

On me raconte l’histoire suivante :

Les acheteurs des grandes entreprises imposent des prix de plus en plus faibles à leurs sous-traitants.

Certaines sociétés de service feraient des propositions de moins en moins solides. Une fois le contrat décroché, on a recours à l’avenant pour corriger les insuffisances de l’offre initiale. Le client à un mauvais service, et son fournisseur gagne bien mieux sa vie que s’il avait fait une proposition honnête. D’ailleurs, pour survivre, toute la profession doit suivre ce modèle.

Cela mériterait d’être vérifié par une étude scientifique. Mais, en tout cas, le cercle vicieux est élégant. 

jeudi 7 juillet 2011

News of the world

M Murdoch, son propriétaire, ferme News of the World, qui a été pris à écouter les téléphones de familles éplorées. Fin de 168 ans d’histoire. Rupert Murdoch est coutumier des manœuvres brutales.

Curieux monde que l’Angleterre. La presse fait sa fortune en encourageant les instincts les plus bas d’une classe que l’on désire maintenir inférieure. Et ce talent de manipulation des foules vaut des carrières fulgurantes et l’intimité des premiers ministres.

Compléments :

Argent et droits de l’homme

Cisco et Microsoft sont les sous-traitants de la Chine policière, dit La Tribune.

Pour l’Anglo-saxon l’intérêt est premier, et tout le reste (à commencer par les droits de l’homme) n’est que justification ? 

Le paradoxe du leader

L’Angleterre s’agite. Va-t-elle revivre la guerre des mines de l’ère Thatcher ? On s’interroge.

« Thatcher et Scargill se méritaient, mais ils étaient les seuls » dit Neil Kinnock, un des leaders travaillistes à l’époque. (The awful warning of the 1980s)

Comment se fait-il que des systèmes représentatifs placent à leur tête des gens qui ne le sont pas ?

Bénéfices des progiciels de gestion

En relisant un ouvrage de Thomas H. Davenport (Mission Critical, Harvard Business School Press, 2000), je tombe sur cette citation :
Il existe des données sur ce qui arrive quand toute une industrie a à peu près les mêmes systèmes d’information stratégiques. L’industrie aérienne – au moins aux États-Unis, mais de plus en plus dans le monde – offre une intéressante étude de cas. Quand toutes les compagnies aériennes ont acquis les mêmes systèmes de réservation, et programmes de fidélisation, les bases de la concurrence ont rapidement changé. Les entreprises qui réussissaient étaient celles qui diminuaient leurs services, utilisaient un réseau de distribution autour d’un hub, et réduisaient leurs coûts. Le presque parfait marché de l’information sur le ticket d’avion, par lequel chaque concurrent connaît grâce à son système d’information les prix de tout le monde, réduisit considérablement les marges. Une compagnie seulement – Southwest – s’est écartée de cette stratégie et elle est restée constamment rentable ces dix dernières années.

mercredi 6 juillet 2011

France, Irlande de l’impôt

"Les PME ne sont pas très loin du taux de 33 % d'IS [impôt sur les sociétés]. Les grandes entreprises, au-delà de 2 000 salariés, c'est 13 %. Les sociétés du CAC 40, c'est seulement 8 %. La plus grande entreprise de France, Total, c'est 0 %". Dit un article du Monde.

Je comprends mieux pourquoi The Economist accusait la France d’hypocrisie lorsque cette dernière voulait augmenter les taux d’imposition irlandais (12,5%).

Le handicap a pour but de ramener celui qui a un avantage à la moyenne. Les PME sont handicapées, ce qui prouve leur supériorité ? 

Hommes politiques peu représentatifs

Même stratégie à gauche et à droite : faire haïr l’adversaire. Pour cela, il faut l’amener à se montrer tel qu’il est.

Car notre système politique porte à sa tête des personnalités aux antipodes de nos valeurs. Et si c’était la motivation de changer la France – i.e. le rejet des valeurs du pays - qui était le moteur le plus puissant du succès politique ?

Cependant, pour gouverner il faut nous ressembler, donc faire preuve de trésors d’hypocrisie. Et le système finit par être, caricaturalement, représentatif ?

    Amérique et UE, deux faces d’une même crise ?

    Un article du Financial Times observe que, contrairement à ce qu’ils croient, les Américains et les Européens souffrent d’une même crise.

    Endettement des ménages pauvres dans un cas, des nations pauvres dans l’autre. Dérèglement des flux financiers à chaque fois. Et le gouvernement fédéral n’est pas plus habile que l’UE à trouver des solutions au problème. 

    Paris Sciences et Lettres

    N.Sarkozy aurait-il changé ma vie d’enseignant ?

    Voilà que l’université où je donne des cours, Dauphine, coup sur coup, rejoint le pôle Paris Sciences et Lettres et est, avec lui, une « initiative d’excellence » qualifiée de « projet révolutionnaire », d’après La Tribune. Moi qui avais choisi cette université pour sa discrétion…

    Participerais-je à l’histoire à mon insu ? 

    In sourcing chinois

    Les Chinois seraient à la recherche de talents étrangers pour leur industrie automobile, dit le FT.

    Faut-il en vouloir aux Chinois de nous voler des personnels dont la formation a été coûteuse, et qui portent avec eux le savoir-faire de toute une nation ?

    Pas forcément. La logique de l’économie de marché est l’échange. Plus les Chinois peuvent produire plus ils peuvent nous acheter. Exemple de la France et l’Allemagne : chacune fabrique une gamme de voitures qui occupe une niche écologique spécifique. 

    mardi 5 juillet 2011

    Chômage des jeunes en Europe

    Un jeune de moins de 25 ans sur 5 est au chômage en Europe (la France est au dessus de la moyenne).

    Ce sont les jeunes qui ont été frappés le plus durement par la crise. Et ce quel que soit le système dans lequel ils se trouvaient (ultralibéral – Irlande ou plus dirigiste – Espagne ou Grèce). Le graphe.

    Aurions-nous sacrifié l'avenir au présent ? 

    Le Français et les vacances

    D’après Le Monde, 45% des Français ne partent pas en vacances.

    Jadis nous pensions que chaque génération devait avoir un meilleur emploi, un accès plus facile à la propriété, plus de vacances… que la précédente.

    Selon tous ces indicateurs nous nous sommes méchamment appauvris. Y aurait-il un lien entre cette situation et les choix stratégiques que nous avons faits il y a quelques décennies ? 

    Saturés d’information

    Nous sommes saturés d’informations, et distraits par elles. Or la condition nécessaire à l’innovation est de pouvoir se concentrer. (Too much information)

    La révolution Internet aurait eu pour effet paradoxal de faire s’effondrer la créativité collective, moteur de l’économie ?

    Fin de la conquête spatiale

    Plus de conquête spatiale (The end of the Space Age). Fin des grandes espérances d’après guerre. 

    Qu’est-ce qui la tuée ? à l’ère de la technocratie triomphante s’est substituée l’esprit du boutiquier ?...

    Est-ce une bonne chose ? Toutes les conquêtes ont été accompagnées d’épidémies. Peut-être en aurait-il été de même de la conquête spatiale ? Mais, peut-être aurait-elle surtout stimulé notre innovation, ouvert de nouvelles voies à notre développement ? Et Galbraith ne pensait-il pas qu’il fallait un tel type de moteur à notre économie, un projet à long terme qui rende l’avenir prévisible ?