mercredi 29 février 2012

Pour que l’individualisme ne soit pas un parasitisme

Si ce blog a fait changer quelque-chose chez moi, c’est ma vision de l’individualisme.

Jusque-là je l’assimilais à un égoïsme destructeur de la société. Le mal ne peut pas faire le bien, contrairement à ce que dit Adam Smith.

Ce qui m’a amené à m’intéresser à la sociologie, la science des sociétés ; et à découvrir que sa terre natale était l’Allemagne du 19 et du début du 20ème siècle ; et à constater que j’étais proche de la vision de ses intellectuels, qui contrastaient « culture » (dimension sociale dominante) et « civilisation » (individu laissé à ses vices).

Mon  travail sur la RSE me fait voir les choses, et la pensée de Hayek, d’une nouvelle façon :
  • Pour que l’individu puisse être libre sans être un danger public, il doit être « responsable ». Cette responsabilité a un sens concret : c’est l’éthique, comportement fidèle aux prescriptions de valeurs partagées par l’humanité.
  • C’est ce que n’a pas compris Hayek. Confronté à la menace du totalitarisme d’État, il a voulu en revenir à l’individualisme honnête des origines. Il pensait y parvenir par quelques règles explicites. Mais il avait mal lu Max Weber : ce qui a fait le capitalisme digne, c’est le protestantisme, une doctrine sociale, une culture, non l’abjection ramenée au primaire.
Que faire ? Être libre en suivant des règles n’est pas un paradoxe, si l’individu est venu de lui-même à ces règles. Par conséquent, nous avons besoin d’un débat pour savoir à quelles valeurs nous désirons adhérer. En ce sens N.Sarkozy a probablement raison. Par contre, il se trompe lorsqu’il pense que nos valeurs sont néoconservatrices. Le néoconservatisme a certainement une place dans la société française mais pas comme principe fondateur.

Compléments :
  • HAYEK (von) Friedrich A., The Road to Serfdom, University of Chicago Press, 1994.
  • WEBER, Max, L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme, Pocket, 1989.

2 commentaires:

Jad a dit…

Bonjour Christophe,
Penses-tu qu'une doctrine sociale soit suffisante pour rendre le capitalisme digne ? Est-ce que les principes fondamentaux du capitalisme sont, eux-même, dignes? Ne serait-ce pas plus judicieux de dire que de cadrer le capitalisme par de l'éthique rend seulement le capitalisme plus digne ?
Cordialement,
Jad

Christophe Faurie a dit…

Bonjour Jad,
En fait, je ne pense pas vraiment à une doctrine. J'ai plutôt en tête le "modèle américain".
L'Amérique a décidé que la religion devait appartenir à la sphère privée. Autrement dit que ce qui était le plus important était la cohésion de la société.
Le capitalisme me semble la religion d'une classe de la population (plus ou moins "le boutiquier"). Il n'est pas bon pour notre santé que cette religion domine le monde. Mais, ramenée à sa place, elle représente un "corpus de pratiques" utiles.
La clé du dispositif est de se convaincre que l'homme est premier et que tout le reste est secondaire. Ce pourrait d'ailleurs être l'idée fondatrice de la pensée des Lumières (voir le livre de Tzvetan Todorov que j'analyse dans ce blog et les idées de Kant sur la "paix perpétuelle", aussi étudiées par ce blog).