vendredi 21 septembre 2012

François Hollande, la France, le changement

Jeanne Bordeau analyse les mots de la presse :
Si le mot duel était le mot de l'univers politique jusqu'au 8 mai, le mot levier est dans le secteur économique un mot qui monte :
« Contrats de générations : l'autre levier pour l'emploi », Ouest France
« Transition énergétique : un levier pour relancer le secteur du BTP », chefdentreprise.com
Mais des mots plus inquiétants apparaissent : alarme, pessimisme, désespoir… En revanche, changement est tombé rapidement en désuétude…
Normal ou anormal ?
François Hollande aurait-il anesthésié le changement ? Mais le changement dont parlait la presse était-il celui qui intéresse ce blog ? En tout cas, contrairement à ce que l’on dit, la France est capable de changer sans crise : en préparation d’une « Université », j’ai réalisé quelques entretiens avec des dirigeants de cabinets d’expertise, et j’ai constaté que cette profession avait connu un changement étonnant ; son histoire est instructive...

Autrefois, l’expertise était une profession libérale. Dans les années 80, une poignée de moutons noirs a pensé que cette situation n’était pas durable. Voilà ce que j’ai compris de leurs raisons : la profession, atomisée, était sous la coupe des compagnies d’assurance ; une expertise demande généralement plusieurs spécialités, on devait les trouver dans un cabinet ; l’exemple anglo-saxon montre les intérêts d’un cabinet organisé rationnellement.

Ils ont dû affronter une résistance colossale. Mais ils ont réussi à constituer quelques alliances. Etrangement, la situation s’est alors brutalement retournée. En peu de temps, le cabinet traditionnel a quasiment disparu. Plusieurs raisons ont été avancées : il est plus facile d’imiter que de créer ; les grands cabinets ont un avantage concurrentiel, qui a forcé les petits à chercher l’alliance ; les assureurs ne veulent plus s’embarrasser d’une multitude de fournisseurs.

Mais attention, ce changement n’allait pas de soi. Car les gens qui forment les nouveaux cabinets, sont ceux qui leur résistaient hier ! L'expert est un féroce individualiste, et c'est, peut-être, cela qui le rend efficace dans son métier. Il a donc fallu construire des organisations qui présentent la rationalité d’une société anonyme classique, mais qui laissent une grande autonomie à leurs membres. Les formules gagnantes sont proches des dispositifs adoptés par le conseil, et, plus curieusement peut-être, de l’économie sociale.

Il se trouve qu'une étude récente affirme que ce type d'organisation, possédée par ses salariés, est particulièrement résistante à l'adversité. Et même qu'elle fonctionne de manière anticyclique, recrutant les personnels que d'autres licencient. Devrions-nous nous inspirer des experts ?

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