lundi 17 septembre 2012

Journées européennes du patrimoine


Visite de l’Institut de Physique Chimie, fondé par Jean Perrin, et de l’Institut Henri Poincaré, créé par Emile Borel. Chez ce dernier, l’objet de la visite était une collection de représentations de fonctions et figures mathématiques, en trois dimensions. Pas très belles. Mais remarquables de précision quant on songe qu’il a fallu les fabriquer à la main.
Cela m’a fait regretter de ne pas avoir apporté plus d’attention aux mathématiques. Elles sont enseignées comme une sorte de test d’intelligence, alors qu’il faudrait les apprendre comme le font les médecins : en en emmagasinant les résultats dans sa mémoire. (Ma tête n’est tout de même pas un désert : en rentrant chez moi, j’ai ouvert le livre d’Henri Cartan sur les fonctions analytiques ; j’ai constaté avec soulagement que mes idées se remettaient en place.) Plus intéressant, à mon goût, un volume, homogène, qui a un seul point d’équilibre (stable). Il aurait été obtenu par bricolage, semble-t-il.

Puis Institut Curie. Plutôt pauvre ce laboratoire et que le jardin que Marie Curie semble avoir tant aimé est petit et misérable ! Pauvre science ?

Passage au Collège Boncourt. Après avoir appartenu à Polytechnique, il est devenu ministère de la recherche. Un ministère ? Plutôt un bureau dans un bâtiment ancien. Pauvre recherche ?
Plus curieux : derrière le jardin du « collège » est l’ancien amphi de Polytechnique. Il a été transformé en une bibliothèque dans laquelle se trouvait le bureau de Claude Lévi-Strauss.

J’ai fini ma tournée par le collège des Ecossais, rue du Cardinal Lemoine. Fort pauvre, lui aussi. Domaine des Dominicains, il héberge une maternelle, une école primaire, un pensionnat pour jeunes filles vertueuses, une petite chapelle, dans laquelle est placée la cervelle de Jacques II d’Angleterre. La rue ayant été abaissée, l’ancienne porte est au premier étage.

Partout, il y avait des guides, ce que je n’attendais pas. Bénévoles, probablement. Tout ceci a quelque chose de « citoyen », comme le vote. Découverte du patrimoine, de l’héritage, de sa culture, mais aussi de ceux qui l’habitent et le font vivre. Cela crée ou recrée un lien avec sa nation. Pas aussi innocentes qu’elles le paraissent spontanément, ces journées ?

En cherchant le nom de l’Institut de Jean Perrin, je me suis rendu-compte que tous les scientifiques de l’époque, les Perrin, les Curie, les Borel… étaient liés les uns aux autres. J’ai lu quelques biographies, Borel, Hadamard, Bertrand, Lévy, Julia… Tous plus ou moins premiers de Normale Sup (et de Polytechnique). Tous brillants (Bertrand suivait les cours de Polytechnique à 11 ans !). Et, curieusement, pas si lointains que cela : mon professeur de mathématiques de math spé avait connu Hadamard. (Elle appartenait apparemment à une dynastie de mathématiciens.)

La France semble bien loin de cet âge d’or scientifique. Avons-nous épuisé ce que les mathématiques avaient de facile ? Ou était-il plus difficile d’être scientifique au 19ème siècle, ce qui faisait que ceux qui le devenaient avaient plus de place à occuper qu’aujourd’hui ? 

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