samedi 29 décembre 2012

Apocalypse, de notre vivant ?

Cette année j'ai lu pas mal d’ouvrages traitant des « limites à la croissance ». Il en ressort un curieux message. Nous étions plus frugaux de l’environnement il y a 40 ans qu’aujourd’hui. Nous avons vécu depuis une sorte de « gaspillage décomplexé ». L’Amérique en a même fait le fondement sanctifié par Dieu (au moins) de sa culture. Or, comme dans le film « docteur Folamour », à chaque fois que cet idéal est menacé, l’Amérique trouve une pirouette géniale pour prolonger sa course vers Armageddon. Geoengineering, ou gaz de schiste, désormais l'Amérique peut gaspiller sans demander rien à personne, « biohacking », jouer avec l’ADN pour les nuls, et bien d'autres.

Mais tout n’est pas perdu. L’ethnologie constate que chacun dans une société a une « fonction » qui sert un « principe » directeur. Sous cet angle, on pourrait penser que le principe de notre société est le progrès (ou quelque chose d’approchant) et que la fonction de la gestion du risque est de nous le faire accepter. Et ce afin que ceux qui nourrissent le progrès puissent travailler sans conscience. L’idéal de l’irresponsabilité en affaires est d’ailleurs clamé haut et fort aux USA. Quant à l’intellectuel, non seulement il ne défend pas la société, mais il réveille le producteur qui, fortune faite, est devenu conservateur. L’intellectuel est l'agent du progrès. Mais les sociétés changent. Apparemment selon le modèle du « dégel » de Kurt Lewin. Quand une société est en crise, commencent à émerger de son inconscient les principes qui guidaient son comportement, sans qu’elle le sache (décongélation). Elle tente ensuite d’autres principes. Et s’ils semblent réussir, ils sont congelés. (L’histoire des derniers siècles de la Chine correspond assez bien à ce schéma.) Je soupçonne que nous décongelons.

Mais pourrons-nous éviter la catastrophe ? Car la notion de « croissance » signifie que le rythme de destruction est exponentiel. Autrement dit, nous ressemblons peut-être à ces personnages de dessin animé qui courent au dessus du vide.

En fait, la lecture des limites à la croissance me fait croire que la croissance, ou du moins notre forme de croissance, sera bloquée avant le cataclysme final. Elle sera victime d’une série de crises. Nous nous adapterons dans le dégel, et la douleur ? Ou nous nous habituerons à la crise, jusqu'à ce qu'elle éclate en plein jour et liquide notre espèce ? A moins que la science ne retrouve une conscience, et qu'elle nous indique une issue de secours ? 

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