mercredi 16 janvier 2013

Changer la France, sans effort

L’université est-elle le miroir de la France ? Les salaires des enseignants tendent à s’aligner sur ceux de leurs équivalents américains. Or, les écarts sont colossaux. Cette inflation est incompatible avec un enseignement gratuit. Il me semble aussi voir cette même inflation dans l’entreprise. Les salaires des managers supérieurs n’ont-ils pas beaucoup progressé depuis 30 ans ? Alors, et si notre crise actuelle venait d’un conflit entre le modèle social anglo-saxon qui cherche à s’imposer et nos valeurs traditionnelles ?

La grande transformation
Le modèle anglo-saxon ressemble à celui qu’avaient en tête les Allemands d’avant guerre lorsqu’ils parlaient de « civilisation » : des individus liés par des contrats. Un modèle « a social », qui va main dans la main avec l'économie de marché. 
Ce modèle est une utopie : il disloque les structures sociales nécessaires à l'homme. (Même les élites anglo-saxonnes ne se l’appliquent pas.) C'est pour cela qu’il suscite de plus en plus de mouvements de rejet, partout dans le monde.  

Changement à effet de levier
Face à ce changement, nos gouvernants ont réagi par la révolution culturelle. Les noyaux durs de M.Balladur voulaient un capitalisme à l’allemande. Mme Aubry et ses 35h en appelaient au rite des acquis sociaux. M.Sarkozy désirait probablement imposer le modèle anglo-saxon, victorieux, par la méthode Thatcher. Maintenant on rêve du Mittlestand allemand.
Mais avaient-ils bien compris les Chinois ? Les Chinois combattent l’influence étrangère, incompatible avec leur culture, en s’appuyant sur cette dernière, mais en utilisant les armes de la première. (Avec plus ou moins de bonheur.)
C’est une forme d’effet de levier systémique. Faire le contraire de ce que nous faisons. Autrement dit, cesser d’avoir honte d’être français. C’est ainsi que l’on retrouvera la motivation et les ressources de se remettre en piste.

Paix perpétuelle
Ce n’est pas un appel au nationalisme. Pour bien utiliser nos forces, nous devons comprendre les règles du jeu mondial. C’est ce que l’Allemagne de la seconde guerre mondiale n’a pas réussi. Elle a voulu imposer sa culture au monde. Ou, du moins, lui faire une place de choix, par la force. (D’ailleurs, était-ce sa culture, ou une culture fantasmée ?)
Il ne faut pas s’arrêter là. Le rejet du modèle anglo-saxon, confondu avec celui de l’Occident, est lourd de conflits et de repli identitaire. Pour éviter un âge des ténèbres, il faut, probablement, en appeler à la paix perpétuelle de Kant. C'est-à-dire, faire un monde où l’on ne cherche pas à détruire ce qui est différent, mais à s’en enrichir. Pour cela, il faut peut-être arriver à une forme de dialogue entre cultures, en étayant celles qui ont le dessous, et en endiguant les autres.

Aucun commentaire: