dimanche 31 mars 2013

Domino chypriote et zone euro

On parle de Chypre sans trop savoir de quoi il s’agit. Voici ce qu’en dit l’ancien gouverneur de sa banque centrale.

Apparemment, le pays n’a rien de plus condamnable que d’autres paradis fiscaux, Luxembourg ou Pays bas. Sa situation était même fort saine. Mais, il a été victime d'une succession de phénomènes surprenants. Tout d’abord un gouvernement communiste. Non seulement, il était l’ennemi de tout ajustement, mais il s’est mis à dépenser inconsidérément. Ensuite, une série d’événements qui ont eu des conséquences imprévues. Pour commencer, le fait que l’Europe ait décidé que les Etats pouvaient faire défaut. Du coup, les banques qui portaient leur dette se sont trouvées avec des actifs à risque. Puis, il y a eu la crise grecque. Mais, là encore, elle ne demandait que de modestes ajustements. Qui n'ont pas été faits. Or, les doutes montaient. Et la finance n’est que question de confiance. Du jour au lendemain, quasiment, ce qui semblait sûr a senti le soufre. Finalement, la crise est devenue inévitable. Chypre s’attendait au sort de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal (ce qui explique pourquoi elle a autant tardé ?). Elle n’avait pas prévu d’être prise dans les élections allemandes.
Baie de Khrysokhou

Résultat ? Les déposants vont fuir les systèmes bancaires les plus faibles de la zone euro. C'est elle qui pourrait être la victime de la crise. Les réformateurs étrangers se sont tirés dans les pieds.

J’en tire un curieux sentiment. Dans la situation actuelle, il semble que tout ce qui puisse aller mal doive aller mal. La zone euro semble être dans un curieux cercle vicieux. Lorsqu’un politique prend une décision, on peut être certain qu’elle va être désastreuse. 

Apprendre la conduite du changement pour combattre le stress

Le stress vient d’une perte de contrôle de son sort, dit le psychologue. Or, l’entreprise a adopté la stratégie de la girouette. Changement pour changement. Plus de cap. L’employé est stressé. Il souffre.

La meilleure défense est l'attaque !
Comment se blinder contre le stress ? En se faisant une raison. En abandonnant l’idée qu’une entreprise doit avoir une stratégie. En acceptant que l’avenir soit fondamentalement incertain. Et en découvrant, comme le navigateur, que l’on peut maîtriser son sort dans un tel environnement.

Il existe des techniques qui permettent de naviguer dans la tempête. Ce sont les techniques de conduite du changement. Elles suivent le principe du judo. Elles utilisent le mouvement des événements à notre profit. Elles tirent parti de nos atouts, et nous encouragent à les développer. On reprend ainsi les rênes de son avenir. Et on stabilise un peu celui de ceux qui dépendent de nous.    

Conclusion ? Si l’on renonce à l’exigence de la stabilité, on découvre des techniques qui permettent de reprendre son sort en main. Les techniques de conduite du changement.

samedi 30 mars 2013

Qu’est-ce qui pousse Nicolas Sarkozy ?

Fonds qatarien de Nicolas Sarkozy. Le Financial Times détaille le dispositif, qui semble avoir été monté par Alain Minc. Il serait susceptible de rapporter 3m€ par an à notre ancien président. En échange de deux jours de présence à Londres.

3 millions, ce n’est pas beaucoup, en comparaison de ce que gagnent les gens célèbres (financiers ou non) dans les pays anglo-saxons. Est-ce pour cela que Nicolas Sarkozy demeure tenté par la présidence de la République ?

L’interventionnisme de l’Etat nous met dans le pétrin : comment changer les choses

On me demande souvent quel conseil je pourrais donner au gouvernement. A quoi je réponds immanquablement qu’il n’est pas possible de conseiller des gens aussi intelligents. J’ai fini tout de même par avoir envie de parler.

L’Etat est désemparé. Il n’a plus d’argent. Il n’a plus de pouvoir, il est entre les mains de Mme Merkel. Et il ne sait que gouverner par décrets et dépenses. D’ailleurs, il n’emploie que des économistes qui rêvent de formule magique.

Ses méthodes d’intervention nous ont mis dans le pétrin. Car, quand il veut aider l’entreprise, il la prend si bien en charge, qu’il lui fait perdre toute envie de compétitivité. Il tue sa viabilité. Et, ses bonnes intentions pavent notre enfer. En demandant aux services publics de gagner de l’argent, il en a fait des concurrents déloyaux des entreprises. Ils nuisent à l’économie.

Pour un Etat entraîneur de champions
Que faire ? Un des dirigeants d’une CCI me disait qu’il avait constaté que ce que demandaient les patrons de start up était, avant tout, « d’être coachés par des patrons ». L’entreprise et l’individu n’ont pas besoin d’argent, mais d’aide, de « tuyaux », pour tirer parti de leurs atouts, dans le chaos ambiant.

L'Etat doit se demander ce qu’il faut faire pour nous aider à nous aider. Alors, il découvrira qu’il a des moyens formidables pour cela, et qu’ils ne lui coûtent rien. Car il possède des centaines de milliers de personnes qui sont là pour servir leurs compatriotes, mais aussi des réseaux qui couvrent le monde. Il doit abandonner son illusion de la formule magique, il doit sortir de ses palais, il doit transformer le service public en donneur d’aide à l’entreprise, et au travailleur (en puissance). De tuteur, il doit devenir entraîneur de champions. Renaud Lavillenie Paris 2011

vendredi 29 mars 2013

François Hollande et Jeanne d’Arc

Depuis que j’ai entendu parler de Jeanne d’Arc, je me suis demandé si une jeune paysanne pouvait devenir un chef de guerre. Je crois que oui. Rappelez-vous l’histoire (vraie) de cet escroc qui bâtit une autoroute. A un instant donné, la société est prête pour une transformation, mais il lui faut un catalyseur pour la déclencher. Moins il en fait, mieux c’est, car la société sait se coordonner pour atteindre un but. Celui du leader est, simplement, de révéler à la société ce qu’elle a envie de faire. Sus à l’envahisseur, par exemple.
Panthéon Jeanne d'Arc détail4

Et s’il manquait une Jeanne d’Arc à François Hollande ?

Si l’entreprise veut redevenir performante, elle doit reconstruire son tissu social

L’entreprise française va mal. Plus de marge de manœuvre. On nous le serine tous les jours. Pour ma part, je crois qu’elle a un réservoir colossal de performance interne. Deux exemples le feront comprendre.
  • Un manager me disait que dans son entreprise les commerciaux, qui négocient des contrats de plusieurs centaines de millions, jouent du prix plutôt que de l’argument technique. Comportement classique. Mais conséquence qui l’est moins. Car, prendre un contrat à perte est peu de choses au regard de ne pas l’avoir, mais pas lorsque la pratique est systématique. Car les ordres de grandeur en jeu dépassent les marges de l’entreprise ! Beaucoup d’entreprises ne seraient pas aux limites de la faillite si leurs services étaient correctement vendus. Faute des commerciaux ? Non. Délitement du lien social. Aujourd'hui, le commercial est seul. Sa propre entreprise lui est hostile. Et s'il perd un contrat, il est viré. Ce ne fut pas toujours ainsi. J’ai travaillé avec les commerciaux d’IBM dans les années 80. Non seulement, ils étaient fortement encadrés, mais il existait de véritables rites pour ne pas baisser les prix, tout en faisant le bonheur du client.
  • Le scandale du Libor. Ce taux, dont dépendent des milliers de milliards de transactions financières, a été manipulé par des traders. Il a suffi de lire leurs mails pour prouver leur culpabilité (Exemple : « c’est vraiment dément que trafiquer le Libor puisse vous faire gagner autant d’argent »). Pourquoi les banques ne savaient-elles pas ce qui se disait haut et fort ? Faute de lien entre direction et opérationnels. L’entreprise moderne est faite d’électrons libres.  
Pilotage de la performance et bonnes pratiques
L’entreprise a été victime du pilotage par indicateurs. Elle a cru qu’il suffisait d’indexer un salaire sur un objectif pour, par miracle, diriger ses employés. Mais, la réelle performance n’est le fait que d’un travail d’équipe. Ce n’est que dans ces conditions que non seulement l’homme fait le meilleur, mais aussi qu’il ne peut parasiter l’entreprise. Car il fait l’objet du seul contrôle efficace : le contrôle social.

Et il y a eu pire : l’entreprise est allé chercher les « bonnes pratiques » à l’extérieur. En appliquant ce que tout le monde faisait, elle a perdu toute originalité. Elle est contrainte à la concurrence par la réduction de coûts.

La révolution viendra de l’intérieur
Que faire ? Le contraire. L’entreprise doit jouer sur son identité, ce qu’elle est la seule à pouvoir apporter au marché. Alors, fin de la pression concurrentielle et retour à des marges élevées. Mais aussi temps nécessaire pour développer patiemment son avantage concurrentiel. C’est la stratégie de l’entreprise allemande.
Le changement ne doit pas venir de l’extérieur, comme aujourd’hui, mais partir de l’intérieur. Les entreprises doivent reconstruire leur lien social. Re solidariser leur tête et leur corps. Et comprendre ce qui fait leur richesse. Unique.

jeudi 28 mars 2013

Risque et innovation

Un prix Nobel, Robert C. Merton, parle du risque de l'innovation dans Harvard Business Review. « Plus l’innovation entre dans un système complexe, plus ses conséquences (imprévues) seront sérieuses ». Car ce qu’il y a de redoutable dans l’innovation, ce sont ses conséquences imprévues. Et il en donne des exemples inquiétants.

Il traite, en fait, de l’innovation financière. Celle qui nous a dévastés. Et il en parle en connaisseur, car il est un des prix Nobel du fonds LTCM, auteur de la première grande crise de la finance moderne.

Mais, il y a plus curieux. Comment se fait-il qu'un prix Nobel ne se soit pas rendu compte que l’innovation n’a rien de nouveau ? Et qu’elle n’a pas toujours des conséquences terribles ? L’exemple de l’industrie pharmaceutique. On commence par tester un nouveau médicament, puis une fois que l'on sait comment l'utiliser, un processus social se met en route, qui va guider sa prescription.

Pourquoi n’en est-il pas de même pour la finance ? Pourquoi la laisse-t-on mettre le monde en péril ? Parce qu’elle refuse le contrôle de la société ? 

Sens de mon travail : changer pour ne pas changer

Quelqu’un me demandait récemment quel était le sens de mon travail. Eh bien, je veux réaliser une grande cause par de modestes moyens. Je crois que nous ne pourrons pas sortir de la crise dans laquelle nous nous trouvons sans une transformation fondamentale. Ce changement demande avant tout un changement d’attitude à la vie. Et, ensuite, l’acquisition de techniques, celles de la conduite du changement, l’objet de mes livres.

Je vais développer cette idée en quatre billets. Celui-ci présente la philosophie générale de mon approche, les 3 prochains la déclinent à l’Etat, l’entreprise et l’individu.

Nous devons changer pour ne pas changer
Il gattopardoEcrire ce blog m’a montré une évolution historique. Les anciens constataient que le monde changeait. Puis l’homme a voulu changer le monde. Mais il l’a fait à coups d’utopies, qu’il a voulu réaliser par des révolutions. En France, deux attitudes s’opposent. D’une part le « changer pour changer » ultra libéral, mouvement permanent détruisant le lien social qui fait de l’homme un homme. D’autre part, le refus du changement, ou Maginite, dont la conséquence que le changement nous est imposé par la nécessité, il « nous prend à la gorge » selon l’expression de Churchill.

L’idée à laquelle je suis arrivé il y a fort longtemps est qu’il existe une troisième voie. Changer pour ne pas changer. Il faut changer, mais par différenciation, en affirmant notre unicité. Alors, la pression concurrentielle, cette injonction permanente à la « compétitivité »  qui nous broie, disparaîtra. Et nous aurons les moyens de construire cette différence. Quant on a un cap, le changement est une question de technique, pas de grand soir. C’est pour cela que j’écris.

mercredi 27 mars 2013

Abdou Diouf

Abdou Diouf est le plus grand chef d’Etat de tous les temps, d’après wikipedia. Ce n’est pas la seule différence qu’il a avec Nicolas Sarkozy.La semaine dernière j’ai saisi quelques épisodes d’une interview qu’il a donnée à France Culture.

Calme, paix, et mot juste. Comme il est dit dans My Fair Lady, on ne peut pas parler aussi bien le français quand on est Français. Voici quelqu’un qui regarde sa vie et tout ce qui l’a constituée, y compris ses échecs, avec la satisfaction de la conscience en paix. Rare exemple d’une vie réussie ? Dommage que l’on n’ait pas de telles personnalités chez nous ? 

mardi 26 mars 2013

Chypre et la gloire des politiques

Il est devenu d’usage de critiquer les hommes politiques. Cela me semble injuste et dangereux.

L’homme politique est un être curieux. Jouisseur qui vit dans l’instant, il ne prépare pas, il ne travaille pas. Mais il est extraordinaire dans la crise. Je l’appelle un « survivant », parce qu’il n’est jamais aussi génial que lorsque sa vie est en danger. D’ailleurs, il est shooté à la crise.

J’ai toujours pensé qu’il est mieux de prévenir que de guérir. Mais pouvons-nous prévenir ? J’ai lu beaucoup de critiques de la gestion de la crise Chypriote. Que nous ont proposé les dits critiques, avant la crise ? Rien. Et, si, en dépit de leurs vices, nos politiques et leurs pratiques de pompiers étaient le plus efficace ?

Et si ces mêmes critiques étaient les  incendiaires de Chypre ? Car n’est-ce pas les économistes qui nous ont encouragés à élargir l’UE, pour en faire un champ de libre échange ? Qui nous ont poussés à liquider les contrôles qui nuisent à la fluidité de l’économie ? (Et qui, d’ailleurs, persévèrent dans ce conseil.) Et s’ils étaient les ennemis de notre modèle occidental ? Car, par leur attaque des hommes politiques, ils ridiculisent la démocratie. Or, qu’ont-ils à nous offrir en échange, le tout marché ne fonctionnant manifestement pas ? Une dictature ?
Robert, Hubert - Incendie à Rome -

Internet est-il une perte de mémoire ?

Notre interprétation des travaux des hommes célèbres repose considérablement sur leur correspondance ou sur celle de ceux qui les ont connus. Qu'en sera-t-il avec Internet ? Nous n'écrivons plus. Nous échangeons par bribes. Et, en plus, elles se perdront probablement avec la mémoire de nos ordinateurs.

Faut-il le regretter ? Ou trouver une nouvelle façon d'étudier ?
Marquise de Sévigné

Etes vous un cadre à haut potentiel ?

Apparemment, le potentiel d'un cadre serait lié à sa capacité à apprendre (Lombardo, Michael M., Eichinger, Robert W., High potential as High Learners, Human Resource Management, hiver 2000). D'ailleurs, le succès d'une carrière s'expliquerait bien moins par les capacités dont on avait fait preuve avant d'être embauché, que par le fait d'avoir été exposé à des expériences riches, que l'on a su exploiter, et à un management soucieux de développer les compétences.

Comment repérer si une personne est capable d'apprendre ? Elle cherche les conseils des autres pour s'améliorer ; elle a eu une une expérience très supérieure à celle de ses collègues ; elle répond à la nouveauté par l'apprentissage de nouvelles compétences. Sa caractéristique majeure est la soif d'apprendre. Sa vie est une expérimentation permanente. Mais, une fois qu'elle a trouvé sa voie, elle s'y tient. En outre, elle parvient à rendre tolérable par ses collègues cet apprentissage continu, parce qu'elle connaît ses limites (défauts), et apprend de ses erreurs.

Ce qu'il y a d'inquiétant dans ce portrait, c'est qu'il est tout le contraire de ce qu'est le dirigeant français et de ce que cherche à produire l'Education nationale.

lundi 25 mars 2013

Il est temps de nationaliser Google

Google a créé une puissante infrastructure. La forme de cette infrastructure influence tout ce qui va sur Internet. Et elle influence l’allocation de ressources intellectuelles de chaque personne qui interagit avec Internet. Et il n’y a pas grand-chose dans le monde réel qui n’est pas la conséquence de cette interaction ! Cela fait beaucoup de pouvoir entre les mains d’une société qui semble maintenant surtout intéressée de trouver des services de masse qui lui permettent de maximiser son retour sur investissement. (…) à long terme c’est un problème pour Google, car nous n’avons pas l’habitude de confier cette sorte d’infrastructure au secteur privé (…) Dès que les externalités (que provoque une gestion privée) concernent de grandes parties de la production économique, et l’activité cognitive de millions de personnes, il est difficile que le gouvernement n’intervienne pas.
Voilà ce que dit The Economist, après la décision par Google de liquider Google Reader. Redécouvririons-nous la notion de service public ? (Au passage, on notera que liquider Google Reader était probablement une erreur stratégique : il était peu utilisé, mais par des leaders d'opinion.)

Chypre, Alibaba et cigarette électronique

Cette semaine, la crise chypriote fait bouillir The Economist. C’est souvent le cas dès qu’il est question de la zone euro. Quant à moi, je crois que l'affaire est particulièrement compliquée, et que l’on ne peut la régler que de la façon dont l’Europe procède actuellement : par essais et erreurs, coups de théâtre et de bluff. Le journal veut aussi que la cigarette électronique se répande partout. Une décision qui me paraît mériter mieux qu’un raisonnement expéditif. (Au passage, j’ai appris que la nicotine et la caféine étaient des poisons antiparasites…)

Alibaba, gigantesque plate-forme électronique chinoise, devrait conquérir le monde et devenir l’entreprise qui vaut le plus cher, dit encore The Economist. Si le gouvernement chinois ne prend ombrage de la concurrence que la société fait, notamment dans les services financiers, aux entreprises d’Etat. Ailleurs dans le monde, l’influence chinoise semble plutôt pacifique. Le pays est surtout guidé par ses besoins intérieurs, et résiste assez peu, finalement, aux exigences des pays qui sont ses fournisseurs. En Russie, Gazprom est l’instrument politique de Vladimir Poutine, ce qui en a fait un monstre inefficace. The Economist le pousse à se réformer. Pour sa part, la politique internationale de Barack Obama essaie d’en appeler à la raison, plutôt que de brandir la menace. Jouer sur la responsabilité des gens est plus efficace que d’en faire des assistés (de sa puissance militaire, dans ce cas), disent mes livres. The Economist en doute. La présidente argentine aurait cherché à discréditer le pape. S’étant rendu compte que ce n’est pas dans son intérêt, elle veut maintenant en faire un ami. « Si (la société) considère la presse comme tellement importante que la liberté d’expression doit être protégée à tout prix, alors elle doit éviter la régulation de l’Etat comme la peste ». La liberté de la presse anglaise est menacée. Les scandales provoqués par la presse de caniveau du groupe Murdoch ont conduit les parlementaires anglais (qui ont sauté sur l’occasion ?) à décider de la contrôler.

Rien ne va plus dans le domaine de la distribution électronique. On expérimente pour trouver le bon équilibre entre boutique réelle et virtuelle. Il va y avoir des morts ?

Un livre sur les frères Emmanuel, réussites américaines. Où l’on voit que c’est votre environnement familial qui forme votre caractère. Et décide si vous serez un seigneur. Ou un esclave ?

dimanche 24 mars 2013

Chypre et la stratégie du coucou

On discute beaucoup de chiffres et de l’incompétence des Européens à résoudre sa crise. Mais elle est telle que seule la critique est aisée. Pourquoi les critiques d’aujourd’hui, d’ailleurs, n’ont pas signalé plus tôt la catastrophe imminente ? (Des banques surdimensionnées, qui rémunéraient les comptes de dépôts à des taux colossaux ?)

Je me demande si ces dernières décennies n’ont pas vu le monde se livrer à une sorte de stratégie du coucou. On a voulu croire au père Noël. Partout on a couronné des charlatans, qui, comme Enron, prétendaient faire des miracles. On les a crus. Une fois en place, ils ont rendu impossible la vie de ceux qui étaient utiles à la société, quand ils ne les ont pas jetés hors du nid. 

Chômage et coût du travail

Augmenter le coût du travail provoque le chômage. Cela paraît évident, non ? Il faut multiplier les stages gratuits, les subventions... non ?

Ce qui me frappe lorsque je compare une société française avec des sociétés d'autres pays, c'est à quel point elle est minable. Pour commencer elle a un total manque d'ambition internationale. Par exemple, un fonds d'investissement avec lequel je discutais il y a peu considérait une start up de 40 personnes comme un succès. Et il faut voir ce que fait la dite start up. Big data low tech ! Ce serait impensable aux USA ! L'entreprise française a tellement peu foi en ce qu'elle fait, qu'elle n'ose pas lui donner le prix qu'il mérite. En conséquence, elle fait tout à l'économie. Elle s'assoit sur les lois, elle vit de stagiaires gratuits, la qualité et ses processus lui sont inconnus (système D !)... Aux USA et en Allemagne, on sait que ce qui est bon est cher. Alors, on paie cher, et on vend cher.

Si l'on veut que l'entreprise crée de l'emploi, il faudra créer une culture d'entrepreneuriat dans notre pays. Tout le reste n'est que du détail. Mais ce n'est que mon avis.
Photo : JD. Harrouet

samedi 23 mars 2013

Barack Obama, meilleur ami d’Israël ?

Barack Obama surprend encore. Beaucoup auraient aimé qu’il force Israël à s’entendre avec les Palestiniens. D’autres pensaient qu’il allait se venger des coups pendables de Netanyahou. Il n’a fait ni l’un ni l’autre. Il a dit aux Israëliens qu’il comprenait leurs inquiétudes, et que l’Amérique ne les lâcherait jamais.

Peut-être a-t-il pensé qu’il ne pourrait rien faire avec Israël, s’il n’adoptait pas le point de vue des Israéliens ? Obama, homme intelligent ? Décidément ? 

Crise et chômage : le retour de la grande dépression ?

On me demande de l’aide. Apparemment, les grandes entreprises licencient. Y compris les cabinets de conseil internationaux. Du coup, je deviens inefficace. Je suis incapable d’utiliser les contacts qui me servaient à orienter les gens en difficulté. Ils sont saturés.

Tout ceci ressemble beaucoup à la grande dépression des années 30. Plus on licencie, plus le marché se réduit, plus l’on doit licencier. Si elle n’est pas stoppée, l’affaire se termine dans le sang. C’est idiot, mais le laisser faire, c’est ça. Greed and fear, comme disent les Anglo-saxons. Actuellement, c’est fear : la lâcheté et la stupidité sont au pouvoir.

L'autre jour quelqu'un me demandait si j'avais un conseil à donner au gouvernement. Les économistes cherchent une mesure qui donnerait confiance à l’économie. Cela me semble jouer sur une psychologie des foules bien trop aléatoire. On ne peut pas résoudre le problème à coups de décrets élyséens. Le gouvernement doit descendre dans la soute. Il n’y a pas de bonne solution bien propre, mais de la mise au point par essais et erreurs, au contact direct de la réalité.
  • Il y a probablement deux objectifs à viser. En premier, prendre à contre le cercle vicieux ci-dessus en cherchant à éviter une hémorragie d’emplois. Ensuite mettre à tout prix les chômeurs au travail, de façon à ce que leurs compétences ne se rouillent pas, et qu’ils ne sombrent pas dans la déprime.
  • Pour cela, l’Etat a des moyens d'intervention colossalement puissants. (Par exemple les chambres de commerce et leurs réseaux internationaux, et Pole emploi.) Il doit se demander ce que ces organismes devraient faire, pourquoi aujourd’hui ils sont, invraisemblablement, contre-productifs, et comment les faire passer de donneurs de leçons à donneurs d’aide. C'est peut-être bien cela mon conseil. 

vendredi 22 mars 2013

Usagers et clients

Il y a fort longtemps j'ai entendu dire pour la première fois qu'il était ridicule d'appeler les gens "usagers", qu'il fallait les appeler "clients". Qu'ils seraient bien mieux traités ainsi. N'était-ce pas évident ? L'idée s'est répandue un peu partout.

Comme tous les arguments de "bon sens" dont on nous a rebattu les oreilles ces derniers temps, pour abattre l'ordre ancien sans faire appel à la raison, celui-ci a au moins deux failles :
  • Un client n'est rien. Comme le montre Google, un fournisseur peut décider d'arrêter du jour au lendemain un service. Il en est d'ailleurs de même avec la moindre boutique, qui se vend au plus offrant. (C'est ainsi qu'a disparu mon coiffeur, parti sans demander son reste ! - PS. Un complément sur le cas Google par P.Krugman)
  • Imaginons que la notion de citoyen soit remplacée par celle de client, et que nous achetions de l'enseignement, de la santé, de la défense... en fonction de notre pouvoir d'achat, on aboutirait à une société non seulement plus figée que celle d'ancien régime, mais encore qui ferait un gâchis effroyable du talent collectif. 

Dents de sagesse et mutation génétique

J’entendais dire que désormais les adolescents se faisaient extraire systématiquement les dents de sagesse. Curieux que ce que nous a donné la nature ne soit plus utile. Faut-il y voir une forme de mutation génétique ? (Quelles en seraient les raisons ?) Ou un moyen, pour le dentiste et la profession médicale, de s’assurer des revenus réguliers ? Autre explication ?

jeudi 21 mars 2013

Iraq et Russie, même combat ?

Anniversaire de la guerre d'Iraq. Je vois passer pas mal d'articles disant que l'affaire fut un attrape nigauds. Elle a coûté très cher aux USA. Et elle a créé un chaos et non une démocratie.

Ce qui m'a fait penser aux réformes russes, qui ont, elles-aussi, abouti à un désastre. Je me suis demandé si, dans les deux cas, les réformateurs venus des USA n'ont pas détruit les Etats préexistants pour les remplacer par des marchés. Et si l'Etat était un élément nécessaire à la civilisation et à la paix ?

Sans aller jusqu'aux procès de Nuremberg, n'avons nous pas un devoir d'inventaire, comme l'on dit aujourd'hui ?

L’homme est-il aliéné par la peur du changement ?

Et si c’était son désir de stabilité qui faisait la perte de l’homme ? Voilà une question que je me pose.

L’histoire moderne de l’espèce commence avec l’agriculture. Un réchauffement, certaines céréales deviennent abondantes. La population s’accroît. Refroidissement. Population piégée. Elle doit innover pour survivre. Elle invente l’agriculture. Et cette innovation se fait en sacrifiant l’intérêt individuel au collectif. Et cela semble s’être répété, sans arrêt. Innovation, accroissement de la population, crise, l’individu doit s’adapter.

Et s’il y avait une autre façon de procéder ? Et si l’espèce humaine acceptait l’incertitude de son sort, et s’organisait pour en tirer partie ?

mercredi 20 mars 2013

Cahuzac et danger gouvernemental

Ce matin, j'entendais France Culture dire que le départ de M.Cahuzac mettait le gouvernement en danger. J'en doute.

Ce type d'affaire n'est-il pas l'ordinaire de tous les gouvernements, de quelque bord qu'il soit, quelle que soit la démocratie à laquelle ils appartiennent ? Le gouvernant n'est-il pas choisi par la sélection naturelle pour résister à de tels événements ?

Ce qui est étonnant est que M.Hollande semble avoir tranché vite et bien. Comme pour la guerre au Mali ? Mieux que M.Sarkozy dans des circonstances similaires ? Pourtant M.Hollande semble un hésitant. Hésiterait-il en termes de stratégie, mais serait-il bon dans les moments critiques ?

Voyage à l’Olympe

Je me demande si ma vie récente n’est pas une expérience grecque. Certains philosophes pensaient la conception d’idées comme un voyage à l’Olympe, suivi d’un retour parmi les hommes, afin de leur expliquer ce que l’on avait vu chez les dieux. J’ai eu un parcours de ce type. Il y a un peu plus d’une décennie, j’ai écrit les idées qui résultaient de mon expérience. Qu’ai-je trouvé en revenant de l’Olympe ? D’abord des universitaires. Ils m’ont reconnu immédiatement comme l’un des leurs. Ce qui était flatteur. Mais ils n’avaient pas envie de redescendre parmi les mortels. J’ai continué mon chemin. Où en suis-je ?

J’ai découvert, en rencontrant des journalistes, que mes idées ne passaient pas. Pourquoi ne suis-je pas compris ? me suis-je demandé. Trois pistes possibles :
  1. Changement a une connotation sulfureuse. C’était le cri de guerre que lançaient les forces du marché à la société qu’elles voulaient réformer. « Changez ou périssez : tout ce qui n’est pas production est paresse. »
  2. Le Français voit la vie comme un rapport de forces, et le changement comme un conflit. Il y a des bons et des mauvais. Et ces derniers doivent disparaître.
  3. Le changement des forces du marché ou du Français se fait lors d’un Grand soir. Apocalypse.
Arriverais-je à faire passer mon idée qu’il n’y a ni bons ni mauvais, mais des êtres complexes, et respectables ? Que le changement est une question de technique, pas de miracle ? Que tout le monde peut y trouver son compte ?

Qu’aurait fait le Grec dans ces conditions ? Il aurait appliqué ses idées. Et, comme Socrate, aurait eu une fin qui les aurait illustrées. C’est là où s’arrête la comparaison.

mardi 19 mars 2013

Le changement en France : Mein Kampf ?

Je suis interviewé. Voici ce que ça donne.

Cette interview marque un changement. J'ai décidé d'affirmer agressivement mon point de vue. Oui, l'efficacité économique est incompatible avec le changement - conflit ! Oui, l'intérêt de l'actionnaire est que l'entreprise soit bien dans sa peau ! Oui, la science, dans son unanimité, affirme cela !

Ce n'est pas le seul changement. D'ordinaire, lorsque je discute avec un journaliste, je parle beaucoup, et rien ne sort. cette fois-ci, j'ai eu droit à un article fleuve (ou presque). Et j'aurais bien aimé avoir dit ce que l'on y lit.

Le temps des laboureurs, changement au Moyen-âge

Si l’on tient pour acquis qu’une croissance économique soutenue s’établit en Europe à partir de la fin du xème siècle, et se prolongea jusqu’au milieu du xiiième siècle, et que ce mouvement s’établit sans changement des techniques de production, il convient de s’interroger sur le moteur de cette croissance. La seule hypothèse convaincante est qu’elle résulta d’une augmentation massive et de long terme de l’offre de travail paysan, qui permit une croissance massive et durable des surfaces cultivées et des fruits récoltés. Le problème principal est alors d’expliquer une telle évolution, c'est-à-dire de comprendre ce qui poussa les habitants des campagnes à intensifier leurs efforts.
(…) La reconnaissance sociale accordée aux activités laborieuses dans une société dont l’élite politique et religieuse revendiquait l’exclusivité d’une vie oisive et luxueuse fut sans doute l’une des conditions de l’accroissement de l’offre de travail, et donc de la croissance.
Enquête sur un changement. Le Moyen-âge a connu une forte croissance économique. Quelles en ont été les conditions ? (ARNOUX, Mathieu, Le temps des laboureurs, Albin Michel, 2013.) Un Moyen-âge surprenant surgit de L’exégèse des textes qui nous sont parvenus :

La société s’est structurée pour permettre la « conquête » de la terre par le laboureur, faisant de notre paysage ce qu’il est aujourd’hui. Les marchés sont inventés à cette époque. Leur objet est de nourrir le peuple au prix le plus faible possible. En empêchant la spéculation et en réduisant les coûts par élimination des intermédiaires. En tout cas, pas question d’autorégulation. Ils sont impitoyablement encadrés. Peut-être aussi domestiquent-ils les nobles ? Les font-ils « passer d’une économie du pillage (incompatible avec le nouvel ordre des choses) à une économie du prélèvement consenti » ? Les marchés sont des « instances morales », « d’assistance aux pauvres », « d’intégration sociale ». Quant à la dîme, loin d’être un prélèvement a l’usage de l’Eglise, elle est un mécanisme de régulation. Elle permet d’engranger une partie des récoltes. Elle nourrit les faibles en périodes difficiles, et abaisse le prix des marchés, sinon. Finalement, les cours d’eau sont équipés de moulins, en rangs serrés. Leur usage est réglementé.

La pensée, elle-même, évolue pour expliquer cette nouvelle réalité. La société est organisée selon « trois ordres ». Ceux qui prient, ceux qui combattent, et ceux qui cultivent. Elle reconnaît leur complémentarité, et surtout l’importance du travail comme valeur centrale. Cet édifice est construit sur un mythe fondateur, celui d’un Adam cultivateur. 

lundi 18 mars 2013

Iraq : bulle spéculative ?

On découvre que l'Amérique aurait dépensé au moins 138md$ en sous-traitance privée, durant sa guerre d'Iraq. Dont 39,5md pour la société du vice-président de l'époque.

La guerre d'Iraq fut-elle une habile manœuvre pour plumer le contribuable américain ?

Chypre domino fatal à la zone euro ?

Et si Chypre était le domino fatal à l’euro ? se demande l’économiste Charles Wyplosz. Les banques de Chypre sont en faillite. Le plan de sauvetage qu’elle adopte taxe les dépôts. Un précédent qui semble dire que l’épargnant n’est pas protégé, et qu’il ferait bien de retirer ses économies d’Europe. Faisant ainsi s’effondrer notre système bancaire. (The Economist approuve.)

La presse continentale pense, plutôt, que le risque est faible car l'argent est sale. On n'en voulait pas à l'épargnant honnête, seulement au Russe. Chypre ou le règlement de compte ? Le plus surprenant est que les affaires de l’Europe semblent menées avec un grand arbitraire. Ou de la logique des élections allemandes.

(Une remarque curieuse de Paul Krugman : toutes les îles européennes ont été victimes d’un système bancaire hypertrophié (à l’exception de l’Angleterre ?).)

Economie américaine : contre mauvaise fortune bon coeur?

The Economist cherche-t-il à se rassurer ? Veut-il nous montrer que sa maison-témoin, les USA, est increvable ? Un rapport montre que, si le gouvernement fédéral est bloqué, les Etats se débrouillent, et l’entrepreneur innove. Mais la santé américaine paraît bien relative. Et pas vraiment le fait d’un mouvement de fond. L’Amérique a l’intelligence d’avoir évité la rigueur européenne. Pour le reste, sa croissance semble surtout portée par le gaz de schiste. Comme en Afrique, autre raison de se réjouir pour The Economist, la croissance mondiale semble bien peu innovante ?

La clé de la survie de l’UE pourrait être de rapidement remettre sa population au travail. Sinon, elle risque de faire l’unanimité contre elle. Quant à Chypre, en faillite pour avoir prêté à l’oligarque russe, The Economist pense que le mécanisme de stabilité bancaire doit sauver ses banques, sans mouiller son gouvernement. Les autres solutions n’ont que des inconvénients. Malheureusement, ce sont elles qui ont les faveurs européennes.
En Angleterre, la famille traditionnelle ne survit que chez les riches, et les immigrés. Ailleurs, elle a explosé. Apparemment, ça ne poserait pas de problème aux enfants.

Moment périlleux pour la Chine ? Rejouerait-elle la scène de l’Ancien régime et de la Révolution ? Aurait-elle besoin de réformes qui pourraient avoir l’effet de celles de Louis XVI ? En tout cas, la politique de l’enfant unique chancellerait.
En Iran, on donne dans le trafic de voitures. L’inflation galopante en ferait une valeur refuge. Pas brillant, mais cela ne donne pas l’image d’un régime totalitaire.

Un livre sur la situation irakienne. La succession de mesures prises par l’Occident, pour transformer l’Irak en démocratie, l’a enfoncé, à chaque fois plus fortement, dans le chaos et la division. La constitution donnée par l’Amérique aurait été une sorte de bouquet final. L’intérêt individuel est devenu roi. Curieusement, le premier ministre actuel est parvenu à tromper tout le monde, et à s'assurer un pouvoir stable.

L’Inde va-t-elle être un géant de l’Internet mobile ? « Le gouvernement est un obstacle. »
L’ascenseur aurait le vent en poupe. De plus en plus de villes et d’immeubles. Et surtout les revenus récurrents de la maintenance. Oligopole et grosses marges. Cela va-t-il attirer de nouveaux entrants ?

The Economist enjoint le nouveau pape de délocaliser son organisation managériale. La dirigeante de Facebook viserait une carrière politique. Sur les traces d’Obama.

Apparemment la science aurait trouvé de nouveaux moyens de recherche. D’abord, il semble que l’on puisse faire des modèles réduits des grandes questions cosmologiques, à commencer par le comportement des trous noirs. Ensuite, l’espace, du fait de l’espacement entre les molécules qui s’y trouvent, permettrait de voir des réactions chimiques difficiles à apercevoir chez nous. 

dimanche 17 mars 2013

Stéphane Hessel

France Culture rediffusait, cette semaine, une interview de Stéphane Hessel (A voix nue).
Stéphane Hessel est peut-être le dernier des Mohicans d’une élite d’Europe centrale de culture internationale. Quelqu’un de l’espèce des Albert Hirschman ou Siegmund Warburg.

La vie de Stéphane Hessel m’a fait penser au Bonheur fou de Giono. Il a traversé des événements effroyables, mais toujours avec le sourire, et avec une sorte de foi indestructible en son infaillibilité. Comme dans cet épisode, où il se réveille entouré de SS, qu’il convainc de se rendre aux forces américaines. Il appartenait à une génération de gens qui avaient été élevés pour vivre dans le danger et se rire des aléas. On ferait bien d’en prendre de la graine.

Il a consacré sa vie aux droits de l’homme. Mais sans en être un défenseur borné. Il est même plutôt pragmatique, et reconnaît volontiers ses erreurs. En outre, il a été un promoteur résolu de l’influence culturelle française. Il me semble même avoir été fort sûr de son intérêt pour ses anciennes colonies, dont elle était quelque peu constitutive.

Mais, sa définition de la gauche, « prendre le point de vue du dominé », me paraît résumer les dérives de ce parti politique. Et, peut-être ?, les dangersde ses bonnes intentions. De quel droit une personne peut-elle ramener un autre être humain à un unique qualificatif : « dominé » ? Il n’y a pas de misérables, il y a des hommes, égaux et respectables dans leur différence. Même s'ils traversent des moments difficiles.  

Guerre du Mali et stratégie française

Article sur la guerre du Mali. On y voit beaucoup de choses curieuses.
  • Tout d’abord que le problème du Mali résulte probablement d’une lutte d’intérêts au plus haut niveau. Et qu’il y a collusion entre les prétendus rebelles et certains prétendants au pouvoir.
  • Ensuite que la France, craignant que la zone ne devienne une poudrière, avait depuis longtemps décidé d’intervenir ; qu’elle était bien préparée ; et qu’elle a une connaissance remarquable de ce qui se passe sur le terrain. L’Amérique ne semble pas lui avoir facilité la tâche. Certainement parce qu’elle ne percevait pas une menace à ses propres intérêts. Peut-être aussi que sa stratégie de la soft power hypocrite est incompatible avec un type d’attaque frontal, qui désigne un « ennemi » et le frappe ? (Une démarche qui rappelle étrangement la France des colonies.)
  • Enfin, François Hollande paraît étonnamment déterminé dans cette affaire. (Infiniment plus que son prédécesseur.) Derrière son apparente nonchalance, croirait-il fermement à quelques principes ?

Le pape et la liberté de parole

Fait exceptionnel, j’ai suivi l’élection du pape. Un mail du FT m’avait alerté. J’ai voulu savoir qui il était. J’ai trouvé wikipedia bien renseigné. Au moins aussi bon que les journaux. Du coup, je me suis dit que ce blog pourrait peut-être appliquer à François le traitement qu’ont subi Obama ou Sarkozy : qui est le pape ? Version 0 des hypothèses. Il ne serait ni de gauche bien pensante, ni de droite possédante. Il aurait conservé les racines de ses origines. Un peu comme Camus, dans un autre camp ?

Mais une nouvelle a effacé les autres. Le pape aurait-il collaboré à la dictature argentine ? Le secret des sources de France Culture évoquait la question samedi matin. Apparemment, la nouvelle viendrait d’une sorte de croisé de gauche appartenant à un journal partisan de Mme Kirchner, ennemie jurée du pape. On reproche surtout à l’Eglise de ne pas avoir reconnu ses torts pendant la dictature. Mais le pape est jésuite et les jésuites se seraient bien comportés. Une photo sensée l’impliquer n’était pas de lui. Pas clair cette histoire. D’ailleurs que savons-nous de ce qui s’est passé ou se passe en Argentine ? Comment pouvons-nous juger ?

J’en suis arrivé à m’interroger sur la liberté de la parole. Est-elle une panacée ? Certaines paroles semblent avoir beaucoup plus de poids que les autres. En particulier, il y a un avantage à l’attaque vociférante. Surtout lorsque qu’elle joue sur quelques mots clés, associés au mal ou au bien. La défense n’ayant pas forcément les mêmes moyens peut être en situation de faiblesse. Comment se faire une opinion dans ce cas ?

J’ai rencontré un exemple de ce type dans une entreprise. Un manager s’en prenait violemment à la direction. Alors que, jusque-là, il était mal aimé, tout le monde avait pris fait et cause pour lui. La direction ne disait rien. On a appris, plus tard, qu’étant engagée dans un processus de négociation avec ladite personne, elle était tenue au secret. Et qu’elle s’était très correctement comportée. Ce qu’a reconnu, après-coup, le manager. 

samedi 16 mars 2013

Google et le service public


Annonce de la disparition de Google Reader. Je suis interloqué. Google a renoncé à iGoogle il y a peu. Je pensais que Reader était un asile sûr. Le professeur Kabla ne l’avait-il pas dit ? J’ai attendu de savoir ce qu’en pensait ce leader d’opinion, pour m’en faire une.

Il confirme la nouvelle. Si je comprends bien, elle tiendrait à la lecture que fait Google de l’évolution des usages. Pas clair. Ces usages ne me concernent pas.

L’éminent Hervé conseille Feedly. J’ai obtempéré. Le transfert Reader Feedly est immédiat. (Mais j'ai perdu des liens.) Et Feedly est bien plus beau de Reader.

Cette histoire m’a fait penser au pont de l’Ile de Ré. Quant on a appris qu’il avait été construit par le propriétaire de TF1, on a craint qu’il soit coupé par une pub. Il y a encore quelques temps, on entendait partout que le service public allait être remplacé par l’entreprise privée. On y gagnerait honnêteté, efficacité, innovation. Et si l’attitude de Google était représentative d’un monde géré par l’intérêt individuel ? Et si, du jour au lendemain, ce dont dépend notre vie était supprimé pour quelque raison obscure ? 

Qu'est-ce que la condition humaine?

Curieusement, qui eut cru que je puisse avoir quoi que ce soit en commun avec un philosophe ?, je me demande si je ne me rapproche pas d’Hannah Arendt. En moins élitiste ?

Premier accord possible. La condition de l’homme, c’est-à-dire ce qui fait de l’homme un homme. Pour elle c’est la politique, au sens grec du terme. C'est-à-dire le processus créatif, entre égaux, qui conduisait la cité à édifier l'avenir. Il me semble aussi que le propre de l’homme est d’avoir des « copains », et de perdre du temps avec eux. Il doit pouvoir penser, c’est-à-dire ne pas être prisonnier de son héritage social, afin d'être capable de le critiquer, et de construire celui de ses enfants. Qu'est-ce qui est plus stimulant que vouloir changer le monde ?

Partagerais-je aussi son jugement sur la société moderne ? Hannah Arendt disait, définition grecque, que l’économie était la gestion de la maisonnée. Son objet était donc d’assurer les besoins primaires de l’individu. Par conséquent, la domination du monde par l’économie signifiait celle de l’homme par ses impératifs physiologiques. Je constate, effectivement, que les emplois se divisent de plus en plus en deux groupes. Celui de « privilégiés » qui vivent nuit et jour en troupeaux de courtisans ; et celui des perdants qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le point commun de ces deux conditions est qu’elles ne permettent pas la pensée. Au fond, ce que dit The Economist n’est que cela : soit vous appartenez à l’élite des affaires, en perpétuels vaine réunion et voyage d’affaire, soit vous êtes un loser et vous devez produire sans trêve pour assurer votre rédemption. Les Diogène, à la fausse commune.

Mais tout n’est pas perdu. Hannah Arendt dit encore que devenir un homme résulte d’une sorte de métamorphose. L’on doit sortir de l’esclavage de ses besoins organiques. Peut-être est-ce le sens du combat en cours ? L’humanité lutte contre l’économie qui cherche à flinguer son intellect ? Ce faisant, elle devient humanité ? Elle se « réalise », selon l’expression de Maslow ? Processus douloureux, mais naturel ? Et si c’était lui la condition nécessaire et suffisante de l’humanité ?

vendredi 15 mars 2013

Faut-il abandonner la filière numérique ?

Il y a quelques temps, je discutais avec un investisseur. Un spécialiste des start up TIC. Il m’a dit des choses étonnantes.
  • Il n’arrive plus à vendre ses participations. Car c’était les Américains qui les achetaient. Et la crise de l’euro les a fait fuir.
  • Les dirigeants de ses participations ont tellement peur des impôts qu’ils veulent vendre leur entreprise. Ce qui est étrange, puisqu’elle vaudra massivement plus cher, avec impôts, dans quelques années, que sans impôts maintenant. (J'ai aussi noté ce phénomène dans les PME familiales : les fondateurs sont rendus fous par le fait de savoir qu'ils vont gagner moins que ce qu'ils auraient dû. Curieusement, le montant de la vente est secondaire : ils auraient préféré gagner 5 millions sans impôts, que 40 avec !)
  • Les jeunes diplômés, qui ont été convertis à l’entrepreneuriat par le précédent régime, envisagent maintenant de monter des entreprises ailleurs. (Avec beaucoup de tact, je lui ai dit que, depuis toujours, je conseillais aux porteurs de beaux projets d’aller directement aux USA. Il est beaucoup plus facile de trouver des fonds qu’en France. Et, lorsqu’on trouve de l’argent, on en trouve en quantité.)
Du coup, je m’interroge. Le gouvernement doit-il encourager l’entrepreneuriat dans les TIC ? De toute manière ce qu’il fait semble profiter à l’étranger. En outre, il ressort de cette conversation que nous sommes d’extraordinairement petits joueurs. L’entrepreneur français n’a pas d’autre ambition que de gagner un peu d’argent. Serait-il génétiquement codé pour être un second couteau des affaires ? Ne créerait-il pas plus d’emplois en France, s’il apportait les compétences que lui a données l’Education nationale à une fonction salariée ? 

jeudi 14 mars 2013

Le Qatar sauve l'Europe

Le Qatar va-t-il sauver l'Angleterre ? Il y a peu, The Economist, enjoignait son gouvernement de trouver 28md£ pour construire des infrastructures. Décisif pour relancer son économie. Or, voilà que l'on annonce que le Qatar est prêt à en avancer 10.

Mais, si des investisseurs étrangers sont prêts à jouer leur argent, cela signifie-t-il que ces projets sont rentables ? Ne serait-il pas préférable, pour le contribuable anglais, que ce soit l'Etat qui avance les fonds ? D'autant qu'il peut s'endetter à un taux exceptionnellement faible ?

Prochaine étape pour le Qatar et ses pétrodollars, la France de M.Sarkozy ?

La machine crée le chômage

Depuis quelques temps, d’éminents universitaires anglo-saxons estiment que la technologie va mettre l’homme au chômage. Un gourou du MIT parle. Deux choses me frappent dans ce discours :
  • Internet a créé énormément de « valeur », puisque nous lui consacrons un temps énorme. Nous avons « voté avec notre temps ».
  • Il y a décrochage entre croissance et emploi, depuis 15 ans. Ce qui prouve qu’un nouveau type de progrès est en marche.
Je ne suis pas diplômé du MIT. C’est peut-être pourquoi il me semble qu’il y a quelque chose d’idiot ici.
  • Un demi-siècle de transformation sociale m’a montré ma famille étendue se transformer d’un groupe soudé et joyeux en étrangers isolés, égoïstes et méchants. Et si le « progrès » avait « créé de la valeur » en détruisant du bonheur ? Le plus amusant dans cette affaire est que la ferme d’un de mes arrières grands parents, qui vivait dans une « abjecte pauvreté » selon l'expression favorite de The Economist, a été achetée par un Anglais. Il gère de là, au milieu des champs et de l’air pur, ses affaires.
  • Quant au décrochage, il me semble avoir une autre explication possible. L’obsession de l’entreprise est de réduire ses coûts de personnel. Dans ces conditions, il n’est pas totalement surprenant qu’elle ait investi dans des technologies qui liquident l’homme. 

mercredi 13 mars 2013

Lien social : force de l'homme moderne ?

Malgré une taille de cerveau similaire aux humains modernes, qui leur étaient contemporains, les Néandertaliens présentaient une structure cérébrale différente. Une partie importante de leur cerveau était en effet dévolue à la vision, au détriment d'autres fonctions comme le lien social (article)
Cela aurait eu plusieurs conséquences néfastes. Plus petits groupes sociaux que les nôtres, moindre capacité à accumuler du savoir.
Ce qui va dans le sens d’une de mes théories (tri sélectif de l’information ?) : le rôle du cerveau est avant tout social.

La fin de la fin de l’histoire ?

Depuis les origines de ce blog, je cherche le nom du changement que nous traversons. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est à quel point ma vision du monde est fausse. Je suis issu d’une génération d’après guerre qui, au fond, croyait à la fin de l’histoire. Il n’y aurait plus de guerre, plus de souffrance, nous mourrions tous de vieillesse, dans notre lit. Et chaque génération vivrait mieux que la précédente, grâce au progrès scientifique. Le SDF était inconcevable.

Sans que nous en soyons revenus à la peste, à Dickens, ou à la crise de 29 et à ses conséquences de 40, notre situation mondiale et individuelle s’est considérablement dégradée. Elle montre que nous ne maîtrisons pas notre sort. Et si l’erreur et le changement étaient là ? Et si la systémique avait sont mot à dire sur eux ? me suis-je alors demandé.

Nous avons cherché la stabilité. Or, cette stabilité, par définition, détruit l’espérance de vie d'un système (système, dans ce cas, = espèce humaine), parce qu'elle élimine sa diversité. Et si nous devions redécouvrir la précarité de notre condition ? Et s’il fallait abandonner tout espoir de maîtriser notre avenir, toute recherche d'une organisation sociale totalement protectrice, dans laquelle nous pourrions dormir sur nos deux oreilles ? Et si nous devions, au contraire, architecturer notre société de façon à résister à l’aléa, voire à en tirer parti ? (Une idée, parmi d’autres.)

France éternelle ?

Ce blog m’a amené à deux constatations qui me plongent dans un abîme de perplexité.
  • J’ai fini par rattacher les thèses de Nicolas Sarkozy à celles des Versaillais et de ce que René Rémond appelle la première droite. Celle qui s’est opposée à la révolution. 
  • Quant à la gauche et ses appels à la repentance, son obsession de la défense de « victimes » de la société, sans papiers, homosexuels, colonisés… elle fait penser à l’église catholique. 
Pourtant, il n’y a apparemment aucun lien entre la France d’aujourd’hui et le passé !? Et s’il y avait une explication systémique ? Et si les mêmes causes produisaient les mêmes effets ?
  • Les contre révolutionnaires étaient-ils des privilégiés avant d’être des nobles ? Quant à l’Eglise, exploitait-elle à son profit la mauvaise conscience qu’elle avait provoquée ? Les deux avaient en commun d’être des individualistes qui exploitaient une communauté.
  • A-t-on la même chose aujourd’hui ? D’un côté des privilégiés, de l’autre des bien pensants ? Tous individualistes. Leur affrontement leur est bénéfique puisqu’ainsi ils ne laissent plus de place aux doléances d’une majorité qu’ils peuvent donc exploiter.
Ce n’est pas tout. Le dispositif fonctionnait aussi parce qu’il était contrebalancé par l’alliance du roi et du peuple, roi remplacé par un président, dans la 5ème République. Que le roi soit devenu individualiste depuis le départ de De Gaulle serait-il un facteur d’instabilité ? 

mardi 12 mars 2013

Hongrie et Angleterre

La Hongrie vote des lois. Elles contredisent les valeurs de l'UE. Ce qui est curieux lorsque l'on connaît le degré de dépendance de la Hongrie vis à vis des subventions européennes.

Le plus curieux est que, si j'en crois la radio ce matin, l'Angleterre est le pays qui s'émeut le plus de cette situation. Pourtant, j'ai l'impression que c'est grâce à l'Angleterre que l'Europe a adopté la Hongrie. Et que c'est l'Angleterre qui tourne le mieux l'Europe en ridicule.

Mais l'UE ne dit rien. Ce qui explique peut-être tout ce désordre. Fâcheux signal.

Sympathie pour le prédateur

La biographie d’Ayn Rand présente un paradoxe : Ayn Rand semblait attirer la sympathie spontanée de beaucoup de gens, alors que l’histoire de sa vie la fait apparaître comme un monstre.

L’exemple de son mari est typique. C’était un très bel homme, plein de distinction, d’élégance et de sensibilité. Un artiste né. Il épouse Ayn Rand en partie pour lui fournir la citoyenneté américaine. Mais aussi parce qu’il trouve amusante et originale cette petite femme à l’accent russe. Premières années de bohème. Mais, avec le succès de sa femme, il se fait broyer. Il finit par chercher refuge dans la solitude et l’alcool. Le plus surprenant est qu’Ayn Rand lui ait toujours été extrêmement attachée. Elle ne pouvait pas vivre sans lui. Preuve d'amour ?

Je me demande si l’on ne retrouve pas là le modèle du prédateur. Une stratégie d’approche d’une proie est de lui inspirer de la sympathie. Et, sans proie, le prédateur ne peut pas vivre. D’une certaine façon, le prédateur aime sa proie. On ne peut pas lui en vouloir d’être un prédateur. Mais on doit s’en méfier. 

lundi 11 mars 2013

Sarkozy et le Qatar

Des rumeurs insistantes disent que M.Sarkozy envisagerait d'être apporteur d'affaires pour un fonds d'investissement du Qatar. Pour cela, il utiliserait les relations qu'il s'est faites durant son mandat.

Ne serait-ce pas une forme de détournement de bien social ? En tout cas c'est une bien étrange rupture avec notre tradition. Peut-être même un changement culturel majeur. Imagine-t-on Charles de Gaulle dans cette situation ? à moins que l'annonce ne soit une manœuvre pour torpiller ses ambitions présidentielles ? Mais, dans ces conditions, pourquoi n'a-t-il pas démenti brutalement ?

Economie anglaise en panne


Europe. L’Angleterre est en panne. The Economist suit ses crises depuis 170 ans. « Cinq ans après chacun de ces événements, l'économie était en croissance. Ce n'est pas le cas cette fois. » Le salut est keynésien. Investissement dans l’infrastructure de transport. Mais il faut trouver 28md£ pour cela. Pourquoi ne pas emprunter ? Rien ne va, d’ailleurs. La Grande Bretagne vient d’essuyer une défaite en Europe, en ce qui concerne la paie des banquiers. L’annonce d’un référendum sur son appartenance à l’UE a affaibli une position traditionnellement forte (« La Grande Bretagne demeure la plus puissante force de libéralisation du marché commun et de promotion du libre échange »). Et elle n’a pas les faveurs de Mme Merkel, seule maître de l’Europe après Dieu. L’Amérique deviendrait-elle européenne ? Le mal de l’Europe, c’est le sud. Contrairement au nord, on n’y croit pas que travailler dur soit suffisant pour réussir. Jusque-là l’Amérique, elle, avait un « contrat social partagé », mais elle se dispute de plus en plus.
Mme Merkel navigue au gré des courants électoraux. Pour le moment, elle dérive vers la gauche. L’Espagne va-t-elle ressembler à l’Allemagne ? En tout cas, ses réformes sont aussi terribles que celles de Schröder. Mais n’est-ce pas plus la puissance du tissu économique de l’Allemagne que ses réformes qui ont fait son succès ? me suis-je demandé.
En Italie, on a l’air parti pour de nouvelles élections. M.Bersani, devrait laisser sa place à un concurrent, M.Renzi. Il aurait plus de chances que lui de les remporter.

Moyen orient. Les frères musulmans, qui semblaient représenter un Islam honnête et responsable, n’ont pas été à la hauteur des attentes. Qui va les remplacer ? Les autres courants islamistes vont-ils parvenir à s’unir ? Curieux jeu de chaises musicales en Palestine. L’Egypte aurait peur que le Hamas soit contagieux. Elle aurait fermé ses tunnels. Ce qui l’aurait forcé à faire du commerce avec Israël. Et à renforcer son fondamentalisme, pour qu’on ne puisse le critiquer de collusion avec l’ennemi.

Entreprises. Les actionnaires empêchent de dormir les dirigeants de grandes entreprises. Ce qui est bien, dit The Economist. Ce qui l’est moins est que les Etats européens veuillent contrôler la paie des dits dirigeants. (Réflexe « populiste ».)
Grande transformation : Internet fait triompher l’ère du partage. Quelles vont en être les conséquences ? Quant à Google, il aurait découvert l’importance de faire de beaux produits, comme Apple. Cela aurait profité à son cours de bourse. 

dimanche 10 mars 2013

Internet sera-t-il chinois ?

Des bénéfices du dirigisme ? La Chine apporte des transformations critiques à sa partie d'Internet. Ce dont est incapable le reste du monde. Cela pourrait donner à ses entreprises un avantage décisif sur leurs concurrentes...

Et si nous étions des virus ?

Donella Meadows dans le billet précédent s’étonne que nous soyons aussi peu systémiques. Nous faisons tout le contraire de ce qu’il faudrait. Nous nous autodétruisons comme à plaisir.

J’en suis récemment arrivé à une théorie qu’elle ne semble pas avoir prévu.

La vie est une lutte de tous les instants entre le système et le non système, par exemple le virus. C’est le second qui fait évoluer le premier, qui le force à l’innovation, à se renouveler. Il en est d’ailleurs de même dans les écosystèmes naturels : un incendie amène le système à se transformer. La réelle résilience n’est pas une capacité à se relever d’un choc, mais à se réinventer.

Et si notre période était non systémique, parce que, justement elle est ascendant virus ? 

samedi 9 mars 2013

Thinking in Systems de Donella Meadows

Nous pensons mal et cela pourrait nous coûter cher : MEADOWS, Donnela H., Thinking in systems, Chelsea Green, 2008. Une introduction à la dynamique des systèmes.

Qu’est-ce qu’un système ? Des « éléments », « interconnectés », le tout tendant à réaliser un « objectif ». La « structure » qui constitue le système ne lui permet que certains types de « comportements ». Exemple ? Le thermostat.

Le monde est fait de systèmes, alors que nous croyons à la ligne droite. Du coup nous nous enfonçons dans des cercles vicieux. Un des plus remarquables est peut-être celui du PIB, « en résumé, il mesure tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue ». Quand au libre échange, il est naturellement instable et conduit au monopole. Et notre enfer est pavé par notre génie. Pas assez de poissons pour des pêcheurs ? Le progrès leur permet de mieux nettoyer les fonds. Résultat : le poisson ne se renouvelle plus. Parmi beaucoup d'exemples.

Il y a même des typologies de pièges. Echantillon de mes préférés :
  • « Le transfert de charge ». Plus l’on s’occupe de vous plus vous vous laissez aller. Mal français et de son Etat tuteur ? Plus on vous soulage d’un symptôme plus sa cause vous prend sous sa coupe. 
  • La « dérive vers la médiocrité ». C’est peut-être ce qui arrive au monde. On ne voit que ce qui se dégrade, « des attentes de moins en moins élevées, moins d’efforts, moins de performance ».
A vrai dire, l’on y met du nôtre. Par exemple, nous recherchons la stabilité alors, qu’au contraire, il faut de la diversité. En effet, plus le système est complexe, plus il est résilient, plus il est durable. La particularité des systèmes est qu’ils ont des points faibles, sur lesquels agir. Intuitivement, nous savons où ils sont. Mais, curieusement, nous faisons le contraire de ce qu’il faudrait.

Message du livre ? Il faut changer radicalement d’attitude à la vie. On ne peut faire évoluer un système si l’on ne le prend pas dans son intégralité. Or, nous sommes devenus petits, médiocres, myopes et mesquins. En un mot : anti-systémiques. Nous devons prendre une vue aussi large que possible, qui embrasse le très long terme, le large espace, toutes les disciplines, la rationalité et l’intuition. Qui remette tout en cause. Qui aime la complexité, et l’incertitude. Et surtout redevenir exigeants, rechercher la perfection, et retrouver une moralité sourcilleuse.

vendredi 8 mars 2013

Ayn Rand

Ce blog m’a fait découvrir Ayn Rand. Et je viens de lire sa biographie. HELLER, Anne C. Ayn Rand and the world she made, Doubleday, 2009.


Une vie une œuvre
1905, Ayn Rand naît en Russie dans un milieu juif aisé. Son père fait prospérer la pharmacie de la famille de son épouse, qui, elle, est surtout préoccupée de pénétrer la plus haute société pétersbourgeoise. La révolution russe change tout. Déprimé par l’injustice du nouveau régime, le père arrête de travailler. De manière inattendue, sa femme se révèle pleine de ressources. Elle nourrit la famille en traduisant en russe des romans prolétariens étrangers.  Ayn Rand va à l’université. Le nouveau régime n’a pas que des désavantages.
Très tôt, elle a décidé de partir aux USA. La solidarité de sa famille étendue lui permet de s’y installer. En dépit d’un anglais approximatif, elle travaille comme scénariste pour Hollywood. Après quelques années un peu incertaines, pendant lesquelles elle est dépannée par sa famille américaine, et celle de son mari, un de ses livres, The Fountainhead, connaît un énorme succès. Ce qui sera aussi le cas du suivant, Atlas shrugged, qu’il lui faudra 13 ans pour écrire. Elle devient l’objet d’un culte. Elle est entourée de cercles concentriques de disciples. Monde totalitaire. Aucune contradiction n’est permise. Ceux qui lui déplaisent sont purgés. Mais, ce n’est pas le succès qu’elle attendait.

Ses idées
Ayn Rand pensait être le plus grand philosophe vivant, voire le seul philosophe ayant jamais vécu. Son œuvre est faite de romans. Ses deux principaux parlent, respectivement, d’un architecte et d’un ingénieur. Elle prône « l’égoïsme » au sens « ego » du terme. L’être exceptionnel doit suivre le diktat de sa raison. Même ses émotions sont rationnelles. Son ennemi est « l’altruisme », i.e. l’idée que l’être de talent doit faire profiter de son génie la société, qui n’en a pas (Marx). Le surhomme contre la masse.

Ses suiveurs
Elle croyait que les humains exceptionnels se retrouveraient dans son œuvre. Ce ne fût pas le cas. Ses admirateurs venaient des professions scientifiques ou techniques (ingénieurs, médecins…). Et elle était entourée d’un groupe de jeunes juifs qui semblaient rechercher chez une seconde mère un remède à leur immaturité. L’un d’entre eux, qui joue un rôle décisif dans la diffusion de son message, change même son nom en Branden, « ben Rand », fils de Rand !

Les recettes de l’individualisme
Anecdote. Assez âgée, elle découvre que sa sœur préférée est en vie. Elle la fait venir d’Union soviétique. Mais voilà que cette sœur aime mieux l’URSS que les USA (au moins en URSS, on peut rêver de liberté !) ; qu’elle hait ses livres, mais recherche ceux de Soljenitsyne ; et que, lorsqu’elles étaient enfants, elle la considérait comme une tortionnaire ! Ayn Rand était incapable de comprendre l’autre. Toute son œuvre a consisté à rationaliser ce vers quoi la poussait son intérêt. Par exemple elle désirait prendre comme amant le jeune Nathaniel Branden, qui avait 25 ans de moins qu’elle. Elle a démontré à la femme de celui-ci, et à son mari, qu’il était logique qu’ils la laissent faire à son gré.
C’est, d’ailleurs, peut être, « l’altruisme » qui est la raison de son succès. Non seulement, elle a oublié de repayer leur dû à ceux qui l’ont aidée à venir et à survivre en Amérique, mais ce sont les faibles qui ont acheté ses livres. Quant à son mari, qu’elle avait choisi pour son physique, elle en a fait un homme objet alcoolique.
Comment naissent les individualistes ? me suis-je demandé. Peut-être en deux temps. Il faut d’abord l’amour d’une famille convaincue du génie de son enfant, et qui l’encouragera tant qu’elle le pourra. Puis survient le rejet de l’édifice social, lorsque les caprices de ce génie sont contrariés. D’ailleurs, étrangement, parmi les « injustices » dont elle se plaignait, le snobisme de sa mère et une histoire de jouets ont un rôle plus important que la révolution soviétique !
L’individualiste serait-il un agent du changement ? Il cherche à faire la société à son image. Et il est indestructible. Tous les revers ne sont que des injustices qui le renforcent dans sa mission. 

jeudi 7 mars 2013

Logique de l'appui russe à la Syrie

Pourquoi les Russes appuient-ils Assad ? Souvenir de l'URSS ou intérêts économiques. Voici ce que j'avais entendu jusque-là. France Culture, ce matin, avait un autre avis : la Russie se sent proche des chrétiens orthodoxes syriens et a peur que l'émergence d'une forme de fondamentalisme islamique ne gagne ses propres populations.

La vie ne serait-elle pas plus simple si l'on expliquait clairement les raisons de ses actes ?

Avenir de l'euro : Allemagne et désert européen ?

Et si l’euro avait fait la fortune de l’Allemagne ? Il y a plusieurs raisons pour le penser.
  1. La valeur de l’euro reflétant les difficultés du sud de l’Europe, l’Allemagne profite d’une monnaie sous-évaluée.
  2. Les entreprises des pays du sud (dont la France) ayant une stratégie prix plutôt que valeur (allemande), jouaient sur la faiblesse de leur monnaie pour assurer leur compétitivité. Ce n’est plus possible. De ce fait, l’Allemagne a probablement étendu son marché vers le bas de gamme.
  3. L’Allemagne est parvenue à réduire les salaires de ses employés. Ce qui n’a pas été le cas des pays du sud dont, curieusement, les courbes salariales se ressemblent (voir graphe de cet article). Paresseux européens du sud ou perfide Allemagne ?
  4. En outre l'euro a créé une sorte de bulle spéculative en Europe du sud, qui a profité à l'économie allemande. 
Du coup, je me demande si je n’ai pas trouvé une raison économique pour que l’Europe devienne une nation. En effet, on nous dit que ce qui empêche un tel changement est que le riche n’a pas intérêt à nourrir le pauvre. Eh bien, je soupçonne que c’est faux. Voici mon raisonnement.

Avec l’euro, l’entreprise du pays riche a accès à une main d’œuvre moins chère que la sienne, et tue ses concurrents des pays pauvres (voir raisonnement ci-dessus). Cela créerait un chômage insoutenable, si elle n'avait pas aussi intérêt à pousser son gouvernement à les sponsoriser. Car elle a beaucoup plus à y gagner qu’à y perdre. En effet, le prélèvement est réparti sur la nation. Autrement dit, elle n’en paie qu’une fraction. D’ailleurs ses concitoyens sont heureux d’être plus riches que les pauvres. Les seuls perdants sont les entrepreneurs (PME) des pays pauvres. Mais leur poids politique est négligeable. J’ai l’impression que ce mécanisme est en jeu au sein même des nations.

Si mon raisonnement est juste, cela devrait conduire à une désertification de l’Europe au profit de l’Allemagne. Curieusement, c’était un scénario envisagé par certains penseurs américains de la seconde guerre. A l’époque l’Amérique se demandait comment elle façonnerait l’Europe, de façon à ce qu’elle ne se batte plus. Pour Kennan, notamment, l’Europe continentale était l’espace vital de l’Allemagne. Son champ d’action naturel. L’Allemagne la pacifierait par le travail. Bien vu ?

Thatcher and sons

Le livre qui m’a fait sombrer dans la dépression. La description, par le menu, du plus grand de tous les changements ratés. JENKINS, Simon, Thatcher and sons, Penguin, 2007.

Deux révolutions
Mme Thatcher a gouverné contre son parti et contre une majorité de ses concitoyens. Son règne est marqué par trois victoires. Contre les Argentins aux Malouines, contre le syndicat des mineurs en Angleterre, et contre l’Europe. La première, qui va assurer une survie politique compromise, est due à son incompétence. Ayant terrorisé son cabinet, il n’a pas eu le courage de lui dire ce qui se tramait en Argentine, et comment le prévenir.
Curieusement, elle est hésitante et politique, au sens traditionnel du terme. Le radicalisme des réformes thatchériennes est le fait de ses ministres des finances et de l’éducation, et de ses successeurs. En premier lieu Blair et Brown.
Margaret Thatcher rêve d’une sorte de « dictature de la bourgeoisie ». Elle n’aime ni la haute société, ni les pauvres. Elle veut rendre aux classes moyennes leur dû. Pour cela, elle rompt le « consensus » d’après guerre, l’Etat protégeant la société des aléas du capitalisme.
Le thatchérisme produit « deux révolutions ». D’abord une privatisation massive de l’économie, à prix bradés. Ensuite, paradoxalement, une centralisation sans précédent (y compris en France) de l’Etat. En effet, comme dans le modèle léniniste, pour détruire un ennemi qui s’étend à mesure qu’on le réforme (socialisme, syndicats, universités, démocratie locale…) il faut un pouvoir d’exception. En outre, l’Etat découvre qu’il doit contrôler les monopoles privatisés (par exemple le rail), puisque le marché ne peut pas le faire.

Le totalitarisme du tableau de bord
D’où deux effets léninistes. En premier, une colossale perte d’efficacité de l’Etat. « La centralisation thatchérienne n’a réduit le coût d’aucun programme (pas même du logement). Dans ce dernier quart de siècle, les dépenses publiques n’ont pas seulement cru, en termes réels, elles ont doublé ». Elle vient de ce que le ministère des finances veut tout contrôler. Ce qui est démesurément coûteux (il emploie des nuées de consultants !), et ridiculement inefficace. Surtout, il veut quantifier pour allouer au mieux ses subsides. Jusqu'à la moindre dépense locale. Inconcevable même chez nous ! Le mouvement de libération de l’individu est devenu un flicage totalitaire.

Croisade
Pourquoi n’a-t-on pas réalisé toute l’inefficacité de ces changements ? Parce que le Thatchérisme est un combat. Ses forces du mal sont le service public et la démocratie. Il pense, comme Hayek, que l’avènement de la culture des affaires fera le bonheur collectif. Car elle est honnête. « (Gordon Brown) a mis sa confiance dans le capitalisme comme outil de redistribution sociale, alors que ses prédécesseurs avaient mis la leur dans le service public. » Le changement était un acte de foi. Une nouvelle culture aurait des bénéfices immenses. Pourquoi compter, dans ces conditions ? C’était le pari de Pascal.
Ou de Lénine ? La réforme succède à la réforme. Thatcher et Blair en veulent toujours plus. Aujourd'hui, ils regrettent de ne pas être allés assez loin : c’est pour cela que ça n’a pas marché.

La gabegie
Les cabinets de conseil et les « quangos » sont partout. « Les dépenses en conseil du gouvernement travailliste ont été estimées à 70md£ entre 1997 et 2006 (…) La profession elle-même a estimé que quelques 40% de sa production étaient à destination du secteur public. » Les quangos sont des organismes confiés à des ressortissants du secteur privé. Ils répartissent les fonds publics à usage public, sans contrôle démocratique. On y gagne beaucoup d’argent.
L’administration dépense aussi des fortunes en ordinateurs et en avocats. Souvent pour des projets qui avortent. Les entreprises privées sont comme chez elles dans les ministères. Elles détachent des pans entiers de la fonction publique. Inexplicablement, le nombre de fonctionnaires n’arrête pas de croître.

Thatcher, Major, Blair, Brown… et Sarkozy
Ce que révèle le livre aussi est à quel point Thatcher, Major, Blair, Brown et Sarkozy sont faits du même bois. Fascination pour les riches, haine de l’establishment, aucune culture, mais aussi, et c’est plus surprenant, aucune vision. Ils sont excellents dans les situations de crise. C’est elles qui les gouvernent. Ce sont surtout de vilains petits canards. Thatcher doit sa carrière à ce qu’elle était une femme, et à quelques hasards heureux. Blair à ce que les travaillistes ont besoin d’un renouveau, et qu’il est différent de ses collègues.

L’Europe de Thatcher et maintenant
Lire ce livre permet d'expliquer qui nous est arrivé : nous avons appliqué aveuglément la méthode Thatcher, partout. Certes, mais n’a-t-elle pas réussi en Angleterre ? C’est ce que pense Simon Jenkins. Mais pas moi. Il dit que le Thatchérisme a créé un « nanny state », un Etat nounou. L’Anglais en est devenu totalement dépendant. Je crois qu’il a fait bien plus que cela. Il a infantilisé l’entreprise. Voici ce que disait The Economist, récemment : « Entre 1997 et 2007, la Grande Bretagne a connu un boom, en grande partie dans le secteur public et la construction. Des nouveaux emplois ont été créés par l’Etat, et des cabinets de conseil sont apparus pour répondre aux appels d’offres publics. Le capital et l’emploi ont été aspirés par le boom de la construction. Une grosse partie du boom britannique était lié à l’économie domestique ». Et si le Thatchérisme avait été une bulle spéculative ?

mercredi 6 mars 2013

Chavez et le consensus de Washington

J'entendais dire ce matin que l'élection d'Hugo Chavez avait été l'effet du consensus de Washington. Lorsque le mur de Berlin est tombé, les Américains ont pensé que l'histoire était finie, que le capitalisme avait gagné. Il ne restait plus qu'à l'installer proprement partout. Une série de crises s'en est suivie. La nôtre étant la dernière en date.

En conséquence, les gouvernements libéraux sont tombés les uns derrière les autres. En Amérique du sud, Hugo Chavez n'a fait qu'amorcer le mouvement.

Rejet du capitalisme ? Dans One hundred years of socialism, Donald Sassoon dit que le socialisme a rendu acceptable le capitalisme. Le capitalisme survit grâce à des oscillations gauche - droite ? Le capitalisme, ce sont ces oscillations ? Il en était peut-être de même de M.Chavez. Il était à la fois dictateur et démocrate. Carotte et bâton. Apparente contradiction qui lui a assuré un long pouvoir ?

Vilain petit canard

Pourquoi ne pouvais-je pas supporter l’histoire du Vilain petit canard, dans mon enfance ? Après tout, ne finit-elle pas bien ?

J’en suis arrivé à penser que ce que je ne supporte pas, c’est la haine. Particulièrement au sein d'une famille. C’est un sentiment que j’associe à l’individualisme. L’individualiste n’aime réellement que lui-même. Il n’y a que lui qui existe. Pour le reste, aimer signifie « aimer consommer », comme on aime le poulet, ou « faire le bien », faire de l’autre un pantin.

Le contraire de la haine, l’amour, n’est pas une solution. Aimer quelqu’un qui vous hait est une pathologie. L’antidote à la haine est probablement le respect et la différence. Chaque homme est infiniment complexe et unique, c’est pour cela qu’il est respectable. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas s’en méfier. En particulier s’il est plein de haine. Mais, si vous parvenez à inspirer le respect au haineux, il perdra peut-être un peu de sa haine. Il deviendra un peu moins individualiste.

mardi 5 mars 2013

L'éducation française forme des résistants

Une Américaine s’émerveillait de nos enfants. Alors qu’ils sont impossibles aux USA, en France, ils obéissent. Son explication : chez elle, l’enfant est roi, chez nous, ce sont les parents qui le sont.

Effectivement, notre éducation, nationale ou parentale, vise à la conformité. Cela a un effet inattendu chez l’enfant. Le refus de l’arbitraire et de l’enseignement. Mais aussi une propension naturelle à résister à la tyrannie. Le Français courbe la tête tout en sachant qu’il a raison. Il attend son heure. Il montrera un jour ce qu’il sait faire. Lorsqu’il aura le pouvoir. Lorsqu’il sera enseignant, dirigeant ou parent.

N’ayant pas été de petits rois nous ne croirons jamais pouvoir façonner le monde. Il n’est qu’arbitraire. C’est pour cela que nous ne nous intéressons pas à ses affaires, contrairement à l’Anglo-saxon. Perte de temps. En revanche, nous pensons que nous pourrons tirer profit de ses dysfonctionnements. Ne sommes-nous pas capables d’exploits quand cela nous chante ? Entre les mains d'un Anglo-saxon ou d'un Germain, ce complexe de supériorité, et l’aveuglement qui va avec, nous est fatal. 

lundi 4 mars 2013

Europe : le temps de la dislocation ?

Un article, qui était ce matin dans la Tribune, mais n'y est plus, parlait de coup d'Etat en Espagne. Certains militaires ne seraient pas heureux du séparatisme catalan. Mais ce n'était pas le plus intéressant. Ce que l'article rappelle surtout est que la crise a révélé, comme en Italie (cf. billet suivant), à quel point l'Espagne est fragile, voire pourrie.
Le taux de chômage dans le pays est autour de 26%, avec un taux de chômage des jeunes qui est à près de 60% selon les derniers chiffres. L'actuel gouvernement est aux prises avec un scandale massif de corruption qui semble toucher tous les niveaux de décision au sein du Partido Popular et, enfin, le 23 janvier dernier, l'Assemblée de Catalogne a déclaré solennellement que la région est une "entité légale et politique souveraine". En d'autres termes, la Catalogne est prête à faire sécession. Bref, l'Espagne est au bord du précipice même si on l'oublie trop souvent.
Et il faut ajouter que le roi, qui a évité le précédent coup d'Etat, serait discrédité.

La situation est d'autant plus étrange que le pays a perdu une grande part de sa souveraineté, maintenant entre les mains de l'Allemagne et de la BCE, bien loin des événements.

Les pays européens vont-ils se disloquer ? L'euro fut-il une invention d'apprentis sorciers ?


Clowns italiens et autres histoires

The Economist traite MM.Grillo et Berlusconi de « clowns ». Sans pour autant se montrer inquiet outre mesure, me semble-t-il. La BCE peut maintenir l’Europe à flots. Et M.Grillo n’est pas sans intérêts. Justement ceux qui l’ont fait élire. Il a capté un besoin de la nation (de toutes les nations ?). Un ras le bol des politiciens de carrière, qui ne suivent que leur intérêt. Ses députés devraient voter les lois au coup par coup, et non selon une stratégie prédéfinie. Il faut surtout relâcher l’austérité, pense The Economist. Reste à convaincre l’Allemagne.

L’Angleterre est dans la mélasse. Elle ne sait qu’importer. Sa devise n’a pas fini de sombrer. Le prix de sa dette va-t-il augmenter ? Non, ça va mal partout. En tout cas, peut-être son gouvernement devrait-il faire quelques investissements en infrastructures pour relancer ses affaires ? Dans la série « l’Angleterre aime l’Europe », The Economist est allé à la rencontre des fermiers anglais. Celui qui est interviewé révèle que sans la PAC, « il aurait gagné sa vie seulement durant 5 de ses 21 années de ferme ». On tolère que la France laisse aller son déficit un peu plus longtemps.

Aux USA l’impact du séquestre n’est pas encore clair. The Economist encourage le pays à exporter du gaz, pour se faire de l’argent. Mesure que bloquent les industriels, qui ont peur d’une augmentation des prix de l’énergie, et les écologistes anti-gaz de schiste.

Décidément, The Economist aime l’Afrique. Tout y va beaucoup mieux. Mais sa fortune est essentiellement une question de ressources naturelles. Elle sera durable si elle réussit un changement. Elle doit mettre à profit l’exode rural et une démographie galopante, et éviter qu'ils ne se transforment en une pauvreté explosive. The Economist encourage le continent à créer un marché commun.

La situation iraquienne est extrêmement confuse. Tensions dans tous les sens. Mais le pays semble résister. Quant au Hezbollah, la guerre civile syrienne le met dans une situation délicate. Comment soutenir son dictateur d'allié sans perdre sa légitimité de défenseur du faible ? Que va devenir l’Asie centrale après le départ américain ? Outre l’Afghanistan et le Pakistan, 5 ex républiques soviétiques sont fragiles. « La guerre, elle-même, est une partie du problème, la violence, l’extrémisme religieux et le trafic de drogue conduit par des seigneurs de guerre qui en ont résulté ne respectent pas les frontières ». La Chine pourrait être amenée à calmer une instabilité qui menace ses intérêts économiques.

Entreprises. Hypocrites ? Yahoo veut rapatrier ses employés à distance. Les réseaux sociaux, c’est très bien pour les autres ? En tout cas, il paraît que des études montrent que travailler à la maison améliore la productivité de l’entreprise. Les fonds d’investissement sont partis pour une bulle spéculative. Ils ont 1000 milliards à placer. Et, en plus, à un moment où les entreprises sont chères. L’industrie de la défense européenne devrait fusionner. Cela ferait énormément baisser le coût de sa production. D’autant que le budget européen est réduit de 200 à 170md. Mais, politiquement, c’est compliqué. Les projets communs vont donc se multiplier.
Comment faire qu’une entreprise soit gérée dans son intérêt ? Un actionnariat dilué n’est pas bon pour sa santé. L’actionnaire se vendant au plus offrant. Il n’y aurait peut-être pas de panacée, de structure éternelle. « Différentes sortes d’entreprises sont bonnes pour différentes choses. Les entreprises anglo-saxonnes sont bonnes pour prendre des décisions difficiles. Les entreprises continentales pour faire des investissements à long terme. Les partenariats sont bons pour susciter la loyauté (…) Il serait mieux que (les politiciens) encouragent la diversité, puisque des écosystèmes divers sont bien plus robustes. »
Éternelle question. La machine va-t-elle mettre l’homme au chômage ? On en parle beaucoup aux USA. Apparemment, la question serait mal posée. Un des principaux moteurs de la modification de l’emploi occidental, l’élimination des qualifications intermédiaires, était dû aux délocalisations. La main d’œuvre émergente ayant perdu ses bas salaires, les entreprises occidentales vont recommencer à employer leurs concitoyens et à investir pour les faire gagner en productivité.
Pourquoi les Américains ont-ils défait les Allemands. Ces derniers étaient supérieurs dans leur art de la guerre, en particulier dans leur « capacité de se relever d’un revers et de contre-attaquer ». C’est le complexe militaro industriel américain qui a gagné, et en particulier ses ingénieurs du BTP de marine. Ils ont bétonné sa marche vers la victoire.