vendredi 21 juin 2013

Hannah Arendt, rejet de la science et Pygmées

Parmi les provocations d’Hannah Arendt, il y a ce qui m'apparaît comme un rejet de la science. Mais, peut-on s’opposer à un mouvement aussi puissant ? Ne répond-il pas à une sorte de besoin irrépressible de l’homme ? me suis-je demandé. (L’affaire n’est pas aussi claire : elle traite Heidegger, qui voulait revenir à une sorte de Moyen-âge, de « dernier des romantiques ».)

Son argument : l'homme est conditionné par son environnement. Ce qui fait l'homme est une communauté. La vérité est définie par ce que ce groupe est d’accord pour dire qu’elle est vraie. A partir du moment où l’homme, à cause de la la lunette de Galilée, a découvert ce qu'il ne pouvait pas voir, et a commencé à douter de ses sens, c’était fini. La vérité n’était plus celle du groupe. Elle lui était extérieure. L’homme n’était plus homme.

Mais voilà que je me suis mis à discuter avec un ethnologue. Il a vécu chez les Pygmées. Et je comprends que les Pygmées partagent le point de vue d’Hannah Arendt. En effet, on a des preuves qu’ils ont renoncé à une forme de progrès (la métallurgie). Mieux, ils ont mis en pratique une idée qui semble capitale chez Hannah Arendt : le monde comme un ensemble de communautés. La forêt serait un écosystème de communautés, humaines ou animales. Chaque communauté connaît les lois du comportement des autres et agit en fonction. Pour le reste, rien de ce qui nous tourmente (par exemple la peur de la mort) ne trouble le Pygmée. Son bien suprême est la joie de vivre. Ou était. Car il a été liquidé par le progrès, qui a abattu sa forêt.

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