jeudi 1 août 2013

Y aurait-il deux rationalités?

En relisant des notes, je tombe sur une curieuse histoire. Au début, un dirigeant veut transformer une société. Ses collaborateurs s'opposent à son projet. Ils avancent des arguments très cohérents pour justifier leur point de vue. Le changement réussit. Tout le monde est maintenant pour. Mais personne n'a le sentiment d'avoir perdu la face. Ce qui est un phénomène que j'ai souvent rencontré. Je me demande si ce paradoxe ne s'explique pas par deux types de raisonnement.
  • Le faux raisonnement. C'est en fait une rationalisation. Avant l'arrivée du dirigeant, l'entreprise était paralysée, subissant restructuration sur restructuration. Elle avait inventé une raison pour son impuissance : les pays émergents allaient faire disparaître son marché. Il n'y avait rien à faire. Son raisonnement semblait étayé. Mais ne tenait pas à l'analyse. Le faux raisonnement justifie le statu quo. Mais c'est aussi un aveu de faiblesse et un appel à l'aide.
  • Le vrai raisonnement. Il fonctionne à l'envers du faux. Il part d'une intuition, et il la justifie par la raison. C'est d'ailleurs comme cela que fonctionnent les mathématiques. Elles ne vont pas en ligne droite vers la seule bonne solution. Elles ont l'intuition de cette solution, et la démontrent à reculons. On retrouve là la différence que Weber fait entre le savant et le politique. Le politique a l'intuition, et le savant lui dit comment la réaliser. 
Cela reflète probablement le fonctionnement du cerveau. Sa partie primitive, irrationnelle, est celle de l'intuition. Sa partie plus récente est celle de la justification.

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