samedi 31 mai 2014

UE et politique de concurrence

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le souci de la concurrence qu'a l'UE n'est pas un phénomène nouveau.
  • Initialement, la France semble avoir été inquiète de la puissances de l'industrie allemande, et avoir voulu la découper en morceaux. En particulier la pensée socialiste voit d'un mauvais oeil les cartels. 
  • Puis est arrivé "l'ordolibéralisme" allemand, qui semble un (néo ?) libéralisme plus ou moins utopique. C'est la généralisation du modèle allemand. L'Etat est un régulateur qui s'assure que les armes sont égales. Pour le reste, c'est la liberté. 
  • C'est alors le tour du néolibéralisme anglo-saxon. La libre concurrence signifie le laisser faire. Rien ne doit entraver l'innovation (qui peut être le fait d'une grande entreprise). Etat minimum.
  • Aujourd'hui, on se préoccuperait à nouveau de politique industrielle, ce qui suppose une forme de protectionnisme. (Influence chinoise ?)
Je déduis de tout ceci que les politiques varient au gré de préoccupations à court terme. Et que nous ferions bien d'adopter une vision moins myope de l'évolution des événements. Nous avons un point de vue local et statique. Nous ne savons pas assez comment pensent nos partenaires (cf. l'ordolibéralisme), et nous ne comprenons pas que des idées se succèdent aux commandes du monde.

(Référence : Laurent Warlouzet, « La politique de la concurrence en Europe : enjeux idéologiques », La Vie des idées, 23 mai 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-politique-de-la-concurrence-en.html)

vendredi 30 mai 2014

Manipulations en France

Vivrions-nous un grand moment de mépris de la démocratie ? Deux événements récents illustrent parfaitement les techniques de communication de crise. Plus exactement, comment jouer de la désinformation.
  • On nous dit que la SNCF a commandé des trains trop larges. Le peuple se déchaîne : incompétence ! Apparemment non. Le choix était délibéré, rationnel et connu depuis longtemps. L'opinion aurait été sciemment manipulée par les collectivités locales en guerre contre la SNCF. Question d'argent. 
  • Attaque des Chambres de commerce. Incompétence, ne servent à rien ! L'opinion s'en donne à cœur joie. Pas si simple. La CCI apporte à l'entreprise et au tissu économique des services que ne sait pas leur donner l'Etat. C'est pour cela que, partout dans le monde, se sont créées des chambres de commerce. Une partie de leurs difficultés vient de ce que, exception française, elles sont chez nous des courroies de transmission pour l'Etat. Aujourd'hui, celui-ci, qui a un besoin désespéré d'argent et qui croit en trouver chez elles, leur reproche la mauvaise gestion qu'il a fait d'elles. A cela vient s'ajouter la Région. C'est elle qui est une des grandes raisons des dettes françaises. Car chaque Région a cru bon de dupliquer les services de l'Etat. Plutôt que de s'amender, elles veulent dépecer la CCI. Pour, éventuellement, faire ce que faisait la CCI en bien plus dispendieux ? 
Bref la puissance publique nous considère comme stupides. Et joue sur cette stupidité. Qu'elle ne vienne pas pleurer si, demain, elle découvre que nous nous comportons de manière vraiment stupide.

(Références : des trains larges ; des CCI (Les Echos) ; CCI (La Tribune) ; sur la communication de crise et des exemples illustrant la technique de nos gouvernants : REGESTER, Michael, LARKIN, Judy, Risk Issues and Crisis Management: A Casebook of Best Practice, Kogan Page, 3ème edition, 2005. En tout cas, nous sommes bien médiocres par comparaison au talent anglais...)

L'école est devenue irréformable ?

68 semble avoir mis un terme aux réformes de l'école. Avant, la réforme faisait consensus. Depuis, elle fait aussi consensus, mais contre elle.
non seulement les attentes quant à l’école s’accroissent et s’avivent, mais elles sont contradictoires : mixité sociale et libre choix, sanctuarisation et ouverture, autonomie et crainte d’un système à plusieurs vitesses.
(Référence : Ismaïl Ferhat, « Réformer l’école ? », La Vie des idées, 21 mai 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Reformer-l-ecole.html)

jeudi 29 mai 2014

Le changement vu du dirigeant : le témoignage de François Bourgeois

Second billet consacré à François Bourgeois. Il est au pied du mur. Le changement comme si vous y étiez…

A quoi ressemble la société dont vous prenez les commandes ?

C’est le premier éditeur professionnel de Belgique, filiale d’un groupe international. Son chiffre d’affaires est de 120 m€, dont 100 d’abonnements à des ouvrages essentiellement de droit social et fiscal. Les 20 autres sont tirés d’activités de formation et de la vente de software pour experts comptables. La société compte environ 850 salariés. Elle résulte d’acquisitions passées et qui n’ont jamais été vraiment intégrées.
Ses difficultés sont profondes et portent sur l’ensemble des dimensions de l’entreprise : inadaptation de l’offre aux besoins des clients, retard sur le online publishing, forts taux d’attrition résultant d’une politique commerciale « hit and run », désorganisation de la supply chain et délais majeurs de production, faiblesse des outils (12 systèmes interconnectés émanant d’acquisitions passées et jamais intégrées).
En termes financiers, le CA est stable mais des augmentations tarifaires massives et intenables à terme masquent une décroissance organique annuelle de plus de 10%... Les coûts explosent, et bien que la société soit toujours « in bonis », plus de 50% de l’EBIT a été perdu en 2 ans, et sa chute promet d’être exponentielle !

Que trouvez-vous en arrivant ?

Ces diagnostics sont bien sûr posés depuis longtemps et de nombreuses initiatives ont été demandées par mon prédécesseur à l’ensemble des départements de l’entreprise. Faute de suivi et d’arbitrages, celles-ci s’étiolent et les équipes perdent confiance. Il a en outre engagé un plan de départs volontaires… négocié en une demi-heure en acceptant toutes les demandes syndicales, ce qui en a fait le 2ème plan collectif le plus cher de l’histoire sociale belge ! Il ne l’accompagne d’aucun suivi organisationnel. En conséquence le 31 juillet la moitié des équipes de production quitte définitivement l’entreprise, l’autre moitié est en vacances et la société ne produit donc plus et ne facture que 25% de son objectif mensuel en août… Ça ne s’invente pas…
Je trouve donc à mon arrivée la société en état de crise, et l’impatience des équipes n’a d’égale que celle de l’actionnaire ! La pression est forte d’agir il faut stopper l’hémorragie et préserver le court terme, tout en engageant un travail de fond pour redresser la situation de façon durable.

Un point très positif, essentiel même : je suis accueilli par un Comité de Direction compétent, motivé et en attente d’un leader pour trancher, arbitrer et porter des décisions difficiles. Au sein des équipes que je rencontre toutes rapidement, je perçois également une réelle motivation de progrès.

Paralysie. Ça a l’air inextricable. Que faire ?

Dans un premier temps, des mesures ponctuelles : il faut profiter de mon arrivée pour apporter des solutions financières de court terme et recréer une confiance et une dynamique de progrès. J’engage donc un plan de réduction très significative des coûts de structure et coupe, avec le Comité de Direction, toutes les dépenses inutiles.
J’engage également un dialogue franc et ouvert avec les représentants du personnel, dûment et régulièrement informés de la situation de l’entreprise et des actions que nous engageons.

Enfin, nous établissons un plan structurel, baptisé « Metaplan » pour illustrer l’intégration et la coordination en une seule démarche des nombreuses initiatives prises dans les départements. Le Metaplan consiste à identifier, direction par direction, les modifications à apporter aux process et outils opérationnels quotidiens pour permettre une baisse significative des coûts : coûts de structure et de fonctionnement, coûts salariaux. Cette refonte des process reste toutefois guidée par les progrès à réaliser dans tous les domaines pour permettre le retour à la croissance organique. L’ensemble des travaux, compilé par les consultants qui ont également traité les interdépendances et la cohérence de l’ensemble, a permis la présentation d’un plan stratégique comprenant un plan social de 146 équivalent temps plein étalé sur 6 trimestres et identifié à l’unité et au trimestre près par direction. Ce plan était suivi d’actions clairement identifiées permettant une relance complète de l’activité : simplification de l’offre, innovation par la migration numérique des produits, relance commerciale et refonte des SI.

Donc, maintenant vous avez un plan. Et après ?

La première étape a consisté à présenter le plan et son volet social aux représentants du personnel et à l’ensemble des équipes et de leur management, puis à engager la négociation sociale. En parallèle se mettaient en place les projets de migration numérique et les travaux de MOA de la refonte des systèmes informatiques qui constituait un élément essentiel de la faisabilité du plan.
Après cette première phase d’environ 6 mois, la mise en œuvre proprement dite s’est articulée en 6 projets suivis par le Comité de Direction et coordonnés par un PMO qui m’était directement rattaché. Ces projets étaient : la refonte de l’offre éditoriale avec la suppression d’un tiers des références produites et un programme de standardisation des produits en 13 références pré-identifiées ; la migration vers le online publishing ; la création d’une Direction commerciale et la révision de la politique commerciale (segmentation des clients) ; le développement des softwares comptables vers des fonctionnalités de workflow ; la mise en place d’un SI unique SAP ; la refonte et la renégociation des conditions de rémunération variable.
Ces projets faisaient l’objet de points d’avancement hebdomadaires (en CoDir) et mensuels (avec l’actionnaire et avec le CE). Il ont été, c’est primordial, largement présentés et relayés auprès du middle management et des équipes « terrain ».

Résultat ?

Le Metaplan a été présenté à l’ensemble des personnels, qui y ont retrouvé certaines de leurs initiatives. Son caractère 360°, sa précision concrète et les réponses qu’il apportait à l’ensemble des problèmes vécus par les équipes a permis son acceptation et a facilité la négociation du plan social qui en était la première et plus difficile étape. L’actionnaire a accepté le plan qui comprenait pourtant de nombreux risques d’exécution, politiques et financiers.
Les projets ont été réalisés sans dépassement de budget mais avec un léger retard (principalement dû à la partie « progiciel de gestion »). Et l’ensemble des équipes s’est remise au travail et a abandonné les innombrables réunions projet « locales », très chronophages !

Et comme il n’y a de progrès que si il est mesurable, la rentabilité a été structurellement augmentée de plus de 50% et l’entreprise a retrouvé la croissance organique dans les délais prévus.

Comment éviter une répétition de la crise de l'euro ?

Qui a causé la crise de l'euro ? Article de Vox

Si je comprends bien, la création de l'euro a créé des conditions qui ont donné un avantage unique aux banques de l'Ouest (notamment France). Elles avaient intérêt à prêter à l'Est. Résultat : bulle spéculative. Bref, tout le monde est coupable, sans vraiment l'être. Une fois le mouvement enclenché, il devait être quasiment impossible de l'arrêter. Enseignements que j'en tire ?
  1. Notre cure d'austérité était une mauvaise idée, il aurait mieux valu répartir la réparation de la crise entre débiteurs et créditeurs. Cela aurait été, probablement, dans l'intérêt de tous. En particulier, nos banques doivent aujourd'hui être saturées de comptes douteux, ce qui les empêche de prêter. (Mais elles ne le disent pas.)
  2. Nous aurions surtout besoin de systèmes qui permettent de détecter le risque de tels phénomènes, de façon à agir tant que nous le pouvons encore.
Ce second point me rappelle une mission que j'ai menée dans l'équipement automobile. Il s'agissait d'éviter que certains programmes ne "dérapent" (les conséquences pouvant être désastreuses pour l'entreprise). Problème, elle gère des centaines de programmes. La solution trouvée est contre-intuitive :
  1. Mesurer (empiriquement) la "complexité" du programme. Étalonner l'échelle de mesure par rapport à des programmes connus. 
  2. Pour les programmes complexes, mettre en place un système de suivi par le top management. En effet, ce qui produisait les dérapages était à la fois la non consolidation de "signaux faibles" en un signal d'alarme clair et fort, mais aussi l'incapacité d'agir des responsables du programme, faute de pouvoir. Curieusement, c'est une mesure qui ne coûte rien.  
Cette philosophie ne pourrait-elle pas être reprise lors des changements de l'UE, pour les préparer ?

mercredi 28 mai 2014

La Religion et la philosophie comme conservatismes ?

Curieuse idée de John Dewey (billet précédent). Notre religion et notre philosophie font l'hypothèse de l'abstraction. Il existe un bien absolu (cf. les "idées" de Platon). Quel peut-il être sinon les principes qui fondent la culture de la classe dominante ? Religion et philosophie instrumentalisés par les dominants ?

En fait, il me semble plutôt que nos biais de pensée nous poussent au totalitarisme. Chaque groupe pense détenir la vérité. L'abstraction n'est peut-être pas tant la recette du conservatisme que celle de la guerre fratricide.

Les conséquences imprévues du processus démocratique

Conséquences imprévues de la démocratie. Elections municipales, le PS nomme premier ministre un politicien qu'il exècre. Elections européennes. Le PS perd à nouveau, mais c'est l'UMP qui explose, et ses dirigeants, qui semblaient n'avoir rien à craindre, qui sont torpillés.

Au fond, l'opinion n'a-t-elle pas réussi ce qu'elle cherchait ? Un renouvellement du monde politique ? Et ce sans aucun pouvoir, de manière totalement indirecte. Façon billard. 

Mais il y a un risque. Que le politique confonde le message avec sa signification. Et que son comportement devenu irresponsable, donne un spectacle qui amène une forme de prédiction auto réalisatrice. S'il pense que nous voulons le FN, nous aurons le FN. Ou pire. 

John Dewey, pour débutant

John Dewey (1860, 1952) est un des philosophes américains les plus importants. Parti de la psychologie, il remet en cause la pensée occidentale. Pour lui, il n’y a pas de lois absolues qu’il s’agirait de trouver pour faire un monde idéal. De même qu’il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit. L’homme est un processus, une transformation continue, « l’expérience », qui se fait en interaction permanente avec le reste du monde. Cette théorie est le pragmatisme.

De là, il apporte une solution nouvelle à beaucoup de problèmes anciens.

Il n’y a, donc, pas de vérité absolue. La pensée, la connaissance, naît du changement. Périodiquement l’homme se trouve en « déséquilibre ». Ses « habitudes » sont impuissantes. Il doit chercher comment se tirer d’affaire. Le processus pour ce faire est « l’enquête », dont une forme est la science. L’intelligence est la capacité à mener cette enquête. Au fur et à mesure de ces expériences, l’homme « croît », il s’enrichit. Pour se développer harmonieusement l’individu a intérêt à expérimenter aussi largement que possible.

Aussi, l’homme doit chercher des outils de plus en plus puissants pour mener cette enquête et réaliser ces changements. On parle « d’instrumentalisme ». A noter que l’enquête est avant tout collective.

Dans ces conditions, la philosophie doit avoir pour objet de permettre à l’homme de résoudre les problèmes qu’il rencontre. Elle ne prétend pas à l’absolu. Elle ne fournit que des théories provisoires. Elle vise surtout à donner des outils d’enquête. Et, la morale, l’éthique, devient la recherche de l’action adaptée à une situation donnée. 

L’éducation est fondamentale (Dewey fut un pédagogue). Elle doit avoir pour but de révéler le potentiel de l’homme. Elle doit le préparer à mener l’enquête (collective) qui construira son identité. Elle doit en faire un homme complet, familier avec toutes les dimensions de la vie. Corollaire : la formation n’est pas un bourrage de crâne, elle doit s’appuyer au mieux sur les motivations de l’individu.

Dewey semble concevoir l’esthétique, l’art, comme une sorte d’idéal type de l’expérience. Elle a donc une vertu pédagogique, que facilite la critique d’art (résultat d’une enquête). Inversement, chaque expérience est une œuvre d’art.

Pour lui, la fonction de la religion est de conserver les valeurs de la société. Du coup, elle est devenue un frein au progrès, la négation de l’expérience, et le moyen pour les puissants de défendre leurs intérêts. La réelle religion devrait donc être l’esprit qui pousse l’individu dans sa quête.

Quant à la démocratie, c’est le moyen optimal pour développer, collectivement, l’individu.

Le livre: HILDEBRAND, David, Dewey, a beginners guides, Oneworld, 2008.

(Remarque. Cette pensée me semble très proche de la pensée chinoise.
Rechercher l’efficacité harmonieuse entre l’action individuelle, la situation où elle s’applique et le moment où elle s’insère était considéré par Confucius comme l’acte moral par excellence.
A la différence, qu'il me semble que J. Dewey voit le changement comme une croissance, alors qu'il est une répétition, pour la Chine.

En tout cas, je crois que mon expérience personnelle m'amène à des conclusions identiques...)

mardi 27 mai 2014

Des inégalités qui se cachent ?

Le débat sur les inégalités fait rage aux USA. En serions-nous revenus aux années 20 ?

  • Aux USA, les 0,1% les plus riches (fortune de plus de 20m$) se seraient massivement enrichis. Leur part de la richesse nationale serait passée de 10% à presque 25%. Mais, le phénomène ne serait pas sensible au dessous. Il serait donc fortement non linéaire. Donc difficile à percevoir. (L'enrichissement serait encore plus frappant pour les 0,01% les plus riches (100m$). Référence.)
  • Mais pas de retour aux années 20. Car, aujourd'hui l'Etat vient beaucoup plus qu'alors au secours des indigents. La sécurité sociale rend moins graves les inégalités. (Et aussi moins perceptibles.)

Pourquoi big data est-il une farce ?

Sur le site des 3 Suisses, je donne un coup d'oeil à un article. Je décide de l'acheter ailleurs. Je n'en ai donc plus besoin. Pourtant, depuis, il me poursuit. Il réapparaît sur chaque site web que je fréquente. Voilà Big data et ses effets.

Pourquoi Big data est-il une farce ? Réponse d'un article : parce que les informaticiens veulent faire des choses trop compliquées. Parce qu'ils sont programmés pour cela. Or, ce qui marche est simple.

(Cela me rappelle ma jeunesse. A l'époque je m'occupais d'algorithmes. Et mon combat, c'était cela. Faire simple alors que tout le monde voulait utiliser des méthodes délirantes. Une anecdote parmi d'autres. Programme de placement de robot. On vous donne un robot, ce qu'il doit faire. Où le mettre ? Il suffisait de remarquer que l'on savait à peu près où se trouvait le pied du robot, pour qu'un travail infructueux de 3 ans soit fait en une semaine, en partant de zéro. Mes prédécesseurs désiraient, quant à eux, appliquer les résultats d'une thèse.)

Le modèle politique français

Histoire de l’évolution de notre modèle politique depuis la révolution. Histoire d'une tension permanente. Un modèle théorique, le modèle jacobin ou « de la généralité » en lutte contre le retour de la société de « corps » d’ancien régime. Ou contre l'émergence d'une société civile ?

Le modèle Jacobin veut qu’il n’y ait que des individus et un tout (l’intérêt général), et rien au milieu. Négation de la notion de société civile. Cela ne peut pas fonctionner. Alors, il faut aménager cette fiction en y introduisant des corps intermédiaires qui ne disent pas leur nom. L’exception française c’est cela. Croire à une fiction. Et, quand on est poussé par la nécessité, faire des réformes sans le dire, pour ne pas dissiper l’illusion. Curieusement, la critique de cette fiction, personnalisée par Tocqueville ou Burke, a contribué à son succès.

D’ailleurs ce modèle est robuste. Il se réinvente en récupérant l’argumentation adverse pour la repeindre à ses couleurs. Y compris ses opposants les plus farouches (dont Tocqueville). Car il possède une extraordinaire séduction pour le gouvernant. Il lui donne tous les pouvoirs. Il lui fait croire que l’intérêt général, c’est lui ! Pourquoi ? Parce qu’il possède une formule mathématique qui lui permet de réaliser le bonheur général. Lois de la nature en 89, lois de l’économie après guerre. Ce qui fait l’incroyable durabilité du modèle jacobin, c’est son vice : le totalitarisme !

Démarrage en 89. On croit pouvoir créer une nation idéale à partir de quelques lois venues de la raison. Le peuple, inculte, décide par plébiscite. Pour apporter un peu de cohésion à ce désert affectif, on décrète la fraternité, on sacralise la famille, on organise des fêtes.

On réalise vite le danger de cette dissolution sociale. On réclame le retour à des corps intermédiaires. Beaucoup de bruit pour rien. On établit, au mieux, des comités électoraux pour guider les électeurs. Le jacobinisme se réinvente. On découvre ses mérites gestionnaires et organisationnels. Le gouvernement devient représentatif.

Mais, cet Etat tout puissant, à qui l’on demande de plus en plus, menace de déboucher sur le communisme. C’est alors qu’apparaît la nécessité de créer des syndicats (1884). Cette fois-ci pour encadrer les mouvements ouvriers. Violents et anarchiques. Entre-temps on a découvert la sociologie, et qu’une société d’individus, ça n’existe pas dans la nature.

Pour autant, les associations n’émergent pas. Certes, une loi finit par être votée (1901). Mais elle définit l’association comme un contrat entre individus. Elle sera toujours le parent pauvre des syndicats (pourtant révolutionnaires !). Les communes, elles-mêmes, ne sont longtemps vues que comme des unités gestionnaires. On n’y fait pas de politique.

En fait, l’association est instrumentalisée. Au lieu de représenter une communauté, elle est l’auxiliaire de l’Etat. Les corps d’Etat en sont l’idéal type. L'Etat devient « Etat réseau ». Le corporatisme d’avant guerre, institutionnalisé par Vichy est rebaptisé en multiples « ordres » dont nous avons hérité. Après guerre, l’Etat devient planificateur.

Cependant, à partir de 1975, les associations vont connaître un réel essor. Cette fois-ci, elles deviennent des représentants de groupes de citoyens.

Et aujourd’hui ? Alors que la globalisation remet tous les ordres en cause, partout dans le monde, nous sommes corsetés dans notre fiction de la généralité, qui bloque tout débat rationnel, et qui force à la réforme en sous-main, réforme dont les implications ne sont jamais formulées.

(ROSANVALLON, Pierre, Le modèle politique français, Seuil, 2004.)

lundi 26 mai 2014

UE : parlement aux mains de l'Allemagne ?

Déprimant. L'Allemagne domine le parlement européen. Question de culture. Le politique allemand fait une carrière européenne, et joue l'équipe. Le parlementaire français est un parasite dont seul l'intérêt personnel compte. D'ailleurs, être compétent est le meilleur moyen de se faire liquider par son parti. S'ensuit des conséquences désastreuses.

L'article de Jean Quatremer.

Interrogation sur le développement durable

Nous découvrons aujourd'hui que l'homme est un écosystème. Or, la révolution pastorienne a consisté à détruire une partie du dit écosystème. Il n'est pas impossible que cela finisse par nous coûter cher. Mais, d'un autre côté, nous ne pouvions peut-être pas faire autrement, car l'invention de l'agriculture a créé tout un tas d'épidémies qui nous décimaient.

Ce n'est pas que le capitalisme qui fonctionne par destruction créatrice, mais la civilisation elle-même, me semble-t-il. Son principe paraît être "ce qui ne tue pas renforce". Nous agressons la nature, qui nous le rend (au centuple ?), ce qui nous force à évoluer, dans la douleur. La science de l'ingénieur est une illustration de ce principe. C'est l'art de l'approximation. Quant à ses conséquences, elles seront payées par nos descendants.

Mais ce processus peut-il se poursuivre éternellement ? Et si, au prochain match retour, la revanche de la nature était d'une brutalité dont notre espèce n'arrive pas à se relever ? Ne serait-il pas temps de réfléchir à un mode de développement qui remplace l'agression aveugle par une forme de coopération ? Est-ce cela le développement durable ?

(Sur ce thème, voir les travaux de Spencer Wells. Prolongement de mon billet sur croissance et résilience.)

dimanche 25 mai 2014

Elections européennes : acte manqué ?

Bureau de vote, il y a peu. Je n'ai jamais vu autant de bulletins. L'Europe intéresse bien plus les partis ou mouvements divers que les électeurs ! Y aurait-il un lien de cause à effet ? Comment identifier, simplement, ce qui appartient au parti pour lequel on veut voter, là dedans ? Sans compter que les têtes de liste sont des inconnus et que, contrairement à ce qui se passe d'ordinaire, je n'ai pas reçu les bulletins, avec la profession de foi du parti correspondant, au préalable. (Dysfonction ?)

Les partis de gouvernement chercheraient à se faire ridiculiser qu'ils ne feraient pas mieux. Pourtant, Jean Quatremer me semble très bien montrer que les enjeux de l'UE sont assez importants pour nous préoccuper. Et prouver que ce n'est pas une élection sans enjeux pour nous. Alors, nos politiques sont-ils totalement coupés de nos réalités ? Autre explication ?

L’Inde a besoin d’un as du changement ?

L’Inde élit M.Modi. Un autocrate. Elle a voté pour le développement économique et a éjecté le clientélisme féodal du Parti du Congrès. M.Modi doit transformer l’Inde en usine du monde, alors que le « pays a oublié, purement et simplement, comment travailler ». Et qu’il semble un enchevêtrement invraisemblable. (Changement compliqué ?) En mer de Chine, les pays de la Région semblent impuissants face au bon plaisir du monstre chinois. Coup militaire en Thaïlande. Raison : mettre un terme au blocage actuel ? Ou intervenir avant qu’un prince héritier faible ne prenne le pouvoir ? L’Arabie saoudite investit à la maison.

L’UE parle un anglais corrompu par le français (une façon de faire fuir l’Angleterre ?). Elections européennes. En Italie, lutte entre M.Grillo et M.Renzi et ses réformes. La République Tchèque est anti-européenne. Le PS français semble être le parti de gouvernement dont la situation, eu égard à ces élections, est la plus difficile. L’armée est un élément central de la politique russe. Elle doit lui permettre d’intervenir dans son voisinage, de tenir en respect ses minorités, et de la défendre de la Chine – mission de ses missiles nucléaires. Chine avec laquelle elle tente de s’entendre pour faire pièce aux sanctions de l’Ouest. La Lybie est divisée entre islamistes et anti-islamistes. Devant la chienlit actuelle, le second camp est tenté par un coup. Avec l'assentiment de l’Algérie et de l’Egypte. D’où guerre civile ?

Les entreprises chinoises déposent beaucoup de brevets. Lenovo est le champion du PC. Il pense assurer son développement grâce à l’innovation. Il semble surtout un champion de l’exécution efficace de stratégies industrielles. Aux USA (seulement ?), Télécom et TV fusionnent, pour disposer d’offres globales. Les journaux sont toujours au milieu du gué numérique. Le journaliste doit s’imprégner des nouveaux usages du marché. Big data dans l’agroalimentaire. Les données que possèdent l’industrie lui permettent de dire à l’agriculteur quoi, quand et où planter (« prescription planting »). Mais l’agriculteur se méfie. Il a peur d’être le dindon de la farce. Les banques européennes (Crédit Suisse, bientôt BNP) ont maille à partir avec la justice américaine. Ses jugements semblent marqués par l'incohérence. (Pragmatisme, c'est-à dire, coup par coup ?) Pour faire plaisir à leurs actionnaires, les laboratoires pharmaceutiques ont liquidé leur recherche. Ils doivent maintenant trouver des fournisseurs de nouvelles molécules.  

Pour défendre les ordinateurs des pirates, deux versions d’un même programme ne doivent pas se ressembler. Il suffit pour cela de le demander aux compilateurs. On cherche à produire à simuler le système nerveux d’un ver. 

Croissance et résilience.

Qu'est-ce que la croissance ? Ce blog s'interroge régulièrement sur cette question. Dernière livraison :

La société est faite par une bataille entre idées. L'idée qui donne un avantage à un groupe humain gagne. Soit elle permet au dit groupe humain de dominer les autres, soit elle est adoptée par les dits autres. Jusque-là, rien de nouveau, c'est la théorie de memes de Richard Dawkins. (L'exemple de l'Arabie Saoudite.)

Cet avantage c'est la résilience. C'est à dire la capacité à utiliser l'aléa, le choc, pour se développer. Croissance. Cette idée de résilience résout de manière inattendue un problème apparemment insoluble. La cohabitation de la sélection naturelle, à court terme, avec un nécessaire souci du long terme. Adam Smith parle de "main invisible" du marché. La résilience n'en a pas besoin. La résilience fait que l'avantage à court terme est aussi un avantage à long terme !

Qu'est-ce que la résilience ? C'est une sorte de capital de transformation, une accumulation de savoir faire, d'expérience. (Je serais bien incapable de le mesurer, malheureusement.)

Autrement dit, la croissance, la vraie, serait l'augmentation de la résilience de l'espèce humaine. Plus nous croissons, plus nous devenons indestructibles. Puisque les chocs nous renforcent.

Application. L'individualisme occidental aurait pris l'avantage sur les autres cultures par le capitalisme qui est justement une accumulation. Comme le dit un précédent billet, il est possible qu'il ait permis une croissance de capacité de production. En effet, la machine, en particulier, permet d'emmagasiner du savoir-faire. Mais aussi (transport, Internet) de relier les hommes partout dans le monde, et de les faire profiter de leur savoir collectif. Et la médecine et le bien être, parce qu'ils augmentent le nombre d'individus et leur durée de vie, font croître la base installée de connaissances et de production de connaissances.

Cependant le problème de l'individualisme est que lorsqu'il manque d'opportunités externes, ou de génie, comme aujourd'hui, il se retourne contre la société et la détruit.

(D'une certaine façon, le PIB, et le mécanisme d'échange qu'est le marché sont des approximations de ce phénomène.)

samedi 24 mai 2014

Réinventons le Monopoly

Comment rapprocher le Monopoly de la réalité ? se demande un article. Les joueurs possèdent des start up, la banque est une banque d'investissement. Le banquier devient un joueur actif. Et tout le monde s'endette. Ce qui est probablement l'aspect le plus intéressant du jeu.

Bonne idée, me suis-je dit. Avec un Monopoly aux règles simples, il doit être possible de gagner une sorte d'intuition de ce qui se passe dans le monde de la finance. Demain, un Monopoly, avec des organismes financiers dont tout le jeu est de spéculer en abusant le marché, des Etats et des banques centrales, et des crises ?

vendredi 23 mai 2014

Moldavie ou le changement en Europe

Qu'est-ce que la Moldavie ?
  • Un pays divisé entre pro Russes et pro Ouest.
  • Des subventions de l'UE fournissent un quart des revenus de l'Etat.
  • Des oligarques qui jouent habilement sur les deux tableaux. 
Toujours les mêmes forces en jeu ? Le changement voulu par les USA, libéralisation totale, a raté. Il en est résulté des oligarques, et une Russie qui essaie de rattraper ce qu'elle pense son bien. Les USA, comme ils l'ont toujours fait dans leur histoire, se désintéressent du problème. C'est maintenant à l'UE de s'occuper de la poudrière qu'ils ont laissée.

Il y a loin de l'intention à l'action

J'interroge 9 amis. Qui veut publier un article avec moi ? Sondage anonyme. 5 disent oui, 2 disent non, 2 ne répondent pas. Deuxième acte : prise de rendez-vous. 0 volontaire. (Pas grave, l'article était écrit. Au fond, j'avais plus à perdre qu'à gagner dans l'affaire. Mais que ne ferait-on pas pour des amis ?)

Voila une histoire qui en dit probablement long sur l'homme, et sur ses difficultés à mettre l'action en ligne avec l'intention. Cela en dit peut être aussi beaucoup sur la capacité des sondages à prédire un vote. (Et encore plus sur la France ?)

jeudi 22 mai 2014

François Bourgeois, le dirigeant et le changement

Dans la série que ce blog consacre, de temps à autres, au dirigeant et au changement, voici François Bourgeois. François Bourgeois est un citoyen belge. Il a redressé plusieurs sociétés dans le monde des médias. Ce premier billet parle des principes de sa méthodologie. Le prochain illustre son approche.

Quand vous prenez la direction d’une entreprise (en difficulté), qu’est-ce qui vous guide ?

Voilà une de mes phrases fétiches : « pour faire mon métier il faut aimer les problèmes et aimer les gens, les problèmes parce que c’est pour les résoudre qu’on nous paie, et les gens parce que sans eux on ne peut les résoudre ». Alors oui j’aime les gens et j’ai un a priori de confiance. Mais pas béate, ni sans système d’engagement et de contrôle.
Et aimer les problèmes c’est en parler avec les gens : donc il faut bien les connaître. Alors pour les sujets sur lesquels j’estime devoir intervenir je les traite à fond, sinon je ne suis pas un interlocuteur de valeur pour celui qui les porte. Donc assez « hands on » quand même et c’est un défi (ça a été une source d’échecs) de faire comprendre au responsable direct que je ne me substitue pas à lui, mais que je cherche à me mettre à son niveau pour avoir sur un problème lourd un dialogue porteur d’une solution de qualité.

Quel est le rôle du dirigeant dans le changement ?

Je n’aime pas trop la référence au timonier : disons plutôt que je cherche à emmener les équipes sur le chemin qui va de la réalité au Powerpoint, puis du Powerpoint à la réalité. Je laisse l’exécution à l’équipe, mais pas la gestion de cette exécution, ni son calendrier
Le capitaine n’est pas jugé sur la qualité de sa sortie du port, mais sur le fait qu’il arrive avec cargaison, bateau et équipage, à bon port. Donc la notion de responsabilité est essentielle et il faut se donner les moyens de l’exercer par une grande vigilance à des événements externes graves et un bon contrôle (au sens anglo-saxon du terme) des opérations de l’entreprise et de son processus de changement
Gérer le changement c’est piloter avec un œil sur le moyen terme mais c’est le court terme qui régit les attentes des actionnaires et des clients, les impatiences du personnel ou des syndicats, l’intransigeance des fournisseurs de biens et/ou de crédit, etc. Impératif donc pour le dirigeant de ne jamais faire le trade off du court terme pour le moyen terme, et donc d’avoir un système d’informations et d’alertes sur les points-clés et urgents. Et aussi de se mettre en action et en décisions très vite après sa prise de poste.

Rythme infernal !

Pour un redressement, les 6 premiers mois j’ai bossé 12h par jour, 6 jours sur 7. Je n’ai pas encore trouvé d’autre méthode. Toute prise de poste est chronophage pour être rapidement au fait de l’entreprise, sa culture, ses relations et ses urgences. En plus de la prise de poste, le changement c’est toute la charge du long terme mais il faut aussi gérer le court terme. D’ailleurs, le changement, par définition, c’est une charge personnelle du dirigeant car ce n’est pas les équipes opérationnelles qui le portent dans sa préparation et son orientation : pour la bonne raison qu’elles ont du travail, d’une part, et que si elles se changeaient toutes seules on n’aurait pas besoin d’un DG de transformation !
Enfin le changement doit être personnifié, communiqué, explicité, raisonné pour donner confiance, libérer les énergies, vaincre les résistances. Donc il faut mouiller sa chemise !

La suite, la semaine prochaine, même jour, même heure. 

Qui fréquente les réseaux sociaux ?

Je publie pas mal sur les réseaux sociaux, mais lis peu. Mon intérêt va aux livres et aux articles de fond. Du coup, je me suis demandé si ceux que l'on y croise ne sont pas des dilettantes.

Eh bien non. Ou peut-être pas tous. J'ai rencontré une jeune avocate d'affaire d'un prestigieux cabinet international, énorme travailleuse comme il se doit, qui pourtant les utilise beaucoup. Elle m'a dit être "multitâches". Grâce aux réseaux sociaux elle vit plusieurs existences, apparemment.

mercredi 21 mai 2014

Demandez à Google qui vous aime

Un cousin m'écrit que lorsque l'on tape "linkedin" dans Google, on trouve un billet de moi en 6ème position. D'autres font l'exercice, mais ne me trouvent pas. Explication : les résultats de Google dépendent de vos intérêts.

Voilà un moyen de savoir si vous comptez pour quelqu'un : lorsqu'il fait une recherche sur Google, est-ce que vos travaux apparaissent en premier ? Comme le dit un ami, c'est un exercice à ne pas faire en famille...

Entrepreneur n'est pas américain

Encore un mythe. L'Amérique est de moins en moins entrepreneuriale.
Le taux de création d'entreprise en 2011 était la moitié de ce qu'il était en 1978, alors que le taux de dissolution était sensiblement supérieur à ce qu'il a été dans les dernières décennies. 
Raison ? D'après l'auteur, il y aurait concentration des entreprises. Elles tueraient l'innovation.

mardi 20 mai 2014

L'Amérique et le culte de l'insomnie

Aux USA, le sommeil c'est le mal. L'homme digne de ce nom ne dort pas. Et au diable la science qui dit que c'est désastreux pour la santé. J'ai découvert récemment que cette mode avait gagné quelques cercles français. Et Edison pensait déjà comme cela.

Un précédent billet observe quelque-chose de ce type. Il semblerait qu'il y ait une idéologie, actuellement liée à la mode du numérique, qui veut que l'homme soit une machine, qu'il s'agit d'optimiser. C'est le taylorisme appliqué à soi-même.  

Mais les machines, ça ne pense pas. Pas étonnant alors qu'elles puissent avoir de telles idées ? 
Chaplin - Modern Times.jpg

« Chaplin - Modern Times » par movie studio — ebay. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Histoire de France avec le sourire

Ce blog doit peut être beaucoup à l'Histoire de France avec le sourire.

Je viens de découvrir qu'elle se vend toujours, 47 ans après sa sortie. C'est probablement un des premiers livres que j'ai lus. Ce fut mon introduction à l'histoire. Et cela avait inquiété mes parents. Ils avaient peur que leur crétin de fils ait pris cette histoire pleine d'humour au pied de la lettre.

Mais non. Déjà je me méfiais de ce qui était dit. Cela m'a préparé à lire The Economist, ou à écouter France Culture. Et j'ai épaté mon maître d'école par mes connaissances !

(L'histoire était en deux tomes, mais celui-ci était de loin le meilleur, si mes souvenirs sont bons.)

lundi 19 mai 2014

Télécoms européennes : imminente consolidation massive ?

Hier j'entendais Stéphane Richard, d'Orange. Interview par France Culture. Il estime que la France, dans son ensemble (opérateurs et sous-traitance) a beaucoup plus perdu que gagné dans l'arrivée d'un 4ème opérateur. Surtout, il estime que l'Europe devrait en avoir 3 comme les USA ou la Chine, au lieu de 120... Si une consolidation d'une telle ampleur se fait, qui va survivre ? Les opérateurs des nations les plus protectionnistes, et les plus riches ?...

Changements et modèles culturels

Cultures et changement. Hypothèses du moment :
  • Société traditionnelle (cf. Asie, Europe du Moyen-âge ou l'Egypte ancienne) : on suit un chemin tracé par ses parents. Il y a spécialisation à la naissance.  
  • Démocratie occidentale : la société est recomposée sans arrêt. Importance critique de l'éducation qui cherche à tirer le meilleur de chacun, à faire émerger le talent. Complexité du dispositif, du fait de la nécessité d'un changement permanent. 
  • Société conservatrice : quand la démocratie occidentale veut être traditionnelle. (I.e. une classe qui a profité de "l'ascenseur social" cherche à le bloquer.)
La société anglaise est un cas particulier. C'est une société traditionnelle perméable au talent extérieur à sa classe dirigeante. En fait, elle ne me semble pas être anglaise à proprement parler, c'est à dire liée à une nation. C'est plutôt, en ce qui concerne sa classe dirigeante, une aristocratie apatride. Sa vocation est l'exploitation de la partie de l'humanité qui ne lui appartient pas (à défaut, les Anglais). C'est une sorte de multinationale ou de légion étrangère, dans laquelle n'importe quel homme riche peut entrer.

dimanche 18 mai 2014

Non man’s land européen ?

The Economist s’intéresse aux élections européennes. Les extrêmes arrivent. Pour sa part, il voudrait se débarrasser du parlement européen.
Ukraine. Donetsk serait un cas particulier (car peuplé de Russes), l’Ukraine devrait rester en un morceau. C'est dans l'intérêt de la Russie. Mais, quel degré de chaos ? La France va vendre des Mistral à la Russie, trop d’emplois en jeu. Les pays européens de l’Est sont divisés quant à la politique à tenir vis-à-vis de la Russie. Occasion d’un intéressant tableau de l’Europe de l’est.
L’Europe de l’est a été un succès remarquable, combinant le capital de l’Ouest avec une main d’œuvre bon marché pour devenir une partie intégrante de la machine à exporter allemande.
La Bulgarie, souvent vue comme le cheval de Troie russe en Europe, est presque entièrement dépendante du gaz russe. 
(La position de la Hongrie et de la République Tchèque) pourrait être influencée par un mélange pernicieux d’institutions faibles, de corruption, d’argent russe douteux et de propagande agressive du Kremlin.
Accident minier en Turquie. Son premier ministre n’est toujours pas ébranlé. Perfide Albion. Les pauvres et les malfrats s’éloignent des centres ville pour gagner les périphéries. C’est le résultat d’une meilleure police, d’investissements et de l’immigration de Musulmans, qui ne boivent pas. Quant aux Bulgares et aux Roumains ils se sont installés dans des boulots précaires (auto entrepreneurs). Ils pourraient maintenant avoir accès à de meilleurs emplois. L’Angleterre pense aussi faire des apatrides de ses mauvais citoyens. Un fâcheux précédent, pense The Economist.

Nucléaire iranien. Négociations. Iraniens très flexibles. Américains pas trop. En Afrique du sud, « presque 44% des foyers dépendent de la sécurité sociale pour joindre les deux bouts ». La dite sécurité sociale ayant été créée par l’ANC, il bénéficie du vote populaire, en dépit de sa corruption.
La Chine fait peur au reste de l’Asie. Mais il est incapable de s’unir. Chaque pays ayant sa paralysie propre, elle empêche le tout d’adopter une ligne commune. Le Japon sortirait timidement de son pacifisme ? Quant au prochain premier ministre indien, il a été servi par une très dangereuse extrême droite nationaliste. Mais il n'est plus dans son intérêt de continuer à la fréquenter.

USA toujours aussi surprenants. A la Nouvelle Orléans, une justice corrompue condamne à mort des innocents. Ailleurs, le politicien explique que Dieu a donné le charbon aux Américains. Accessoirement, on envisage d’utiliser des drones pour détruire les missiles ennemis au moment de leur décollage. Coupe du monde au Brésil. Rien ne sera prêt à temps. Va falloir improviser.

L’Europe demande à Google qu’une partie de notre passé puisse ne pas être révélé par son moteur de recherche. Ce qui pourrait « amener l’Internet un peu plus vers la fragmentation ». Quant à McKinsey, il veut passer de la stratégie à l’exécution. Particulièrement celle des fusions. En Asie, explosion du transport aérien bas coût. Il arrive à ses limites. Fusion et acquisition. Entre égaux, ça ne marche presque jamais. Il faut un seul chef, et un plan détaillé. Capital risque en Europe. Faute d’investisseurs privés, c’est la puissance publique qui investit. Ce qui fait fuir le privé. Et est bien peu rentable (2,1% par an, depuis 1990).

A qui obéit notre démocratie ? D’après une étude : « ceux qui ont le plus d’influence sont l’élite économique (définie comme les 10% qui gagnent le plus) et les groupes d’intérêt représentant les entreprises. Par contraste les groupes d’intérêt « de masse » tels que les syndicats ont peu ou pas d’impact ». Attention à une révolte des pauvres. Une autre étude estime que la crise n’a pas été créée par les banques, mais par l’immobilier. Il aurait fallu sauver les pauvres plutôt que les riches. En particulier en partageant les risques entre créditeur et débiteur. Idem en Europe. Le coupable n’était pas Grec, mais Allemand, et banquier irresponsable (français et allemand).

Parler une autre langue que la sienne forcerait à penser lentement, donc à être rationnel. Grâce aux LED, l’agriculture d’intérieur pourrait devenir rentable. Etre enceinte est un facteurs de risque pour la conductrice. Mais moins que d’être passagère de son mari. 

Vie, éternel recommencement ?

Les souverains germaniques n'arrêtaient pas de reconquérir leur empire. A chaque nouvel empereur, c'était la même chose : il repartait à la conquête de l'Italie. Voilà qui m'a frappé lorsque j'ai lu l'histoire de l'Allemagne. Mais il en a probablement été de même jusqu'à Louis XIII et peut-être même Louis XIV (qui a définitivement asservi les nobles) en France. Quel gâchis ? Peut-être pas. Et si c'était le rite initiatique à accomplir pour devenir soi ? Et si, en particulier, l'héritier n'était pas un homme (fini) ?

L'héritage qui t'est venu de ton ancêtre
Il te faut l'acquérir pour le mieux posséder
Goethe (Faust)

samedi 17 mai 2014

Bouygues ou les malheurs de la concurrence

On nous disait que la concurrence c'est l'innovation. Ça n'a pas été le cas pour la téléphonie mobile. Bouygues Télécom est au tapis, visiblement. Il est à vendre. Je me demande d'ailleurs si l'annonce d'un plan de licenciement massif n'est pas une manœuvre visant à faciliter son rapprochement avec Orange...

Bref, à nouveau trois opérateurs mobiles. Ou un seul ? Car, il y a un seul opérateur français réellement international, Orange. En effet Numéricâble est possédé par des fonds d'investissement, ils ne conserveront par leur participation éternellement, qui peut l'acheter sinon un étranger ? Free n'est présent qu'en France. Une situation durable ? A moins qu'il ne soit plus ou moins subventionné par Orange, qui n'a probablement pas envie de voir entrer des concurrents étrangers en France ?

Finalement, quel aura été le résultat de la déréglementation de FT ? 70md€ de dettes ? Qu'est-ce qui a forcé les télécoms françaises à changer ? Le marché, ou la destruction créatrice shumpétérienne, i.e. l'innovation (citation de Schumpeter) ?

France culture et la culpabilité de l'homme

Il y a quelques temps, France Culture parlait de "marchandisation du corps de la femme". La femme est le ciment de la société, et toutes les sociétés l'ont instrumentalisée, dit l'universitaire canadienne. L'animateur est audiblement rempli d'horreur devant la culpabilité du "masculin". Femme = bien, Homme = mal, semble-t-il penser.

Et il aurait dû être bien plus effrayé. Car, si c'est le propre de la société de manipuler la femme, la nôtre n'opère-t-elle pas sa propre forme de manipulation ? Et, n'y a-t-il pas bien plus coupable que le "masculin" ? Celle qui l'a élevé ? Et si la femme était la mère du mal ?

Pourquoi France Culture ne se pose-t-il pas ce genre de question ? Parce que France Culture ne pense pas ? Parce que France Culture ne fait que célébrer une religion ?

vendredi 16 mai 2014

L'économie européenne selon Paul Krugman

Nouveau billet que Paul Krugman consacre à l'Europe. A chaque fois, il constate que ce qu'il avait prévu se produit. Faute d'une politique keynesienne, l'Europe s'enfonce dans la crise. Les malades vont de plus en plus mal, les bien portants de mieux en mieux (l'Allemagne, championne de la rigueur pour les autres, voir Le mythe de l'austérité germanique, croît).

Il a tout de même un mot gentil pour nous. L'Europe, contrairement à ce qu'il croyait, ne s'est pas disloquée :
L'histoire européenne demeure celle de politiques économiques profondément destructrices, qui ont fait beaucoup de mal - mais n'ont pas conduit à la dislocation, parce que la cohésion politique de l'euro est plus forte que ne le pensaient des gens comme moi.
L'Européen est habitué à souffrir en silence, pour un intérêt supérieur qu'il ne sait pas toujours très bien formuler ? C'est pour cela que l'on peut lui imposer la rigueur ?

Médecine : marche arrière d'un siècle ?

"C'est terrifiant par son étendue. C'est un problème de santé publique majeur, qui commence juste à émerger." dit un médecin d'un rapport. Les antibiotiques deviennent, très rapidement, impuissants. Raison ? "Cette crise est la conséquence de plusieurs décennies de suremplois du traitement, et une pratique de prescription irresponsable, et aussi de son usage systématique dans l'élevage des animaux". Il faut une action concertée, mondiale, de l'ampleur de celle qui serait nécessaire pour combattre le réchauffement climatique (Article.)

Où l'on découvre les limites du principe du marché, et de l'individualisme ? Nous sommes tous dépendants les uns des autres ? Et seule l'union peut faire notre force ?

jeudi 15 mai 2014

Patriotisme économique : le retour de Maginot ?

"(Ces) mesures de protection des intérêts stratégiques de la France sont une reconquête de notre puissance". M.Montebourg fait adopter un décret qui, si je comprends bien, éviterait à Alstom et à la nation un dépeçage honteux de leurs actifs économiques. (Article du Monde.)

The Economist se demande si ce genre de mesures ne coûte pas cher au pays. Puisqu'il fait fuir l'investissement étranger, qui se sent mal aimé. Mais sont-ce des mesures à objectif économique ? Et s'il ne s'agissait que de démagogie ?
Sur le plan politique, ce décret, à dix jours du scrutin européen, vise également à « donner un signal politique », indique un proche de M. Montebourg. Et, alors que la supposée impuissance de l'exécutif en matière économique et sociale lui coûte cher dans l'opinion, à prendre le contrepied de Lionel Jospin, qui, en 2000, expliquait que « l'Etat ne peut pas tout ».
Alors, nouvelle ligne Maginot ? On fait de nos entreprises des assistées ? Et si c'était cela qui finissait par les plomber ? (Voir : Le marché et la ligne Maginot, et le billet précédent.)

Le mal de la presse : la subvention ?

La presse française s'adapte particulièrement mal au changement, dit The Economist. Et ce malgré des subventions généreuses.

Impressionnantes, ces subventions. Tout le monde a le droit à l'argent de l'Etat. Y compris The Economist ! Le Figaro et le Monde récupèrent plus de 16m€ chacun. Mais l'aide de l'Etat va bien au delà de ces subventions (400m€) : "Le montant total des aides à la presse avoisine donc en 2014 les 700 millions d’euros."

Il est tentant de se demander, avec The Economist, si la suppression de ces aides ne produirait pas un réflexe salvateur...

Vertu et parasitisme, pour faire un monde ?

Recension d'un livre de Philippa Foot, philosophe anglaise spécialiste d'éthique.
selon Philippa Foot la structure conceptuelle propre à l’évaluation des êtres vivants reste toujours la même. On dit en effet des racines d’un chêne qu’elles sont « bonnes » parce que ce sont des racines robustes et profondes dont le chêne a besoin, parce que c’est un arbre grand et lourd. De même on dit de la volonté d’un homme qui a tenu sa promesse, alors qu’il avait la possibilité de ne pas le faire sans aucun risque de sanctions, que c’est une volonté « bonne », parce que c’est de ce genre de volonté dont les hommes ont besoin pour pouvoir vivre ensemble une vie proprement humaine faite de confiance mutuelle (p. 99-100). Et si cette bonté est dite « naturelle » dans les deux cas, c’est qu’elle est naturelle, au sens d’intrinsèque ou de spécifique, à l’être vivant considéré, le chêne ou l’être humain, dont on a par conséquent à chaque fois besoin de connaître les caractéristiques principales.
(Vincent Boyer, « La grammaire du bien », La Vie des idées, 7 mai 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-grammaire-du-bien.html)

Je comprends que la raison est le propre de l'homme, et que, à partir du moment où il a décidé d'un projet de société, il doit faire ce qu'il faut pour le respecter, et le faire vivre. C'est la vertu. Ce qui me semble être une démonstration qu'il existe une morale et qu'elle est absolue pour une société donnée.

S'ensuit une discussion de deux exceptions. L'immoraliste, dirigé par son intérêt, et le méchant heureux, l'heureux gardien de camp de concentration, par exemple.

Pour ce dernier, je ne vois pas de contradiction. Il est vertueux eu égard au projet de société auquel il adhère. Ce qui n'a rien de nouveau. La plupart des peuples se sont appelés les "hommes" sous-entendant que les autres hommes n'en étaient pas, et donc que l'on pouvait en faire ce que l'on voulait. Les Indiens ont-ils une âme ? fut la controverse de Valladolid.

Quant au premier, il me semble que, dans un modèle de société donné, il y a deux types de personnes. Les vertueux, qui agissent pour le bien de la société, et les parasites qui ne voient que leur intérêt. Les deux sont à la fois utiles et dangereux :
  • Danger du vertueux : une société qui respecterait parfaitement ses rites serait incapable de s'adapter à ce qui lui est extérieur.
  • Mérite du parasite : il force la société à se défendre, à interroger ce qu'elle croit réellement, à dépoussiérer ses principes fondateurs. 

mercredi 14 mai 2014

La SSII est-elle une entreprise numérique ?

Les SSII n'arrêtent pas de parler "d'entreprise numérique". Toute leur stratégie est là. Mais elles, sont-elles des entreprises numériques ? be angels examine leur usage des médias sociaux :
Là où ça pêche, c’est sur le dynamisme, la régularité, et l’engagement, qui n’est absolument pas au rendez-vous. Nombre de ces entreprises semblent s’exprimer dans une sorte de désert, avec peu, vraiment très peu d’interactions? Faute de moyens, faute de réflexion en amont sur les publics visés, les moyens de les toucher, les lignes éditoriales à décliner, l’intégration du web social dans l’ensemble des outils de communication, et notamment ceux offline.
Leur discours peut-il être crédible si elles ne le matérialisent pas dans leurs actes ?

Et si l'entreprise numérique n'était pas une question de technique, mais de stratégie ? D'idée nouvelle, sur l'environnement concurrentiel de l'entreprise, sur son métier, sur ses forces... ? Et si c'était en menant ce type de réflexion stratégique, à long terme, pour ses clients et pour elle-même, que la SSII pouvait se sortir de la guerre des prix dans laquelle elle s'enfonce ?

(PS. be angels m'apprend que les SSII s'appellent dorénavant Entreprises de Service Numérique !)

Le marché fait des bulles

La vidéo en ligne attire l'argent de la publicité disait The Economist la semaine dernière. ""House of cards" est une des rares séries en ligne qui a eu un succès mondial, et son titre laisse entendre ce qui peut aller mal quand les entreprises se ruent dans une nouvelle mode Internet".

Ce qui m'a fait penser que la crise est le propre de l'économie de marché. Sans information tout le monde fait la même chose. (C'est comme cela que je m'appelle Christophe, et qu'il y a une vingtaine de Christophe Faurie qui paient des impôts, si j'en crois un sympathique agent du fisc.) Du coup, il y a crise. Beaucoup y perdent, et le marché aussi.

Plusieurs choses compliquent l'affaire. Les entreprises fonctionnent comme des pétroliers. Il faut longtemps pour les lancer, et une fois en marche, il est difficile de les manœuvrer, voire de les arrêter. Et peut-on faire autrement ? Pourquoi laisser le territoire libre à l'adversaire ?

De la nécessité d'un minimum de réglementation ?

Ou peut-être de lire ce que Jean-Pierre Schmitt et moi avons écrit ?

mardi 13 mai 2014

Réforme territoriale : demain le chaos ?

J'entends parler de "réforme territoriale". Plus de départements, beaucoup moins de régions. On parle de centaines de milliers de fonctionnaires. Le Français applaudit. Enfin une réforme que l'on aime. 

Mais quid de sa mise en œuvre ? Que va-t-on faire des fonctionnaires ? Les licencier ? Alors, les seules économies possibles seront-elles faites sur le dos des prestataires privés ? Keynésianisme inversé ? Et / ou chaos de type fusion ANPE / Assedics ?

Pourtant, il existe une solution à ce type de problèmes. Simuler. Faire la liste de toutes les questions qui peuvent se poser. Et ne pas démarrer avant d'avoir trouvé une solution. Voilà ce qu'expliquent mes livres, depuis bien longtemps. Comme le dit un ami, il y a de grandes chances que je sois entendu à titre posthume.

Alstom : occasion de remise en cause ?

Le sort d'Alstom suscite une sorte de guerre de religion. Je regrette, qu'une fois de plus on ne cherche pas à tirer des leçons de ses mésaventures, de façon à les éviter à l'avenir. Quelques observations :
  • Alstom vaut de l'ordre de 10md$ alors que facebook paie le double pour 32 développeurs (WattsApp). N'y a-t-il pas quelque-chose qui cloche dans le capitalisme financier ?
  • Alstom brûle du cash. C'est le mal endémique de l'entreprise française. C'est un problème de technique, pas de génie ou de malédiction. Ne faudrait-il pas s'interroger sur la gestion de l'entreprise par nos "élites" depuis l'après guerre ?
  • Pour sauver Alstom, le précédent gouvernement l'avait renfloué. Puis il avait vendu sa participation à Bouygues. Mais, entre-temps, il s'en est pris à Bouygues Télécom, lui faisant perdre beaucoup d'argent. Ce qui fait que Bouygues n'a probablement rien de plus pressé que de vendre sa participation dans Alstom. Ne serait-il pas temps que le gouvernement s'interroge sur l'efficacité d'une politique industrielle à courte vue ? 
  • Une collègue me parle d'un élu régional. Son inquiétude : lorsque leurs dirigeants prennent leur retraite, les entreprises locales sont achetées par des étrangers à la région. Ils délocalisent emploi et savoir-faire. La région se désertifie. Et si c'était ce qui se jouait au niveau de la nation ? Alstom est, probablement, le résultat de siècles de savoir-faire national accumulé. S'il est envoyé ailleurs, avec toute sa sous-traitance, aurons-nous de quoi créer de nouvelles entreprises ? A cela, on répond qu'il faut couper les branches chétives pour laisser la sève aller là où l'arbre est fort. Mais y a-t-il des secteurs économiques forts, prêts à investir ? Justement, le problème n'est-il pas que la mode est à l'enrichissement personnel, pas à l'investissement ? Plus grave. L'économie de marché est basée sur l'échange. Chacun y apporte ce qu'il est particulièrement adroit à produire. Or, les pays émergents n'ont rien de neuf à proposer. Ils se contentent de prendre aux pays développés ce qu'ils ont. N'y a-t-il pas panne du fonctionnement de l'économie de marché ?

lundi 12 mai 2014

Arche de Noé technique

En cas de catastrophe, quels sont les savoirs techniques que nous devrions absolument conserver pour relancer au mieux la civilisation ? Question à laquelle un livre que je n'ai pas lu dit avoir répondu...

Peut-être était-ce le projet du musée des Arts et Métiers ? En tout cas, intéressante question. Et s'il existait des connaissances plus fondamentales que les autres ? Qui permettent de les retrouver ou de s'en passer ? Et s'il fallait se demander s'il n'est pas temps de se poser ce type de questions ?
La chapelle du Musée des Arts et Métiers.jpg

« La chapelle du Musée des Arts et Métiers » par Roi BoshiTravail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Recruter pour le changement

Ces derniers temps on cherche beaucoup à recruter des dirigeants devant "changer" les entreprises. De même que l'on a cru que M.Hollande allait changer la France. En fait, pour qu'une société change, il faut qu'elle soit conçue pour cela. En effet, nous ne sommes pas tous égaux face au changement. Certains savent changer, d'autres pas. C'est une spécialisation. De même que les critiques musicaux voient de grandes différences entre deux interprétations des quatuors de Mozart, et moi pas.

Par conséquent, pour construire une organisation qui peut changer, il faut repérer ceux qui sont doués pour le changement, et les placer aux bons endroits. Il faut "recruter" pour le changement. Mais ce recrutement est bien plus souvent interne qu'externe. En effet, il existe au sein de l'organisation suffisamment de gens qui possèdent le talent nécessaire. Et, ils ont l'avantage sur des étrangers de connaître les ficelles de l'organisation.

Comment les trouver ? Par interview. Qui a fait bouger l'organisation, dans sa vie ? Sachant que s'il est capable de le faire, il a manifesté immédiatement ses capacités. Dès ses premiers temps dans l'entreprise. Autre question : lorsque l'on est en difficulté, vers qui se tourne-t-on ?

Ensuite, où les placer ? Deux théories, pas forcément contradictoires :
  • Il semblerait que les bons managers de terrain soient des leaders du changement. En conséquence, les gens qui ont le talent du changement devraient prendre des postes de direction.
  • Dans les changements que j'ai menés, les managers étaient rarement à l'aise avec le changement. Mais cela ne l'a pas empêché de se faire. Il suffisait d'un petit nombre "d'animateurs" pour permettre à l'entreprise de se transformer. 
(Dans la même veine. Le dirigeant croit changer l'entreprise par son verbe. Pour l'employé celui qui compte dans le changement est son manager.)

Au fait, faut-il former ces pivots de l'organisation ? Oui, et c'est le but de mon travail. Il faut les transformer d'amateurs en professionnels. Deux idées importantes :
  • Eviter les erreurs fatales. En particulier, le pouvoir corrompt !
  • Gagner en productivité. La volonté de bien faire et l'intuition ne suffisent plus dès que l'entreprise dépasse quelques centaines de personnes. 

dimanche 11 mai 2014

Secteur bancaire informel : bombe à retardement ?

Le secteur financier s’étant montré irresponsable, il est réglementé. Résultat. Il se contracte, avec des conséquences déplaisantes. Les entreprises, en particulier, son asséchées. A sa place apparaît un secteur bancaire informel. Tout un tas d'acteurs économiques ayant de l’argent à placer. Ce pourrait être une bonne chose si cela avait pour conséquence qu’une faillite n’ait pas de conséquence systémique. Malheureusement, le secteur financier (à risque systémique) n’est pas indépendant de ce nouveau monde. En outre, personne n’aime perdre son argent. Et le gouvernement est toujours prêt à secourir le nécessiteux. (Aurait-on crée un secteur financier plus dangereux que le précédent, mais totalement incontrôlé ?)

Et si l’Europe se disloquait ? Moment Tocquevillien. Le danger d’une crise s’éloigne, mais sa population continue à souffrir. Terreau pour populisme, qui paralyse l’action politique. Cercle infernal ? Ukraine. Qu’en dire ? Sauf que la menace de sanctions occidentales aurait amené M.Poutine à un peu de raison. Cela montrerait que l’opinion russe est sensible à son intérêt économique. Plus préoccupant, pour The Economist. L’Allemagne « comprendrait » les raisons de M.Poutine, et s’éloignerait de l’Ouest. OGM. Ils pourraient permettre une nouvelle révolution verte. Bien des pays en développement en ont un besoin urgent. Malheureusement, aux USA, les OGM sont menacés : il pourrait y avoir étiquetage. Et, curieusement, le consommateur américain préférerait les produits sans OGM. La France (hypocrite) s’est convertie au marché. On y trouve partout des galeries marchandes, et quasiment plus rien de ce qu’elle consomme n’est fabriqué chez elle. En Asie, la justice est du côté de l'establishment. Modèle Singapour. Dernier exemple Thaïlande.

La Grande Bretagne s’inquiète. Et si Pfizer achetait AstraZeneca ? La recherche médicale anglaise ne risque-t-elle pas d’être décapitée, et délocalisée ? La domination du monde des affaires internationales par leur droit, fait gagner à l’Angleterre et aux USA une fortune. Mais de plus en plus les entreprises passent par des processus locaux de médiation. Alibaba entre en bourse, aux USA. Après une vie sans nuages, il doit s’adapter au mobile et à la concurrence. Mais l’évolution de l’économie chinoise lui est favorable. Quant à Huawei, c’est un mystère. Les sautes de la demande en énergie créent un nouveau métier. Intermédiaire entre ceux qui en ont trop, et ceux qui en manquent. (Moyen de réduire le besoin de nouvelles centrales ?) Eurotunnel se relève d’années noires. Il est encore à moitié-capacité. Mais ses voies devraient être ouvertes à la concurrence. Ce qui devrait stimuler le trafic.

On aurait trouvé un traitement qui améliore l’intelligence… L’Occidental serait individualiste parce qu’il a cultivé le blé, alors que l’Oriental a cultivé le riz, qui exige l’entraide. Les universités d’élite ne font pas la recherche d’élite. Plus l'homme a de la chance, plus il tend à être prudent et à gagner. Plus il perd, plus il prend de risques, et perd... 

France multiple

Hervé Kabla publie des images de leboncoin.fr, un site d'annonces gratuites. Ce doit être drôle. Mais j'en suis triste et même affligé. Ne serait-ce que du fait de l'orthographe des annonces, phonétique. (D'autant plus inquiétant que mon orthographe vacille avec l'âge et l'ordinateur). Faillite de l'enseignement ? Ou y a-t-il des personnes qui sont inaptes à l'enseignement ?

Mais peut-être ai-je tort ? Est-ce si important que cela d'écrire correctement ? N'y a-t-il pas d'autres formes de société que la mienne ?...

samedi 10 mai 2014

Comment faire réussir le Pacte de responsabilité

Intéressant article (référence ci-dessous). Raisonnement :
  • Face à l'apparition des pays émergents, les pays développés se spécialisent par différenciation vers le haut de gamme et la qualité perçue. 
  • Pour ce faire, ils doivent investir. L'entreprise d'Allemagne y est parvenue en réduisant ses coûts par délocalisation en Europe de l'Est. 
  • La France n'ayant rien d'équivalent s'est fait prendre dans une sorte de cercle vicieux. 
  • Du bon usage du Pacte de responsabilité, maintenant. Il résulte de ce qui précède qu'il doit servir à investir dans la conception de produits haut de gamme. Il ne doit pas être distribué aux actionnaires ou avoir l'emploi comme premier objectif.
  • La montée en gamme demande apparemment, une montée en qualification. (Conséquences ? Sur l'éducation, initiale et continue ? Sur la politique du gouvernement, d'aide exclusive aux bas salaires ?...)
(Référence : Florian Mayneris, « Coût et qualité . Le problème de la « compétitivité » de l’économie française », La Vie des idées, 6 mai 2014. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Cout-et-qualite.html)

Des origines de la sympathie

J’ai remarqué que je trouve certaines personnes spontanément sympathiques. Pourquoi ? Initialement j’ai pensé qu’elles me rappelaient un parent. Puis j’en suis venu à me dire, dans une veine systémique, que la famille doit créer un environnement qui modèle l’individu à son image, un peu comme la cire d’un disque. Ou, peut-être ressemble-t-on à un instrument de musique, dont les caractéristiques déterminent les harmoniques ? Et si un « ami » était quelqu’un qui faisait résonner le dit instrument par « sympathie », parce qu’il a des caractéristiques proches ? Peut-être parce qu’il vient d’un « système » similaire ?

vendredi 9 mai 2014

Révolutions et libéralisme

Chaos syrien. Les libéraux, qui ont déclenché la révolution, sont incapables de s'organiser. Ils laissent le champ libre au gouvernement et aux extrémistes musulmans. Eux, au moins, ont une ligne directrice. Voici ce que disait la radio il y a deux jours.

Je me demande, s'il n'y a pas là le moteur de tous les troubles mondiaux de ces derniers temps. Le libéralisme, le modèle du marché, c'est l'individualisme du consommateur. Il est assez puissant pour briser une société, mais pas assez cohérent pour en prendre le contrôle. Ainsi, il fait le jeu de forces qu'il juge singulièrement rétrogrades.

Et si l'enjeu urgent du moment était de créer un mouvement social qui soit à la fois démocrate et solidaire ?

Résilience et fin des mythes

Ce qui est frappant lorsqu'on lit les ethnologues, c'est le rôle des mythes dans les sociétés. Le mythe est sans arrêt bricolé de façon à justifier par une loi éternelle les règles sociales présentes. On retrouve ce phénomène à notre époque. Par exemple lors de l'invention des nations au 19ème. Ou encore, pères fondateurs américains. Et multiples saints du panthéon de la gauche française : Simone de Beauvoir, Jeanne Moreau, Django Reinhardt, Derrida, Deleuze, Foucault et autres.

Mais je me demande si le fait d'en parler ne signifie pas la fin du phénomène. Et, peut-être, avant tout parce qu'il est devenu un système de manipulation de l'homme par l'homme. Un système qui nous interdit de penser. Afin de réaliser les intérêt des créateurs de mythes. On ne peut plus y croire. Et si l'avenir de l'humanité c'était la fin des dogmes ?

Ce qui est inquiétant, à bien y réfléchir. Car notre sort collectif se jouerait alors sur une décision improvisée. Une décision qui ne pourrait s'appuyer sur aucun précédent ? Disparition des mythes. Des traditions. Risque d'erreur fatale.

A moins que la société ne soit devenue "résiliente" ? A force d'accumulation de savoir, d'expérience, elle est capable de se relever d'une erreur, de réagir, de se transformer ?

(Il n'est pas impossible que les Grecs aient eu cette discussion, il y a 2500 ans...)

jeudi 8 mai 2014

Alpine, fruit de la culture française

L'Alpine revient.
Tout a démarré avec un petit coupé qui reposait sur une modeste base de 4CV. La Berlinette A108 a été dévoilée pour sa part en 1960. Un véhicule-clé, qui a servi de base à la fameuse A 110, laquelle est devenue la voiture sportive française par excellence, délicate à piloter, exiguë, médiocrement fabriquée, mais d'une légèreté et d'une agilité phénoménales.
L'Allemagne produit des Porsche, et nous des Alpines. Une sorte de bricolage génial. La France ou l'absence de moyens, mais le génie du système D?
Alpine-A110-Berlinette-avant.jpg

« Alpine-A110-Berlinette-avant » par Rundvald — Travail personnel. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Le marché et la ligne Maginot

La ligne Maginot a probablement mieux protégé l'Allemagne que la France. Si nous ne l'avions pas eue, nous aurions regardé ce qui se passait autour de nous, et nous aurions construit notre armée. C'est à cause de cette ligne que nous avons été faibles.

Je pense qu'il en est de même avec le marché. Avoir une ligne Maginot, c'est se lier un bras dans le dos. En effet, vouloir défendre notre agriculture, ou notre exception culturelle, ou encore une grande Russie, comme M.Poutine, c'est limiter ses mouvements, c'est être obligé, ailleurs, à donner des concessions. (M.Poutine détruit son économie, ce qui fait le jeu de ses concurrents.)

Le marché nous force-t-il à renoncer à nos valeurs ? Je ne le pense pas. Mais il faut changer de tactique. Il faut partir des lois du marché, suivre l'exemple des Anglo-saxons. Si ce jeu aboutit à quelque trahison de valeur, le sursaut populaire qui en résultera forcera le marché à reculer. La loi du marché, c'est la contre offensive ?
Abzeichen Festungstruppen Maginot-Linie.jpg

« Abzeichen Festungstruppen Maginot-Linie » par --Mottenberg 10:37, 15. Nov. 2008 (CET). Original uploader was Mottenberg at de.wikipedia — Transferred from de.wikipedia; transfer was stated to be made by User:Kowelix. (Original text : eigene Fotografie und Grafik). Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

mercredi 7 mai 2014

Le FN gagne par échec et mat ?

France Culture. J'intercepte deux bouts d'interviews de responsables du FN. Surprenant. 

Force tranquille aurait dit M.Mitterrand. Modestie, humour, bon sens. Le journaliste, lui, est fébrile, hargneux, mal préparé. Il fait le jeu de son adversaire. A Hénin-Beaumont, vous avez supprimé l'association des droits de l'homme ! 14 adhérents, payée par le contribuable et pas par ses adhérents comme devrait l'être une association, et elle ne défendait pas les droits de l'homme mais passait son temps à attaquer le FN (la majorité municipale, donc), et il y avait des irrégularités dans sa gestion... 

Tout est comme cela. Alors que France Culture reproche à longueur d'émissions au gouvernement de ne pas avoir appliqué son programme (hier il s'agissait de PMA et de "lâcheté"), ses journalistes reprochent au FN d'appliquer le sien ! Ce qu'il y a de redoutable dans la position du FN, c'est qu'il n'a plus besoin d'être extrémiste pour convaincre. Il lui suffit de montrer que les partis de gouvernement ne sont pas d'accord avec leurs propres valeurs, et qu'ils sont peu préoccupés du sort du peuple (ou qu'ils l'ont trompé ?). Ils ont subi une dérive idéologique qui les a coupés de la nation.

Ils sont pris à leur propre piège. Max Weber dirait qu'ils ont préféré l'éthique de valeurs à l'éthique de responsabilité. Ils nous ont parlé de moyens, de combats nobles, pas des conséquences qui en résulteraient. Ce qui leur permettait de transformer la société sans résistance au changement. Ce faisant, ils ont perverti les principes mêmes de la démocratie. Résultat ? Qui a vécu par le glaive périra par la glaive. Ils sont pris à découvert. Ce qui permet au FN de retourner contre eux leur stratégie. Et il n'a même plus besoin de nous parler de valeurs, pour nous amener, sans en discuter, vers le modèle de société qui lui plaît !  

L'homme numérique ou l'internalisation du Taylorisme

Un gourou du "numérique" m'explique que le bracelet qu'il porte règle sa vie. Il semblerait qu'aux USA ce comportement ait un nom: "life hacking". Un article analyse le phénomène. "Le concept (...) maximiser sa productivité personnelle". Principe : "la vie est plus facile (...) si vous la traitez comme un emploi".  Résultat : "le travail, sans beaucoup de résistance, est parvenu à envahir chaque recoin de notre vie".

Les conseils que nous recevons (et les "applications" informatiques qui vont avec) ne sont rien d'autre que le Taylorisme appliqué à la vie privée. Ce que les consultants appellent les "meilleures pratiques". Le phénomène est allé jusqu'à reproduire la bureaucratie qui asphyxiait l'entreprise taylorienne, en particulier "les "pseudo intellectuels qui vendent des conseils inutiles quant à comment organiser vos armoires ou ranger vos vêtements d'hiver (et quelqu'un doit programmer les applications de contrôle qui vont avec)".

Etrange. 68 devait être la libération de l'homme. Le contraire est survenu ?

mardi 6 mai 2014

Changement en Europe de l'Est

Hier, France Culture était en Pologne. Au hasard de 5 minutes d'écoute, j'ai entendu parler de la Russie. Elle inquiète, parce que ses propos actuels rappellent ceux qui, hier, ont précédé la mise en pièce des pays voisins. Heureusement, disait-on, l'OTAN en protège certains. La Russie était aussi présentée comme un étrange mélange d'ultralibéralisme et d'étatisme soviétique, ou tsariste.

Je me suis demandé si beaucoup de problèmes ne venaient pas de là. Les pays de l'Est ont adopté un capitalisme débridé qui n'est pas celui de l'UE. S'ils avaient été intégrés à la culture de l'UE, ils se comporteraient peut-être avec un peu plus de mesure.

Ce qu'il ressortait aussi de l'entretien était que la Russie était en grand danger. Et si elle se repliait sur elle-même ? Et si, privée de sang et d'alliés, elle était absorbée par la Chine ? Et si son intérêt était de refuser la tentation de l'autarcie ?

Recomposition européenne

"L'Allemagne suspend momentanément son programme destiné à attirer des jeunes Européens sur le marché du travail allemand, indique, lundi 14 avril, le ministère de l'emploi. « Actuellement la demande ne peut pas être satisfaite » pour le programme The job of my life, a expliqué lors de la conférence de presse régulière du gouvernement une porte-parole du ministère." disait Le Monde, le mois dernier.

Trois idées me sont venues en tête :
  • Une partie de l'Europe (l'Espagne dans ce cas), perd de ses compétences. Ne serait-il pas temps de faire un bilan des politiques de rigueur et de leurs conséquences, avant qu'elles n'aient fait des dommages irréparables ? 
  • Mais, peut-être que ces migrants reviendront chez eux porteurs de savoir ? Ou, pour leur retraite, fortune faite ?
  • Rééquilibrage qui survient naturellement au sein d'une nation ? Cependant, une nation veille à ce qu'il n'y ait pas de désertification. Et l'UE n'est pas une nation... 

lundi 5 mai 2014

Les forces de l'Amérique : armée et dollar ?

Et si la force de l'Amérique n'était pas l'innovation, ou son économie ? Mais le dollar, et ses bons du trésor, qui rendent possible l'économie de marché ? Et une armée formidable, qui maintient le calme ? Ou, plutôt, qui permet au "système" économie de marché, dont l'Amérique est le grand bénéficiaire, de fonctionner ? Alors, contrairement à ce que pense M.Obama, l'Amérique est condamnée à régler la circulation mondiale ? Et cela a un bien faible coût, en regard des avantages qu'elle tire du dit système ? me suis-je demandé en lisant le dernier numéro de The Economist.

(Dans le même ordre d'idées : le paradoxe de Triffin.)

Contrat et égalité des sexes

Attention, ce billet n'est pas pour tous publics. Certains propos sexistes pourraient heurter la sensibilité du lecteur.

Ma vision de la femme et de l'entreprise évolue :

Dans un premier temps, j'ai constaté que la femme était l'as du changement. Elle a les vertus de l'animateur du changement. En gros, elle sait jouer sur les codes informels de la société, sur ses réseaux. "Elle a du pouvoir sans pouvoir". (Elle peut manœuvrer un groupe humain sans en être le chef.)

Petit à petit, j'ai découvert d'autres caractéristiques. Celles-ci ne collent pas à ce que demande la vie des affaires.

La meilleure façon d'en parler est d'évoquer le stéréotype de la femme fragile et capricieuse. Curieusement, c'est une militante du MLF qui m'en a la première parlé, il y a 30 ans. Elle s'était trouvée, avec un groupe de randonneurs, dans une situation difficile. Et alors, elle s'était comportée en femme traditionnelle, que l'on doit défendre. Quant au caprice, il me semble avoir sa raison. C'est une façon efficace, mais inquiète, de tester l'affection de l'autre. Si tu m'aimes, tu dois chercher à me comprendre.

Ce comportement ne va pas avec la logique de rationalité, matérialisée par le contrat, qui est probablement le fondement du capitalisme. "My word is my bond" de la bourse de Londres, je m'engage et je tiens parole. Ce qui demande de penser vite et bien. Et d'être tenu par une forme de sens de l'honneur. La femme, quant à elle, tend à se défiler. Et, quant elle ne le fait pas, elle est en situation de faiblesse face à l'homme. Car il est mieux préparé qu'elle à cette situation par son éducation, me semble-t-il.

Tout ceci est donc probablement une question de socialisation, d'apprentissage. Et même de socialisation occidentale. Cependant, en l'état, il me semble que, dans l'entreprise, femme et homme ne sont pas substituables. A long terme, a-t-on intérêt à appliquer une "théorie des genres", qui rendrait femme et homme indistinguables ?

(Deux cas d'espèce :
  • Mme Thatcher. Je soupçonne qu'elle a eu, au moins en termes de leadership, un comportement masculin. C'est le type même du leader charismatique. 
  • Mme Merkel. Représente le leadership féminin typique ? Ce qu'une dirigeante appelait le "maternalisme" ? Peut-être défend-elle les siens ?)