jeudi 18 septembre 2014

La réinvention du capitalisme

Lorsque j'étais à l'Insead, il y a plus de 20 ans, on m'a enseigné qu'il fallait optimiser la "valeur actionnaire". Pourquoi ? Parce que le "marché savait". Et voilà comment on a réinventé le capitalisme, me semble-t-il... 

Dans cette vision anglo-saxonne, celui qui possède le capital possède l'entreprise. L'anthropologue s'étrangle. Une entreprise est une société humaine, avec sa "culture", par exemple. Et tout le monde participe à une société, elle n'appartient à personne en particulier. L'employé invente, parfait, transforme, il contribue à l'identité de l'entreprise, à sa force. Pour couper l'herbe sous le pied à cet argument, les capitalistes ont réinventé le taylorisme. L'employé non actionnaire applique des procédures. On ne lui demande plus que sa force de travail, sa partie animale. On le paie pour ce qu'il fait. Il n'a pas d'autres droits. Et on le met en concurrence pour qu'il coûte le moins possible. Pour le faire travailler, il faut des gardes chiourmes. Ceux-là reçoivent des actions. (C'est la théorie de l'Agence : intérêts communs entre actionnaire et management.) Voilà pourquoi les entreprises sont redevenues des bureaucraties. 

Le capitalisme est une maladie du système monétaire. La monnaie a pour seul usage de faciliter les échanges. Le capitaliste a parasité ce système. Il accumule la monnaie pour en priver le système. Pour cela, il est devenu un génie du "jeu de la valeur". Un jeu de manipulation par lequel on convainc l'autre qu'il vaut moins que soi.

Peut-être qu'à une époque l'accumulation de moyens en quelques mains a permis la révolution industrielle. Mais, aujourd'hui, il semble qu'elle n'ait plus pour seul usage que de constituer une société de classes. Un monde à la Mad Max. 

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