lundi 22 décembre 2014

Big data et les cancrelats

Suite de mon enquête sur Big Data. Après avoir parlé de l’affrontement Google Oracle, c'est au tour du vrai Big Data. Le traitement de masses de données, et la recherche en maths. A ma gauche, peut-être un des meilleurs matheux mondiaux, à ma droite, la force tranquille d’un monstre industriel discret qui fournit le matériel derrière quelques-unes des réalisations les plus impressionnantes du domaine.

Découragement pour commencer. Le matheux : quand un lion tue une gazelle, l’hyène arrive puis le chacal. Et les cancrelats ? Ils sont là avant tout le monde. Idem pour Big Data. Le sujet a été pourri par les incompétents. Des brasseurs de mots et des vendeurs d’illusions. Data mining, Big Data, Smart Data… En fait, il y a effectivement des « avancées » dans le traitement de données. Mais pas une révolution.

Volume, Velocity, Variety, Value
« Volume, Velocity, Variety, Value » Voilà ce qu'il faut considérer avant de se lancer dans Big Data.
Si je comprends bien, cela signifie que ce que l’on sait faire maintenant, et que l’on savait moins bien faire avant, c’est traiter d’énormes volumes de données – donnée exhaustive, pas échantillon -, de natures multiples et nouvelles, et surtout des flux « temps réel » (pas de la donnée statique, comme jadis). Employer l’attirail du Big Data n’est justifié que si l’on cherche du décisif (Value). « Il faut vouloir optimiser quelque-chose, ouvrir de nouveaux horizons… » 
Bref, avez-vous un besoin urgent de transformer massivement vos affaires ? Les assureurs seraient dans ce cas. Car Google veut leur faire la peau. Il pense qu’avec ses algorithmes et ses données il sera vite capable de proposer des assurances bien meilleures que les leurs.
Ce sont surtout les usages qui changent. Au lieu d’analyser des données passées, on est dans l’aide à la décision et la prospective.
Et, comme souvent, les innovateurs ne seraient pas où on le croit. L’industrie serait pionnière, avec la maintenance des machines, la recherche d’économie d’énergie, l’optimisation de processus de fabrication complexes... (Mon intuition était juste !) Le secteur financier est peu avancé.

« Donnez-moi des idées »
Pour commencer, donc, il faut trouver une idée qui casse la baraque. « On apprend des autres. » Aujourd’hui, les entreprises cherchent l’inspiration chez les autres. D'ailleurs, vu l'investissement que représente un projet Big Data, il faut un sacré argumentaire pour le justifier. Seconde raison de trouver une idée impressionnante. 

Le problème est humain !
Mais le problème n’est pas technique. Il est humain ! C’est de la conduite du changement. C’est quand on est parvenu à formuler un problème Big Data que les difficultés commencent. En effet il y a « rupture totale ». Un projet Big Data demande de recréer une organisation au sein de l’entreprise, d’inventer des algorithmes et donc de disposer de chercheurs du meilleur niveau mondial, et de faire collaborer des gens « en silo ». Sans compter que l’entreprise n’a pas généralement les compétences pour faire le pont entre une vision stratégique des affaires et la compréhension des outils utilisés par le Biga Data (le fameux « data scientist », qui est plus une sorte d’humaniste de la Renaissance qu’un autiste ascendant Silicon Valley). Et quand Big Data a produit l'idée qui tue, il faut faire bouger l'entreprise et son écosystème pour la mettre en oeuvre...

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