vendredi 30 janvier 2015

Science sans conscience

Discussion avec un jeune matheux, grand modélisateur.

Le danger de la modélisation me semble être ce que disent Hannah Arendt, l'école de philosophie pragmatiste et les psychologues de la systémique : on confond le modèle avec la réalité. Or, le modèle ne donne que ce que l'on y a mis. Danger = « jeu sans fin ». L’homme a la curieuse faculté d’inventer des dieux. C'est-à-dire de trouver une signification magique, mystérieuse, à quelque chose qui n'est qu'une machine. (Asimov a écrit un chapitre sur le sujet dans un livre sur les robots.)

Mon expérience me fait penser que l’intérêt de la modélisation est de préparer à l'action. Elle permet de simplifier ce qui bloque, de donner des idées. La simple découverte des systèmes a été fondamentale. Elle nous a dit que nous tendions à entrer dans des cercles vicieux et que, pour se tirer de la plupart des problèmes qui nous minent, il faut faire le contraire de ce que nous faisons. Je suis moins certain de l'utilité des modèles compliqués qui en ont résulté. 

De l’intérêt d’étudier la philosophie, l’art de penser, en plus des maths. Il me semble qu'il faut injecter un peu de conscience dans la science, et qu'il est bon de s'y mettre tôt. Pauvres diplômés des grandes écoles françaises, et en particulier les philosophes !, qui reçoivent de mauvaises notes s'ils ne pensent pas comme l'institution !

(Ce qui pourrait expliquer la schizophrénie de Foucault ?)

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