jeudi 30 juin 2016

Orange sait

Curieusement, Orange, pour une entreprise dont la relation client est aussi désastreuse, fait beaucoup d'enquêtes clients. J'ai reçu plusieurs questionnaires. Mais aucun ne porte sur la question qui m'intéresse, et la source de mes tourments. 

Ce qui me fait penser qu'Orange connaît ses faiblesses, et fait ce qu'elle peut pour ne pas avoir à changer. Il n'y pas plus aveugle...?

Notre société : système totalitaire ?

Pire que 1984, disait un avocat - professeur franco - américain qu'interviewait La suite dans les idées de France Culture il y a déjà quelques semaines. Nous sommes sous une surveillance qui aurait été inconcevable à l'époque d'Orwell. Elle n'est pas le fait d'un pouvoir totalitaire, mais de notre bonne volonté. 

A quoi cela sert-il de dénoncer une situation à laquelle nous ne pouvons rien ? Où est l'action qui nous sauverait ? Tout cela résulte d'un principe auquel nous sommes tous fidèles : n'en faire qu'à notre tête. Lorsque l'on cherche l'intérêt individuel, on obtient l'esclavage collectif. Énantiodromie. Nous sommes prisonniers d'un système, dont le principe et l'égoïsme, et, comme l'écrit la Boétie, ce sont nos bras qui nous maintiennent dans les fers.

mercredi 29 juin 2016

AltaVista

Les hasards me font redécouvrir AltaVista qui fut un moteur de recherche précurseur de Google. 

AltaVista a été inventé par DEC. Puis récupéré par Compaq, qui l'a transformé sur le modèle de Yahoo. Or changé en plomb ? On a tenté de profiter de la bulle Internet, mais, trop tard. AltaVista semble aussi avoir été peuplé de gens très intelligents, notamment ceux qui ont créé Exalead. 

Pourquoi AltaVista n'est-il pas devenu Google ? Les entreprises tendent à s'accrocher à ce qui a fait leur succès, et à tuer ce qui pourrait être leur avenir ? Pour développer un Google, il faut un entrepreneur, et les bureaucraties leur sont néfastes ?

Les origines de l'asthme

En jouant avec le logiciel MondoBrain, il m'est venu une drôle d'idée.

Le "jeu" consiste à savoir, ce qu'il faut faire pour qu'un enfant n'ait pas d'asthme. Et ce, en tenant compte des conditions dans lesquelles il vit. Ce qui m'a surpris, est que, d'une manière générale, pour réduire son risque d'asthme, il faut être un peu, mais pas trop, exposé aux allergènes.

La raison en est probablement qu'à petite dose, notre système immunitaire apprend à les maîtriser. Ce qui m'a amené à me dire que la croissance vertigineuse du nombre d'asthmatiques devait venir d'un excès de protection.

MondoBrain et l'allergie, mode d'emploi (pour utiliser le logiciel, aller ici).

mardi 28 juin 2016

Douanier Rousseau

Samedi dernier, visite à l'exposition Douanier Rousseau d'Orsay. J'ai regretté qu'elle ait cédé à la mode qui veut, depuis quelques-années, que l'on mélange des oeuvres. J'aurais préféré rester dans l'univers de Rousseau. Et ce d'autant que les autres oeuvres font un contraste désagréable, et qui ne leur est pas favorable. Elles ont, elles aussi, besoin de construire leur univers.

Une question qui s'est posée aux contemporain de Rousseau était : sait-il peindre ? Il ne semble pas avoir appris. En revanche, il a une technique très supérieure à celle  des Beaux Arts. Il a créé un monde à lui. Mais un monde qui nous parle.

Peut-être nous dit-il, comme l'autre Rousseau, de nous méfier de la société ? A trop forte dose, elle assèche le génie, l'art et le coeur ?

Résilience et éducation des enfants

La société vole-t-elle les enfants ? J'ai l'impression que c'est la question que se posent certains parents. Ils ont l'impression que leurs enfants leurs échappent, ce qui n'est pas dans l'intérêt de ces derniers. La société rend bête. 

Cela amène à mettre en question nos idées reçues sur la relation parent / enfant. Et si les enfants étaient des individus comme les autres, et n'avaient pas le lien que l'on croît avec leurs parents ? Et, si un éventuel lien n'était pas génétique, principalement, mais plutôt lié à une expérience commune longue et difficile ? Et si l'on ne naissait pas parents ou enfants, mais on le devenait ?

dans son travail sur la résilience, Boris Cyrulnik explique que l'homme a besoin d'un point d'ancrage pour se construire. Il explore le monde autour. L'expérience qu'il tire de cette exploration lui permet de devenir ce qu'il doit être. La société est un flux contre lequel on ne peut rien, et, surtout, avec lequel il faut compter. Un rôle pour les parents pourrait être de jouer le rôle de ce point d'ancrage, ou d'aider l'enfant à le trouver. Le meilleur service que l'on puisse rendre à quelqu'un est peut-être de créer des conditions favorables pour qu'il puisse tirer profit de la transformation sociale ?

lundi 27 juin 2016

Le retour de la science

Nous avons vécu au moins un demi siècle de sophisme. Le postmodernisme l'a revendiqué. Mais c'est aussi l'arme de la publicité. La fin justifie les moyens pense l'entreprise. La victoire a été complète. La science n'a plus aucune autorité.

Evidence based management serait-il le signal d'un reflux ? Le retour en grâce de l'honnêteté intellectuelle ?

Evidence based management

J'ai découvert récemment "l'evidence based management". Ce n'est pourtant pas récent. Un principe est à son origine. Nous décidons en fonction de notre intuition. Or celle-ci est généralement fausse. Il faut adopter une démarche scientifique et rechercher ce qui "marche" et ce qui "ne marche pas". Nos décisions doivent être établies à partir de faits.
(...) you can begin to nurture an evidence-based approach immediately by doing a few simple things that reflect the proper mind-set. If you ask for evidence of efficacy every time a change is proposed, people will sit up and take notice. If you take the time to parse the logic behind that evidence, people will become more disciplined in their own thinking. If you treat the organization like an unfinished prototype and encourage trial programs, pilot studies, and experimentation—and reward learning from these activities, even when something new fails—your organization will begin to develop its own evidence base. And if you keep learning while acting on the best knowledge you have and expect your people to do the same—if you have what has been called “the attitude of wisdom”—then your company can profit from evidence-based management as you benefit from “enlightened trial and error” and the learning that occurs as a consequence. (Article de la Harvard Business Review.)
Quel est le bénéfice d'EBMnt ? Eviter de faire des erreurs connues.

(Cela me semble un retour au pragmatisme de James et Dewey.)

dimanche 26 juin 2016

Feel bad movy

Feel good movy. Voici une expression que j'entends de plus en plus. C'est une réaction. Les films jusqu'ici, étaient des feel bad movies. Feel bad ? Moralisateurs. 

Sujet pour bac de philo. L'art est-il moral ? Pour moi, l'art, c'est, par définition, ce qui n'est pas raison. C'est étonnement et incompréhension, parfois horreur. C'est inexprimable par la raison. Neither good nor bad, autrement dit.

Affrontement Angleterre Europe

Sous la pression des nationalismes, l'Europe pourrait voler en morceaux. Il serait donc logique qu'elle fasse de l'Angleterre un exemple.

Et l'Angleterre pourrait avoir des raisons de faire éclater l'Europe. Et elle pourrait compter sur de puissants alliés. En lisant la presse internationale, je suis frappé de ce qu'elle reprend beaucoup des arguments économiques des pro Brexit. On ne se rend pas compte chez nous à quel point nous semblons incompétents, empotés, impuissants. 

La raison de cette effroyable image de marque vient, probablement, de ce que nous ne nous défendons pas. On peut taper sur l'Europe, sans qu'elle réagisse. Une des raisons pour lesquelles les nationalistes européens de tous bords n'en peuvent plus de subir des insultes à répétition ?
Investors could find bargains in areas like British stocks, especially those who feel Britain will ultimately emerge stronger after being unshackled from a project that has been unable to deal with Europe’s most pressing problems in recent years, like the refugee crisis and debt issues. (Forbes)
(Curieusement, on cite "la crise des réfugiés" comme la marque de notre ridicule. Sans penser que c'est justement l'immigration qui est à l'origine du Brexit. Et que l'Europe n'est peut être ni la principale cause des crises du Moyen-Orient, ni le refuge le plus évident vers lequel ses populations auraient dû se diriger.)

samedi 25 juin 2016

Brexit : enfin de l'action ?

Depuis longtemps, le monde n'allait pas bien. La situation se dégradait doucement. Morne plaine. Grâce aux Anglais, rien ne va plus. Voilà ce que je me suis dit hier matin. Enfin de l'action ?

L'Europe au bord du gouffre ? Nos dirigeants politiques vont-ils, à leur habitude, faire un grand pas en avant ?

Brexit et suicide

On me dit que le Brexit est un suicide. Mais les suicides sont rationnels. Ce que l'on lisait depuis longtemps, c'est qu'une partie de la population anglaise voulait se faire entendre, et n'y parvenait pas. Dans ces conditions, la seule façon d'être crédible est de mettre ses menaces à exécution. Quitte à sombrer. 

Maintenant, l'UE doit mettre ses menaces à exécution. Quitte à sombrer.

vendredi 24 juin 2016

Figures de style

Qu'est-ce qu'une figure de style ? C'est faire une entorse au bon usage pour véhiculer un sens nouveau, absent de la langue telle qu'elle se pratique. De ce fait, dès que la figure de style en devient une (est répertoriée), elle n'en est plus une. En tout cas, cela signifie que l'esprit est plus important que la forme. "Licence poétique" (reconnaissance qu'il existence un sens qui dépasse celui que peut véhiculer le langage codifié) plus approprié que "figure de style" (normalisée) ?

Livre.

Angleterre et Europe

L'identité de l'Angleterre se serait-elle construite contre l'Europe ? C'est ce que l'on a pu se demander en écoutant les débats du Brexit. En Angleterre, l'Europe, c'est le mal.

L'Angleterre n'a pas fait le deuil de son passé colonial, durant lequel elle semait le chaos en Europe et conquérait le monde (aussi par le chaos). C'est peut-être une des dernières nations à qui l'histoire n'ait pas appris l'humilité. 

(C'est aussi une nation divisée, entre cultivés et incultes. La lutte des classes lui est culturelle ?)

jeudi 23 juin 2016

Qu'est-ce qui ne va pas, chez Orange

Il y a quelques temps il y a eu un débat, sur ce blog. Qu'est-ce qui rend effroyable le service client d'Orange ? 

En fait, j'ai travaillé il y a vingt ans sur ce sujet. A l'époque où je faisais des études de marché. On se demandait alors pourquoi France Télécom suscitait un mécontentement aussi élevé. La réponse était : une organisation kafkaïenne. Cela ne tenait d'ailleurs pas à France Télécom. La réponse était la même concernant les assureurs et leur gestion des sinistres. Kafka est un produit de la bureaucratie.

C'est à cette époque que j'ai participé aux premiers changements de France télécom. Je suis parti de l'intérieur, et ai découvert les raisons du chaos : la mission des personnels avait changé, et ils n'étaient pas formés pour la mener à bien. Une fois les choses mises en ordre, l'entreprise savait se transformer vite et bien. 

Curieusement sa direction, qui avait choisi initialement ce moyen d'agir, de l'intérieur, s'est mise soudainement à vouloir imposer sa volonté.

Changement : fin ou moyen ?

L'idée fixe du moment, c'est la croissance. La relation client doit être faite par des machines, les mandarines sont élevées aux produits toxiques... Tout cela, c'est le "principe d'innovation" : il faut souffrir pour croitre. Car il n'y a que la croissance qui puisse nous sauver. 

Et si l'on partait de la société que l'on veut construire, avant de se demander comment y parvenir ?

mercredi 22 juin 2016

En Angleterre, la justice s'achète

J'entendais dire, par la BBC, qu'en Angleterre, dans le cas du divorce, vous pouviez louer un juge. Cela vous coûte cher, mais vous permet de ne pas perdre de temps avec la justice britannique. 

Que penser de cette nouvelle tendance ? Pour mieux protéger les gens on a créé des lois inapplicables ? Si bien que la justice n'est plus accessible qu'aux riches ?

Epatante Maif

Conséquences d'une succession, j'ai fait une étude la relation client de nos grandes entreprises. 

Globalement : elles sont incapables de traiter correctement la question du décès. Les lettres, parfois avec formule de condoléance, sont adressées au défunt ! Et ce sont généralement des injonctions de payer !

Globalement aussi, qu'il est frustrant de devoir affronter une machine qui vous demande de taper un, deux ou trois, puis encore, et encore, et votre code client, à dix chiffres, qui ne parvient pas, généralement, à l'opérateur. Mais, quand on n'a pas été coupé après une demi-heure d'attente, et que l'on arrive à l'homme, ce n'est ouf que chez ENGIE, EDF ou VEOLIA. Chez SFR, on a un individu, probablement à l'étranger, qui n'est au courant, et responsable, de rien. Kafka. Et, dans certaines circonstances, en particulier lorsque l'on a perdu un proche, cela rend fou. A tel point que l'on peut passer de Charybde (SFR), en Orange (Scylla), car Orange détient probablement la palme de la relation client détestable. 

Dans ce monde haïssable, la Maif fait du bien. Certes les processus administratifs ne semblent pas au point : trois mois après le décès, il n'était pas pris en compte. Mais que les gens y sont gentils, et serviables !

Curieusement, les impôts sont aussi excellents. Pas de machine, un être humain répond au téléphone, il est compétent, et il vous dépanne rapidement.

mardi 21 juin 2016

Brexit et libéralisme

Le Brexit, donc, est exclusivement une question de xénophobie. Il révèle probablement une caractéristique propre à la culture anglaise. Et si le "libéralisme" avait réveillé ce démon ? 

Les cercles dirigeants de l'économie mondiale auraient estimé que l'immigration était un stimulant de la croissance. Il est possible qu'une des raisons principales de l'agrandissement de l'UE à l'Est vienne de là. Récemment on a compté sur l'élan de fraternité que susciteraient les guerres au Moyen-Orient pour faire taire les inquiétudes que suscite l'immigration.  Rien de cela n'a marché. Et le cercle vertueux est devenu vicieux. L'économie allant mal, les conditions de travail étant mauvaises, l'immigrant est vu comme un parasite. Enantiodromie.

(Les guerres moyen-orientales seraient dues, selon certains, à une manœuvre libérale qui aurait mal tourné. Elle visait à faire "émerger" l'économie de marché, et la prospérité. Peut-être qu'un moment, quelques-uns ont cru qu'ils avaient réussi une manœuvre brillante, tournant un échec en une estocade finale ?)

Brexit anti élites

Il n'y a pas que l'immigration qui occupe le discours Brexit. Il y a aussi la question des élites. Le Brexit est anti élites. L'Angleterre aurait beaucoup de laissés pour compte, qui se disent "pourquoi pas". 
“Many people feel their lives have not been moving forward. The status quo has not been working for them, so [they wonder] why not roll the dice?” said Simon Fraser, former head of the British Foreign Office (and now managing partner at Flint Global), at a Hogan Lovells Brexit debate Playbook moderated Monday. He was talking about all those people the referendum email traffic has attempted to target this week. (lettre quotidienne de POLITICO Brussels Playbook)

Le Brexit : pas une affaire anglaise ?

La France regarde le Brexit comme la vache le train. Ailleurs, on s'inquiète :
If Britain votes to leave the European Union, it will likely start a process of fragmentation of the political and security structures on which the post-World War II and post-Cold War European order was built. (Article.)
Et quelle serait la conséquence d'un effondrement européen ? Dans un monde en plein chaos ? Les invasions barbares ? L'avenir est imprévisible. Il est en partie ce que l'on en fait. Cependant, ne se pourrait-il pas que certains démons soient en train de se réveiller ? Ne serait-ce pas un avertissement aux Cameron du monde qu'ils feraient mieux désormais de réfléchir à deux fois avant d'ouvrir leur bouche ? Un avertissement à nous tous ?

lundi 20 juin 2016

Brexit de la haine

C'est curieux que le monde parle autant de notre FN et aussi peu des pulsions nationalistes anglaises. Pourtant elles pourraient dépasser les 50% de la population. J'écoute la BBC. Ce que l'on y dit de l'Angleterre est inquiétant. La xénophobie semble s'être emparée du pays. Étrangement, c'est surtout une haine de l'Européen. On entend, en effet, que l'Europe empêche de commercer avec l'Inde et la Chine ! Désir de retourner au bon vieux temps de l'Empire ?

 L'économie anglaise est extrêmement malmenée dit la BBC. Et si le Brexit lui portait un coup fatal ? Il suffit qu'un cercle vicieux s'enclenche et c'est la crise. Autre étrange phénomène. Si l'Angleterre attire autant d'immigration, c'est parce qu'elle est prospère. Le jour où elle ne le sera plus, sa population devra, à son tour émigrer. Le problème aura été résolu.   

Heureux les simples d'esprit

La raison construit un monde artificiel. Et elle lave notre esprit pour qu'il ne voit plus que lui.

Et si, contrairement à ce que dit Platon, l'homme libre n'était pas l'intellectuel, qui sort de la caverne des idées reçues par le travail de la raison, mais celui dont l'esprit est "simple", c'est-à-dire qui ne se laisse pas abuser par une complexité factice ? 

(Encore faut-il que l'esprit simple soit vérifié par la raison. Il faut s'assurer que ce n'est pas un illuminé.)

dimanche 19 juin 2016

Qu'Internet est grand !

Mon usage d'Internet est affecté par un problème quasi endémique. Je ne parviens pas, ou difficilement, à expédier de mails de mon compte wanadoo (Orange). Au début, cela affectait seulement mon mobile SFR. Puis je me suis rendu compte que je ne pouvais pas envoyer de mails de mon compte, si mon PC n'était pas chez moi. Puis, même chez moi, il s'est mis à avoir de longs moments de déprime. Comme en ce moment.

Alors, je suis passé à gmail. Mais gmail est pour le junk mail. Il est extrêmement difficile de retrouver un mail ancien. Ou nouveau d'ailleurs. La faiblesse de Google est son moteur de recherche. Or, pour moi, c'est capital. Alors, j'ai commencé à enregistrer le contenu des mails qui semblaient importants. Mais ça ne résout pas totalement la question. 

Qu'Internet est grand, et que je suis petit ! L'homme, l'Occidental ?, une fois encore, s'est donné un dieu qui l'écrabouille ?

Le changement comme big bang

Le changement est un big bang, dit ce blog. C'est à dire qu'il est imprévisible. Et qu'il donne un résultat imprévisible. C'est une nouvelle naissance, écrivait Hannah Arendt. Le monde est un système qui obéit à un principe. Le changement change le principe et le système. De la naissance, par exemple, on passe au mérite. 

Que peut-on faire dans ces conditions ? Repérer aussi vite que possible que les lois du système ont changé. Et s'adapter en fonction. 

Si ces prémices sont justes, je vois trois conséquences :
  • Notre esprit est victime du système, qui l'influence, Big Data pourrait être un moyen d'éviter les biais de pensée. 
  • Tant que l'on n'a pas repéré le changement, c'est le chaos. Peut-il se faire qu'un jour nous devenions incapables de percevoir ses règles ? 
  • Et si nous rendions le monde de plus en plus complexe, et donc de moins en moins compréhensible ?

samedi 18 juin 2016

Bayer et Monsanto

Bayer veut acheter Monsanto, disait-on le mois dernier. Si une entreprise allemande devient le leader du marché des OGM, il y a peu doutes que l'Europe se mette rapidement à consommer des OGM, ai-je pensé. 

Mais, peut-être ne suis-je pas le seul à soupçonner qu'il est dangereux que la société soit menée par des intérêts économiques à courte vue ? A moins que les dits intérêts soient victimes de leur propres vices ? (Bayer est en mauvaise santé, apparemment.) Qui a vécu par le glaive...

Ai-je appris à écrire ?

Depuis quinze ans, j'écris beaucoup : 6 livres, un blog, pas mal d'articles. Je me disais que j'avais dû acquérir de la technique. Eh bien non. En relisant des textes de jeunesse, il m'a semblé que j'écrivais mieux alors. 

Peut-être, dans cette affaire, y a-t-il deux forces en jeu : l'apprentissage de l'expérience d'une part, et la pression sociale de l'autre. Il est très difficile de lutter contre elle.

vendredi 17 juin 2016

Essence et attributs

J'ai découvert que je n'avais rien découvert. D'ailleurs, je ne pensais pas avoir découvert quoi que ce soit...

Pour moi, le changement est une question de qualificatif. Le changement se manifeste parce que l'on peut vous qualifier d'un terme nouveau. Par exemple Proust passe de fils de famille dilettante à auteur majeur du 20ème. On peut aussi devenir "gentil" (par opposition à "méchant"). Ou "donneur d'aide", ou "celui qui connaît les restau" ou "sait monter une vidéo". 

Je viens de lire que les philosophes appellent cela la question de l'attribut. Il y a, chez eux, l'essence, et, donc, l'attribut. L'attribut change, mais l'essence demeure. 

Est-ce le cas, selon moi ? Question embarrassante. Il me semble que s'il y a essence, c'est une capacité à changer. Mais pas n'importe comment. Nous avons un "potentiel", comme le disait Aristote. En outre, l'attribut oriente le changement. Il nourrit et change le potentiel.

L'alibi du politique

Par une série de glissements, le mot devient de plus en plus énigmatique, jusqu'à n'avoir plus aucun sens identifiable, comme ici :
"(...) il n'est pas vrai que le savoir soit d'abord l'alibi du pouvoir. Rompons avec cette théorie vaseuse. Partons à l'assaut de la connaissance pour conquérir notre liberté." (Jean-Pierre Chevènement. Le Monde du 3 octobre)
La théorie à laquelle se réfère l'auteur doit être vaseuse en effet et puisqu'il parle de se lancer à l'assaut de la connaissance, il devrait commencer par celle du vocabulaire. (Henri Suhamy, Les figures de style, Que sais-je ?)

jeudi 16 juin 2016

Serions nous les pigeons de la croissance ?

Le Brexit est une question d'immigration. J'entendais un pro Brexit anglais dire que l'Angleterre avait besoin de compétences qu'elle ne parvenait pas à former. Il fallait restreindre l'immigration aux gens qui les possédaient. 

On lui a répondu que vider les nations étrangères de leurs talents posait un problème d'éthique. Je me demande, aussi, si cela n'indique pas une des limites du principe de croissance. La "croissance", telle qu'on l'entend aujourd'hui, nous demande de faire ce que nous sommes incapables de faire. Et si, comme dans les escroqueries, nous étions les pigeons de ce dont nous croyons profiter ?

Comment finissent les systèmes

Mon billet sur notre système totalitaire amène une question. Peut-on se tirer d'un tel système ? 

Le système est terrifiant. Ce qui le maintient tel qu'il est, c'est nous. Pour qu'il change, il faut que nous changions en bloc, comme un seul homme ! Il y a pire : il nous code pour ne pas le changer : la psychologie constate que notre intuition est fausse : elle ne fait que dire ce qui est dans l'intérêt du système. Même la critique du système peut lui être bénéfique ! Elle donne l'impression de l'action. 

Aucun moyen de changer un système ? Si ce que j'observe dans les entreprises est généralisable, voici comment changent les systèmes :

Le système est totalitaire, il veut faire le monde à son image. Mais le monde n'en a cure. Il évolue. Alors le système doit "changer pour ne pas changer". Sans le dire, inconsciemment. Jusqu'à ce que ce qui était secondaire se révèle essentiel. Le tuteur est devenu arbre. C'est peut-être ce qui est arrivé à la noblesse sous l'ancien régime. Elle s'est appuyée de plus en plus sur la bourgeoisie. Jusqu'à ce que la bourgeoisie devienne la  nation. Ou encore à l'église catholique : elle a été détruite par la raison, qu'elle avait appelé à son secours.

mercredi 15 juin 2016

La médiation principe de la justice

Dominique Delmas, expert responsabilité civile, dit la chose suivante :
La justice est débordée et ses moyens très limités. Les délais des affaires judiciarisées ne sont pas business compatibles. Un décret du 11 mars 2015 pousse – oblige - les entreprises à la médiation ou l’arbitrage avant toute procédure. Les entreprises ont des besoins forts de traitement de leurs litiges dans des délais réduits et avec une prise en compte de la multiplicité des dimensions du litige : préservation relations clients/fournisseurs, intérêts économiques, retour d’expérience et prévention. Les propositions de médiation et/ou d’arbitrage actuelles sont non satisfaisantes et trop orientées « droit ». Le marché de l’arbitrage et de la médiation est à (ré)inventer en mode systémique et réactif.
La justice est saturée, alors on demande aux entreprises de se débrouiller seules. Mais cela révèle quelque chose de bien plus surprenant. Le principe de responsabilité, la base de notre droit !, ne marche pas. Il veut qu'il y ait faute, coupable, et réparation. Or, dans un sinistre, il n'y a pas de coupable, ou plutôt, il y a culpabilité collective. Et, même s'il y a coupable, on ne peut pas le condamner, car on ne peut rien faire sans lui ! Car nous sommes interdépendants ! Le principe de justice doit se transformer. Il doit passer de la punition individuelle, stérile, à la transformation collective, vertueuse. La mission de la justice est de faire que la société soit forte et résiliente.

Paris = ENRON, décidément

Je disais que Paris avait adopté une tactique à la ENRON. Il s'agit de capitaliser les loyer que la mairie va recevoir. Ce qui transforme 6m de revenus annuels en 360m arrivant d'un coup. Et l'année prochaine ? Même chose. Parce que la mairie va créer du logement social, et donc, dès qu'il existe on capitalise ses revenus, qu'il soit ou non rempli. Et on continue comme ceci jusqu'à quand ? 


(ENRON a duré 10 ans.)

mardi 14 juin 2016

Sondages et Brexit

https://ig.ft.com/sites/brexit-polling/

De derniers sondages donnent l'Angleterre partante. Peut-on les croire ?

Ce qui a caractérisé les élections, récemment, c'est le sursaut de dernière minute (Écosse, Autriche). Peut-être que les peuples ont peur du changement ? Mais cela n'a pas été le cas en Grèce.

Bref, on ne sait pas. Même pas si les sondages se trompent systématiquement. Peut-être, mesurent-ils bien moins l'état d'esprit de la population qu'ils n'agissent sur elle ?

Le syndrôme du chevalier

A l'écoute de France Culture, se dégage un thème récurent de la mythologie de gauche. C'est celui du "porteur de valises". Le porteur de valises a amené des armes ou de l'argent aux peuples qui luttaient contre le colonialisme français

Ce thème revient aujourd'hui, à l'envers, par ce que l'on appelle "le racisme anti-blanc". Les élites verraient le peuple comme un mal. Mais comment gouverner des gens à qui l'on ne pense rien devoir ? 

Et si les bandes dessinées, ou du moins les récits pour la jeunesse, avaient forgé ces mythes ? Le militant voit la vie comme un combat. Il défend la veuve et l'orphelin contre le mauvais. Il n'est donc pas membre de la société. Il est au dessus d'elle. Et il lui faut un ennemi. Il est violent par nature ?

lundi 13 juin 2016

Je ne me lave plus

Il est dangereux de se laver. Cela tue des organismes qui sont nécessaires à notre bon équilibre. Alors, on ne se lave plus. Le SDF est dans le vrai, après tout.

L'amour du progrès technique n'est plus aveugle. Saura-t-on éviter de passer d'un extrême à l'autre ?

Peut-on encore parler de fruits ?

les clémentines sont pour la plupart récoltées avant d'atteindre le coloris qu'on leur connaît : « Les exigences de rentabilité imposées aux producteurs n'incitant guère à la patience, ces derniers se chargent de détruire eux-mêmes la substance », explique 60 Millions de consommateurs. Résultat, cet agrume séjourne le plus souvent dans des chambres de « dévertissage » en compagnie d'un gaz à base d'éthylène (Article du Point sur un article de 60m de consommateurs.)
Après cela comment regarder les fruits sans inquiétude ? Et si la question des OGM n'avait rien de bien extraordinaire et n'était qu'un exemple de la façon dont on considère l'être humain ? Comme un animal ? (Ou peut-être pas : on se préoccupe de plus en plus du sort des animaux.)

(Et comment regarder l'agriculteur ? Lui qui se dit victime d'une sombre machination, paraît, dans cette histoire, simplement, le pigeon d'un mauvais coup auquel il pensait participer...)

dimanche 12 juin 2016

Vive le foot

Vendredi soir, des supporters roumains envahissent mon wagon de métro. Ils braillent, en partie en français. (Il y a encore des gens qui parlent français.) Samedi matin, j'écoutais une émission de France Culture. Il y était question des supporters de foot. Inquiétant. La coupe d'Europe est l'occasion de faire venir en France des masses de gens qui ne rêvent que d'en découdre. Du pain et des jeux, pense le gouvernement ? Paradoxalement, les stades seraient désormais réservés à une élite capable de payer des prix élevés. Les jeux du cirque ?

La logique du Français

Je suis debout dans le métro, du côté banquette. Station. Je m'efface pour laisser passer le flot qui sort. Mais le flot reflue. La porte du quai ne s'est pas ouverte. Je dois m'effacer de nouveau. J'entends une remarque sournoise sur le fait que je gêne le passage. Mais c'est idiot. Je ne pouvais pas prévoir que la porte serait fermée. En outre, je ne peux pas faire beaucoup plus que ce que je fais. 

Je me suis demandé d'où venait autant de méchanceté. Une hypothèse. Nous ne voyons plus guère que notre intérêt, et tout ce qui le gène nous paraît injuste.

samedi 11 juin 2016

Orange et le client

Donc, je change d'opérateur. Je choisis l'offre Sosh. Orange, ça c'est du sérieux, me dis-je. Certainement pas comme ces offres bon marché. Je m'inscris. On m'informe : on va m'envoyer la marche à suivre dans les deux jours. Ensuite mon numéro sera provisoire pendant une semaine. Au bout de deux jours, j'apprends que ma carte SIM arrive en avance. Mais pas de marche à suivre. Je m'inquiète. Pas de relation client en ligne. On me propose de "chatter" avec un conseiller, par Internet. 11 personnes avant moi. Une heure après, il y en a encore 6. J'abandonne. Mais heureusement la marche à suivre arrive en même temps que la carte SIM. J'installe, j'appelle le numéro indiqué pour mettre en fonctionnement et là : "carte invalide". Je tente tout ce que je peux. Rien. Cette fois il faut que je trouve un être humain. Je pars donc à Paris, mais comme je suis en banlieue et que nous sommes en grèves, je m'engage dans un voyage de plus de trois heures. Arrivé au port, je me dirige vers la première boutique Orange de proximité. Un homme vient vers moi pour me demander mon besoin. Je ne vais pas attendre ! me dis-je. Je m'explique. Il me dit : vous n'avez pas mis la carte SIM ! Mais si. Vous n'avez pas appelé le numéro de mise en fonctionnement ! Mais si. Alors, il m'indique avec mauvaise humeur un bureau. Et là on veut m'envoyer chez SFR. C'est sa faute. Je résiste. Puis l'employé m'explique, comme si j'étais un coupable, qu'il faut réinitialiser l'iPhone. Mais ce n'est pas sur mon papier, dis-je. Et là, je m'entends répondre que je ne veux rien comprendre. Mais ce n'est pas comme cela que l'on traite un client, dis-je, faiblement... (Et en plus un nouveau client, pris à la concurrence, ai-je pensé plus tard.) Et je me sens agressé, insulté, comme cela ne m'est jamais arrivé dans ma vie (de privilégié ?). Mais j'ai un eu un réflexe qui m'a sauvé. Je lui ai demandé de reprendre son explication. Il m'a dit que j'allais perdre mes données. Ce qui n'était pas grave, lui ai-je répondu, puisqu'elles sont sauvegardées sur mon ordinateur. Il a réinitialisé. Ça a marché. Mais je ne suis pas parti sans qu'il me jette à la figure, bien désagréablement, que ce type de service était payant. Je l'ai remercié...

J'étais si choqué qu'il a fallu que je fasse les cent pas dans la gare Saint Lazare pour évacuer mon stress. Heureusement, mon train a mis une heure pour arriver. L'idée m'est venue que le problème de France Télécom était peut-être celui de la SNCF. Une entreprise organisée sur un modèle d'Ancien régime.

Raison et passion

Le monde change, nous ne pouvons rien y faire, et pourtant nous participons à ce changement. Sans nous il ne serait pas ce qu'il est. Mais il n'est pas une question de raison, a priori. Contrairement à ce que dit Kant, nous le sentons en nous. Nous avons accès à la (une) nature des choses. Et c'est là que la raison devient utile. Elle nous sert à comprendre les potentialités qui commencent à s'exprimer, et à les orienter dans un sens qui nous convienne.

Celui qui n'a que la raison est condamné au désert de Dino Buzzati, celui qui n'a que la passion (en particulier le romantique) ne vaut pas mieux qu'une mouche contre une vitre. Il faut chercher à viser le juste milieu, aurait dit Aristote. 

Voilà la conclusion à laquelle j'arrive, après 8 ans de blog...

vendredi 10 juin 2016

Et si le numérique sauvait l'économie traditionnelle ?

Depuis trente ans, sous diverses formes, j'entends dire que la société doit être détruite. Que le numérique va la renouveler. Cela a commencé avec la bulle Internet, cela se poursuit avec divers avatars du "digital". Et si l'on n'avait rien compris au bénéfice du numérique ? Un exemple. 

Il y a fort longtemps, j'ai travaillé pour l'industrie du câble. Initialement le câble n'avait pas pour objet d'être rentable. D'ailleurs il ne l'était pas du tout. Il servait à obtenir des concessions d'une collectivité locale. Vous désiriez opérer une installation collective ? Vous offriez à l'élu qui comptait sa chaîne télé, et son réseau. Et vous réalisiez de belles marges. Aujourd'hui, les prestataires de services au collectivités ont perdu le sens des affaires. Pas étonnant qu'ils soient tous en situation difficile. Et s'ils utilisaient les données dont ils disposent pour aider les élus à administrer leur territoire ? 

Par exemple en repérant à temps certaines personnes en difficulté. Et en trouvant les politiques qui permettraient de leur donner un petit coup de pouce. Ne dit-on pas désormais que la meilleure façon d'aider une population est "nudge" : créer, sans besoin de moyens, les conditions qui lui feront éviter le cercle vicieux ? 

Ne croyez-vous pas qu'une telle aide serait appréciée ?

L'escroquerie de Sartre

L'existentialisme, c'est tout con. Cela vient de Kierkegaard. Après Kant, Hegel cherche à bâtir le monde sur la raison. Cela part d'un bon sentiment. On ne peut pas connaître la réalité de la nature, autant bâtir un univers où il ferait bon vivre. Malheureusement cela débouche sur le néant, l'absurde. (D'où le nihilisme des possédés de Dostoïevski et les travaux de Marx.) Cela révolte Kierkegaard. Cette folie vient de ce que nous ne savons plus ce qu'exister, vivre, signifie, dit-il. L'existentialisme, c'est se débarrasser des effets pervers de la raison, pour retrouver le sens de la vie. 

Or, Sartre s'est fait le champion de l'existentialisme pour justifier Hegel et le nihilisme ! Il a récupéré l'existentialisme pour lui faire dire le contraire de ce qu'il signifiait ! 

(Le nihilisme est le mal de l'intellectuel : il ne peut plus penser que dans le cadre de ce qu'on lui a enseigné. Il vit dans un monde de concepts abstraits. Et ce cadre, comme le dit Gödel, est "incomplet". Il produit l'impuissance. L'intellectuel est condamné à l'absurde.)

jeudi 9 juin 2016

De SFR à Orange

Mon passage en banlieue a été fatal à SFR. On n'arrivait plus à me joindre. Cela coupait sans cesse. Ce qui m'a fait passer a l'action a été un coup de fil calamiteux. Un premier contact avec un nouveau client. En quatre épisodes de quelques secondes je n'ai pas pu mieux faire que de prendre un rendez-vous. Action commerciale la plus efficace de ma carrière, certes. Mais, comme disent les jeunes, "j'ai eu la honte de ma vie". 

Le changement a du bon. Je croyais être devenu sourd. Eh bien non. J'entends maintenant bien mieux qu'avant ce que l'on me dit. Et je peux utiliser Internet dans le métro. C'est très important pour moi : c'est là que je travaille entre deux rendez-vous. 

Du coup, je me suis interrogé sur les raisons de la transformation de ce que l'on affirmait être le meilleur réseau de France. Et si M.Drahi avait eu les yeux plus gros que le ventre ? On lui a donné les moyens d'acheter beaucoup d'entreprises. Maintenant, il se retrouve endetté et sans moyens de les faire fonctionner correctement ? Alors il s'est engagé, comme beaucoup d'autres investisseurs avant lui, dans une folle course poursuite, en espérant ne pas être rattrapé par la police ?

Penser faux : risque systémique

La systémique dit que le système se défend du changement en nous donnant des idées fausses. Ces idées provoquent des actions erronées qui renforcent le système ! C'est ma hantise. Je ne peux que constater que je n'ai que des idées spontanément fausses. Mon intuition, contrairement à ce que dit Bergson, est mon pire ennemi. Mais, je ne suis pas seul, j'ai l'impression que le phénomène est mondial. Et c'est peut-être bien ce qui nous menace de nous faire sombrer.

Comment éviter les idées fausses ? Une solution qui marche pour un cas particulier. Depuis plus de 7 ans j'anime un groupe de dirigeants qui aide d'autres dirigeants à prendre des décisions compliquées. L'avenir de leur projet entrepreneurial est en jeu. Je constate que l'analyse systématique de la question, qui résulte d'un examen croisé par des participants ayant des expériences extrêmement diverses, conduit à me faire voir des évidences que j'ignorais. Cela remet mes idées en place, et me permet à nouveau d'être efficace.

mercredi 8 juin 2016

Pire que l'apocalypse

Les limites à la croissance prévoient une crise majeure d'ici peu de temps. Beaucoup d'entre nous sont convaincus que notre monde n'est pas durable. Ils attendent l'apocalypse avec calme. Ils sont heureux d'être vieux. 

Et si le monde changeait ? Ce serait une mauvaise nouvelle pour les vieux. Parce que cela signifierait aussi un changement de tout ce à quoi nous sommes habitués. D'un seul coup, plus aucun de nos réflexes ne serait bon. De même que la chevalerie ou l'Ancien régime ont disparu, avec leurs us et coutumes, les nôtres pourraient finir, laissant les anciens désemparés. Place aux jeunes.

Le patron français est un malin

On reproche, internationalement !, au patron français, de n'avoir aucune ambition. D'être un médiocre. Son obsession ? En donner le moins possible à l'Etat. Et ce, quitte à amputer la croissance, et donc la valeur, de son entreprise !

Idiot ? Non. Il s'est adapté à son environnement. Il suit souvent une tactique que personne n'a comprise. Par exemple, vous pensez que son projet est entrepreneurial, alors qu'il réalise une opération immobilière. Il a une stratégie patrimoniale. C'est ainsi qu'il peut à la fois devenir riche, tout en respectant les impératifs de la culture française qui prône la pauvreté.

mardi 7 juin 2016

Auto ubérisation, science et pratique

L'auto ubérisation est la mode du moment. Comment la reconnaître ?

Votre entreprise vous dit : notre métier traditionnel est fichu. Nous devons nous réinventer. Et ce à partir de certaines de nos compétences. Celles liées aux "data" (terme à ne pas confondre avec "données"). Par exemple celles dont nous disposons sur nos clients. Elle va alors vider son activité principale de son argent pour nourrir des "spin off". La multinationale devient une holding pour start up. Curieusement, en ce qui concerne son fonctionnement central, elle demeure une bureaucratie, avec toutes ses lourdeurs, ses gros salaires et ses gros bonus, et les mêmes dirigeants qu'auparavant.

Le mouvement est nouveau en France, mais vieux aux USA. C'est ainsi qu'une entreprise comme Carlson Wagonlit est maintenant éditeur de logiciel. Le premier exemple d'un tel changement de peau est la société ENRON. D'opérateur de pipe lines, elle devient place de marché. Vivendi est aussi un désossage d'une activité traditionnelle pour financer l'achat de châteaux en Espagne. 

Car on n'a aucune idée des raisons pour lesquelles les nouvelles activités gagneraient de l'argent. Et moins encore en quoi elles ont quoi que ce soit d'innovant : tout le monde fait la même chose ! C'est un acte de foi. Au mieux, il semble que ce mouvement corresponde à un gigantesque transfert de cash de l'économie réelle vers les coffres de quelques opérateurs habiles. Les promesses n'engagent que ceux qui les entendent. 

(Et il n'est pas sûr que les anciennes activités soient aussi condamnées qu'on veut bien le dire... à suivre.)

UE : élargissement raté

"les pays d’Europe de l’Est ont renoué avec leurs vieux démons comme le montre leur dérive autoritaire et ultranationaliste, leur remise en cause des libertés publiques, leur relation purement utilitariste à l’Union qu’ils perçoivent comme un simple porte-monnaie alimenté par Berlin." dit Jean Quatremer

Il écrit que l'élargissement de l'Europe a été un échec. Quelle a été sa motivation ? Sortir l'est de l'Europe de l'influence russe ? Tuer les velléités de structuration de l'Europe en créant un grand marché ? Injecter  des ex soviétiques, que l'on croyait prêts à tout pour s'enrichir, dans une Europe peu libérale ? Un autre exemple de la vague de changements qui s'est abattue sur le monde et qui, à l'image de l'Irak ou des printemps arabes, n'a pas connu que des succès ? 

Il ne sert certainement à rien de chercher des coupables. Mais il serait bien de faire une analyse scientifique de ce qui s'est passé, de façon à rectifier le tir. Et de comprendre ce qui nous rend aussi perméables aux idées foireuses. 

(Idée foireuse qui n'est pas l'élargissement de l'Europe, mais la croyance selon laquelle le changement se fait par décret, sans effort.)

lundi 6 juin 2016

Sous l'eau

Se balader sur les bords inondés de la Seine est la distraction du week-end.

Dommage que je n'ai pas pu assister à une course d’hippocampes à Maisons-Laffitte.

Brexit et immigration

Pourquoi le Brexit ? J'écoutais un petit bout d'Any questions, une émission de la BBC. Il en ressortait que le Brexit était une question d'immigration. Peut-être plus compliquée que je le croyais. L'Angleterre ne veut pas de l'immigration européenne. Elle préfère les immigrés de son empire. 

Les pro Brexit estiment que l'Europe a asservi leur pays. Une fois libéré, il retrouvera instantanément sa grandeur et sa prospérité.  Les pro immigration font savoir que sans immigration, l'Angleterre ne pourra plus maintenir son train de vie. Personne ne semble se demander si l'immigration profite autant à tous, et ce qui a fait la grandeur de l'Angleterre.

Comment se passer de morale ?

Si la morale se prête à l'énantiodromie, si elle génère massivement la perversion, comment s'en passer ? 

Comme pour le code de la route. Personne ne pense qu'il est "bien" de rouler à droite. Mais on y roule, pour ne pas se faire tuer. La société a besoin de règles pour fonctionner. Ces règles sont "le bien commun" ou la "chose publique". Leurs principes doivent correspondre à la culture de la société. C'est-à-dire ce qu'elle pense, implicitement, bien ou pas. Mais, surtout, ce qu'elle est capable de faire respecter, sans drame. 

(Ce qui diffère des opinions habituelles qui croient soit que le droit doit être "naturel", que nous sommes contraints par des lois de la nature, soit qu'il doit être "positif", c'est-à-dire totalement abstrait. Le bon droit pourrait être entre les deux.)

dimanche 5 juin 2016

La morale nuit à la santé

La société substitue sa vision du monde à la réalité. Par exemple, elle nous dit qu'il y a quelque-chose qui s'appelle "l'amour", que c'est ce qui existe, en particulier entre les membres d'une famille. En réalité que cela soit une loi de la nature est sans importance : la société veut créer un monde idéal. Une éthique. Ce qui est louable.

Mais, si l'on sait jouer avec les apparences, on peut,  au nom de l'amour, détruire impunément celui que l'on dit aimer. Et avec l'assentiment enthousiaste de la société. Voici ce que je retiens de l'étude du harcèlement. Il en est ainsi de toute loi sociale : plus vous y croyez, plus vous êtes facile à manipuler. Et plus, d'ailleurs, cela encourage le développement de comportements "pervers".

Notre société est construite sur la raison, et cela provoque l'énantiodromie. Nous obtenons le contraire de nos bons sentiments. 

Peut-être faudrait-il renoncer à l'illusion qu'il est possible de nous imposer un comportement ?  

Les figures de style

Afficher l'image d'origineVoilà un livre délicieux. Qui m'aurait dit qu'un jour j'utiliserais ce qualificatif  pour un Que sais-je ? ?

La "figure de style" est une façon de s'exprimer qui produit, par perversion des règles de langage, un sens que le langage était incapable de véhiculer. Mais le langage tente de se venger en enfermant la figure de style dans une norme rassurante, dans pas loin de deux cents cases aux noms exotiques et étranges : anantadopoton, autocatégorème, battologie, catachrèse, chleuasme, diasyrme, énallage, glossème, hendiadyn...

Ce livre n'est pas qu'un catalogue, élégant et accessible, de ces figures. Il est aussi une réflexion sur le langage. Et l'occasion de quelques remarques subtilement assassines. 

SUHAMY, Henri, Les figures de style, Que sais-je ?, Treizième édition, 2016. 

samedi 4 juin 2016

Projet d'entreprise : cet incompris

Vous n'avez pas de projet d'entreprise dit-on à un patron de PME. Il ne comprend visiblement pas. C'est vrai : projet d'entreprise, qu'entendre par ce terme ? De belles paroles afin de mener l'entreprise par le bout du nez ? Un travail d'homme de pub ou de théoricien de Harvard ?...

Pas du tout. C’est le moyen que tout grand général utilise pour motiver ses troupes. Cela s’exprime en quelques mots de tous les jours, et parfois, seulement, par une action. C’est une façon de dire à tous que l'on fait, ensemble, quelque chose dont on sera fier. Et que le général y croit, plus qu’à sa vie. L’exemple extrême est Napoléon à Arcole, ou Cortès brulant ses bateaux.

Le projet d'entreprise est l'assurance sur la vie du changement. L'antidote au risque majeur : l'intérêt individuel, le calcul médiocre, qui prend le pas sur l'intérêt collectif. Et qui produit le KO par zizanie. 

La vie est-elle absurde ?

Le monde est absurde. L'homme est fait d'atomes ou de quarks, au mieux il est une tuyauterie, ou une machine, ses comportements peuvent être expliqués par l'intérêt de ses gènes ou par la pression sociale... comment les sentiments que nous exprimons pour lui peuvent-il avoir du sens ?

Et si cet absurde était maladie de la raison ? Elle a besoin de construire des systèmes cohérents, et elle n'y arrive pas. La raison n'est qu'une fonction secondaire de l'homme, un outil comme un autre. A côté de cela il y a une autre réalité, celle de nos sens. Et c'est peut-être elle, la bonne. Peut-être comme le dit une partie de la philosophie, et le taoïsme, avons-nous accès par là à la nature réelle du monde ? Cependant, elle est enfouie profond, et profondément biaisée par l'enseignement de la société. Et nous avons besoin de la raison pour nous guider. Ne serait-ce que parce que nous vivons dans un monde de raison. Mais sans accès au sens que fournissent les sens, il est possible que la vie n'en ait pas.

vendredi 3 juin 2016

Les comptes de Microsoft

Je cherchais à savoir combien Office rapportait à Microsoft. Je n'arrive pas à le comprendre à partir des comptes de Microsoft. Je ne suis pas le seul. Depuis que ses résultats se dégradent, Microsoft a pris une décision courageuse : rendre impossible de mesurer l'étendue des dégâts. Apparemment, ses auditeurs trouvent cela très bien. 

Les bons comptes font les bons amis
Un rapport annuel doit-il être illisible ? Pourquoi n'y aurait-il pas d'organisme, une ONG par exemple, qui évaluerait, avec des critères simples, la lisibilité d'un rapport ? Un rapport illisible indiquerait un danger : privé de la saine stimulation du marché, l'entreprise est à risques de différer trop longtemps un changement nécessaire.

Le sans papier : un danger ?

Mon premier employeur doit en grand partie sa fortune au sans papier. Un de ses premiers clients, Boeing, avait parié sur le tout informatique. Plus de plans. Aujourd'hui, le cloud nous invite à brûler les livres. C'est écologique, nous dit-on : plus de forêts détruites. 

Est-ce vraiment le cas ? Le cloud consomme des masses d'énergie, et s'il s'éteint, nous n'avons plus de mémoire. Et je ne parle pas des changements de logiciel qui menacent d'illisibilité ce qui est enregistré. Le papier dure des siècles, sans énergie. 

Le développement durable va-t-il imposer des limites à la croissance du cloud ?

jeudi 2 juin 2016

La démocratie confisquée

Nous vivons dans une "crypto-oligarchie", dit le professeur Paul Cartledge de l'université de Cambridge. La démocratie c'est le citoyen prenant part à toutes les décisions, le référendum, et les positions de gouvernement tirées au sort. Aujourd'hui, les "démocraties" sont dirigées par une classe de privilégiés.

Mais il demeure quelques bonnes pratiques : la Suisse et l'Islande.

Spinoza et Bergson

Dans une note reproduite dans le livre de V. Jankélévitch sur Bergson, Bergson note les similitudes entre sa pensée et celle de Spinoza. Surprenant : Spinoza c'est la gloire de la raison, alors que Bergson, c'est celle de l'intuition. 

Certes les deux nient l'existence du temps tel que nous le voyons. Mais, pour Spinoza, le temps n'existe pas, alors que pour Bergson, il y a un temps réel, qui est celui du changement, de la vie. 

C'est peut-être là la grande différence entre les deux œuvres. Dans l'une Dieu est stabilité, dans l'autre il est changement. Et cela résout peut-être la question du la nature divine de l'homme : l'homme prête main forte au changement universel. L'homme est bien une partie de Dieu, comme le dit Spinoza. Mais les choses ne sont pas figées, contrairement à ce qu'il pense. Car ce changement n'est pas écrit. L'effort individuel lui apporte une touche personnelle qu'il n'aurait pas eu sans lui.

mercredi 1 juin 2016

Pitié dangereuse ?

Je lisais Matthieu Ricard, il parlait d'altruisme. Il expliquait, en quelque sorte, que l'altruiste veut prendre dans ses bras ceux qui souffrent. 

C'est un sentiment courant, mais est-il sain ? me suis-je demandé. Celui que l'on croit souffrir a-t-il l'impression de souffrir ? Pour ma part, j'ai eu quelques moments difficiles, mais j'ai jugé que l'aide que l'on me proposait était pire que le mal. Et cela parce qu'elle sous-entendait une relation de dépendance. Car, de quoi a-t-on besoin quand cela ne va pas ? De quelqu'un qui voit nos forces, pas nos faiblesses. Et qui nous fournit l'indication ou les conditions qui nous manquaient pour les réaliser. Marin qui permet à l'albatros de Baudelaire de quitter le pont.

Spinoza, une très courte introduction

Afficher l'image d'origineJ'ai l'impression que pour comprendre Spinoza, il faut partir d'une expérience que nous avons tous faite. La passion nous saisit, et nous ne nous contrôlons plus, ou nous souffrons. Le travail de la raison permet de mettre des mots sur ce chaos, et d'agir. Tous nos malheurs viennent de ce que nous sommes comme des mouches contre une vitre : nous nions la vérité. Combat vain. Si, au contraire, nous la reconnaissions, nous découvririons qu'elle nous donne les moyens d'atteindre nos objectifs. Arrêtons d'insulter le trottoir parce que notre pied s'y est heurté, et utilisons-le pour marcher. Le sens de la vie, c'est cela. C'est affronter ses passions, à la recherche de la lumière. Éthique.

De là on en arrive à une métaphysique. Ces vérités, c'est Dieu. Et elles sont immuables. En conséquence, le temps n'existe pas. Si nous n'étions pas victime de nos passions, nous le saurions. 

Reste une contradiction. Spinoza semble dire que l'homme est une émanation de Dieu. Mais alors pourquoi lui faut-il du travail pour devenir rationnel ? Il écrit aussi que l'homme est libre en proportion de sa rationalité. Mais, s'il est capable d'agir correctement une fois qu'il a découvert la vérité divine, cela signifie que cette vérité n'est rien de plus qu'un décor, et que l'individu s'y déplace comme il le veut ?

(Peut-être retrouve-t-on ici une vieille idée des Grecs : après la vie active, il y a la vie contemplative ? L'homme découvre la beauté du monde. C'est la fin du voyage. Mais ça ne résout pas tout. Car alors, c'est la déraison qui est la liberté humaine, puisqu'elle n'est pas divine. Sans elle, nous ne nous agiterions pas. Nous serions des légumes baillant d'admiration devant les réalisation divines.)

(SCRUTON, Roger, Spinoza, a very short introduction, Oxford University Press, 2002.)