dimanche 31 décembre 2017

Résistance au changement

Un best seller de ce blog parle de résistance au changement. Fidèle à ma devise : j'avais tort...

Ce best seller était, pourtant, un pas en avant. Jusque-là, je n'avais pas conscience du phénomène. J'ai été conçu pour rechercher le consensus, probablement. Donc, j'interprète ce qui résiste comme une information, pas comme un mal. La métaphore du navigateur s'applique à mon cas. Mais, en y réfléchissant et en regroupant des travaux savants, j'ai constaté qu'il y avait "homéostasie" : mécanismes de résistance aux changements qui menacent de faire sauter le système.

Or, les sociétés ont des règles, invisibles, qui permettent au groupe de changer comme un seul homme. (On les voit à l'oeuvre dans la mode.) C'est ce dont parlent mes premiers livres. Cependant, nouvelle erreur, il m'avait échappé que l'histoire humaine est un changement qui force l'homme à se transformer dans sa chair et son génome. En particulier, l'espèce est propulsée par des idées dont elle ne voit pas les conséquences. Par exemple celles des Lumières, le Marxisme, le progrès scientifique, etc. Quand elles lui pètent à la figure, l'être humain passe un mauvais moment. Il doit faire le deuil du paradis perdu. Il doit accepter un réel qui n'a pas du tout la tête attendue. Il doit comprendre, surtout, ce qui constitue son identité : les "valeurs" sans le respect desquelles il ne vaut pas mieux qu'un Indien aux USA. Enfoui au fond de lui-même, elles sortent, quasiment, par miracle. Finalement, il doit réconcilier les unes avec l'autre. C'est la crise existentielle. Nouveau genre de changement. (Et sujet de mes derniers livres.)

Un exemple ? L'incertitude du monde fait peur. La sécurité d'après guerre, l'Etat providence, où sont-ils ? Quel est le criminel qui les a tués, à notre insu ? Mais l'incertitude, c'est la liberté ! Et l'on peut reconstituer une forme de sécurité, "dynamique", par solidarité de groupe de confiance, groupe qui se constituera à partir d'un "désir d'être ensemble". Voilà qui donne du sens à la vie, non ? 

(Quant à la question de la modification du génome, elle est laissée au lecteur.)

Fin du monde

Ce blog, a commencé avec la crise. Rien n'allait plus. C'est caractéristique des changements, selon Kurt Lewin. Dix ans de doute. Et si 2017 avait été un "tipping point" ?

Le facteur de changement ? La culture américaine ? Elle a conquis le monde. Mais, avec MM.Obama et Trump, la vague se retire. Et M.Macron ? Retour d'un système de gouvernement traditionnel, après cinquante ans d'une tentative de bipartisme républicains / démocrates ?

Et l'avenir ? Pas comme le passé ! Plus les mêmes dominants. Les grandes causes morales ont peut-être connu leur zénith. Alors, France besogneuse et familiale d'après guerre ?

La caractéristique du changement réussi, selon moi, est le "Far West". Des potentiels nouveaux et les risques qui vont avec. (Car conçus pour un système, tous nos réflexes deviennent faux dans un autre.) Pour profiter des uns, sans être victime des autres, il faut "élan vital", envie puissante, et réseau de confiance, répète ce blog. Mais, nul n'est forcé de le croire.

Slurp

Slurp, une mode qui gagne ? Slurp, c'est l'orateur dont les propos sont entrecoupés de ré ingurgitation de salive. J'ai repéré ce phénomène chez les critiques de cinéma, il y a déjà longtemps. Il semble gagner de plus en plus de terrain. La raison est peut-être la même partout. La critique de cinéma est une transe. Le critique étale sa science. Il va jusqu'au bout de son souffle. Et doit le reprendre en parlant.

La pratique antérieure paraissait celle d'une connaissance maîtrisée. La parole était un cours, ou peut-être était-elle prudente, pas une création, ou une improvisation ? Slurp, le bruit de l'auto satisfaction ?

Blog

Ce blog fête sa dixième fin d'année. Il illustre l'irrationalité de la raison. Elle est linéaire : "plus je pédale moins vite, moins j'arrive plus tôt", faisait-on dire à Eddy Merckx. Ce n'est pas comme cela que marche la pensée. La pensée appelle la pensée, par esprit d'escalier.

En fait, je n'écris que pour moi. Un billet en lui même n'a qu'un intérêt superficiel. Ce qui compte est la progression de la réflexion, et le changement que cela induit. Mais, le mécanisme est d'autant plus efficace que j'écris pour être lu...

Plus irrationnel encore. Comme le disait Tocqueville, on éprouve du plaisir à transformer une idée en une formule élégante. C'est un plaisir d'artisan. Au fond, le contenu ne compte pas. L'artiste ou l'écrivain, peut-être aussi le scientifique, produisent un sens qu'ils ne comprennent pas. Comme je le répète : je devrais lire mes livres.

Souhaits

Optimisme. Souhait de bonne année ?

J'ai remarqué, dans l'entreprise, qu'un changement réussi produisait des employés optimistes. Optimisme s'entend au sens du psychologue M. Seligman. L'optimisme est, paradoxalement, stimulé par l'imprévu. (C'est l'opposé du pessimisme, et de la dépression.)

Et si l'humanité réussissait son changement ?

samedi 30 décembre 2017

La barbe

La mode de la barbe dure. J'ai été surpris de voir à quelle vitesse elle s'emparait de mes étudiants, il y a quelques années. Une année imberbe, l'année suivante barbue.

La mode aurait été lancée en Australie, il y a une décennie. Curieusement cela aurait été lié à un mouvement d'information sur le cancer de la prostate ! D'ailleurs, lors d'une mission à l'OCDE, fin 2013, on m'y avait parlé de quelque-chose de similaire : les jeunes employés s'y laissaient pousser la moustache, je crois, pour je ne sais plus qu'elle bonne cause.

Peut-être que tout mouvement grégaire commence par la volonté d'appartenir à une communauté d'élus ? L'aspiration étant commune nous finissons tous par faire la même chose ?

Papillon Macron

2017 aura été l'année Emmanuel Macron. Venu de nulle part, il a saisi le courant d'air qui l'a amené aux sommets. Théorie du chaos et effet "battement d'aile du papillon" ?

Extra terrestre ? Alors que le Français vivait, depuis des siècles, une liaison passionnelle avec ses gouvernants, M.Macron ne suscite ni haine ni amour. Ses députés sont une armée de robots. Mais ses opposants ne signifient plus rien. La politique a été nettoyée à sec. Quant à l'électeur, il est devenu pragmatique : ce qui compte est "que ça marche" ?

Qui aurait prévu un tel changement ?

Un pouvoir invisible

Les mafias et la société démocratique XIXème XXIème siècle, sous-titre. La Mafia apparaît comme un phénomène extrêmement inquiétant. Non pour les raisons que l'on envisagerait spontanément, mais parce qu'il semble consubstantiel à notre société. Il ne serait pas sicilien, mais universel... La Mafia, un "cancer" du capitalisme ?

La mafia serait née, comme le capitalisme, des "enclosures". En Sicile, comme en Angleterre, et plus tard en URSS, des biens communs (des terres pour la Sicile) sont fusionnés. Les anciens propriétaires indivis reçoivent des bons en échange. Ils les revendent. Se constitue alors une nouvelle bourgeoisie terrienne. C'est elle le coeur de la Mafia. Mais la Mafia est un dispositif beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, elle s'incruste immédiatement au plus haut niveau de la société, car elle rend service au puissant. Au fond, elle n'est que le bras armé d'une haute société mafieuse par nature. C'est ce qui la rend quasiment indéracinable. Elle a même tenu en échec le fascisme : lorsqu'il a voulu l'extirper, il a dû reculer quand il a découvert la profondeur de son implantation au sommet de la nation.

Quand au bas de la société, le phénomène qui s'y produit est surprenant. La pauvreté qu'a créée la suppression des terres communes produit deux populations. D'une part des dépendants. Contrairement à ce que l'on dit parfois, ce sont des exploités. De l'autre, une population de désespérés tentés par des solutions radicales, comme le communisme. Paradoxalement, elle fournit une justification à la Mafia. En effet, tout au long de son histoire, on lui a demandé de maintenir l'ordre. Cela est particulièrement vrai pour les USA après guerre. Ils sont terrorisés par le communisme. Aussi bien en Italie qu'au Japon, ils vont constituer un pouvoir clientéliste, en associant un parti dominant (la Démocratie chrétienne en Italie, le PDL au Japon) avec la Mafia locale.

Plus effrayant encore, ce mécanisme se nourrit de la démocratie. La généralisation du droit de vote permet aux cadres de la mafia d'infiltrer les gouvernements locaux. Les droits de l'homme, et la gauche sont ses idiots utiles. Car dès les origines, il y eut des gens qui ont eu le courage de se dresser contre la Mafia. Mais, souvent avec l'appui des combattants de la démocratie, elle a su jouer des lois pour obtenir des non lieux, faute de preuves (et pour cause...). Elle est ressortie renforcée pour longtemps de l'épreuve.

Dans cette affaire, les USA semblent des apprentis sorciers. S'ils ont joué autant avec les mafias mondiales, ce n'est pas uniquement par cynisme. Au début de leur histoire il y a eu les "robber barons", les Rockfeller, Carnegie et autres. De leurs pratiques délictueuses a résulté une prospérité qui s'est étendue à toute la société. (En outre les mafieux ont les vertus que l'on prête aux entrepreneurs. Ce sont de remarquables hommes d'affaires.) Les USA s'attendaient à ce qu'il en soit de même ailleurs. En particulier en Russie. Le résultat a été terrible, dans ce pays. Une oligarchie s'est constituée. Quasi instantanément elle a vidé la nation de sa substance et créé une misère de masse. Mais, rien de positif n'en est sorti.

Comment combattre la Mafia ? C'est surprenant, mais il y a des gens qui ont le courage de l'affronter. Policiers, hommes de lois, grands propriétaires de droite, syndicalistes, juges... Comme les députés qui ont refusé la confiance à Pétain, ils viennent de partout. Ce sont des gens de principe. Et ils parviennent à trouver des appuis. Mais ils connaissent généralement une mort prématurée. En fait, la Mafia est son propre ennemi. Elle est victime sans cesse de guerres de clans. Et elle est dirigée par des violents peu subtils. Surtout, il lui arrive de commettre des bavures qui produisent une réaction violente de la société ou des USA (pour l'Amérique du sud).

Mais le fléau de la Mafia, c'est l'Etat providence. Parce qu'il fournit un travail à tous, il lui coupe l'herbe sous le pied. C'est lui qui explique que la France a quasiment éradiqué le grand banditisme du milieu marseillais / corse (plus redoutable que la Mafia !), et l'éclipse de la Mafia en Italie pendant les années 60, jusqu'à la crise. Voilà pourquoi la Mafia a appuyé les travaux des économistes libéraux. Et voilà pourquoi la déréglementation financière et la globalisation diffusent un esprit mafieux, le "crime en col blanc", à défaut des mafias à proprement parler. Pas rassurant.

vendredi 29 décembre 2017

Voyou

Apple bride ses vieux téléphones, dit Le Monde. Méthode de voyou ? L'année dernière, c'était l'automobile qui trafiquait ses moteurs. Et l'on ne compte plus les banques ou les laboratoires condamnés pour malversations. A quand les méthodes de la Mafia ?

Que l'on soit puissant ou misérable ? Apple s'en tirera avec une amende, mais ses dirigeants ne seront pas mis au ban de la société, comme des voyous, ce qui aurait été pourtant particulièrement efficace.

Mauvaises notes

Un moyen, très français, d’avoir de bonnes notes. Tous les professeurs ont des obsessions qui leur sont propres. (Pour les repérer : chercher dans leur cours ce qui est bizarre, voire idiot.) Si on leur dit ce qu’ils veulent entendre, ils sont enchantés.

Et moi, quelle fut mon obsession d'enseignant ? Ce qui m'intéressait était ce qui me surprenait chez mes étudiants. (Une attitude qui les troublait.) J'ai rencontré quelqu'un qui me ressemblait. A l'époque où je préparais les grandes écoles, un de mes "colleurs" était le professeur de mathématiques de ma classe qui venait de prendre sa retraite. C'était quelqu'un d'admiré, par ses compétences d'enseignant, et par le fait qu'il avait publié des travaux scientifiques, et qu'il appartenait à un groupe de normaliens célèbres. En ces temps, je tendais à être bien meilleur à l'oral qu'à l'écrit. Sauf avec lui. Jusqu'à ce qu'un jour j'avoue que je ne voyais aucun moyen de résoudre la question qu'il m'avait posée. Je me suis mis à réfléchir. Je n'ai pas mieux trouvé. Mais, ce qu'il cherchait était de voir comment je réfléchissais. C'aurait pu être une grande leçon. Malheureusement, je crois qu'il a été atteint d'une grave maladie, et je ne l'ai jamais revu. Et je suis retombé dans mes travers.

Peut-être, si je l'avais connu avant sa retraite, ma vie aurait-elle été changée ? En fait, j'en suis arrivé à croire que tout ce que j'ai acquis l'a été en compensation de mes handicaps. La réussite prématurée est rarement bonne pour la santé.

Schelling

Schelling fut le rival de Hegel. Un rival surdoué, d'ailleurs. En un temps où les philosophes étaient des rock stars. On s'empilait à leurs cours. Et on en était les disciples. On se battait pour leurs idées. Curieusement pour des gens d'aussi hauts idéaux, ils vivaient une petite existence bourgeoise, comblée d'honneurs par les princes.

Qu'a dit Schelling ? Le livre est remarquablement écrit, mais l'auteur croit que l'on en sait autant que lui. Y compris d'ailleurs sur les gens que fréquentait Schelling. Au mieux j'ai cru comprendre qu'il n'était jamais venu au bout de ses idées, à publier l'ouvrage définitif qu'il avait en tête.

C'est un romantique. Il est l'ami de Goethe, qui l'inspire. Si je saisis correctement, il écrit une philosophie de l'absolu. "La vraie patrie de l'homme est dans les cieux, c'est à dire dans le monde idéal où il doit revenir et trouver sa demeure permanente." Il aurait pensé que l'homme pouvait accéder à cet absolu par l'intuition. Car nous sommes d'essence divine. C'est aussi une philosophie de la nature. "Le monde est grand ouvert pour que nous y trouvions l'histoire de notre esprit." La nature comme guide vers l'absolu ? Ailleurs, il est dit que la nature, le chaos ?, aurait précédé Dieu et les hommes. Et la mythologie grecque aurait annoncé la religion chrétienne. Schelling parle aussi de "puissances", qui sont peut-être les forces qui modèlent le monde, les "idées" éternelles, d'art... Cela semble très beau et très romantique, mais plus près de la poésie, ou du délire ?, que ce que l'on attend d'ordinaire de la philosophie. Mais c'est peut-être cet d'amour de l'irrationalité qui a inspiré la pensée allemande et poussé les peuples germaniques à se jeter à la conquête du monde...

Surtout, cela semble très confus. Probablement parce que je n'ai rien compris. Mais peut-être aussi parce que Schelling a eu une panne d'intuition.

jeudi 28 décembre 2017

Business papal

Quel est le "business" du Pape ? Dans la vie de l'entreprise américaine, il y a un grand moment. Le moment où l'on comprend dans quel "business" on est : le principe sur lequel repose le succès de l'entreprise. Car, alors, en pariant tout sur lui, on peut être maîtres du monde. C'est ainsi qu'un film sur les fabricants de cigarettes dit qu'ils sont dans le business de la production de nicotine. D'où la question : comment en expédier le plus possible dans les poumons du fumeur ?

Le Pape est probablement unique en son genre. C'est à la fois un chef d'Etat, et une autorité morale. Il n'y a que les USA qui aient un réseau diplomatique plus important que le sien. Et il dispose d'écoles, d'universités... un peu partout. Voilà ce que disait France Culture, hier matin. Il est à la tête d'une pieuvre, au sens mafieux du terme. Ce dispositif a servi jusqu'ici de diverses manières. Mais comment devrait-il être utilisé ? Quel est le principe ultime de la religion chrétienne ? Son "business" ?

"L'humanité" comme dans "crime contre l'humanité" ? C'est à dire ce qui fait de l'homme un homme, par opposition à une chose ? Le fameux "amour du prochain" ? Et si c'était ce que le Pape avait en tête ?

Président Macron

Si j'en crois la radio publique, M.Macron est le président de la France qui a profité du changement.  Au sens premier du terme, c'est une France de parvenus. Un peu moins blingbling qu'à l'ère précédente, mais parvenus tout de même. Ce qui laisse sans réponse la question dont cette même radio a pris conscience récemment : la paupérisation d'une partie de la population. En particulier de la classe moyenne, dans laquelle, particularité française, nous nous reconnaissons.

L'étranger pense plutôt que la France a fini par changer comme tout le monde.

La nouvelle société n'est ni celle de la justice, ni celle du progrès. Mais on ne proposait aucune autre solution. Les politiques précédentes ligotaient le pays, ce qui lui faisait prendre tous les coups, sans pouvoir en rendre aucun. Probablement, la France n'a pas beaucoup d'affection pour M.Macron, mais elle juge qu'il est un moindre mal. Peut-être aussi est-elle lasse de se battre pour des idéaux dont elle finit toujours par être le dindon ?

Tokyo vice

Ca a tout du film américain, mais c'est une histoire vraie. Un Juif américain se fait embaucher dans le plus gros titre japonais (et plus grand tirage mondial). Il infiltre le journalisme, la police, le milieu de la prostitution et la pègre, et il fait tomber un de ses plus gros caïds. Ecrit comme un polar. Avec auto dérision.

C'est une étude anthropologique. On y voit le Japon de l'intérieur. Un Japon où les best sellers parlent de suicide, de pratiques sexuelles ou d'examens. Un Japon qui n'est pas xénophobe comme on le dit. Il y a de la place, chez lui, pour l'autre, s'il sait pénétrer ses règles. Mais aussi à une marge, bien utile. Le Yakuza, par exemple, généralement coréen, sert à donner un peu de flexibilité à la loi et aux moeurs. On y trouve aussi pas mal de mauvais garçons iraniens, ou d'aventuriers israéliens. Sans compter les prostituées.

Tout est enchevêtré. Les journalistes, les policiers et les Yakuzas vivent ensemble, vingt quatre heures sur vingt quatre. On se rend visite, on se fait des cadeaux, on s'entraide. On joue les uns avec les autres. Un jeu grisant, où l'on risque sa vie à chaque instant.

Question finale. L'auteur a été adopté par la société japonaise. Il s'y est fait beaucoup d'amis. Mais il est toujours resté en contact avec son pays d'origine et ses services secrets. Ce qui lui a été utile dans son travail. Et il est bien vite retourné aux USA. N'a-t-il pas trahi ceux qui croyaient en lui ? A-t-il vraiment joué leur jeu ?

mercredi 27 décembre 2017

Les bons côtés du Brexit ?

Et si le Brexit avait de bons côtés ? Il pourrait permettre de concevoir un nouveau modèle de coopération entre un pays non membre et l'UE. Pour des pays que l'UE veut conserver à proximité (pour causes commerciales ou afin qu'ils ne basculent pas ailleurs), sans les intégrer (pour cause de divergences de valeurs), comme l'Ukraine et la Turquie.

La chance sourit à l'esprit éclairé ? Le tout est probablement que le Brexit ne tourne pas au règlement de compte...

(Une leçon qui s'applique aussi au divorce ?)

Prophète

M.Macron aime-t-il les membres de LREM ? Envisageait-il qu'il serait rejoint par ces gens ? On pourrait se poser la même question pour Jésus Christ, Ayn Rand ou de Gaulle.

C'est la question que pose l'entreprise libérée. Un leader ne peut attirer que des suiveurs. Ce n'est qu'en se supprimant que l'on peut créer les conditions de la liberté. Les véritables disciples de M.Macron sont les Wauquiez et autre Mélenchon, qui font acte d'originalité.

(Le groupe que j'anime se définit comme "des libertaires fédérés par des projets communs".)

PDG Macron

Selon moi, et quelques auteurs de management classiques, le rôle du PDG est de concevoir la stratégie et d'intervenir dans les "gros coups", notamment commerciaux. C'est très rarement ce que fait le Français. Cela tient en partie à notre culture. Mais aussi au fait que, pour pouvoir prendre de la hauteur, il faut construire une entreprise qui fonctionne sans soi. C'est toute la question de la "libération", qui est revenue récemment à la mode. C'est aussi le problème de la rentabilité de l'entreprise française qui est largement insuffisante. Résultat : elle subit les événements sans pouvoir en profiter. En particulier, elle demeure toute petite. Elle est limitée par les capacités de l'homme qui la dirige.

Une des particularités de M.Macron est d'avoir choisi la position du PDG que je juge correcte. Les conséquences de son action vont-elles me donner raison ?

mardi 26 décembre 2017

L'ère du pragmatisme

Ce matin j'entendais parler de M.Macron et du Moyen-orient, et du Pape. Dans les deux cas, il en ressortait qu'ils étaient des pragmatiques (au sens du courant philosophique américain qui porte ce nom). Ils se gardaient bien des grandes déclarations, et des nobles principes, s'ils nuisent à la cause qu'ils servent. Ce sont des hommes d'action. (Ce qui peut surprendre pour un pape.) La parole étant un moyen et non une fin.

Et si l'on avait vécu un changement majeur ? Un de ceux tels que l'on en connaît seulement tous les demi siècles ? Celui du pragmatisme. Le temps des idéaux, des absolus et des discours d'intellectuels est fini ? Avènement d'une ère de l'action et de l'expérimentation ?

(Une introduction au pragmatisme. "Pragma" en grec signifie action. Il s'oppose à l'empirisme qui croit que le monde n'a pas de sens, et à l'idéalisme qui croit à l'absolu. Il pense que l'action de l'homme peut réaliser les visions de l'idéalisme dans un monde qui n'a pas de sens.)

LREM blues

Je lis ça et là que beaucoup de députés LREM se demandent ce qu'ils font dans cette galère.

LREM est une drôle de chose. Des amis qui ont fait de l'entrisme me décrivent un parti d'extra terrestres. Toujours est-il qu'il n'en émerge pas des talents politiques.

Ce n'est pas plus mal pour M.Macron. Il a décidé de réduire la taille de l'assemblée. Il pourra procéder à une sélection naturelle, sans regret. Seulement, il est douteux qu'il lui reste grand chose de réutilisable. Si l'on conserve le système électif présent, l'électeur hésitera peut-être à élire un zombie LREM...

Donc, il y a peut-être une logique dans le morcèlement politique inspiré des insoumis. Ces petits partis, à mâle dominant, ont un positionnement clair, et on peut s'y faire remarquer.

Vers une France de coalitions ?

Bonheur fou

Bourdieu parle de "misère des classes moyennes". Après guerre, les classes moyennes se sont couvertes de dettes pour pouvoir s'acheter des cages à lapin.

J'ai découvert, récemment, que cela avait été l'histoire de ma famille. Seulement, cette période avait été, pour elle, celle d'un bonheur fou. Car elle venait de la campagne, où la vie était dure, et elle avait traversé la guerre. Soudainement, il y avait de la sécurité, la fin de la mort précoce, et un avenir plein des promesses du progrès technique. Curieusement, mes parents se sont crus riches, alors qu'ils étaient pauvres. Je le comprends seulement maintenant. Ils ont eu une existence difficile, mais ils ont eu un rêve, et ils l'ont réalisé.

Dommage que l'Ecole normale ait fait oublier à Bourdieu qu'il était, comme mon père, fils de facteur ?

lundi 25 décembre 2017

Intellocène

Pour Michel Winock, l'affaire Dreyfus a été l'avénement de l'intellectuel. Il me semble que 68 a été la massification de l'intellect. Depuis, nous vivons à l'ère du (quasiment) tous intellectuels.

L'intellectuel est l'opposé du scientifique. Alors que le travail du scientifique est de chercher des preuves (et il n'y a que des présomptions de preuves), l'intellectuel est la vérité. Son esprit est son arme de combat. C'est le sophiste, au sens détourné du terme. Semblable à l'image d'Epinal de "l'homme primitif", il est mu par la volonté de puissance. Mais le terrain de combat n'est pas le ring de boxe, mais le forum. Quant au scientifique il a été évacué des débats qui décident du sort de l'humanité. Il s'occupe de technique.

L'intellectuel a perdu de sa superbe, ces derniers temps. Question. Qu'est-ce qui peut le remplacer ? Un scientifique qui se mettrait à penser ? L'instinct animal ?

Progrès

Le concept de développement durable a quelque-chose de nouveau. Comme les guerres, le progrès a toujours fait des morts et provoqué des changements violents. Nos esprits les plus pacifiques ne louent-ils pas la "destruction créatrice"? (Particulièrement quand elle est numérique et supprime l'emploi de leur prochain.) Pourquoi, lorsqu'il s'agit de l'avenir de la planète, ne trouvons-nous plus rien de glorieux au progrès ?

dimanche 24 décembre 2017

Marrons cassés

Dans mon enfance, ma mère amenait à Noël une boîte de marrons glacés cassés du Comité d'entreprise de son employeur. De ce fait, je n'ai jamais aimé que les marrons cassés, et pas les marrons entiers.

On pourrait avancer que le marron cassé convient mieux à une petite main que le marron entier. Le marron cassé est plus dense en marron et en sucre que le marron entier, et donc rationnellement meilleur. Et la boîte de marrons cassés est elle-même plus remplie que celle de marrons entiers, pleine de vides. Mais c'est surtout mes normes de jugement qui se sont formées alors. Comme quoi, notre jugement est conséquence des circonstances.

Propos sur le bonheur

On devrait bien enseigner aux enfants l'art d'être heureux. Non pas l'art d'être heureux quand le malheur vous tombe sur la tête ; je laisse cela aux Stoïciens ; mais l'art d'être heureux quand les circonstances sont passables et que toute l'amertume de la vie se réduit à de petits ennuis et à de petits malaises.
Livre dont on parle peu alors qu'il annonce, ou dépasse, les travaux modernes sur le sujet. Propos sur le bonheur, c'est la systémique avant l'heure (qui est à l'origine de l'évolution moderne de la psychologie, en particulier du coaching), ou le développement personnel, et même les neurosciences et l'économie comportementale qui est à l'origine du dernier prix Nobel. En outre, contrairement à beaucoup d'auteurs modernes, Alain ne parle pas de théorie, mais de pratique : entre le début (1907), et la fin (1929) de la rédaction des Propos, il a traversé l'enfer de 14. Le malheur lui est tombé sur la tête.

En fait, ce n'est pas un livre, mais une suite d'articles. J'imagine qu'ils ont dû être publiés dans des journaux. C'est à la fois facile à lire et un peu aride. Un Alain américain aurait conçu une "méthode". Et c'est ce qui aurait fait son succès. Mais les temps ont changé. L'Alain américain écrierait pour un marché, et pour de l'argent, alors que le nôtre s'adressait probablement à une élite d'égaux, à qui l'on ne donne pas de leçons.

Donc ? Idée tellement évidente qu'on l'ignore. Notre "rationalité" est influencée par notre physiologie. Si je suis en bonne santé, je vois la vie en rose. Ou, plus pratique : si vous broyez du noir, c'est probablement que votre corps souffre de quelque dysfonctionnement caché. Ensuite, grand principe de systémique : si ça va mal, c'est certainement que vous faites l'envers de ce qu'il faudrait. C'est la logique du paradoxe. Si vous n'arrivez pas à vous lever tôt, imposez vous de vous lever tard. En particulier, la raison est inefficace pour changer notre comportement. On ne se change pas avec de bonnes résolutions. Ce n'est pas parce que l'on pense bien que l'on agit bien, mais parce que l'on agit bien que l'on pense bien. D'où l'importance du conditionnement par le rite. "C'est par la règle que l'on se donne que l'on est heureux."

Les Propos annoncent le combat des neurosciences. Nous pensons que notre cerveau détient la raison, le vrai. Or, c'est un chien fou. Son incontrôle cause notre malheur, et menace l'humanité d'une fin prématurée. Si nous voulons un développement durable, il faut parvenir à maîtriser notre cortex. Et, pour cela, il faut ne pas prendre pour argent content ce qu'il nous dit.
Le temps est compté.

samedi 23 décembre 2017

Catalogne libre

La Catalogne a choisi l'Indépendance disent nous journaux. Pourtant seulement 48% des électeurs ont voté pour un parti indépendantiste.

L'Assemblée catalane a-t-elle la légitimité de déclarer l'indépendance ? Le Brexit s'est décidé par referendum. Dans une démocratie, c'est le referendum, conçu comme la voix du peuple, qui change la constitution. Il a été dit, d'ailleurs, à la chambre des députés anglaise qu'elle ne pouvait pas aller, dans ce cas précis, contre la décision du peuple.

Tout cela n'est que règles. Et ce ne sont pas les règles qui font la paix. C'est la volonté commune de vivre ensemble. Et elle ne se décide pas par vote.

Transmutation inverse

Bioscience. En programmant correctement des êtres vivants on peut leur faire produire des tapis. Ou, du moins, ce qui est nécessaire à leur production, sans besoin de pétrole.

Des tapis, aux médicaments, on sait tout fabriquer ainsi, disait une conférence d'InnoCherche.

Cela m'a rappelé une observation de March et Simon : "l'organisation machine". Il y a quelque chose dans notre culture qui nous fait transformer la vie en machine. L'or en plomb ?

Justice

En regardant le fonctionnement de la justice américaine et, surtout, les dysfonctionnements de la justice française, je me demande si le terme justice n'a pas deux acceptions.

Chez nous on est ou non coupable, de même que l'on est grand ou petit. La culpabilité est décidée par la société. Nous avons intériorisé ses lois. Quand nous faisons quelque chose que la société juge mal, nous nous sentons coupables. Aux USA, il n'y a pas de coupable, car il n'y a que des hommes libres. Si je n'ai pas respecté notre contrat, c'est que j'avais mes raisons. Du coup, la justice n'est plus une mécanique froide qui pèse les âmes, comme chez nous. C'est un terrain d'affrontement dont il faut exploiter les défauts. Ce que cette justice juge, c'est la trempe des plaideurs. Dans ce système, le misérable a un lourd handicap. Mais le handicap force à se surpasser...

vendredi 22 décembre 2017

Individualisme et bien public

Intérêt de l'humanité ou connaissance : ils étaient probablement la motivation de Pasteur ou Fleming. Il y a encore peu, la recherche était un bien public.

Je pensais à cela en écoutant parler d'entreprises californiennes et israéliennes. Elles manipulent le vivant à titre lucratif. Et je trouvais ce qu'elles faisaient peu enthousiasmant et vaguement inquiétant. Quelle est leur motivation ? D'où, ceux qui les dirigent tirent-ils leur légitimité à décider, sans contrôle, et peut-être sans même réfléchir, de l'avenir de l'humanité ?

Changement systémique ? Il suffit de convaincre l'individu qu'il doit maximiser son intérêt pour que le fonctionnaire devienne un oligarque ? Du coup, il ne peut plus y avoir de "service public" ?

Démocratie

Qu'ont en commun MM.Xi Jinping, Erdoggan, Poutine et Macron ? Ce sont des hommes forts, qui imposent un "changement dirigé". Mais, aussi, ce sont des intellectuels. Ils ont fait oeuvre de philosophe. Ils ont conçu une théorie de la nation. Sa préoccupation est de réconcilier leur population avec elle-même et avec son histoire, éternelle.

Communauté et société aurait peut-être dit Tönnies. Le monde a eu la tentation de la "société", c'est à dire d'une vision de l'homme individu, libre de tout lien. La "communauté" revient au galop. La communauté, c'est l'homme défini, avant tout, par son appartenance au groupe.

(Inconcevable pour notre élite intellectuelle. Comment peut-on prétendre penser si l'on n'est pas diplômé de normale sup, et agrégé de philosophie ?)

Mauvais genre

Sélection sexuelle. Article particulièrement long de Wikipedia. Dans l'évolution des espèces, la différence entre sexes joue un rôle majeur. Cela ne choque personne, si l'on parle de la mante religieuse ou du paon. Mais c'est aussi vrai de l'homme. Quid de la théorie du genre, alors ?

Ses défenseurs disent que le genre est une invention de la société. Donc, puisque la société l'a créé, la société peut l'éliminer. Cela semble cohérent avec la théorie de la sélection sexuelle. Seulement, celle-ci pourrait aussi signifier qu'il est dans l'intérêt de l'espèce de procéder à une différenciation des rôles.

La question du genre n'est peut-être pas liée à la suppression de la différence, mais à la nature de celle-ci ?

jeudi 21 décembre 2017

Démocratie

"The most powerful nation in the world has a 2-party system, but one party is a deathcult run by the wealthiest 0.01% which uses xenophobia and propaganda to manipulate a morally corrupt 47% majority caste base via a gerrymandered apartheid voting system." dit un tweet d'un intellectuel américain. (Approximativement : La nation la plus puissante du monde a deux partis politiques, mais l'un est un culte des morts, dirigé par les 0,01% les plus riches qui utilisent la xénophobie et la propagande pour manipuler une caste majoritaire, moralement corrompue, des 47%, grâce à un apartheid électoral truqué.)

Peut-on encore se dire démocrate lorsque l'on pense que 47% de ses concitoyens sont "moralement corrompus" ?

Fiancée du pirate

La fiancée du pirate, c'était l'esprit 68. La femme s'y libère par la prostitution. Elle exploite la lubricité de l'homme. Et ainsi elle détruit un tissu social pauvre, besogneux, étroit et médiocre. La France d'alors.

Comment expliquer qu'un mouvement qui a eu cette origine reproche maintenant à DSK et à Harvey Weinstein leur lubricité ? A moins que ce ne soit la lutte finale ? L'homme est devenu inutile, on achève bien les chevaux ?

mercredi 20 décembre 2017

Ségrégation culturelle

"Ségrégation culturelle", aurait dit notre ministre de la culture. Mais la culture, au sens anthropologique du terme, c'est, quasiment par définition, de la ségrégation. Comme dans Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, où l'on décide si un foetus sera un intello ou un ouvrier, en mettant plus ou moins d'acide dans son bain amniotique industriel, la société décide de manière plus ou moins aléatoire si nous serons formés pour penser ou non, par exemple. C'est une division des tâches moins explicite que sous l'Ancien régime, mais tout aussi efficace, d'autant qu'elle agit très tôt.

Est-ce ce type d'Apartheid que le ministre a en tête ?

Sondages

Du rôle de la communication dans la conduite du changement : M.Macron. Sa popularité est en hausse significative. Or, je suis frappé par l'hostilité que lui expriment les médias traditionnels. Lui-même semble avoir une vision désobligeante, pour nous, de la communication. Grands événements et presse people.

Confirmation de ce que disent mes livres : on nous juge sur nos actes, pas sur nos paroles ?

Supervielle

Nous sommes des hommes de notre temps. Le style de Jules Supervielle me fait penser à celui d'autres poètes, ses contemporains, Prévert et Desnos par exemple. Humour léger, élégamment désespéré, et facilité d'écriture confondante. Mais les contraintes de versification du siècle précédent ont disparu.

Le génie serait-il une question de contraintes subies tôt dans la vie ? Sans contrainte, pas de génie et pas d'art, au mieux un professionnalisme à l'américaine ?

mardi 19 décembre 2017

Monde à l'envers

Au paradis les policiers sont anglais, les garagistes sont allemands, les cuisiniers sont français, les amants sont italiens et tout est organisé par les Suisses. En enfer les policiers sont allemands, les garagistes sont français, les cuisiniers sont anglais, les amants sont suisses et tout est organisé par les Italiens. (La Dépêche du Midi.)
Un Egyptien ancien dit la même chose : l'enfer, c'est lorsque personne n'est à sa place.

Et aujourd'hui, qui décide ? Ce sont les grands patrons ou les hommes politiques. Mais en quoi le parcours du combattant qu'est la vie d'un entrepreneur ou l'ascension de la hiérarchie d'une multinationale ou d'un parti politique vous prépare-t-il à décider du sort du monde ? Et ont-ils, simplement, le temps de penser ? Quand aux gros intellects, que font-ils ? Ils sont payés par les premiers pour obéir à leurs ordres...

M.Macron change les choses. Il a absorbé les travaux de la Commission Attali pour en faire un programme politique. C'est mieux. Mais il a eu un bien pauvre filon à exploiter.

Sélection

En quelques décennies, l'INSEAD s'est hissée au niveau de Harvard Business School. Un membre des premières promotions remerciait les nouvelles générations de la valeur qu'elles avaient donnée à son diplôme.

Il a tort. C'est lui qui a fait le succès de l'INSEAD. Comme Polytechnique ou Centrale des origines, l'INSEAD a été une innovation qui est arrivée au bon moment. L'INSEAD avait pour but de former les cadres, polyglottes, de l'Union Européenne. C'était, peut-être, la première exportation du concept de MBA en dehors des USA.

Comme Bill Gates, pour réussir, il faut être au bon endroit au bon moment. La sélection compte peu dans le succès.

(Curieusement, créer des INSEAD est le rêve de M.Macron. Entre-temps l'INSEAD a voulu être mondiale.)

lundi 18 décembre 2017

Inquisition

Aux détours d'une émission de France Culture sur l'indépendance catalane, j'ai entendu un universitaire dire que l'on devait aux protestants ce que l'on pensait aujourd'hui de l'inquisition espagnole. C'était une invention de bonne guerre, puisqu'ainsi ils discréditaient un ennemi.

C'est probablement un des aspects de la culture protestante. On s'y voit comme un élu, et l'autre comme l'axe du mal. Mais, aussi, la calomnie, ce que l'on appelle désormais "fake news", fait partie du combat. La culture latine semble moins perfide, et plus bornée. C'est probablement celle de Louis XIV. C'est le contentement de soi. On pourrait aussi avoir recours à une modélisation Yin et Yang : la force a longtemps été au sud (Yang), et la faiblesse au nord (Yin). D'où stratégies culturelles.

(Quant à M.Macron, il met peut-être un peu de Yin dans notre Yang.)

Destruction créatrice

Le philosophe Schelling observait que l'évolution détruisait ce qu'elle avait créé. Ce qui m'a fait penser que Schumpeter, qui a inventé l'expression "destruction créatrice", n'est sans doute pas à l'origine du concept.

Hegel, adversaire et quasi exact contemporain de Schelling, a lui aussi travaillé sur la mécanique du changement, qu'il voyait comme une "dialectique". Thèse, antithèse, synthèse. (Ce qui ne signifie pas forcément destruction.) La pensée allemande, au moins à partir du 18ème siècle semble avoir été obsédée par le changement. Un changement violent. Je me demande si elle n'a pas produit deux nihilismes modernes : le marxisme, basé sur la dialectique hégélienne, plus tard stalinisme, et le nazisme (et la pensée de Heidegger).

La "destruction créatrice" sert aujourd'hui à justifier le changement pour le changement. Ce n'est pas la seule théorie du changement. Aristote parlait du changement comme de la réalisation d'un potentiel que l'on a en nous, par exemple. Observons-nous : l'enfant devient il un homme par auto destruction ? De même, la philosophie chinoise, qui est toute changement, ne parle pas de destruction. Et y a-t-il eu extinction d'espèces ou adaptation ? Le dinosaure, par exemple, a donné naissance à l'oiseau. Idem pour Proudhon, Bergson, la systémique, la théorie de la complexité : le changement est émergence et réglage.

S'il y a quelqu'un qui produit l'extinction totale, c'est l'homme, semble-t-il. Et si la "destruction créatrice", était une innovation de l'espèce humaine ?

(Joseph Schumpeter est né en 1883 en actuelle République tchèque, il a été un proche de sociologue tels que Max Weber. Bien qu'ayant enseigné aux USA, c'est un continuateur de la pensée allemande.)

dimanche 17 décembre 2017

Anti Clint

Le film de Clint Eastwood dit toujours la même chose. Rien n'est assez fort pour faire plier la volonté de l'homme, seul. Tout problème a une solution.

L'affaire Weinstein est un moment anti Clint. On y entend des actrices extrêmement riches dire : Harvey Weinstein nous a contraintes à faire ce que nous ne voulions pas. Mais que risquaient-elles à ne pas obéir à ses volontés ? Le sort de Causette ? Et encore, Causette n'aurait probablement balancé personne. C'est plutôt un personnage pour Clint Eastwood.

Paradoxalement Harvey Weinstein était au coeur du dispositif démocrate. Visiblement, ses agissements étaient des secrets de polichinelle. Pourquoi le scandale survient-il justement chez les forces de la morale, qui prônent la liberté, les droits de l'homme, l'égalité des sexes, comme valeurs absolues ?

Retraite

J'observe des retraités. C'est le bonheur fou. Ils sont en excellente santé, ont des revenus supérieurs à ceux des actifs, et rien à faire. La plupart voyage beaucoup.

Je lisais que jadis la retraite était une sorte de pension d'invalidité. La société aidait ceux qui ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins par leur travail. C'était l'antichambre de la mort. Aujourd'hui, c'est devenu de grandes vacances. Ce qui pose le problème du vieillissement, me disait un anthropologue qui a étudié un EPHAD. Peut-être sommes-nous la première société qui a refusé d'envisager cette question.

samedi 16 décembre 2017

Corse

Discussion avec un Corse... Pourquoi les nationalistes dirigent-ils l'Ile ? Parce que les autres partis se sont compromis avec des intérêts "mafieux". Les nationalistes remettent de l'ordre et de la rigueur. Les Corses sont moins nationalistes que pragmatiques.

(Il se passe, en Corse, à la mode locale, ce qui se passe sur le continent.)

Sauver le monde

"Cela fait plus de trente ans que demain il sera trop tard, et rien ne change", lisait-on dans Le Monde.
Le développement durable, ça ne remonte pas à hier. Cela fait plus de soixante-dix ans que l'on a pris conscience du danger que l'homme court. Après guerre, c'était la peur du totalitarisme, et accessoirement de la bombe atomique. Puis, début 70, c'est la croissance qui est en cause. Ce qui n'a rien de neuf, puisque c'est déjà la thèse de Malthus. Ensuite arrive l'effet de serre.

Depuis 70 ans, on croit que la science peut résoudre le problème. Après guerre, il y a eu la systémique. (En ces temps toute la science était systémique.) On a pensé mettre au point une science des sociétés. Etrangement, le travail des géants de la science d'après guerre a été enterré. Aujourd'hui on ne parle plus que d'économie, de psychologie et de neurosciences. Le monde est devenu individualiste, et sa science avec lui.

Pourquoi, alors, rien de significatif n'arrive-t-il ? Peut-être parce que le développement durable ne préoccupe que les élites. Si les dites élites se préoccupaient de ce qui compte pour le reste de la population, peut-être alors accoucheraient-elles d'un changement qui a des chances de se réaliser ?

vendredi 15 décembre 2017

Notre Dame des Landes

On reparle de Notre Dame des Landes. Une poignée d'activistes a mis en déroute l'Etat et la démocratie (un vote local a été favorable à la construction de l'aéroport).

Peut-être les activistes ont-ils raison. Peut-être la sauvegarde de l'endroit est-il d'intérêt planétaire ? Peut-être que le procédé démocratique a été détourné par quelque pouvoir mafieux ? Mais, ce qui est ennuyeux est que, si les activistes ont le dernier mot, cela voudra dire que n'importe qui peut faire comme eux. Car, nous sommes tous convaincus d'avoir raison. C'est la guerre civile.

Ce que doit construire le gouvernement, ce n'est pas un aéroport, c'est un processus de décision collectif accepté par tous.

Force tranquille

Interview du ministre de l'éducation. Message que j'entends : on identifie les problèmes à résoudre, on cherche ce qui semble marcher pour le résoudre, et ensuite on met au point. Pas de révolution. On améliore ce qui existe. C'est la définition même du pragmatisme, au sens philosophique du terme. Et c'est totalement opposé aux affrontements idéologiques qui ont cours chez nous d'habitude. C'est une forme de désenchantement du monde politique. Le bulldozer Macron enterre 68.

(Par ailleurs, il semblerait que la côte de popularité de M.Macron s'améliore régulièrement : ce qu'il fait marche.)

jeudi 14 décembre 2017

Ecole 42

Un ami embauche un stagiaire de l'école 42. Difficile à faire passer : il demande le double d'un stagiaire Bac + 5 alors qu'il est Bac + 4. Mais cet ami a beaucoup appris de ce stagiaire. Les technologies informatiques évoluent vite, et l'on n'en sait rien. Bon investissement.

Un prof de fac me disait que les élèves n'attendaient rien de l'université, sinon un diplôme. Et si l'école 42 était le signe d'un changement ? Plutôt qu'une école qui sélectionne de beaux esprits, une école qui arme des combattants ?

Génie

Je lis une biographie de Schelling. Curieusement, il a étudié avec Hegel et Hölderlin. Et ils étaient proches de Fichte et de Goethe, et de Kant. Et, de tout ce que l'on connaît aujourd'hui du monde intellectuel et artistique allemand de cette époque.

En même temps, loin d'avoir une pensée compliquée et rigoureuse que seul le normalien peut comprendre, ces gens ne faisaient qu'exprimer l'esprit de leur temps. Ils disaient, à leur manière, le romantisme et l'émerveillement de leur société face à la science naissante.

On croit aujourd'hui que le génie sort de la concurrence la plus large possible. Il semble, au contraire, qu'il émerge d'une sélection initiale plus ou moins aléatoire (dont l'intérêt est de concentrer des ressources rares de formation sur quelques personnes) et d'une sorte d'effet "cluster" : une "copétition" entre un tout petit nombre de proches.

(Cela signifie peut être aussi qu'il y a très peu de différences entre les hommes. Dans des conditions favorables, nous avons tous les capacités des devenir des génies ?)

mercredi 13 décembre 2017

Compréhension

En relisant un texte écrit il y a longtemps, je l'ai trouvé difficile à comprendre. Il m'a fallu du temps pour retrouver l'esprit de l'époque.

Un mathématicien éminent me disait quelque chose d'approchant. Lorsqu'il lit un livre de maths, même sur un sujet connu, même relativement élémentaire, il a besoin de commencer par parcourir avec beaucoup de soin ses premiers chapitres.

L'écriture ou tout autre jeu de symboles ne semblent pas parler d'eux-mêmes. Ils provoquent des sortes d'associations avec l'expérience. Le haïku, confirmation de cette théorie ?

Ecosystème

On dit que ce sont nos microbes qui ont tué les Indiens d'Amérique... On dit aussi que si notre écosystème est aussi agressif, c'est parce que notre mode développement, à commencer par l'agriculture, a détruit l'équilibre naturel. Du coup, les éléments se sont déchaînés. Mais ce qui ne nous a pas tués nous a renforcés. Notre environnement est hautement toxique. Mais nous sommes vaccinés.

Je me demande s'il n'en est pas de même de la culture, au sens anthropologique du terme. Nos intellectuels sont tombés amoureux de la contre culture américaine. Or, celle-ci, comme le disait un billet précédent, n'a rien de "contre". C'est une partie intégrante de la culture américaine. C'est là que naît le nouveau business. C'est le creuset de la destruction créatrice. C'est la matrice du capitalisme. On y trouve aussi bien Bob Dylan que Bill Gates ou Al Capone : des milliardaires en puissance.

Nous n'étions pas vaccinés contre cette contre-culture, alors elle a liquidé la nôtre ? (Et toutes les autres cultures, d'ailleurs ?)

mardi 12 décembre 2017

Licenciement

Hasard ? Plusieurs licenciements du même type parmi des proches. Plus de 55 ans, gros travailleurs, très qualifiés, très dévoués, ayant des circonstances qui jusqu'ici les auraient rendus intouchables (invalidité lourde, asile politique...). Un hasard ?

Que leur reproche-t-on ? Une intransigeance gênante. Premier effet des nouvelles lois sur le travail ? Elles n'ont pas changé grand chose, mais elles ont fait croire que le licenciement devenait facile ?

Comme le disait un autre ami, qui a passé sa vie à désamorcer des "bombes sociales", ce type de lois pourrait avoir des conséquences imprévues. Si l'on n'a plus confiance dans le droit, on empruntera d'autres méthodes...

Grève Macron ?

Grève dans le RER. Motif nouveau : management insupportable (article du Monde). Injonction paradoxale : les dirigeants des services publics les ont laissés se dégrader (faute d'investissements, ou à cause d'investissements malencontreux), et ils exigent aujourd'hui de leurs personnels de compenser des dysfonctionnements qui ne sont pas de leur ressort ?

Mais, aussi, évolution des temps ? Il semble que ce soit un mouvement venu de la base. Comme dans les lois travail, les syndicats ont de moins en moins de sens, l'entreprise devient une démocratie, dont les membres se fédèrent spontanément ? MM. les dirigeants préparez-vous au changement ?

Intelligence fragile

Les grosses intelligences tendraient à être instables. C'est ce que semble dire une étude. Le haut QI souffre plus que la moyenne de troubles du comportement. Il réagirait de manière excessive aux aléas de la vie. (Aléas qu'il pourrait être le seul à voir.)

Choisissons des dirigeants pas trop intelligents ?

lundi 11 décembre 2017

Communication

Depuis quelques temps, je lis que l'image de la France a radicalement changé aux yeux des investisseurs étrangers.

C'est étrange, car, qu'est-ce qui a changé, pour nous ? Comme quoi la communication est tout ?

(Dans un sens, comme dans l'autre. Si ce changement d'humeur se révèle bon pour nos affaires, on pourra se demander si la communication de nos précédents gouvernants ne nous aura pas coûté cher.)

Populisme

Il y a un peu de Johnny Halliday dans tous nos hommes politiques. C'est étrange. En effet, hier, il était de bon ton de se moquer de l'inculture de Johnny.

Nous avons peut-être renouvelé notre chambre des députés, mais une chose ne change pas : la volonté de faire peuple, chez nos élus ?

dimanche 10 décembre 2017

Intelligence artificielle

Répétitions d'une formation à l'intelligence artificielle. Deux parties : comprendre ce que cache l'IA, et appliquer aux cas de trois entreprises volontaires. Objectif : qu'elles sortent de la salle avec un fil directeur à suivre.

Première partie - tour de force. Rien n'est masqué de la complexité du sujet, et de ce qui fait les avancées actuelles, sans pour autant que l'on soit perdu. On a même droit à quelques équations terrifiantes, si on les avait rencontrées sans être accompagnés.

Mais ce n'est pas le plus surprenant. La seconde partie conduit à un résultat inattendu. La première est, au fond, ce qu'il faut savoir sur l'IA pour comprendre que ça ne vous concerne pas. Quasiment chaque entreprise a un problème qui lui est propre. Et il correspond à une famille de questions mathématiques "classiques" bien qu'inconnues de nous. Dans un cas, définir une "fonction d'utilité" était le noeud du problème. Et il y avait tout pour cela. Dans un autre, il fallait s'intéresser aux travaux sur "le choc commun". Dans le troisième, "l'intelligence naturelle" avait trouvé une solution au problème. (Dans tous les cas, les questions susceptibles d'être résolues sont critiques pour les affaires de l'entreprise concernée.)

Leçon de modestie. C'est peut-être la première fois que je prends conscience d'à quel point je sais peu. Les mathématiques sont faites d'un nombre infini de ramifications. J'ai aussi compris qu'il fallait se méfier comme de la peste des idées reçues. Les outils tous terrains sont ceux qui fonctionnent le moins bien. Malheureusement ils nous fascinent, de même que les insectes sont attirés par une lampe.

Show

Des amis sont allés assister à la cérémonie funéraire de Johnny Halliday. J'ai pensé qu'ils avaient eu raison : c'avait été une bonne occasion de sortie. La mort de Johnny aura été comme sa vie : un show. Et, comme ses mariages : un cercueil blanc, des célébrités, des motards, et probablement Paris Match. L'aura-t-on vraiment pris au sérieux ?

samedi 9 décembre 2017

Mythes

Dans ma jeunesse, Jack Welsh était un mythe. Pas uniquement pour moi : il a séduit et épousé la rédactrice en chef d'Harvard Business Review ! Aujourd'hui GE va mal. Et on soupçonne que Jack Welsh en est la cause. Diversification hasardeuse.

Nouvel exemple d'une longue tradition de la littérature du management américaine ? Son principe est de dire : imitez les "meilleures" entreprises (ENRON, GE, IBM...). Si elles sont les meilleures c'est pour telle et telle raison. Puis, quelques temps après, la belle entreprise se révèle un village à la Potemkine.

Ce qu'il y a d'étrange est que le phénomène se reproduise. La société ne semble pas avoir de mémoire.

Johnny culture

Vendredi soir, "La dispute" de France Culture assassinait Johnny Halliday. Voilà qui tranchait avec la pensée unique de la presse. J'en retiens l'image de quelqu'un d'une gentillesse désarmante, mais de capacités intellectuelle et artistique limitées, qui avait été malmené par les événements.

(Curieusement, les journalistes estimaient qu'ayant eu des amitiés de droite, il n'avait pas été un "rebelle". J'aurais tendance à penser le contraire : pour un artiste, il n'y a rien de très original à être de gauche.)

Angleterre

Que va devenir l'Angleterre après le Brexit ? Dans ma jeunesse, on disait que l'Anglais était paresseux. Mon expérience ne permet pas de réfuter cette opinion. Mais le talent de l'Anglais a été d'attirer chez lui des entreprises et des hommes qui lui ont apporté leur génie et leur fortune. Pour cela il a exploité (en particulier) sa position de nid d'aigle au sein d'une Europe faible.

Est-ce la paresse qui va gagner ? Ou, au contraire, le chaos ? Le pays va-t-il en revenir à son état d'avant la conquête de Guillaume ? Base pour raids de pirates ? L'Europe a-t-elle les moyens de faire basculer son voisin dans un scénario plutôt que dans un autre ?

vendredi 8 décembre 2017

Intelligence artificielle

Préparation d'une formation à l'intelligence artificielle...

En fait, c'est plus large que cela. Il s'agit d'analyse de données, et, même, de mathématiques appliquées. Le moment principal de la formation consiste à faire parler le participant de ce qui préoccupe sa société. Il s'agit de trouver la question mathématique qui y correspond. Ensuite, on comparera les techniques (algorithmes) qu'il utilise avec ce qui se fait de mieux. Puis on chiffrera les gains qu'il y aurait à changer.

Intéressante préparation !
  • "J'ai des données, l'IA doit pouvoir faire quelque-chose pour moi" (A peu près tous les propriétaires de start up désirent ajouter une ligne IA dans leur business plan). L'IA fait des miracles ? Eh non. Si l'on ne sait pas ce que l'on veut résoudre, l'IA est sans utilité. De plus les données dont on dispose sont généralement inutilisables telles que. 
  • "Je n'ai pas de données." C'est rarement le cas. Seulement, on ne les voit pas. Et, même quand on n'en a pas, on peut en collecter.
  • "Je n'ai pas de problème, je viens pour m'instruire." L'IA n'est pas quelque chose de nouveau qui va nous permettre de faire du nouveau. C'est quelque-chose d'ancien qui nous permet d'attaquer des questions que nous croyions insolubles. 
La difficulté est de "poser le problème". Une fois qu'on l'a fait, les mathématiques peuvent, effectivement, faire des miracles. Mais c'est l'intelligence naturelle qui déclenche le feu d'artifice.

Trump

Je voyais l'autre jour que les mesures décidées par M.Trump allaient rapporter 47md$ à Apple. Président des riches. Mais qu'est-ce que cela nous fait ?

La première chose que l'on peut constater, c'est que, contrairement à M.Obama, M.Trump agit. Il n'est peut être pas aussi malin que M.Obama, mais en termes de changement, il le surclasse de la tête et des épaules. Lui, va laisser une trace dans l'histoire. Surtout, il nous met en face de nos responsabilités. En se repliant sur les USA, il nous laisse la place de reconstruire un monde à notre goût. Certes, il peut déclarer une guerre nucléaire à la Corée, mais là aussi, c'est notre responsabilité qui est en jeu. En effet, peut-on laisser un régime de déséquilibrés sans aucun contrôle ? Si M.Trump essaie de régler l'affaire à sa manière, c'est que nous ne le faisons pas. Enfin, pour le reste, M.Trump fait des expérimentations, qui ne nous coûtent rien. A nous de profiter de leurs leçons.

jeudi 7 décembre 2017

Fantôme d'Hollywood

Le fantôme d'Hollywood est celui d'une actrice qui est s'est jetée d'une de ses lettres. C'était lors de la grande dépression. Elle ne parvenait pas à trouver d'emploi.

Il semble qu'un engagement lui soit arrivé le lendemain de sa mort. C'est un classique. Ainsi on a retrouvé pas mal de gens congelés à proximité d'un village. Comme quoi il ne faut jamais désespérer. Si ça va vraiment très mal, c'est que l'on est proche du but ?

Gloire posthume

On dit que le léger Jean d'Ormesson n'était pas si léger que cela : comme M.Hollande, il était préoccupé de sa gloire posthume.

C'est étrange cette histoire de postérité. Elle sous-entend que nous nous intéressons au passé. Or, je ne suis pas sûr que ce soit une constante humaine. Les Egyptiens du dix neuvième siècle, par exemple, se fichaient de leurs antiquités. Elles étaient des inventions occidentales. De même la postérité suppose que nos descendants nous ressembleront. Or qu'y a-t-il en commun entre un ancêtre et un de ses lointains descendants ? Et à quoi ressemblera l'espèce humaine dans quelques siècles ? Qu'aura-t-elle en commun avec nous ?

mercredi 6 décembre 2017

Johnny Halliday

Après Jean d'Ormesson, Johnny Halliday. Dans ma toute première enfance, au début des années 60, c'était la plus grande de nos vedettes. On disait qu'il était très riche, et on parlait des voitures qu'il achetait. Cela surprendrait aujourd'hui, mais il était en concurrence avec Antoine, le degré zéro du talent. Je me souviens aussi que Johnny avait une réputation sulfureuse. Une sorte de fléau des valeurs de la France de l'époque. Le parfum du scandale faisait son succès.

Il a mal vieilli. Contrairement à Eddy Mitchell, l'âge ne lui pas apporté le changement et la maturité, mais la décrépitude. Des journalistes l'appelaient "le beau jauni" ou sous-titraient une photo de lui, aviné, "la dernière tournée". A l'époque certains se faisaient concessionnaires de voitures américaines, lui l'a été de la culture des USA. Et cela s'est arrêté là ?

Vote

Le Corse vote pour le nationalisme. On entend dire qu'il veut, donc, ce que veut le nationaliste. Est-ce juste ?

Condorcet a fait une théorie très compliquée pour déterminer un système de vote juste. Pour cela il a fait des hypothèses : le votant peut connaître exactement l'avenir, et trouver son idéal parmi les candidats. Dans la réalité, les candidats semblent aussi inquiétants les uns que les autres. Et, que vont-ils faire une fois élus ? D'autant que l'avenir est imprévisible. Alors, l'électeur use de "tactiques". Je soupçonne qu'en Corse, le nationalisme fait régner l'ordre. Et il n'a pas d'opposant crédible. Les nationalistes corses sont l'équivalent de LREM, au niveau national : le seul parti qui fonctionne. Alors on leur laisse le bénéfice du doute ? D'où phénomène identique dans les deux cas : taux d'abstention élevé ?

Car il y avait un phénomène ignoré par le génial Condorcet. Le groupe humain, sans que l'on sache trop comment, parvient à se coordonner. Cela est vrai pour l'équipe sportive. Mais aussi pour la société. C'est comme cela qu'un système fondamentalement injuste finit par être efficace.

(Et c'est aussi la raison pour laquelle la démocratie n'est pas nécessairement le régime le plus démocratique.)

L'adolescence est une courte folie

Les neurosciences expliquent l'adolescent. L'adolescent est avant tout un cerveau en construction. Le système de contrôle du comportement est le cortex préfontal. C'est la partie qui semble être apparue le plus récemment dans l'évolution. Elle se met au point au moment de l'adolescence. C'est pourquoi l'adolescent paraît tout fou. Il ressemble à une voiture de course qui aurait une direction de deux chevaux. Et c'est pourquoi, avec lui, ni la carotte ni le bâton n'ont d'effet.
A mature brain is quite good at predicting the necessary balance between effort and reward. It does this by using links between the cognitive control systems, found in the highly evolved prefrontal cortex, and the reward circuitry, made up of evolutionarily older sub-cortical structures, which controls motivation and “wanting”. These include the striatum and the anterior cingulate cortex.

mardi 5 décembre 2017

Jean d'Ormesson

J'ai été triste d'apprendre le décès de Jean d'Ormesson, ce matin. J'aimais l'écouter parler. Aujourd'hui, nous sommes tous sinistres et haineux. A commencer par ceux qui nous entretiennent d'empathie, de méditation, ou de développement personnel. Lui était plein d'une délicieuse joie de vivre. Aime et fais ce que tu veux ?

Lecture

Les jeunes Français auraient des difficultés de lecture. Cela fait longtemps que je voulais faire un billet sur le sujet. Un de mes clients m'a dit un jour "votre force c'est de savoir écrire". Je prends toujours des notes. Et il était légèrement agacé que je lui rappelle de temps en temps ce qu'il avait dit. Un jour je lui ai répondu : "ma force c'est de savoir lire". En effet, j'ai constaté que peu de gens semblent comprendre le contenu d'un texte.

Explication ? A l'époque où j'enseignais, j'ai remarqué que ce qui faisait que mes élèves comprennent mon cours écrit était que je les note. Je me demande si ce n'est pas la source du problème. Nous ne sommes pas habitués à chercher à comprendre pour notre propre compte.

Education nationale - l'avenir

Comment régénérer l'Education nationale ? Il faut commencer par poser le problème. On attribue à l'Education nationale beaucoup de fonctions, qui ne sont pas forcément de son ressort. (Suite de la série.)
  • Apprentissages initiaux (lire, écrire, compter)
  • Socialisation (apprentissage de la vie en société)
  • Esprit critique (penser, sans se laisser influencer)
  • Intégration (assimiler l'immigré, mais aussi éviter l'apparition de forces sociales centrifuges)
  • Epanouissement (ce que les psychologues appellent "réalisation de soi" : trouver et exprimer son identité). 
  • Formation pratique, en vue d'un emploi (c'est à dire d'une place dans la société)
  • Formation continue. 
Pour chaque question, il faut se demander ce que l'on désire réaliser, quels organismes (famille, entreprise, groupes sociaux divers, Education nationale...) sont candidats pour assurer cette fonction, lequel choisir, et comment le faire évoluer. (Il peut y avoir un mélange de solutions.) En tenant compte de la diversité des hommes. Et en n'oubliant pas que nous ne sommes pas seuls au monde.
Aussi, il est certainement une bonne idée de chercher les "bonnes pratiques". Si l'on parvient à comprendre les conditions favorables à une vie réussie (ou à une vie ratée), on pourra en faire profiter la société dans son ensemble. Une démarche d'expérimentation est impérative. 

Nouvelle constitution
Mais il y a plus fondamental. Ce qui est atteint, avec l'Education nationale, c'est le principe sur lequel repose notre société depuis la Révolution. Et peut-être même avant. Puisque la Révolution a emprunté beaucoup à l'Ancien régime. Ce principe, me semble-t-il, c'est que "l'on naît homme". (Il faut aussi dépoussiérer la question de ce qu'est la science.)
C'est lui qui a disjoncté. Il faudrait le remplacer. Cependant, il me semble que ce travail est impossible à faire par une approche purement théorique et intellectuelle, à la Platon. Il demande un processus créatif, qui se nourrit d'une confrontation au concret et au pratique. C'est en attaquant sous problème par sous problème qu'émergera un principe organisateur d'ensemble. 

lundi 4 décembre 2017

Histoire

M.Hollande aurait été obnubilé par sa place dans l'histoire. Mais l'hirondelle fait-elle le printemps, et M.Hollande, l'histoire ? Il semble surtout que sous Hollande pointait Emmanuel. Il a amorcé un virage, qui se préparait peut-être depuis longtemps, et qui a été négocié par M.Macron ?

N'en est-il pas de même de M.Trump ? Lors de l'élection de M.Obama, j'ai lu une étude qui expliquait que les USA oscillaient entre le prosélytisme et le repli frileux. Comme souvent, les deux résultent de la même idée. Les USA sont le bien. Donc soit il doit être étendu au monde, soit il doit être protégé du mal. M.Obama a amorcé le mouvement. Mais c'est M.Trump qui l'a amené à son terme.

Education nationale - le problème

Et si 68 avait bon dos ? Et si l'Education nationale était morte de sa belle mort ? Et si elle n'avait pas su se renouveler ? (Suite d'une série de billets sur ce sujet...)

Son projet : sélectionner des esprits d'élite, des individus. Elle sélectionne, elle ne forme pas. Le principe de l'Ancien régime est toujours des nôtres : on ne devient pas homme, on le naît.
Et comment sélectionne-t-elle ? Par un positivisme obsolète. Le progrès de la science patine, elle s'emmêle dans ses contradictions. Pourtant l'Education nationale croit toujours que l’on trouve « la vérité » grâce à une équation, et qu'il existe des esprits qui ont accès à cette vérité. Eternel Platon. Totalitaire, et pas scientifique (la science, c'est le doute) pour un sou.

Autrement dit : zéro en termes d’épanouissement humain ou d’apprentissage de la société. Mais aussi zéro pour l'acquisition d’un esprit "critique" (au sens des Lumière), c'est à dire des bases nécessaires à la pensée. Zéro pour la science. Et zéro pour l'apport de connaissances pratiques.

Comme d'habitude en systémique, il y a des conséquences imprévues. La société est contrainte à développer des mécanismes qui compensent les effets de l'Education nationale. Nous nous formons en réaction à l'education nationale ?

dimanche 3 décembre 2017

Indestructible Trump ?

Un proche de M.Trump plaide coupable dans une histoire de collusion avec la Russie. M.Trump est-il menacé ?

Il n'y a que ses opposants qui le pensent. Son camp a la majorité, et il n'a pas intérêt à ce qu'il parte. Plus généralement, l'affaire n'est pas plus sérieuse que celle des emails de Mme Clinton, ou celle qu'a traversée M.Clinton. Et lorsque l'on connaît la puissance de la CIA et son histoire, il est un rien ridicule de s'émouvoir de l'influence de la Russie.

C'est l'Amérique. En définitive, il n'y a pas de bien et de mal. Tous les coups sont permis. Ce qui compte est le résultat. Ce qui met en mouvement les événements. C'est le jugement de Dieu.

Education nationale - les conséquences

Quelles sont les conséquences de la transformation de l'Education nationale (billets précédents) ? Un retour à l'Ancien régime.
  • L’élite se reproduit. La sélection se fait sur l'habitat. 
  • Peut-on encore parler de culture ? Le niveau intellectuel du jeune semble bloqué à 10 ans. Pour masquer le phénomène, on appelle les BD des « romans graphiques ». Tout le monde est concerné. Du cancre, au normalien.
  • L’éducation crée le chômage. On a voulu faire de tout le monde un intellectuel. Non seulement on a dévalué ce que cela signifie, mais il n’y a pas de place pour autant d’intellectuels. Et il manque des personnes pour occuper des autres métiers dont a besoin une société. 
  • En détruisant le mécanisme français d'intégration, on a favorisé le développement de communautarismes. (Ceux-ci sont artificiels. Ce ne sont pas des internationales, ils n'ont de sens que par rapport à la France.)
(Le "retour à l'Ancien régime" n'est pas une insulte. L'Ancien régime fonctionnait sur une sélection par la naissance, et les coutumes assuraient la stabilité du système. La Révolution a substitué à ce modèle une sélection par le mérite et la libération des coutumes par l'éducation. En éliminant ces mécanismes, on en revient au système précédent.)

samedi 2 décembre 2017

SIDA

Hier, journée SIDA. J'entendais aussi une série interviews d'Etienne Daho (A voix nue). Il disait que beaucoup de ses amis en étaient morts. Ce qu'il attribuait aux pratiques sexuelles de son époque.

En 68, on disait "il est interdit d'interdire". Il se trouve que l'homme n'a pas en son pouvoir d'éliminer toutes les interdictions. Le rôle de la société est de lui faciliter la vie.

Education nationale - 68

68 a eu un effet systémique fascinant : il a trouvé la faille de notre système social. Mais ce 68, n'a pas été que de gauche. Beaucoup de monde y avait sans doute intérêt. Pour les pauvres, la disparition des tourments de l'école était probablement un soulagement, à court terme. Pour les riches c'était l'assurance que leurs enfants le resteraient, et à moindre effort. Que s'est-il passé ?
  • La « massification » de l’enseignement (secondaire et supérieur) l’a vidé de son sens. 
  • On a dit en 68 que l’école asservissait l’homme (l’exact envers du message des Lumières). Il ne fallait rien apprendre, mais s’épanouir. Les enseignants sont massivement gauchistes. Résultat : le maillon clé du dispositif, l'éducation primaire, a été torpillé. 
(Série de billets sur l'Education nationale.)

vendredi 1 décembre 2017

Désirable, équitable et durable

Désirable, équitable et durable, prend la place de liberté, égalité, fraternité, selon Jacques Fradin, expert des neurosciences. Il mène une croisade pour ramener l'homme à la raison, et lui éviter de disparaître. C'est le projet qu'il fixe au monde.

En y réfléchissant, j'ai pensé que cela définissait le type de mission auquel je suis associé. Le problème de l'entreprise, est, à son échelle, le même que celui de la planète. Mais, une fois de plus, l'affaire est paradoxale.
  • Le changement démarre par un blocage. Ce que l'entreprise désire, c'est de ne rien changer. Mais ce n'est pas durable. Alors on procède à des décisions qui ne sont pas équitables (licencier certains, réduire le salaire d'autres... pour que d'autres encore puissent poursuivre leur existence selon leur bon plaisir). C'est reculer pour mieux sauter (ou disparaître).
  • Le changement réussit lorsque l'on identifie un nouveau projet d'entreprise, équitable, et désirable. C'est ce que la systémique appelle un "changement d'ordre 2". Le changement peut être équitable, parce que l'objectif étant un peu éloigné, l'organisation dispose de latitude d'ajustement pour passer de l'un à l'autre.
(Ce type de changement n'a rien d'exceptionnel : la croissance d'une entreprise demande des réinventions permanentes.)

Education nationale - les principes

L'Education nationale jouait un rôle central dans le fonctionnement de notre pays. 68 lui a porté un coup fatal, sans apporter de remplacement. Voici une série de réflexions sur le sujet. On commence par les principes.

Ils viennent des Lumières. L'école, c'est la fabrique de l'homme libre. On est libre si l'on pense librement. Si l'on ne se laisse pas engluer par les coutumes, dont le seul rôle est de nous asservir. Elles sont "l'opium du peuple". Pour cela il faut apprendre à exercer son esprit. Il faut être un "philosophe".

A cette mission officielle semble être venue s'en ajouter une autre (contradictoire ?). L'Education nationale donne à chacun un rôle social, selon ses mérites. C'est « l’ascenseur social ». Sa pièce maîtresse est la sélection faite à l’école primaire, partout en France. Voilà pourquoi l'instituteur a longtemps était un esprit d'élite, premier de canton, missionnaire. C'est surtout le moyen d'intégration et d'uniformisation du pays. S'il n'y a pas de Catalans en France, c'est grâce au nettoyage ethnique que fut l'Education Nationale.

jeudi 30 novembre 2017

SNCF de Prévert

Métro, boulot, dodo, c'est fini. Grâce à la SNCF, l'homme n'est plus un numéro. Impossible de se laisser aller, de se rétrécir du cerveau, de s'avachir. C'est l'aventure à chaque voyage. Un jour c'est la voix qui annonce les stations qui me fait sortir en urgence du train, avant de revenir en catastrophe, sur les conseils des agents de la SNCF. Un autre jour, j'ai trois trains annulés et 2 retards sérieux sur 5 parcours de dix minutes... Et tous les jours je reçois trois ou quatre mails qui m'informent de retards ou d'annulations. (Mais jamais des retards ou annulations qui me concernent.)

Je trouve d'ailleurs aux explications de ces dysfonctionnements une sorte de créativité poétique : train qui n'est pas sorti de son hangar, ou qui, n'ayant pu redémarrer, bloque une voie, personne sur les rails, train détourné, passage à niveau qui ne marche plus, pont en réfection, feu... La SNCF n'est plus une triste entreprise d'ingénieurs qui ne savent que faire arriver les trains à l'heure. Elle a de la fantaisie. C'est la SNCF telle que la rêvait Prévert. Pour cela il lui a fallu la direction d'experts des sciences politiques ?

(PS. Un nouveau motif de dysfonctionnement : mouvement social.)

Les épées

Le roman précédent (Les jeux sauvages) m'a fait me demander s'il n'appartenait pas au même courant littéraire que l'oeuvre de Roger Nimier, et de quelques autres. D'où ma lecture des Epées.

Alors ? Ce livre a été publié en 48, par un auteur de 23 ans. Ses premières pages coupent le souffle. C'est une attaque en règle des fondations de la société. Le monde est abjecte. Et le héros, un milicien, s'en réjouit. La phrase et courte. Elle ne dit jamais ce que l'on attend d'elle. Mais, bien vite, cela m'a lassé. C'est de la mécanique.

J'ai pensé que la société de l'époque était extraordinairement permissive. Je me suis aussi rappelé Radiguet et Le diable au corps. Il semblerait qu'à chaque guerre la nouvelle génération ait une envie irrépressible de provoquer l'ancienne. Il est vrai qu'il est d'une audace folle d'insulter des gens qui vous veulent du bien.

mercredi 29 novembre 2017

Immigration

Article d'un Anglais éminent sur l'immigration. Il souligne un paradoxe. Le libéral (de gauche ou de droite) est pro immigration alors que, par principe, il détruit les conditions qui permettent l'immigration.

En effet, en niant la dimension sociale de la société ("la société n'existe pas" dit Mme Thatcher), qu'il conçoit comme un assemblage d'individus indépendants, il nie à la fois les forces (sociales) de résistance à l'immigration, et les forces (sociales) qui pourraient l'intégrer.

C'est ainsi que, traditionnellement, la France, depuis longtemps, est un pays de forte immigration. Mais elle possédait aussi des mécanismes efficaces pour l'absorber. L'école en particulier. Ils ont été attaqués.

Les jeux sauvages

Ce livre a une histoire. Je l'ai trouvé dans la maigre bibliothèque familiale, alors que j'avais cinq minutes à tuer. C'était le jour de la remise du prix Goncourt. Et j'ai été surpris de voir qu'il était dédicacé à une de mes tantes "si charmante" (on dit que ma tante, qui avait alors 19 ans, était la "plus jolie fille du bourg") ; et que l'auteur s'était enfoncé, pour cela, dans le coeur des ténèbres, en Corrèze profonde. Mais ce n'était pas fini. Wikipedia m'a appris qu'il était prix Goncourt 1950 ! Et qu'il a vaincu Marguerite Duras. Pourquoi n'en parle-t-on plus ? Parce qu'en ces temps, le Goncourt faisait gagner beaucoup d'argent. Et qu'avec cet argent, Paul Colin a acheté une ferme. Et qu'il n'a publié un autre livre que dix ans plus tard. (Une émission de télévision, traitant du prix Goncourt, l'a retrouvé, en 1970, dans sa ferme.)

Celui-ci montre à quel point notre société a évolué. Car c'est l'antithèse de la pensée dominante actuellement. C'est une sorte de "Bonheur fou", à la Giono. Une ode à la gloire du mâle exceptionnel, qui dompte les êtres inférieurs, la femme, la nature. Ce faisant il donne un sens à leur vie. Et ils lui rendent un amour aveugle. L'existence de l'auteur s'est voulue, semble-t-il, conforme à son oeuvre.

mardi 28 novembre 2017

Cabane

Lorsque j'étais petit, mon grand père m'avait fabriqué une cabane. Il avait plié des branches en une sorte d'ogive de ma taille de l'époque et couvert le tout par un véritable rideau de fougères. Elles étaient si denses que la pluie ne pénétrait pas. Et mon grand père y allait parfois faire la sieste.

Il lui avait fallu très peu de temps pour la bâtir, alors que j'en serais incapable. Peut-être faudrait-il réfléchir à deux fois avant d'abandonner nos compétences ?

Genre

Et quelle imagination fantasmagorique que cette division de l'espèce en genres ! Comment, en présence d'une femme, ne pas être constamment préoccupé par cette différence de formes, presque de natures, entre son corps et le mien ? Comment ne pas être obsédé par cette idée d'espèce dans laquelle elle et moi sommes représentatifs d'un genre différent ? Soit, nous avons reconnu ces genres et le dimorphisme sexuel nous est chose coutumière ; mais le fait, le fait seulement qu'il s'impose à nous et qui, plus nous le constatons, s'amplifie jusque'à nous écraser de sa monstrueuse présence ! (...) Et l'on arrive à étendre la signification de ce terme : "le genre" jusqu'à l'égaler à "l'espèce" ; oui une espèce dans l'espèce ou mieux deux espèces parallèles couplées entre lesquelles de constants échanges se produisent. On se demande même si elles sont solidaires et si, dans l'évolution, après des millénaires... un jour... (Paul Colin, Les jeux sauvages, Gallimard, 1950).
Cette citation est tirée du Goncourt 1950. Prix gagné contre "Le barrage contre le Pacifique" de Marguerite Duras.  Ce qui semble dire que cette opinion était alors largement partagée. Or, elle est diamétralement opposée à ce que l'on entend aujourd'hui. La seule chose de commun est ce curieux mot : "genre". Alors qu'aujourdhui on nous dit que le genre ne signifie rien, qu'il est une construction sociale, en 1950, beaucoup pensaient que cette construction sociale pourrait amener hommes et femmes à se comporter en espèces différentes. Et ils en étaient heureux.

lundi 27 novembre 2017

Stérilisation

Il n'y a plus que quelques parties du monde dont la population croit rapidement (un pour cent ?). Et ce n'est pas elles qui menacent la durabilité du monde, parce qu'elles sont pauvres. Même la fécondité de l'Inde s'est considérablement réduite : 2,24 enfants par femme. Et ce changement s'est fait naturellement. Voilà ce que disait la radio ce matin. (Ou, du moins, les cinq minutes que j'ai entendues de l'émission qui traitait de ces sujets.)

Ce qui n'a pas marché ? La politique de stérilisation forcée qu'a tentée un temps le gouvernement indien.

Ce qui m'a fait penser que la "stérilisation forcée" est ce que l'on appelle, en termes de technique de changement, un "changement dirigé". Et que c'est ainsi qu'actuellement les entreprises mènent leurs changements...

Fin de l'histoire

La Princesse de Clèves ou les mémoires du Duc de Saint Simon me font croire que le noble vivait au Club Med. Thorstein Veblen parle d'une "leisure class" au sujet des riches de son temps. Mais ce n'était pas n'importe quel loisir. Il était fait de rites compliqués. C'était un loisir d'esthètes à la Boni de Castellane. Un mode de vie qui a fasciné Proust.

Je me demande si le projet des Lumières, et de Marx, n'était pas d'apporter à tous la conception que les nobles avaient de la vie ; et si ce n'est pas ce qui a constitué le projet de la gauche : la culture pour tous. Malheureusement, de l'idée à sa réalisation, il ne restait plus grand chose de la dite culture. Ce qui fait que la gauche nous semble un peu ridicule.

Un tel type de société est-il possible ? C'est difficile à imaginer. Car il faut bien produire ce que consomme l'oisif. Et même si c'est la machine qui le fait, il faudra l'entretenir et savoir la fabriquer. Les sociétés qui semblent s'être le plus approchées de l'idéal du loisir démocratique sont les peuples "primitifs". Elles sont stables, et communistes. La culture nie le progrès ?

dimanche 26 novembre 2017

Changement en France

"Les anti ne bougent pas", disait un ami. Pour la première fois depuis bien des années, les réformes gouvernementales ne produisent aucun remous. En dépit des tentatives des médias et de l'opposition, rien ne se passe. Un invité d'une émission de France Info disait de la polémique suscitée par le cumul de mandats de Christophe Castaner : "tout le monde s'en fout". Et il a probablement raison.

Un sondeur, il y a quelques temps, constatait que "la France laissait sa chance au gouvernement". C'est probablement aussi juste.

Cela montre que, contrairement à ce que l'on a dit, le Français ne refuse pas le changement. Et que s'il s'y est opposé jusque-là, c'est qu'il lui supposait des intentions qu'il réprouvait ?

Affirmative action

Un statisticien me disait que la publicité ne représentait pas la population française. On n'y voit pas des gens majoritairement blancs. En revanche les affiches de la SNCF qui dénoncent la fraude montrent exclusivement des blancs bien habillés.

C'est un fait qui m'a frappé, il y a déjà longtemps, dans les séries télévisées américaines. C'est une sorte d'affirmative action : on y représente le monde comme on pense qu'il devrait être. C'est la croyance en la prédiction auto réalisatrice. C'est aussi pour cela que l'on nous parle tant des malheurs des femmes, par exemple. Nos élites croient en la puissance de la parole.

Cela semble en partie efficace. Peut-être jusqu'à ce que le peuple se rende compte qu'il est le dindon de la farce. Alors, il dégage les beaux parleurs ?

samedi 25 novembre 2017

Allumage paradoxal

L'intelligence artificielle de YouTube a sûrement repéré mes instincts lubriques. Elle me suggère des vidéos de virtuoses provocantes. "Dressed to kill." Il semble que ce soit devenu en genre. Il y en a un relativement grand nombre. Le contraste avec l'orchestre est frappant : les autres musiciens sont habillés de manière sinistre, c'est-à-dire traditionnelle.

Ce qui pose une question compliquée. D'une part la femme veut être séduisante, et pour cela elle en appelle aux instincts les plus primitifs de l'homme. D'autre part, elle veut être un homme comme les autres. De ce fait, elle place l'homme en injonction paradoxale.

Thèse, antithèse... quelle sera la synthèse ?

Transformation numérique

Les hasards de la vie font que je suis au coeur des bulles spéculatives. La transformation numérique, maintenant. Elle produit un phénomène auquel je ne m'habitue pas : la mode de management. Les entreprises se "numérisent", parce qu'il le faut. On nomme un responsable et hop, c'est parti.

Mais il y a encore plus surprenant. C'est qu'il y a beaucoup de choses extrêmement intéressantes qui sortent de ces expérimentations. (Et en grande partie parce que ceux qui les font sont des gens remarquables.) J'entraperçois de quoi "casser la baraque". Mais cela n'émeut pas l'entreprise. Le spécialiste de l'innovation est là pour tester des innovations ; le PDG pour diriger. On est dans le rite, il n'y a personne dont le rôle soit de changer. L'entreprise est en panne de leadership.

(C'est déjà ce que disait mon rapport sur les ERP, en 2002, l'ERP aurait pu être quelque chose de très utile si seulement on s'était donné la peine de réaliser son argumentaire de vente - qui n'était pas idiot.)

vendredi 24 novembre 2017

Black Friday

Après Halloween, voici Black Friday. Quelles sont les forces derrière ces importations ? Quelle est leur logique ? Une partie de notre société serait-elle devenue américaine ?

Dans les années 60, on aurait parlé de "l'impérialisme américain". Allons-nous subir le sort des sociétés colonisées ? Ou, pire ?, des sociétés décolonisées ?

Discrimination

"SOS Racisme et le CNRS publient ce jeudi l'étude "Diamant", qui révèle les discriminations exercées en France dans des secteurs du quotidien, comme l'accès à une assurance automobile, aux complémentaires-santé, aux crédits et à l'hébergement touristique."Article.

On apprend dans cette étude, notamment, que les assurances vous font payer plus si vous êtes vieux que si vous êtes jeune. Curieusement, elle ne s'est pas interrogée sur les discriminations du bac. Car, si vous vous appelez Joséphine, vous avez significativement plus de chances d'obtenir la mention très bien que si vous portez un autre prénom. N'est-ce pas honteux ? 

Et s'il y avait d'autres causes, plus sérieuses, à ces différences de traitement que la discrimination ? Et si le CNRS faisait, lui-même, preuve d'une discrimination bien peu scientifique ? 

Dangereux Uber ?

On apprend en même temps qu'Uber a subi un piratage de ses données et qu'il va équiper Londres de taxis autonomes... Sera-t-il capable d'éviter que ceux-ci soient assaillis par un virus ?

Et si Uber était une course en avant de paris fous ? (Ce qui n'a rien d'exceptionnel dans la culture anglo-saxonne de l'entreprise. "Bet the farm," dirait Monsanto.)

jeudi 23 novembre 2017

Discrimination

Pourquoi y a-t-il un noir et un blanc ? Pourquoi le blanc est-il sale et le noir propre ? (Publicité pour un revêtement auquel rien n'adhère.)


Suicide policier

J'entendais que les taux de suicide des policiers étaient exceptionnellement élevés. L'explication qui suivait l'annonce montre à la fois qu'il faut se méfier de ses premières réactions et à quel point Durkheim demeure indépassable.

En effet, les raisons évoquées sont : on est policier à un âge où l'on tend à se suicider ; le policier, par le jeu des mutations, tend à être coupé de ses proches - un facteur de dépression ; il dispose d'une arme...

Autrement dit, les conditions dans lesquelles vit le policier se prêtent au suicide. Comment lui sauver la vie ? Par le lien social, aurait dit Durkheim. La "police de proximité" n'est pas bonne que pour la proximité, elle l'est surtout pour le policier...

RSE

Une juriste s'interroge. Entre les mains du monde pourri des affaires, n'est-il pas obligatoire que la RSE soit vidée de son sens ? Je doute :

Les Etats s'effacent, les entreprises prennent leur place. Elles doivent assumer la responsabilité de la planète. C’est la logique (mondiale) de la RSE : entreprises comportez vous bien, si vous ne voulez pas être réglementées. Effectivement, il y a des batteries de lois liées à l’environnement, à la santé au travail… Elles vont dans le même sens que la RSE. Parce que la RSE correspond à des préoccupations mondiales.

Ensuite, l'entreprise obéit à la loi, et il y a des choses en commun entre l'esprit des lois et la RSE :
  1. L'article 1382 du code civil parle de responsabilité (civile). La question de la RSE, qui revient à s’interroger sur les responsabilités de l'entreprise, n’est-elle pas équivalente ? Construire une politique RSE ne revient-il pas à réduire les risques de poursuite auxquels l’entreprise est exposée ? (Voir les assurances responsabilité civile pour entreprise.) 
  2. La constitution, et en particulier ses annexes, notamment le fameux « principe de précaution ». 
  3. Esprit des lois qui régissent l’entreprise. En France, l’entreprise a une personnalité morale. Son fondateur ne peut pas faire ce qu’il veut d’elle, de même que les parents ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent de leur enfant. 
  4. Est-ce que la loi, d’une manière générale, n’a pas pour objet d’organiser la vie en société ? Est-ce que réfléchir à sa responsabilité sociétale n’amène pas, naturellement, à respecter l’esprit de la loi ? 
Finalement, comme le dit Adam Smith, ce n'est pas parce que l'on est inspiré par le mal que l'on ne peut pas faire le bien (et inversement). La presse étrangère dit que les investisseurs activistes imposent à l’entreprise des mesures environnementales, ou autres, qui sont du domaine de la RSE. Mais, s’ils le font ce n’est pas par amour de la nature, ou de l’humanité, mais parce qu’ils pensent que les Etats ou les opinions peuvent nuire à leurs intérêts. De même, l’actionnaire peut pénaliser une entreprise susceptible de subir les conséquences du réchauffement climatique.

Morale. La RSE peut être compatible avec les instincts les plus primaires de l’homme. « Greed and fear » disent les Anglo-saxons. Une erreur qui tue le changement est, justement, de voir le monde en termes de bien et de mal.


mercredi 22 novembre 2017

Pire qu'avant

Il y a des déçus du Macronisme. Ce sont ses adversaires politiques. Je les entends sans arrêt dire : "les élus de la République en Marche sont pires que nous". Ce qui, curieusement, sous-entend qu'ils s'estiment peu...

Je pense qu'ils pourront envisager l'avenir avec confiance, le jour où ils auront retrouvé leur fierté. C'est ça le changement quand il est réussi. En attendant, ils doivent faire le deuil de leur identité passée. C'est douloureux.

Penser et exister

Je pense donc je suis, dit Descartes. Et si c'était le contraire ? Les existentialistes estiment que tout commence par la recherche de son identité. Une fois que l'on a mis de l'ordre dans ses convictions, alors, on est capable de juger de manière à peu près cohérente.

L'explorateur sait qu'il peut mourir en chemin. Mais la vie d'explorateur lui plaît. Décider ce n'est pas être certain de faire le bon choix. C'est probablement éviter au mieux d'en faire un mauvais. Et c'est emprunter un chemin inconnu qui nous enchante. C'est peut être cet inconnu, plein de promesses et de danger, qui donne du prix à certaines vies ?

mardi 21 novembre 2017

Même combat

M.Trump est le meilleur ami du réformateur de l'Arabie saoudite. Ce faisant, il parachève le travail de printemps arabe encouragé par les démocrates.

M.Trump et Mme Clinton seraient-ils des frères ennemis ? Comme au temps des rois, où l'on s'entretuait entre père et fils ou entre frères, le conflit entre tenants d'un système n'est-il pas une condition de sa durée ?

Roi composite

L'histoire du Roi Arthur, homme de la Table Ronde, aurait été la somme des vies de cinq personnes. Arthur est inventé. (Article.)

Des mystères de la création. Son but était-il de distraire ou d'édifier, de même que Corneille à réinterprété des histoires anciennes au goût de son siècle ? Ou besoin d'une mythologie pour une forme de nationalisme ?...

lundi 20 novembre 2017

Glasnost

Partout dans le monde, la génération Macron prend le pouvoir ? Un jeune prince s'est emparé de l'Arabie Saoudite. Comme Xi Jinping, il a déclenché une campagne anti corruption (une pratique culturelle), pour se débarrasser des gêneurs. C'est surtout, peut-être bien, le dernier avatar du printemps arabe. Et aussi celui d'un changement plus fondamental, qui consiste à transformer le monde en un marché.

Les USA ont attaqué le royaume par son point faible : le pétrole. S'il veut survivre, il doit entrer dans le moule mondial de l'économie de marché. Comme il ne sait pas faire grand chose, il se raccroche aux modes du moment : il parle de transformation numérique et de développement durable. Et aussi, il doit s'acclimater aux moeurs occidentales, qui vont avec. Glasnost.

Comment cela se terminera-t-il ?

Emploi et mort

J'entendais qu'il y avait beaucoup plus de cancers à Fos sur Mer qu'ailleurs. Ils sont causés par la pollution industrielle. Mais les habitants ne bougent pas, car l'industrie fournit des emplois. (France Info.)

Voilà un argument que beaucoup de monde a oublié. Le développement durable, et même la santé, est une question de riche.

dimanche 19 novembre 2017

Art moderne

Le livre précédent raconte une curieuse histoire. Celle de l'art moderne. Cet art serait une réaction à Picasso : comment être aussi célèbre que lui, sans talent ? Etrangement, c'est possible. C'est la société qui décide du succès d'une oeuvre. Et son opinion peut être gagnée par d'autres raisons que le talent.

Explication du capitalisme moderne ? La règle du jeu est l'influence. C'est susciter un effet de mode. On a remplacé le talent de création, d'invention, par le talent de communication. On est dans l'économie irréelle.

La mariée des célibataires

Cela démarre bien, et finit platement, en roman ordinaire. Années 60, monde d'Andy Warhol. Art business, argent, défonce, sexe, harcèlement, dépression, mort...

L'intérêt : l'étude anthropologique d'une contre culture qui a submergé le monde. Or, elle n'a rien de "contre". Non seulement elle est culture de gosses de riches, mais les hommes d'affaires la suivent de près. C'est des marges que sortent les bulles spéculatives.

On y apprend aussi que le père de Warhol et de l'art contemporain, c'est Marcel Duchamp. Il voulait être Picasso. (Il a d'ailleurs eu sa période cubiste.) Mais il n'avait aucun talent. Alors, il a dynamité l'art. C'est pourquoi il plaît autant à la nouvelle génération. L'art contemporain : un cri de révolte contre le talent, de gens qui en manquent ? Mais, le marché n'enrichit pas le talent, mais ceux dans lesquels il se reconnaît ?

(Et, un livre tout en professionnalisme américain. C'est bien écrit, c'est habilement construit, c'est intello - cela reprend la trame de Gatsby le magnifique... Mais ça manque de souffle et de génie.)

samedi 18 novembre 2017

Goncourt des lycéens

Il paraît que le Goncourt des lycéens est le prix littéraire qui rapporte le plus. C'est curieux, car les lycéens doivent choisir parmi 15 personnes sélectionnées par les jurés du Goncourt. (France Info dixit.) C'est donc un recalé du prix le plus prestigieux qui gagne le gros lot. C'est d'ailleurs probablement pour cela que le vainqueur est une femme.

Illustration de l'irrationalité humaine. Ce qui plaît dans ce prix, c'est probablement "lycéen". On imagine des gamins dénichant une oeuvre qui avait échappé à la pensée unique des vieilles barbes. Le livre en lui-même ne compte pas. Des miracles du marketing. Mais aussi, validation sociale, dirait Robert Cialdini : nous sommes des moutons de Panurge.

Mais encore, irrationalité de l'auteur. Il préfère certainement gagner le Goncourt des grands plutôt que celui des petits, quitte à y perdre de l'argent. Autre illustration de la "validation sociale". Il n'a pas sa tête à lui, il est conditionné par la pensée collective.