vendredi 30 juin 2017

Petits chefs

J'entendais Michel Rocard parler de mai 68 (A voix nue de France Culture). Pour lui, 68 fut une révolte contre "les petits chefs". Le Français demandait "l'autogestion", ou, plutôt, "l'autonomie". 

Et si les conflits qui caractérisent notre pays étaient une révolte contre les "petits chefs" ? (Subsistance du modèle d'ancien régime ?) Et si les petits chefs, loin de comprendre la revendication, l'avaient traduite en "ils veulent travailler moins pour gagner plus" ? D'où cercle vicieux qui a plombé l'efficacité du pays ? 

Démocratie et Asie

J'entendais, hier matin, France Culture constater que l'Asie s'éloignait de plus en plus de la démocratie. Elle la considère comme étrangère à sa culture. Son modèle est chinois. 

Mais la démocratie a eu sa chance. L'Asie y a cru, jusqu'à la crise économique des années 90. C'est là que la Chine a gagné : elle a sauvé ses congénères. 

Est-ce LA démocratie qui a échoué ? Car ce que dit aussi cette analyse c'est la faillite du "consensus de Washington". L'URSS avait chu, l'Amérique gagné. Une petite élite financière a décidé que l'histoire était finie et qu'il lui revenait d'imposer au monde l'idéal. Celui du marché et de la finance. Elle a échoué. Elle a entraîné avec elle tous les mots (démocratie, justice, droits de l'homme...) qu'elle s'était accaparés. 

jeudi 29 juin 2017

SNCF

Le problème de la banlieue, c'est la SNCF. Les trains ne fonctionnent plus. Tous les jours, on annonce que le train que vous attendez n'a pas pu démarrer, ou que le trafic est bloqué par un train en panne à Asnières, ou que la voie a subi une avarie. Les grandes lignes n'y échappent pas. L'année dernière mon train s'est arrêté une heure alors qu'il revenait de Corrèze. Cette fois, c'était le TGV de La Rochelle, qui a fait de même. Dans les deux cas : le matériel n'a pas résisté à la chaleur. 

Qu'est-ce qui peut expliquer une telle régression ? On dit que les hommes politiques locaux (conséquence de la loi de régionalisation ?) ont tous voulu des TGV. Après ces investissements massifs, la SNCF n'aurait plus eu d'argent pour l'entretien de ses lignes et l'achat de matériel. 

Mais il y a autre chose. La SNCF est la proie de conflits sociaux. Alors, on lui donne un dirigeant pacificateur. A tel point que la SNCF a eu un ministre communiste, puis un directeur général, chef de cabinet du précédent. Je cite souvent le travail de Christian Kozar à la RATP. Lui aussi a du faire face à des mécontentements. Mais il y a répondu en attaquant les problèmes (d'insécurité) auxquels étaient confrontés les personnels de la RATP, et en leur donnant des responsabilités. Les trains marcheraient-ils mieux si l'on avait donné à la SNCF ce type de manager ? 

Désirs et réalité

"Tu prends tes désirs pour des réalités", disait-on quand j'étais enfant. Je me rends compte, que c'est de moins en moins possible. Les gens ne font pas ce qu'il me semble (inconsciemment) évident qu'ils devraient faire. Je soupçonne que c'est une stratégie. Vous faites ce qui faut pour obtenir ce que vous désirez, mais sans rien rendre en échange. Elle n'est d'ailleurs pas forcément délibérée : on a constaté qu'on avait beaucoup à gagner en agissant ainsi. 

Difficile de vivre dans un tel monde. Car nous ne pouvons rien faire sans l'autre. Alors, il faut parvenir à comprendre ce qui le fait marcher (car j'ai l'impression qu'il n'est pas totalement aléatoire) pour reconstituer une équipe qui gagne. 

mercredi 28 juin 2017

Antivirus

Votre ordinateur est infecté par des antivirus mortels. Croyant que le message vient de mon ordinateur, je fais ce que l'on me dit. Mais j'ai un doute. Il n'est pas une émanation d'Apple, mais de MacKeeper. Je me renseigne chez Wikipédia. A mots couverts, il y est expliqué que ce n'est pas une entreprise très recommandable. Du coup je lance l'antivirus qui est installé sur mon Mac. Il me conseille d'éliminer MacKeeper. 

Il y a quelque chose de l'évolution de notre société dans cette anecdote. On y divise les tâches, et cela fait que certains (les banquiers ou les informaticiens) ont des connaissances que nous n'avons pas. Ils ont trouvé qu'il y avait là un moyen élégant pour tirer profit de nous. C'est le principe de l'oligarchie moderne. 

Energie de l'espoir

Un ancien étudiant m'écrit (extraits) :
Une chose me marque aujourd'hui (...) c'est l'énergie que doit déployer la personne qui est censée "conduire le changement". Face à la réticence au changement, au déni et aux volontés d'immobilisme, il faut être à même de déployer beaucoup d'énergie pour consulter, écouter, convaincre, répérer des leaders, les accompagner (...) Il faut aussi savoir accepter que les choses n'avancent pas à la vitesse souhaitée alors que nous y mettons une énergie folle. Je n'avais pas connaissance d'une telle importance de ce facteur "énergie" mais conduire le changement c'est pour moi épuisant.
Mon expérience (extraits) :
  1. Oui. Il faut beaucoup d’énergie. Il faut surtout « y croire ». C’est cela qui donne l’énergie. J’ai mis du temps à comprendre que c’est ce qui, en grande partie, faisait réussir mes missions. Je crois à mes clients plus qu’ils ne croient en eux ! 
  2. Mais il n’y a pas que l’énergie. En effet, plus vous aurez du succès dans le changement, plus on vous donnera à traiter des cas compliqués. Et, face à une multinationale, la seule bonne volonté ne marche pas. Il faut passer de l’amateurisme au professionnalisme. Il faut constituer un corpus de techniques. Car il existe des techniques pour ne pas s’épuiser. 
  3. Mais, il ne faut pas se faire d’illusions. Nous avons tous appris par essais et erreurs. Regardez ce qui marche dans ce que vous faites, et dans quelles conditions cela marche. Ensuite, la prochaine fois que vous serez dans une situation compliquée, demandez-vous si vous n’avez pas déjà rencontré quelque chose du même type, et comment vous avez fait. 
  4. Autre chose, de très important, une sorte de « grand théorème » de psychologie : on évacue le stress en parlant. M’écrire est une bonne chose. Mais vous pouvez aussi chercher des gens avec qui discuter de votre expérience (et de la leur).
(En espérant que le lecteur trouvera ici quelques conseils utiles.)

mardi 27 juin 2017

5ème génération

Il y a quelques temps Etienne Klein recevait Thierry Breton. Il lui rappelait que sa carrière avait commencé par un succès de librairie. "Soft war", ouvrage d'anticipation qui traitait d'intelligence artificielle. Thierry Breton, un peu embêté ?, a répondu en substance, que l'on commençait à s'intéresser au sujet en ces temps là. 

En 1982, le Japon lançait la "5ème génération" d'ordinateurs. Voici ce que dit un livre que j'ai acheté à cette époque et que le Times avait qualifié de : "undoubtedly the year's most important book about computers". 
THE FIFTH GENERATION is the story of the new super breed of computers now being planned by the Japanese. The computers will contain knowledge, think and make decisions better than any human. The Fifth Generation will shift every cornerstone of our societies. It will change the way we think of ourselves as intelligent beings. Above all, it will determine a new balance of power in the world. Just as the West found itself oil-dependent on the Middle East in the 1970s, it will find itself knowledge-dependent on the Japanese in the 1990s when knowledge really will be power. 
Résultat ? La montagne a accouché d'une souris.

J'ai cru à la science. J'ai pensé que l'on ne pourrait pas dire n'importe quoi. J'ai eu tort. Nous vivons à une ère de marketing. Ce qui compte est ce qui fait vendre. Il se trouve que le mot "intelligence artificielle" plaît au peuple, quelle que soit sa signification ou son passé. Alors on le lui sert. 

Assertivité

Dans ma jeunesse, on parlait d'assertivité. C'était un néologisme venu de l'anglais, qui signifiait défendre son point de vue face à la pression sociale. (Le mot existe en français, mais a un autre sens.) 

J'y ai repensé lors d'un passage à la gare Saint Lazare. A l'heure de pointe, un cycliste, casque sur la tête et vélo sur l'épaule empruntait les escaliers roulants, au milieu d'une foule compacte. Il était en chemise de travail, ce qui m'a fait penser qu'il se rendait peut-être ainsi chaque matin à son bureau. 

Mais le vélo est aussi devenu l'apanage du Bobo. (Et de ceux qui boivent ses idées.) Il affronte le beauf en voiture, et, plus curieusement, mais le Bobo est un tissu d'hypocrisies, le prolo piéton. Difficile d'échapper à la pression sociale ? 

lundi 26 juin 2017

Macronite

On parle de Macronite. Pour ma part, j'écoute les informés de France Info et j'y entends à chaque fois des gens extrêmement critiques, parfois aux limites de la correction, de M.Macron. Je ne suis pas sûr que ses prédécesseurs aient été aussi mal traités. On nous annonce un dictateur. On en appelle à "la rue", qui lui fera rendre gorge. Car il n'a pas été élu démocratiquement, manifestement. 

Y a-t-il réellement une "Macronite", ou a-t-elle été inventée par des personnes fâchées que l'on ne partage pas leur haine de M.Macron ? Et la voix de ces personnes est-elle particulièrement bien portée par les médias ?

Comprendre l'Islam

Un livre écrit par un dominicain, spécialiste de l'Islam du 14ème siècle. L'Islam n'est pas ce que l'on nous en dit. Pour commencer, que le Coran soit compréhensible ou non n'est pas le sujet. Et ce pour la même raison que nous ne comprenons rien à la plupart des chansons (anglaises, espagnoles...) que nous aimons tant. Comme ces chansons, le Coran apporte à ceux qui le pratiquent autre chose qu'un sens littéral. Et l'Islam n'est pas l'axe du mal, ni une religion de peaceniks dévoyée par quelques fous furieux. C'est une "culture", au sens anthropologique du terme : un ensemble de règles qui permettent à une collectivité de vivre ensemble. De ce fait, l'Islam s'est adapté aux impératifs de son temps. "L'Islam classique" a été la religion d'un empire. Y cohabitaient une multitude de peuples et de religions. Et, plus ou moins bien, il a su administrer cette complexité. Pour autant, on ne peut pas tout faire avec l'Islam. Il existe des principes qui ne peuvent pas plier. 

Quant à son évolution moderne, elle semble le résultat de difficultés d'adaptation aux transformations du monde apportées par l'Occident. Une première réaction a été l'Islam politique. Il a pour but de prendre le pouvoir (Iran, frères musulmans...). Mais, une fois qu'il le tient, il se retrouve gros Jean comme devant. Alors, il y a le Salafisme. Le Salafisme est un avatar récent de l'Islam. C'est un retour à une pureté originelle inventée. Il doit son succès à ce qu'il est, en quelque sorte, l'acte constitutif de l'Arabie saoudite. Les milliards du pétrole l'ont diffusé partout dans le monde. Il est en passe de devenir la "nouvelle orthodoxie" de l'Islam. Mais il a un vice. Si sa version saoudienne est "quiétiste", il se prête à une interprétation qui conduit au terrorisme.  

La solution à ce problème n'est pas un Islam de pisse-froid. C'est une autre forme de radicalisme islamiste. Mais un radicalisme qui transcenderait la difficulté par un retour à une essence généreuse. 

CANDIARD, Adrien, Comprendre l'Islam, ou plutôt, pourquoi on n'y comprend rien, Champs actuel, 2016. 

dimanche 25 juin 2017

Reprise

Quand une entreprise va mal, on appelle un "repreneur". C'est une erreur. Mon expérience limitée montre que le repreneur fait comme M.Buffett : il cherche des actifs sous évalués. (Et les histoires d'Heuliez et de GM&S me confirment dans mes a priori.) Il ne reprend que s'il sait que la société vaut plus cher que son prix de vente. Or, cet actif est un actif matériel à quoi il faut ajouter les subventions de l'Etat et de la Région, qui sont étonnamment généreuses pour un pays ennemi du business. Le repreneur a tout intérêt à plus ou moins long terme à licencier le personnel et à vendre l'entreprise à la découpe. 

Qu'est-ce qui ne va pas ? C'est l'actif immatériel, c'est-à-dire le savoir-faire de l'entreprise. Il arrive qu'il n'existe plus. Il a été perdu par une suite de restructurations. Mais ce n'est pas toujours le cas. Comment développer cet actif ? Cela ne se fait pas de l'extérieur, par un repreneur, mais de l'intérieur. Et cela ne va pas de soi. Il faut l'identifier, première difficulté. Car l'entreprise française n'en est pas une, elle se voit comme un "sous-traitant". On lui doit des commandes. Ensuite, il faut le "mettre en valeur", seconde difficulté. C'est l'art du commerçant. Autant l'Allemand et l'Américain le possèdent, autant nous en sommes privés. Abstrait ? Un Allemand vous dira que son entreprise est parfaite. En France, l'image de l'entreprise est faite par une CGT qui vocifère sa haine de tout. Enfin, il faut que quelques personnes de l'entreprise aient la volonté de développer l'affaire. Ils entraînent leurs collègues. Là, c'est pire que tout. Le Français rêve de salariat (même s'il se prétend entrepreneur, vous pouvez lui acheter son entreprise contre un plat de lentilles quotidien). 

Mais, comme je le disais à la veille de l'élection présidentielle, je crois aux miracles. Car, en définitive, le changement n'est que miracle. 

Macron et la Grèce

Yanis Varoufakis dissèque le Brexit. Chaque camp va faire le mal en voulant faire le bien. L'UE doit faire perdre l'Angleterre pour faire un précédent, et l'Angleterre est prêt à tout sacrifier pour mettre un  terme à la liberté de mouvement au sein de l'Europe. Alors qu'elles auraient tout à gagner à coopérer. 

Plus surprenant, l'homme qui est contre la globalisation, le fascisme et pour toutes les gauches les plus pures et aussi l'ami de M.Macron. Car M.Macron est le seul homme politique qui a cherché à comprendre les difficultés de la Grèce, et à aider ce pays... 

samedi 24 juin 2017

Technocrates

J'entends dire que le gouvernement est fait de technocrates. C'est apparemment un reproche. Avec l'aspect paradoxal que ce que l'on n'aime pas chez le technocrate, c'est qu'il est compétent dans son domaine. On ajoute qu'il est là pour faire pièce à l'administration, qui résiste au changement, et fait ce qu'elle veut du politique sans défense. Mais est-ce le rôle du politique de gouverner ? Le politique est législatif, il transforme la volonté du peuple en lois. Et le gouvernement les exécute. Et pour les exécuter, il faut être compétent. 

En France le parlement ne sert pas à grand'chose. La réelle émanation du peuple est le président. On est dans un cas de figure qui a été étudié de long en large par la littérature du management. Le bon "leader" est celui qui part de l'intérieur pour formuler une stratégie qui représente l'intérêt général.  "Je vous ai compris." Alors, il l'applique d'en haut. En fait, la France est organisée comme une entreprise. Mais elle élit son PDG. 

Assistant

Assistants du FN, de M.Fillon, du Modem. Il parait que tous ces gens n'étaient pas payés pour ce qu'ils faisaient. Un homme politique disait à France Info que c'est le cas pour tous les partis. Mais, pourquoi seuls quelques-uns font-ils les frais d'une délation ? La presse, qui rapporte ces affaires, est-elle manipulée, ou joue-t-elle un jeu politique ? Pourquoi ne pas lancer une enquête systématique, qui réglerait la question une fois pour toute ?...

(Et pourquoi y a-t-il des délateurs, sachant qu'ils affirment bien haut leur complicité ?)

vendredi 23 juin 2017

Les trente neuf marches

Personne ne croît le héros de ce film de Hitchcock lorsqu'il dit la vérité. Alors, il explique qu'il trompe un mari ou encore qu'il est un meurtrier, et il obtient tout ce qu'il veut.

Leçon de vie ? Ou raison du changement actuel ?

La monarchie de Juillet

Réhabilitation de Louis-Philippe ? Son règne semble anticiper le monde moderne. Il est surtout totalement atypique si on le compare au gouvernant français ordinaire. Il veut la paix et la prospérité. La puissance française est en déclin. Et pourtant, en jouant habilement d'une sorte de pouvoir de dissuasion, mais aussi d'une forme d'élégance, il parvient à faire respecter notre pays et à obtenir ce qu'il désire des nations étrangères, sans guerre et sans moyens. A l'intérieur, le début du règne est marqué par des crises politiques permanentes (ce n'est apparemment pas propre à la République, et on peut probablement remercier de Gaulle de nous avoir libéré de cette instabilité suicidaire), jusqu'à ce que survienne Guizot. Par son art politique il parvient pendant 8 ans à constituer des coalitions pour chacune de ses lois. (Il n'a pas de majorité de gouvernement.) Pour le reste, croissance et modernisation. Avec une crise économique en fin de règne, mais que le roi jugule habilement. 

Guizot et Louis-Philippe pensaient que l'histoire était finie. Ils avaient le sentiment d'avoir mis le point final au projet de la Révolution. Si nous n'avons pas de roi aujourd'hui, cela tient peut-être à un incident. Le fils aîné de Louis-Philippe semblait être paré de toutes les qualités. C'était le prince du peuple, qui sait ? Mais il est mort stupidement. Accident de voiture. Louis Philippe était vieux, et Tocqueville pense qu'il avait perdu le contact avec la réalité. Dans un pays aussi facilement inflammable que la France, ça ne pardonne pas. 

(ROBERT, Hervé, La monarchie de Juillet, Biblis, 2017.)

jeudi 22 juin 2017

Croissance

Le philosophe John Dewey donne une définition surprenante de "croissance". Un nouvel homme ou une nouvelle génération choisissent un projet de vie. La croissance est la réalisation de ce projet.

Dans ces conditions, la croissance n'a jamais aucune raison de s'achever. Le précédent projet a probablement été d'acquérir les merveilles matérielles qui résultaient de l'inventivité d'après guerre. On est arrivé au bout de l'aventure. Maintenant, il faut faire preuve de créativité...

Jamaica Inn

L'auberge de la Jamaïque de Hitchcock : un film de brigands ou de femmes ? Ou, de la complexité de l'âme humaine qui complique tout ? 

D'un côté, il y a les hommes, qui ne sont concernés que par eux-mêmes, par leur bon plaisir, y compris, peut-être, lorsqu'il s'agit de la gloire qu'il y a à servir la justice. De l'autre la femme est amour, de son homme ou de l'humanité ou de sa famille. Tout cela lui fait faire des choses contradictoires, et pas toujours bonnes. Tour à tour, elle sauve ou compromet la justice. L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions. 

Peut-être est-ce le jeu de ces forces qui finit par faire que le monde va dans la bonne direction ? Ou peut-être cela plaide-t-il pour le principe de précaution : ne suivons pas mécaniquement nos impulsions ? 

mercredi 21 juin 2017

Couple durable

Le couple moderne est bâti sur la passion. Curieusement, Bergson dit que le principe même de la société est d'éviter la passion. Car elle est destructrice. C'est pourquoi il y a la raison et les règles sociales. Hobes dit à peu près la même chose : l'état de nature, c'est la guerre de l'homme contre l'homme. C'est la société qui apporte la paix. 

Peut-être cela explique-t-il qu'il y ait autant de divorces ? Le couple durable est celui qui parvient à dominer les passions par la raison ? Qui bâtit une micro société ? 

Omelette au chocolat

Mon père parlait parfois des "omelettes au chocolat" qu'il faisait lorsqu'il était jeune. Cela me dégoutait. Je me disais que, seul quelqu'un qui, comme lui, avait crevé de faim pendant la guerre pouvait aimer ce genre de choses. Jusqu'à ce que je réalise, en en faisant une, qu'une mousse au chocolat a les mêmes ingrédients qu'une omelette au chocolat. 

Limites de la raison ? L'association de mots qui ne cohabitent pas d'ordinaire produit des effets étranges. Comme il arrive avec les "homophonies approximatives" des Papous de France Culture. Contrairement à ce qu'a prétendu l'économiste, l'homme n'est pas un être rationnel qui procède à des calculs optimaux, en permanence. Il est essentiellement précodé. Et de, temps en temps, ce précodage conduit à des contradictions, qui font disjoncter la raison humaine. Alors l'homme rit bêtement. Au moins lorsque la contradiction n'est pas trop violente. Toute la difficulté du changement est probablement de surmonter ces contradictions.

(Exemple d'homophonie approximative : "mieux vaut tard que jamais" et "vieux motard que j'aimais". Dans ce cas, c'est, en plus, une quasi contrepèterie.)

mardi 20 juin 2017

No Brexit

L'Angleterre paraît un chaos. Mme May ne parvient pas à constituer une majorité. Elle a très mal géré  le drame d'une tour en flamme. Les plus élémentaires principes de sécurité n'y avaient pas été respectés. Et, contrairement à la Reine, elle n'a pas fait preuve d'une grande sympathie pour les rescapé. Et les attentats terroristes ne cessent pas. En outre, on annonce un départ d'inflation. Et elle prévoit des mesures qui devraient "essorer le pauvre". Il semble possible que son parti décide de la remplacer. Seulement, cela ne changera pas la situation. Une nouvelle élection ne risque-t-elle pas de survenir ? Si les difficultés du pays sont associées au Brexit, ne sera-ce pas l'occasion d'y renoncer ? 

(Je ne sais pas si ce serait dans notre intérêt, au moins à court terme. En tout cas, quoi qu'il arrive, le pays est probablement durablement affaibli.)

PSU

Le PSU fut le parti de M.Rocard. Et M.Macron est un disciple de M.Rocard. Que fut le PSU ? 

Il fut une réaction à l'embourgeoisement du Parti socialiste, qui ne défendait plus les défavorisés, et les laissait au Parti communiste. Le PC, après guerre, a représenté jusqu'à 30% de la population française. Le PSU, voulait reconquérir le peuple, sans être communiste. Le PSU, c'était Proudhon, et son auto gestion libertaire, contre Marx, et sa dictature du prolétariat. Le PSU a échoué. Et c'est François Mitterrand qui a réussi. Paradoxalement, il représentait tout ce que le PSU haïssait : la dérive vers la droite du socialisme, y compris, dans son cas, le colonialisme. Mais, lui, a réussi un virage tactique vers le marxisme dur, qui lui a permis de de s'allier au communisme, et de l'étouffer. 

On peut se demander si cette leçon a été comprise par M.Hollande. Le PS est une nouvelle fois parti vers la droite. Cela semble avoir donné une nouvelle vie à l'extrême gauche, M.Mélenchon, et aux descendants du PSU.  

(Les lois sur le travail, priorité déroutante du nouveau gouvernement, pourraient être interprétées comme de l'autogestion à la Proudhon : c'est chercher à donner l'administration des biens de production à l'ensemble des producteurs.)

lundi 19 juin 2017

Attentats

Encore un attentat en Angleterre. Il y a en eu aux USA, en France, en Allemagne. Maintenant en Angleterre. 

Au sujet d'un virus qui m'a attaqué, on m'a expliqué qu'il s'en prenait à ce qui était le moins bien défendu. Le cerveau étant généralement au dessus des ses forces, il se rabat sur le nerf auditif ou le nerf optique. 

Il semblerait qu'il en soit de même pour le terrorisme. A la fois il vise ce qui est faible, et les nations semblent avoir une sorte de système immunitaire qui, petit à petit, prend la dimension de l'agression. (Si elle n'est pas trop violente.) Visiblement, l'Angleterre a été prise par surprise. 

(Dans mon cas, le virus était apparemment ordinairement inoffensif, mais mon système immunitaire était affaibli par la fatigue.)

Anxiété de survie

Elections législatives. Le parti de M.Macron a une grosse majorité, mais pas celle attendue. Je me demande si cela n'illustre pas une théorie d'Edgar Schein. 

Le changement est une question d'anxiétés. Anxiété de survie (est-ce que cela compte pour moi ?), Anxiété d'apprentissage (est-ce que je sais comment aborder le changement ?). 

Dans ce cas, il est possible que ce soit un problème d'anxiété de survie. Au premier tour, l'électorat était soucieux d'avoir un gouvernement stable. Une fois celui-ci assuré, la motivation à voter n'y était plus. M.Macron ne déplace pas les foules.

(Les ajustements ne sont pas exceptionnels : il me semble que c'est ce qui est arrivé à M.Sarkozy, il y a dix ans. Comme quoi, notre démocratie laisse une marge de manoeuvre à l'électeur, qui lui permet d'exprimer un message un peu nuancé.)

Improbable

Dans les milieux branchés on emploie souvent le mot "improbable". Par exemple "look improbable". Ou "alliance improbable". Figure de style qui en manque ? 

En fait, je me demande si ce n'est pas une simple traduction littérale de "unlikely". En anglais, unlikely ne choque pas. 

Signe des temps ? Ce n'est plus notre élite intellectuelle qui crée les modes mondiales. Elle se contente de les créer chez nous, par des traductions bâtardes de ce qui se dit ailleurs ?

dimanche 18 juin 2017

Brigitte Nyssen

Rediffusion d'une série d'interviews de Brigitte Nyssen par France Culture. J'avais prêté un intérêt distrait au premier passage. Il me semblait déplacé de considérer qu'Actes Sud, créé par son père, était une telle réussite qu'elle méritait le titre de manager de l'année. A seconde écoute, j'ai pensé qu'elle avait un bon sens reposant. Je comprend les libéraux de gauche et de droite, qui prônent l'immigration. Toutes les cultures ont leurs problèmes, que leur mélange résout. Pour être un bon ministre de la culture, il ne faut pas être français ?

J'ai découvert qu'Actes Sud n'est pas qu'une maison d'édition. C'est plutôt une maison de la culture. Ce qui semble dans la continuité des choix de vie de Brigitte Nyssen. Elle a eu une jeunesse communautaire et soixante-huitarde. Elle a reproduit ses principes dans son entreprise. La rentabilité n'est pas première. Mais elle est nécessaire. D'ailleurs le succès d'Actes Sud vient de cette originalité. Elle n'a pas suivi le chemin des maisons d'éditions parisiennes. En particulier, elle a traduit autre chose que la littérature américaine. Si bien qu'elle a fini par trouver un filon ignoré. Il se peut qu'il en ait été de même pour la littérature française, qui lui a valu un chapelet de Goncourt. Quand on a un peu le sens des affaires, faire ce que l'on aime est le secret du succès ? Décidément, elle n'est pas française. 

Vieil homme blanc

Il y a peu, il y a eu une vague de départs de journalistes chez France 2. France Info l'expliquait par la lettre de mission de la dirigeante de la chaîne. On exigeait qu'elle réduise le nombre de "vieux hommes blancs". Malheureusement, était-il ajouté, son auditoire étant lui aussi constitué de blancs décrépits, il la désertait.

Voilà qui illustre une vision moderne du changement. Dans le changement, il y'a des gagnants et des perdants, nous disent les experts du changement. C'est évident. Curieux, aucun des travaux sur le changement n'a jamais affirmé cela.  Et d'ailleurs, c'est ce qui a coûté sa place à Mme Clinton. Elle aussi n'aimait pas le vieil homme blanc. Malheureusement, il était un pilier de son électorat. Du coup, elle a fait élire un vieille homme blanc.

La leçon de tout ceci est que nous sommes interdépendants. Personne ne peut perdre, sans que je perde... Le vieil homme blanc est l'avenir de la jeune colorée ?


samedi 17 juin 2017

Député normal

Pourquoi certains robots ont-ils quelque-chose d'inquiétant ? Parce qu'il sont presque à l'image de l'homme, mais pas tout à fait. Et c'est cette différence presque invisible qui nous met mal à l'aise. Voilà ce que j'ai lu. 

Eh bien, j'ai eu cette expérience. Un jour j'étais au marché. J'ai vu arriver un étrange petit personnage. Il était accompagné d'un photographe. Il avait un curieux sourire figé. Et il se plaçait derrière les étales. Des gens essayaient de l'approcher. Mais, il ne les voyait pas. Ou, plutôt, son attitude les repoussait. Je me suis demandé qui cela pouvait être. C'était le député de la circonscription. Il participait à un reportage. Monsieur le député va au marché. 

On entend dire que les Français de l'étranger n'ont plus honte de leur nationalité. Résultat de l'arrivée de M.Macron. Super Macron ? Ou "président normal" ? Quelqu'un qui se comporte comme ses collègues étrangers ? Et si c'était le sens du changement qui se déroule actuellement ? La France remplace sa classe dirigeante par des gens comme vous et moi ?

Agrégation

Jean Jaurès est reçu premier à Normale Sup (lettres), Henri Bergson est troisième. Dans leur promotion, il y a aussi Emile Durkheim et Pierre Janet. A l'agrégation de philosophie Bergson est second, Jaurès troisième. Qui est premier ? Paul Lesbazeilles. Lui n'était pas normalien. D'après Wikipedia, c'était quelqu'un de très brillant. Il est mort prématurément. Son sujet d'intérêt : la psychologie des religions. 

Du coup, j'ai découvert un endroit où l'on peut trouver les classements à l'agrégation, jusqu'en 1960. Qu'y apprend-on ? Qu'en 1881, année de Jaurès et Bergson, il n'y a que 8 agrégés de philosophie (ce qui sera longtemps le cas). Que Janet et Durkheim sont reçus l'année suivante. 

Le classement de l'agrégation prédit-il la renommée d'une personne ? Il y a beaucoup d'inconnus parmi les agrégés. Parmi les connus en philosophie : Jankélévitch, Aron et Sartre (1er), Herr, Mounier, de Beauvoir, Merleau-Ponty, Ricoeur, Althusser, Foucault (2), Lévi-Strauss (3), Simone Weil (7), Gilles Deleuze (8). En lettres : Pompidou (1), mais Queffelec (écrivain), avant-dernier. Sartre et Foucault, au second essai (autres sources). Péguy, normalien par ailleurs, pas du tout. On voit d'ailleurs que les normaliens ne gagnent pas à tous les coups. 

Encore une fois, il y a des effets de groupe. Aron, Sartre, de Beauvoir, Nizan, Merleau-Ponty... sont à proximité les uns des autres. Mais le rang de sorti semble avoir un rôle déterminant. Sur la période 1928-1939, agrégation de philosophie, presque tous les noms que je connais sont ceux de gens qui ont été premiers ou seconds. L'agrégation mesure-t-elle le talent ? Ou est-ce une prédiction auto-réalisatrice ? Les premiers se sentent pousser des ailes ? Les autres se contentent d'enseigner, ou écrivent (d'Ormesson, 12ème) ? Ou encore, le parcours des premiers est facilité par leur classement ? Ou, encore, faut-il être particulièrement combatif pour réussir, un atout pour se distinguer dans la vie ?...

(Site des agrégés anciens.)

vendredi 16 juin 2017

Pourquoi rit-on ?

Bergson a toujours défendu sa théorie du rire (billet précédent). A mon avis, il a eu raison au sens où ce qu'il dit est important, mais tort parce que le rire n'est pas que moquerie, visant à corriger les moeurs. Car, d'après ce que j'ai lu, le rire est bon pour la santé. Or, le rire de Bergson est un rien grinçant, comme il le dit lui-même en conclusion : "une certaine dose d'amertume".

Il me semble que, pareil à toute autre manifestation irrationnelle (pleurer, se mettre en colère...), rire est provoqué par la défaite de la raison. La raison est dépassée, et se rend. Que le rire puisse être bon signifie probablement que suivre la raison, force de l'ordre de la société, demande un effort. Comme le dit Bergson, mais à l'envers, le rire peut résulter d'une évasion d'une réalité bornée, grise et contraignante. La raison régnante c'est l'Union soviétique ou 1984.

Rire peut être plus qu'un délire bienfaisant. Il peut signaler la résolution d'un problème subtile. C'est la victoire de l'intuition sur la raison. Eureka ! Voire la victoire de l'individu sur la société. Sens de Tartuffe ? Molière nous interpelle : regarde comme ta société est minable. Et le jugement royal, coup de théâtre final, fait fi de la raison dévoyée. Il rétablit la hiérarchie des valeurs de sa société. Il libère ses sujets de la médiocrité. Le roi sourit ?

(Je répète que l'indicateur de succès du changement est l'optimisme. Pour Edgar Schein, le rôle de la société est de rendre ses membres heureux : pas béats, mais correctement équipés pour faire face à l'incertain. Le rôle de la société c'est "organiser l'autonomie", pour paraphraser les propos d'Henri Bouquin sur le contrôle de gestion.)

Le rire

Qu'est-ce que le rire ? Castigat ridendo mores, disait-on de Molière. Cela semble être cela. Un avertissement. La vie nous demande en permanence d'être à l'écoute de ce qui se passe autour de nous afin de nous y fondre. Le rire nous rappelle à l'ordre quand nous l'oublions. 

Bergson oppose naturel à artificiel, vie à matière, souplesse à rigidité, individu et instantané à généralité, émotion et passion à mécanique, drame et art à comédie. On rit lorsque le second terme a l'avantage. 

Pour Bergson un monde d'individus laissés à eux-même serait un chaos de passions. Alors, la nature nous fait filer droit, suivre des règles. Nous sommes presque totalement apprivoisés, mais il demeure un besoin d'adaptation. Le rire apparaît lorsque l'on se prend trop au jeu de l'automate. Par contraste, l'art est une fenêtre sur la réalité du monde, sur notre naturel non civilisé.

Ici le rire est moquerie. Il n'est pas une science exacte. Il peut être injuste. Il est toujours un peu désagréable. "Le rire est avant tout une correction (...) La société se venge, par lui, des libertés que l'on a prises avec elle."

jeudi 15 juin 2017

Ubérisé

Quand Maurice Lévy, PDG de Publicis, a parlé "d'ubérisation", on s'est moqué de lui. Obscurantisme ! Rien compris à la marche du Progrès. Eh bien, il a créé un mot, ce qui prouve qu'il est un grand publicitaire. Et il est toujours là. Pas le PDG d'Uber. 

L'histoire de Travis Kalanick me rappelle ce que raconte Hannah Arendt. Quand les cadres du parti Nazi ont compris que l'Amérique allait gagner la guerre et que les Juifs y occupaient le haut du pavé, ils ont lâché Hitler. Les idées de Monsieur Kalanick sont celles des milieux financiers internationaux. Il a été leur héros. Mais ces milieux sont pragmatiques. Ils constatent que le vent a tourné. Alors, ils brûlent leurs idoles. 

Hipster

Un hipster est quelqu'un qui veut être différent des autres. Mais c'est quand on le veut qu'on ne l'est pas. Car ce sont des mécanismes influencés par la société qui nous disent ce que signifie être "original". Le tatouage, récemment, a été le signal de la révolte contre l'ordre établi. Or, il y a de plus en plus de gens tatoués (40% des Américains entre 26 et 40 ans). Y compris mon ancienne gardienne, pourtant portugaise catholique quasi fondamentaliste. C'est ainsi que je m'appelle "Christophe", le prénom qui a été le plus donné aux garçons pendant une décennie. Non que ma mère (perdue au coeur des ténèbres de l'Héraut) ait voulu imiter quelqu'un. Mais parce qu'une conjonction d'idées qui étaient dans l'air en ce temps, l'ont amenée à ce prénom. Notamment celle que le bébé ne devait plus avoir le prénom d'un parrain, mais quelque chose de joli. 

La solution, c'est l'existentialisme. C'est Socrate. C'est un travail de liquidation de nos contradictions pour savoir ce qui est vraiment important pour nous. Alors, on en arrive à quelque chose d'unique, nous. On réagit à l'événement d'une manière qui nous est propre. Pour autant, elle n'est pas asociale. Puisque le processus de recherche qui nous amène à nous définir, se fait en réaction aux situations dans lesquelles la société nous met. (Par exemple, choisir entre sa carrière et sa famille.) Il nous apprend à "juger" d'une façon compatible avec ce qu'attend la société et ce que demandent nos aspirations. 

Un "nous" existe-t-il vraiment, ou serons-nous toujours un tissu de contradictions ? Je soupçonne que le "nous" s'approfondit avec les évolutions de la société. Mais qu'il doit, avant tout, être débarrassé de ses contradictions les plus flagrantes. C'est là que se trouve le gros du travail. 

mercredi 14 juin 2017

Innovation

Je prends beaucoup le métro. Plusieurs rames par jour. Je vois donc beaucoup de mendiants et quelques musiciens. Récemment, j'ai assisté à une innovation de la ligne 3, dont la rame est sans séparation. Une sorte de concert qui a duré un grand nombre de stations, à partir du moment où il y a eu assez de vide pour que les musiciens puissent ne gêner personne. Le métro est devenu une salle de spectacle : ceux qui étaient intéressés par le tour de chant sont allés vers les musiciens, ceux qui craignaient le bruit s'en sont éloignés. Et ça a fini en applaudissements. 

Dans mon enfance, il n'y avait pas de mendiants. Dans les années 90 lorsque j'ai repris le métro après une période automobile, j'ai été frappé par leur afflux. La crise avait fini par perforer le filet de sécurité social, probablement. Et si ces musiciens étaient l'annonce d'un changement, l'hirondelle qui fait le printemps ?

L'or

La vie du général Suter. Faillite honteuse en Suisse, il arrive en Amérique, fait de petits boulots puis va se retrouver à la tête d'un empire, ou presque, en Californie. Mais on trouve de l'or sur ses terres. C'est alors le chaos. Il aurait pu être l'homme le plus riche du monde, il perd tout. 

Curieux livre. On ne connaît presque rien du héros. Zéro en psychologie. C'est à la fois une sorte d'épopée, et un article de presse un peu gonflé. On y voit, surtout, ce que fut la conquête de l'Ouest. L'homme devenu animal. Non seulement aucune loi n'est respectée, sinon la violence, mais tout ce que l'on gagne en trouvant de l'or est dépensé en boisson ! Suter règne en dictateur, avec ses forts, ses canons, son armée, ses travailleurs immigrés importés par la force... Greed and fear, dit-on. 

C'est aussi un rappel. Aux origines de la culture américaine, il y a le chaos. La loi n'y est jamais que celle du plus fort. M.Trump expliqué ?

(Quant au titre de "général" il a été donné à Suter par le peuple de Californie. Avant que celui-ci, mécontenté par une décision de justice, ne rase ses propriétés. Ce qui a annulé le jugement.)

mardi 13 juin 2017

Burn out du big man

Chez certains peuples, le "chef" ou "big man" est exploité par une collectivité de "paresseux" (c'est ce que dit le livre du billet précédent). Pour rester au pouvoir il doit donner beaucoup, et donc faire des prouesses. Et plus il gouverne de monde, plus les choses se compliquent. Il finit par s'épuiser. J'entendais l'autre jour France Culture expliquer que la démocratie grecque a été, à son meilleur, un contrôle de l'élite par le peuple. Quand on y regarde de près, cette démocratie, et Rome, semblent des régimes clientélistes. Et ce type de régime paraît être une exploitation du riche par le pauvre. Ce qui rejoint la théorie moderne d'Ayn Rand, très en vogue aux USA et chez les néoconservateurs. C'est le Marxisme inversé. 

Ayn Rand pensait que les riches pourraient se passer des pauvres. L'expérience ne confirme pas cette affirmation. Nous sommes tous liés les uns aux autres. Même aux paresseux. Celui qui a de grandes ambitions doit s'intéresser aux techniques de conduite du changement s'il ne veut pas être victime du burn out du big man ?

Age de pierre, âge d'abondance

Classique de  l'anthropologie. Marshall Sahlins s'attaque aux deux grands mythes de notre temps ! La question qu'il pose : est-ce que les faits mesurables soutiennent l'idée généralement acceptée selon laquelle notre société serait d'abondance, et qu'elle aurait remplacé une société de subsistance ? A moins que, au contraire, ce soit Marx, et sa théorie de l'histoire, qui ait vu juste ? 

Fact checking et fake news
C'est la société qui détermine l'économie, et pas le contraire. Ce que l'on sait des sociétés qui nous ont précédés, ou des sociétés "primitives", nos contemporaines, montre qu'elles obéissent à d'autres principes que les nôtres. Les communautés de l'âge de pierre avaient pour principe la liberté de mouvement. Elles s'encombraient d'aussi peu de biens que possible. Mais, elles se plaçaient toujours là où ce dont elles avaient besoin était en abondance. En outre, dans ces sociétés, on travaillait et on travaille fort peu, et à son gré ! (Et encore, on peut se demander si ce que Marshall Sahlins appelle travail en est un : la chasse, par exemple !) La galère et la pénurie sont le propre de notre société ! 

Les communautés "primitives" sont "anti surplus" elles "refusent l'économie". En fait, on voit apparaître la monnaie et les lois de l'économie là où il n'y a plus de lien social. Lorsque le lien social est fort, "l'obligation de rendre est peu contraignante". Il semble même que la dette, qui attache, ait quelques vertus. 

Un livre qui me plonge dans un abîme de réflexions...

(Par ailleurs, il est fait de six essais, hétérogènes. En particulier, seul le premier traite de l'âge de pierre du titre. Chacun est surchargé de tableaux et d'analyses numériques qui compliquent ma compréhension. Ce qui est dommage, car l'auteur écrit très bien.)

SAHLINS, Marshall, Age de pierre, âge d'abondance, Folio histoire, 2017.

lundi 12 juin 2017

Le retour de l'Europe

L'Europe semble s'être réveillée dans l'adversité. On lui prédisait le populisme, les Anglo-saxons en faisaient un épouvantail. Mais l'arroseur semble avoir été arrosé, et elle pourrait être en train de se révéler dans l'épreuve.

M.Macron serait l'hirondelle qui fait le printemps. Et son projet de gouvernement ne semble pas tant français qu'européen.
Macron’s vision for taking Europe forward, which includes plans for a common eurozone budget, a finance minister and even a separate parliament for the currency bloc, is as bold as it is controversial.
Et les quelque peu mystérieuses réformes du code du travail pourraient y jouer un rôle  :
Macron’s La République En Marche (Republic on the Move) party is likely to dominate the National Assembly. That suggests he’ll have the votes necessary to push through labor market and other tricky economic reforms widely considered crucial to reviving the French economy.
(Citations venues du lien.)

Abstention

Comment interpréter l'abstention des élections d'hier ? Il y a la tentation, relayée par les journalistes, de penser que c'est un déni de démocratie, l'annonce de mouvements sociaux (pour la presse, une poignée de casseurs est bien plus démocratique que des millions d'électeurs), une désapprobation du gouvernement. Curieusement, les partis qui clamaient le plus fort ces thèses sont ceux à qui elles s'appliquent en premier. 

Hier, j'ai constaté que des amis ne savaient pas quoi voter. Ce qui n'était un déni de rien du tout. Simplement le constat que leurs repères étaient bouleversés. Un sondeur confirmait cette impression : ses études montraient que ceux qui étaient le plus résolu à voter avaient voté pour M.Macron aux présidentielles. En outre, traditionnellement, les élections législatives connaissent une faible participation : tout s'est joué à la présidentielle, et l'électeur ne veut pas remettre en cause le choix collectif. 

Bref, comme le disent certaines théories sur le changement, il semble qu'une grosse partie de la population attende pour se faire une opinion. L'abstention serait un doute légèrement favorable. 

(Le dit sondeur qualifiait Mme Le Pen de "loser", elle a fait la preuve qu'elle n'avait pas la capacité de s'emparer de la présidence. Le FN ne sera jamais que marginal. Il est probable qu'il en est de même de tous les partis, en dehors de celui du président : aucun n'est plus crédible.)

Art du blog

Tocqueville parlait de la satisfaction qu'il ressentait lorsqu'il avait trouvé une formule heureuse. Cela peut surprendre car Tocqueville est, avant tout, un penseur intransigeant, une conscience de l'humanité. 

On a aussi dit de "L'esprit des lois" de Montesquieu que c'était de "l'esprit sur les lois". 

Je me demande s'il n'en est pas de même d'un billet de blog : il doit faire sourire d'abord, pour pouvoir faire réfléchir, ensuite. Ce qui est compliqué à réussir. Car l'impulsion de l'écriture ne vient pas de là. L'humour est la politesse du désespoir. Mais on ne peut pas faire entendre son désespoir sans l'élégance de l'humour ? D'où une satisfaction immanente quand on y parvient ?

dimanche 11 juin 2017

Soft Brexit

Où va l'Angleterre ? Apparemment, la nouveauté des dernières élections aurait été un vote massif des jeunes. Or, ils ont voté travailliste. Or, le Brexit avait résulté d'un vote de vieux.

Les conservateurs, qui sont pragmatiques, auraient compris qu'ils devaient procéder à une séparation de l'Europe qui ressemble aussi peu que possible à une séparation (EEE). (Ce qui ne va pas totalement de soi, car la Suisse, qui n'est pas dans l'EEE, par exemple, est extrêmement contrainte par les règles européennes.)

Finalement, il semblerait que peu de gouvernements minoritaires aient survécu longtemps. Une autre élection d'ici 6 mois ?

Cinéma

Le cinéma semble obéir à des conventions. Dès le début, on sait comment le film va finir. Toute la complexité de l'intrigue cherche simplement à augmenter la satisfaction du spectateur d'avoir eu raison. 

Mais il y a un autre niveau de lecture. Sans cette convention, l'histoire aurait pu mal tourner. Et ce qui aurait pu la faire échouer, c'est "la banalité du mal". C'est à dire nous et nos impulsions ordinaires. Qu'il n'en ait pas été ainsi tient à un miracle, à un moment de grâce. C'est là que l'homme est devenu héros : il a été capable de sortir d'un comportement mécanique. 

samedi 10 juin 2017

Corriger les mauvaises habitudes

Une entreprise ne veut pas d'un outil de diagnostic, parce qu'il révèle les mauvaises pratiques. Car, comment les réformer ? 

J'ai un vieux truc pour l'aider : changer les mauvaises pratiques par les bonnes. Et on peut y arriver sans se faire d'ennemis. Puisque tout le monde a à y gagner. En effet, celui qui travaille bien est efficace, il gagne plus en travaillant moins, pourrait-on dire. Surtout, j'ai constaté que personne n'avait à perdre en donnant ses bonnes pratiques. D'une part parce qu'il n'est jamais bon partout. Mais aussi parce qu'il gagne une reconnaissance qu'il n'avait pas, et qui vaut cher.

Difficulté : éviter de faire entendre une critique trop directe des pratiques actuelles, sans pour autant laisser ignorer que le manque d'efficacité est préoccupant. 

(Pas original. Taylor en fait la fondation de la science de la "performance" - selon notre vocabulaire moderne. Repérer et diffuser les "meilleures pratiques" est le "reengineering". Terme barbare, certes.)

Innovation

J'entends répéter que la grande entreprise est "évidemment" incapable d'innover. En conséquence, c'est l'achat de start up qui lui fournit sa recherche et développement. C'est dans le vide intersidéral que naissent les idées nouvelles.

Cela me surprend. En effet, le gros de l'innovation est longtemps venu de l'effort de guerre, donc des Etats. Puis, de très grandes entreprises ont entretenu des centres de recherche du meilleur niveau. Il leur ont permis de se transformer. Ce fut le cas de Boeing (707 et 747) et d'IBM (mainframe). Nokia a longtemps été fameux pour sa capacité à se réinventer. La CFAO est venue de l'industrie aéronautique. (En particulier de Dassault Aviation.) 

Je crois plutôt que l'on est en face d'une rationalisation de l'existant. Les dirigeants modernes sont des gestionnaires, des comptables. Il leur est plus facile d'acheter des entreprises que d'inspirer une dynamique de création. Alors ils cherchent à nous convaincre que c'est ainsi que doit aller le monde. 

vendredi 9 juin 2017

GM&S

Très bon article de La Montagne sur GM&S. Facile de croire que GM&S est une entreprise ringarde perdue au coeur des ténèbres, qui vit aux dépens du clientélisme politique français. Eh bien non. Cela a été une relativement grosse société. Mais elle aurait été victime d'une série de repreneurs peu honnêtes. Ils l'ont dépecée. Et ils ont bien profité de l'argent de l'Etat et des collectivités locales. Même le fameux Wilbur Ross, aujourd'hui ministre de M.Trump, en a été propriétaire. Il a fait une manoeuvre habituelle alors : on achète un groupe industriel pour pas cher ; puis on le délocalise à l'Est. Le problème de GM&S est, tout aussi classiquement, la diversification. On le dit, mais personne ne le fait. Faute de moyens. 

L'entreprise devrait sa survie à ceux que l'on considère d'ordinaire comme des affreux. La CGT, et son pouvoir de nuisance, d'un côté ; PSA et Renault, de l'autre. La première maintient l'entreprise dans l'actualité. Les derniers conservent un volume de commande élevé (la moitié du CA nécessaire, probablement). Ils sont vraisemblablement pris en otage par l'Etat, du fait des manoeuvres de la CGT. 

GM&S aurait un savoir-faire qui vaut quelque-chose ? Mais la société a été prise dans une logique de sous-traitance, qui en a fait un site de production jetable ; et de grandes manoeuvres financières internationales, qui l'ont empêchée de développer ses compétences propres, de devenir autonome et durable ? Renaissance de l'intérieur, pas une reprise ?

Dame de fer blanc

Elections législatives en Grande Bretagne. Ce qui s'annonçait est arrivé. Quand Mme May a dissout le parlement, on disait qu'elle aurait une majorité sans précédent et que le parti travailliste serait définitivement rayé de l'histoire. Puis elle a annoncé que les vieux allaient devoir payer leur fin de vie sur leurs économies. Brutalement, les intentions de vote pour les travaillistes ont grimpé. Elles voisinaient celles des conservateurs ces derniers temps. Mais pouvait-on croire les sondages ? se demandaient les journalistes. Le Financial Times semble avoir vu juste. La période électorale a révélé les "failles" de Mme May. Et elle n'a pas parlé de ce pour quoi elle demandait un "mandat" : le Brexit et l'économie. Les attentats, qui auraient dû servir les conservateurs, ont été retournés contre eux, lorsque l'on a su que Mme May avait réduit les effectifs de la police. 

En revanche son opposant, M.Corbyn, que l'on croyait un inquiétant idéologue en sandales, rivé dans des croyances d'un autre âge, a surpris. Il a été cohérent, efficace dans ses discours, sympathique. Il a su parler à une partie de la population de questions qui compataient pour elle. 

Qu'est-ce que cela va donner, en termes de Brexit ? (Un enlisement qui amènerait la Grande Bretagne à considérer un retour dans l'UE ?) En tout cas, serait-ce un coup d'arrêt à un mouvement qui a marqué les 30 dernières années ? Clinton et Blair que l'on assassine ? Fin de la "la gauche caviar" ?

The lady vanishes

The lady vanishes, d'Hitchcock (1938). Un film sur le changement ? Une personne disparaît. On dit à celle avec qui elle voyageait qu'elle n'a jamais existé. Les gens honnêtes entrent dans la combine. Les uns parce qu'ils ne veulent pas rater un match de cricket, les autres parce qu'ils font un voyage extra marital. Explication de la banalité du mal, dirait Hannah Arendt. Plus prosaïquement, on comprend pourquoi les organisations et les sociétés résistent au changement. Parce qu'il menace de révéler nos médiocres turpitudes. Pire : la personne enlevée n'est pas l'innocente vielle dame que l'on croyait, mais un espion. 

Cela en dit peut être aussi long sur ce qui fait réussir le changement. Ce sont deux innocents. (Voilà pourquoi les innocents finissent en martyrs ? On comprend vite qu'ils sont au dessus de nos petites combines, et qu'ils risquent de les dévoiler ?) Mais aussi une réaction collective. Une fois que la crise éclate, il n'y a plus de place pour le calcul mesquin. 

Film prémonitoire, en ce qui concerne l'Angleterre ? 

(Et pour la France ? Elle a été terrassée avant d'avoir réalisé qu'elle était en crise ?)

jeudi 8 juin 2017

Etat de grâce

La presse (médias) disait que les sondages se trompaient. Puis que M.Macron avait été élu par défaut et qui'l n'y aurait pas d'état de grâce. Tout cela était faux. Et, en termes d'état de grâce, M.Macron semble atteindre des niveaux inconnus depuis longtemps. 

Faut-il croire la presse ? Aurait-elle donné dans la prédiction auto réalisatrice ? 

Contrôle de gestion

Qu'est-ce que le contrôle de gestion ? J'ai l'impression que c'est mystérieux pour beaucoup de gens. 

Pendant des années, j'ai enseigné la "sociologie des organisations" (en fait la conduite du changement), dans une formation au contrôle de gestion, à Dauphine. Avant de commencer, j'ai lu et commenté l'ouvrage du directeur du Master (DESS, initialement), Henri Bouquin. C'est un best seller du domaine, qui en est à sa nième édition. Mon texte est ici.

Le contrôle de gestion, c'est organiser l'autonomie
Métaphore de l'auto. Vous voulez aller quelque part ? Vous donnez votre destination à votre GPS. Puis, vous roulez en regardant le dit GPS, votre jauge à essence et votre compteur de vitesse. Votre tableau de bord. Pour autant, vous n'êtes pas un robot. Vous devez éviter des obstacles, faire le plein avant d'être à sec... 

Idem pour le contrôle de gestion. Il s'agit, et cela demande du talent, de trouver les "facteurs clés de succès" de l'entreprise (en petit nombre). Que doit-elle faire, absolument, que doit être son obsession ? Une fois ceci compris, il faut mettre en place les "tableaux de bord" qui guideront l'action qui permettra d'atteindre l'objectif. Même principe qu'un thermostat. Mais attention, une entreprise est faite d'hommes. Contrôle, qui sous entend flicage, non, "maîtrise", oui, disait encore Henri Bouquin.

Henri Bouquin disait : "le contrôle de gestion, c'est organiser l'autonomie". C'est la phrase fondamentale, selon moi.

Un exemple simple
Imaginons que vous ayez à gérer un projet. Par exemple, le développement d'un logiciel. Il y a deux facteurs clés de succès, enseigne mon expérience de chef de projet : finir dans les temps, et avec les moyens prévus. Donc, si vous dérapez, ou si vous avez besoin de personnes en plus, c'est que vous êtes mal parti. Il faut s'arrêter et modifier la façon dont vous menez votre affaire. 

Le contrôle de gestion, c'est, bien sûr, beaucoup plus que cela. Mais, lorsqu'on l'a compris, on sait l'essentiel. C'est ma conviction. 

mercredi 7 juin 2017

Riche comme un ministre

Avant guerre, on disait de mon grand père maternel qu'il était "riche comme un ministre". Cela venait de ce qu'il travaillait aux Wagons lits, et que les Wagons lits transportaient des gens riches, et que les gens riches donnaient de gros pourboires. 

Alors, on trouvait normal qu'un ministre soit riche. Ce n'est plus le cas. La société a changé. Elle s'est uniformisée. On ne pense plus que les personnes qui ont une haute position appartiennent à une espèce différente de la nôtre. 

IA et Big Data : par où commencer ?

IA et Big Data, par où commencer ? Une question que suscite une vidéo que j'ai tirée d'un cours du professeur JF. Marcotorchino. La question porte sur le contrôle de gestion. Si l'on remplace contrôle de gestion par la discipline qui vous intéresse, il n'y a rien à changer à ma réponse :
Que dit la vidéo ? La façon dont on nous parle de l’IA et de Big Data est trompeuse. Big Data et l’IA ne font pas de miracles. 
Voilà la méthode que nous recommandons pour les utiliser : 
Il faut vouloir résoudre un problème pratique. (Exemple : pourquoi mon entreprise n’est-elle pas rentable ?)
Ensuite, il faut formuler mathématiquement cette question. Pour cela, il faut travailler avec un mathématicien. Il vous dira s’il existe un algorithme utile. Sinon, il faudra trouver une autre formulation.
La difficulté ? Le mathématicien ne parle pas notre langue. Il faut lui faire comprendre ce qu’est une entreprise. Lui doit vous faire comprendre ce que peuvent et ne peuvent pas faire les mathématiques.
Comment apprendre la langue du mathématicien ? Le livre « data mining » de Ian Witten est très bien écrit. Il est associé à un logiciel téléchargeable gratuitement. Vous trouverez aussi des vidéos de Ian Witten sur YouTube. (Taper « Weka ».) Une fois que vous saurez utiliser ce logiciel, vous pourrez appliquer vos connaissances à des problèmes de contrôle de gestion. Alors, vous saurez poser des questions à des mathématiciens. Vous pourrez utiliser le « vrai IA et Big Data ».

mardi 6 juin 2017

Jeu de Trump

Accords de Paris. M.Trump défie le monde. Quel est son intérêt ? Il me semble depuis le début qu'il joue pour son électorat. Et qu'il a trouvé qu'il était plus facile d'attaquer un pays étranger que de faire adopter une décision chez lui. Hier c'était la Syrie et la Corée du Nord, cette fois c'est la planète. Arriverait-il aux limites de sa stratégie de provocation ? 

Cela réjouit beaucoup de monde. L'Europe continentale se soude. Elle se fait des amis nouveaux : Chine, Inde (chasse gardée anglaise !), voire certains des plus puissants Etats américains. Bientôt, la Russie ? Cela permet aussi aux "élites" de redorer leur blason. Aussi, tout en tournant en ridicule M.Trump, elles peuvent amorcer un changement de cap. Vont-elles combler la "fracture" de Gilles Kepel ?

Attentats

Les attentats anglais confirment les théories de Gilles Kepel. "Terrorisme de troisième génération", fait par des loups solitaires, des criminels à qui un mouvement religieux offre la rédemption par la mort. Objectif : provoquer une guerre civile. Elle ferait passer la communauté musulmane du côté de l'Etat islamique. Contre cela, il faut ausculter les réseaux sociaux. 

Effectivement, j'ai entendu qu'un des terroristes était connu depuis deux ans. Question : pourquoi cela n'a-t-il pas été fait en Angleterre, alors que c'est pratique courante en France ? Longtemps, l'Angleterre a jugé qu'accorder l'asile au terroriste étranger était de bonne politique. Car il était reconnaissant à celui qui l'accueillait. La Belgique semble avoir eu une politique similaire. Serait-ce toujours le cas ?

Autre question : Gilles Kepel parle de "fracture" comme cause du terrorisme. L'Angleterre a toujours été une nation de classes. Il est possible que cette lutte entre classes n'ait pas visé le KO, mais une répartition favorable des fruits de la prospérité. Le nationalisme anglais est évident. Mais les débats qui ont précédé le Brexit ont montré une haine de "l'élite", presque aussi forte que celle de l'immigré européen. Il se peut que le peuple anglais, natif ou immigré, se sente lâché par ceux qui le dirigent.   

lundi 5 juin 2017

Roland Castro

Roland Castro, architecte. A voix nue de France Culture. Grande gueule sympathique, ai-je pensé.
Sa vie semble avoir été un combat. Dès 59 il est à Cuba. Puis il se retrouve dans pas mal de causes de gauche. Sans pour autant perdre sa liberté. Notamment vis à vis de ce qu'il décrit comme une clique de Normaliens qui a pris le mouvement étudiant au piège de son dogmatisme abscons. Mais il se bat surtout pour la banlieue. Il accuse l'architecte. Il y a construit des taudis. Il range d'ailleurs Le Corbusier, parmi les totalitaires. Le mal, c'est le fonctionnalisme. L'Opéra Bastille en est la démonstration : tout y est optimal, mais il y manque l'essentiel, la vie. Il est amoureux de la cité jardin d'avant guerre. Il pense avoir convaincu Mitterrand de ses idées, mais il est victime des jeux politiques. En particulier, améliorer les conditions de vie en banlieue réduit l'emprise du FN : ce n'est pas l'intérêt du président. Apparement, il apprécierait celui que nous avons élu, ai-je lu quelque-part. 

Voilà ce que j'ai retenu. (Mais je n'ai pas tout entendu.)

Communication présidentielle

Je me suis interrogé sur la communication présidentielle. En fait, M.Macron semble avoir une vision très personnelle de ce que communiquer signifie. Tout d'abord, il semble prendre à contre-pied les usages. Jusqu'ici la presse faisait la pluie et le beau temps. Si je dénonce un ministre, il tombe, par exemple. Eh bien, M.Macron n'écoute pas la presse. En revanche, il semble écouter les grévistes. Leur fait-il des concessions ? En tout cas, ils sont calmés. Les grévistes, les syndicalistes, oui, la presse, non. 

Ensuite, il écrase la main de Trump, il le ridiculise en écrivant "make our planet great again", il retourne l'argument anglo-saxon utilisé contre la France : fuyez Trump, venez en France, il invite M.Poutine à la Galerie des glaces, il modifie l'actionnariat de STMS... C'est du de Gaulle, mais un de Gaulle qui manifesterait sa différence en se jouant des règles des autres, et non en cherchant à leur imposer les siennes. Des invités de France Info disaient, en substance, "cela est bel et bon, mais nous le jugerons sur ses actes". Pour moi, cela pourrait bien être des actes. Albert Hirschman avait observé que le secret du changement réussi était "a bias for hope". M.Macron fait aussi le diagnostic que ce qui nous manque est la confiance en nous. Il est possible qu'il cherche à la réinstaller. S'il y parvient, il n'aura pas besoin d'agir. Nous aurons pris les devants. 

dimanche 4 juin 2017

Changement en Europe


Y aurait-il un renouvellement du personnel politique européen ? 

(Je lisais aussi, il y a quelques temps, qu'un homme politique autrichien de 30 ans, voulait jouer les Macron dans son pays. Bientôt, l'âge de la majorité va être un obstacle aux ambitions politiques.)

Président de l'intérieur

J'entendais M.Macron parler du rôle de l'Assemblée nationale. Et ce qu'il disait me paraît original. Il me semble qu'il arrive au gouvernement après s'être fait des idées sur beaucoup de problèmes de notre société. C'est nouveau. Jusqu'ici régnait une sorte de cynisme. "Realpolitik". Les hommes politiques n'avaient aucune idée purement à eux. Ils adoptaient celles qui leur convenaient le mieux. Leur seule ligne de conduite était leur intérêt. 

Pense-t-il bien ? Je n'en sais rien. Mais il illustre ce qu'on lit dans les livres de management (cf. John Kotter) : celui qui fait changer les entreprises part d'une analyse, de l'intérieur, des questions qu'elle a à résoudre ; il en tire une "vision". Pour le reste, il répète, sans concession, ses idées. Surtout, il doit construire une coalition. Et multiplier les "petites victoires" (symboliques). Finalement, il fait entrer les changements dans la culture (au sens anthropologique) du groupe. 

M.Macron semble avoir pris cette voie. 

samedi 3 juin 2017

Audit interne

Qu'est-ce que l'audit interne ? C'est procéder à des contrôles de la façon dont fonctionne une entreprise, pour y chercher des "anomalies". Principalement des fraudes (fausse facture, vol de stock, corruption...), ou de l'inefficacité (rabais excessifs accordés par les commerciaux, délais de règlement trop longs...). "Selon la dernière étude DFCG-Euler Hermès, 8 entreprises sur 10 ont déclaré avoir été victimes d’une fraude au cours de l’année écoulée." Lisais-je il y a quelques jours. 

A l'origine était ENRON
Ce métier est né avec les lois Sarbanes Oxley et LSF en France. Elles-mêmes résultaient de la faillite frauduleuse de la société ENRON.

Où en est-on aujourd'hui ? ai-je demandé à un patron d'un cabinet d'audit. Les grandes sociétés (CAC40) ont mis en place des équipes d'audit. Cependant, celles-ci coûtent cher, parce que composées de gens très qualifiés. Surtout, comment contrôler une multinationale avec quelques personnes ? Elles font des contrôles par échantillonnage. J'ai constaté qu'elles étaient surtout utilisées pour comprendre a posteriori ce qui n'avait pas marché. (Par exemple, pourquoi l'entreprise n'a pas vu une fraude massive.) En outre, cela laisse une immense majorité de sociétés, parfois très grandes, sans contrôle. Depuis quelques années, la tendance est au contrôle automatique. Les ERP sont auscultés à la recherche de signes annonciateurs d'un dysfonctionnement.

En écoutant ce spécialiste, j'ai pensé à ce que dit M.Macron : le problème de la France, c'est la confiance. Et si c'était aussi le problème de l'entreprise ? Une entreprise qui n'est pas bâtie sur la confiance doit multiplier les contrôles ? 

Dialectique

Hegel et Marx parlent de dialectique. Que signifie ce terme barbare ? On dit parfois thèse, antithèse, synthèse. Pour faire avancer la société on lui oppose l'opposé de ses principes constitutifs. La réaction est une métamorphose. La pensée grecque semble avoir eu des idées de ce type. Face à l'absurde, c'est à dire à une contradiction dans les principes qui nous guident, nous sommes amenés à nous interroger sur ce qui compte vraiment pour nous. Cela me semble aussi la grande idée de l'existentialisme. (Il est vrai qu'on le fait remonter à Socrate.)

Notre histoire vérifie-t-elle cette théorie ? Ce que dit mon billet sur François Mitterrand est que la pensée 68 a renouvelé une société vieillissante. Ce qui se joue aujourd'hui est la conséquence du défi que 68 nous a lancé. La société qui en a résulté est en crise. Cela nous amène à nous interroger. Ce qui semble nous conduire, contrairement à ce que croit Marx et conformément à la pensée grecque, à en revenir aux fondations de notre culture. Ce n'est pas une naissance, c'est une renaissance ?

vendredi 2 juin 2017

Dire du mal fait du bien

Drôle d'exercice que ce blog. Je me mets à écrire du mal de quelque-chose, pour, finalement, voir les choses totalement différemment. C'est un exercice délicat, d'ailleurs, car je parle au public, à la Ville et au Monde...  (Même s'il est douteux qu'ils me lisent.)

C'est un travail que je fais quasiment depuis toujours, avec les gens que je rencontre : ils me disent tout le mal qu'ils pensent de ce qui les entoure, et je leur montre que cela peut-être vu d'une autre façon. Et ils sont contents. Dialectique du changement : je veux faire quelque-chose, ça résiste, je comprends pourquoi, et j'agis bien, finalement ?

Et si nous avions besoin de dire le mal pour faire le bien ? Et si c'était pour cela que la fin de la censure qui frappait le FN avait sonné l'heure de sa perte ? 

Kolchak

L'intelligence artificielle, ça marche ? YouTube m'indique une vidéo. C'est un combat naval entre un mouilleur de mines russe, et un croiseur allemand. En 14. C'est en russe. Mais je regarde. C'est du grand spectacle hollywoodien. On s'y croirait. Du coup, cela m'a amené au film, aussi sur YouTube. Toujours en russe. Mais ne pas comprendre une langue ne nuit pas au spectacle. Au contraire. 

En fait, c'est l'histoire de l'amiral Kolchak, un des chefs de l'armée blanche. Je l'ai croisé en terminale, en cours d'histoire. En lisant sa fiche wikipedia, j'ai découvert qu'il avait été un héros. Il s'était distingué, très jeune, dans des explorations arctiques. Puis, pendant la guerre de 1905, contre les japonais, durant laquelle il avait coulé un croiseur japonais, puis en 14, à chaque fois en faisant preuve d'un courage exceptionnel. Ce n'est pas un profil ordinaire pour un général de la guerre de 14, tous camps confondus. 

Comme la France de la 3ème République, la Russie semble vouloir se réconcilier avec son passé. Et ce passé est fait de Rouges et de Blancs. Des hommes qui se sont battus, et qui ont souvent péri, pour des idéaux. 

jeudi 1 juin 2017

Changement politique ou social

Proudhon et Marx ne se sont pas compris. Ils ne parlaient pas du même changement. Proudhon aimait la société de son temps. Il déplorait que tout le monde n'y ait pas une place, ou n'y soit pas heureux. Alors, en jouant sur les mécanismes sociaux, il a voulu la changer. C'est ce que j'appelle le "changement social". Marx, quant à lui, n'était pas content de la structure de la société, elle-même. Changer la structure d'une société est un "changement politique", selon une définition qui m'est propre. C'est un acte de foi.

Pour moi l'as, involontaire ?, du changement politique a été le président Giscard d'Estaing. La massification de l'enseignement supérieur pourrait bien avoir fait disparaître le dernier des privilèges, celui de l'éducation. Avant, l'inégalité était structurelle, maintenant, elle est artificielle.

Cependant, ce changement a eu des conséquences imprévues. En particulier, l'effondrement du niveau de l'enseignement, à l'envers des espérances de notre président. Mais aussi un afflux de pseudo intellos, et un déficit de personnes pratiques, bref une société dysfonctionnelle. Quant à Marx, on lui doit de multiples révolutions et quelques régimes totalitaires. Bref un bain de sang et la souffrance des masses. En fait, les deux changements sont complémentaires. L'un correspond à une aspiration collective, l'autre permet sa réalisation, dans l'intérêt de l'individu. 

Favoritisme

J'entendais, tardivement, que ce que l'on reprochait à M.Ferrand était du "favoritisme". 

Mais qui n'a pas un favori ? me suis-je demandé. A commencer par l'enseignant et le turfiste. Le favoritisme c'est ce qui marque la frontière de la raison. Il y a des moments, et les moments les plus importants de la vie, où la raison ne marche pas. C'est l'intuition qui entre en jeu. Le coup de foudre, ou l'appel du 18 juin, ne sont pas des questions de raison. 

Alors peut-on vouloir éradiquer le favoritisme, sans risquer de créer une prohibition des sentiments ? un monde régi par une morale totalitaire ? un monde qui serait finalement celui de Tartuffe, car l'expérience montre que ceux qui jettent la première pierre sont généralement les plus grands pêcheurs ?... 

Apprendre

"Selon Bergson..." Ce blog est une sorte de discussion avec des personnes éminentes qui ont travaillé, de près ou de loin, sur la question du changement. Ce qui m'a fait comprendre ce que l'école avait voulu m'enseigner : sans exercice continuel et permanent, il n'est pas possible de comprendre la pensée de quelqu'un. Plus je cherche à expliquer, plus des souvenirs de lecture me viennent, plus j'approfondis, plus je vois apparaître des aspects inconnus de la pensée de ceux que j'ai lus.

Mais c'est une démarche qui n'est pas dans l'esprit du temps. Car nous vivons à une époque où personne ne reconnaît aucune autre autorité que soi-même.