mercredi 18 avril 2018

Danger, transformation numérique ?

Il faut transformer la société par le numérique. C'est ce que l'on a appelé, dans les années 80, le "reengineering". Pourquoi ? Probablement parce que le numérique est la seule innovation dont on dispose. La numérisation (ou ubérisation) de la société est un acte de foi ? D'ailleurs, le principe de précaution n'est pas passé par là : on ne cause guère de ses conséquences. En voici quelques-unes :
  • Le "paradoxe de Solow". Depuis qu'il y a des ordinateurs, on n'a aucune preuve qu'ils font ce que l'on attend d'eux : entretenir la croissance. La corrélation croissance / informatique semble même négative. Il y a un ver dans le fruit. 
  • Le développement durable. Nous remplaçons le soubassement inerte et durable de la société (le papier, notamment), par un soubassement vivant, qui doit être en permanence alimenté en énergie. Cela demande des ressources énormes. Outre la question de la pollution, pourrons-nous toujours fournir cette énergie ? Qu'arrivera-t-il si elle subit une coupure ? 
  • La cybersécurité. Le danger que présente la voiture autonome n'est pas qu'elle écrase de temps à autre un piéton, comme elle le fait aujourd'hui, mais qu'elle en tue des millions, parce qu'Internet à été infecté par un virus. Le jour où tout sera interconnecté, que se passera-t-il si un réseau électrique s'arrête de fonctionner l'hiver, ou si l'approvisionnement en nourriture d'une région est arrêté ? Et il y a mieux. Il semblerait qu'un réseau hyperconnecté devienne naturellement instable. Et si, soudainement, s'interrompaient les flux vitaux pour la société ? 
Que faire ? L'intellectuel moderne est "engagé". En sortant de Normale Sup, il devient soit une pasionaria du Bien, soit un fauve ubérisateur. Ne serait-il pas utile qu'il reprenne de la hauteur, et qu'il considère la société de l'extérieur ? Et si c'était en confrontant le numérique à ses limites que l'on parvenait à comprendre son potentiel et comment l'utiliser ?

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