dimanche 30 juin 2019

Vive la France !

Michel Zinc, médiéviste et académicien, terminait son cours au collège de France en disant "vive la France". Il citait "La dernière leçon" d'Alphonse Daudet.

Comment se fait-il qu'on ait tant aimé la France ? me suis-je demandé. Peut-être parce que la France a beaucoup donné à certains, et qu'elle symbolisait un projet altruiste, universel et glorieux ?

Mais pourquoi a-t-elle aussi suscité une telle haine, en son sein même ?

Martin Eden

Semi biographie de Jack London. Un marin de vingt ans, mauvais garçon sans éducation, à l'esprit en jachère, rencontre par hasard une famille d'intellectuels. Déclic. Il tombe amoureux de l'ange de la maison. Et, surtout, il entr'aperçoit les merveilles de l'instruction. Il lit comme un fou. Il ne dort plus. En très peu de temps, il devient un intellectuel, capable d'en remontrer aux meilleurs intellectuels. Il veut être écrivain. Mais on refuse ses textes. Il crève de faim. L'ange tombe sous le charme de sa vitalité et de sa virilité, mais, comme tous ceux qui le connaissent, aimerait qu'il trouve un emploi honnête. Personne ne comprend sa vocation, son talent. Il persévère, perd l'ange, et, soudainement, devient célèbre et extraordinairement riche. On s'arrache les oeuvres dont personne ne voulait ! Du jour au lendemain, il n'a plus que des amis et des admirateurs. Comment expliquer se revirement ? N'est-il pas toujours le même ? L'existence n'a plus de sens pour lui. Le monde des idées qu'il a tant désiré est factice. La vie réelle, et l'amour, c'est le peuple, qu'il a quitté, et qu'il ne pourra jamais plus retrouver. Le ressort est cassé, il n'a plus goût à la vie.

Grand roman ? Ce livre est, en premier lieu, une description fascinante de l'Américain. L'autodidacte qui entrevoit l'absolu, et découvre son talent, et qui le développe rationnellement, avec une méthode et une détermination implacables. Jusqu'à connaître la fortune et la gloire. L'homme porté par un élan vital irrésistible, persuadé qu'il est invincible, indestructible, qu'il peut tout se permettre, ne pas dormir, manger n'importe quoi, faire tous les sacrifices... Qui prend comme des évidences le darwinisme social et au surhomme de Nietzsche.
Mais, alors, est-ce le sort de tout Américain qui réussit ?, il a atteint de telles hauteurs, qu'il se retrouve seul, au milieu du désert. Il courrait après une chimère. Il n'est qu'une ombre.

samedi 29 juin 2019

Confiance

Je participais à une conférence dans laquelle il était dit que le premier problème que posait l'intelligence artificielle était celui de la "confiance".

On l'a oublié, mais il y eut un temps, où on avait confiance dans l'entreprise, mais aussi dans le progrès. IBM faisait des matériels chers, mais fiables, par exemple. A l'époque où je travaillais avec IBM, un de ses commerciaux m'avait dit que le bon vendeur était la personne à laquelle on faisait confiance, d'ailleurs.

Confiance : ce que nous devons rebâtir ?

60 millions de consommateurs du moteur de recherche

Et si l'on comparaît les moteurs de recherche ? Que donne une même requête ?

En ce qui me concerne, et par rapport à ce que je cherche, Bing donne des résultats significativement différents de ceux de Google. Du coup, j'ai changé de moteur de recherche par défaut.

Serait-il possible de monter une étude comparative du type de celles de 60 millions de consommateurs ? Une question pour Hervé Kabla ?

(Est-ce que les billets sur les moteurs de recherche sont jugés tendancieux, et censurés, par ceux-ci ?)

vendredi 28 juin 2019

Allemagne, nouvelle Grèce

Parce que la France révolutionnaire se voulait une nouvelle Rome, l'Allemagne s'est voulue une nouvelle Grèce. Voilà ce que l'on lit.

Ce qui explique peut-être pourquoi les philosophes allemands, tels que Heidegger, ont eu un tel amour pour la société grecque. Or la philosophie allemande est ce que la philosophie moderne a produit de mieux. La philosophie est-elle une affaire sérieuse ?

Et si, comme dans l'affaire Christophe Colomb, ce qui comptait était de se mettre en route ? Que la piste soit bonne ou mauvaise ?

Faut-il croire les théories ?

Ce blog s'intéresse aux théories et à leurs conséquences. Mais faut-il les croire ?

L'économiste J.K. Galbraith explique que les théories économiques sont des justifications des intérêts de groupes de pression. Cela explique sans doute pourquoi les gens de gauche deviennent de droite quand ils arrivent au pouvoir, ou pourquoi les "libéraux", champions de la concurrence, deviennent protectionnistes, quand elle ne leur est plus favorable, comme actuellement aux USA.

On est toujours rattrapé par la réalité. Mais, entre-temps, on peut avoir fait du chemin. La théorie est une arme de combat. Elle convainc ceux qui ne voient pas qu'elle va contre leurs intérêts. Opium du peuple.

jeudi 27 juin 2019

Sciences Po : qui est discriminé ?

J'entendais dire que le concours de Sciences Po n'aurait plus d'écrit. Dossier et oral. Mesure de "discrimination positive".

Qui discrimine la discrimination positive ? Les compétences que demande l'oral n'ont rien à voir avec celles de l'écrit. A l'époque des Grecs et des Romains, les enfants des meilleures familles étaient formés à diriger les foules de leur verbe
Art du très riche, qui peut acheter la meilleure éducation, et la meilleure préparation ? Surtout, ce qui compte n'est pas l'entrée, mais la sortie de Sciences Po. Les discriminés positivement, qui n'avaient pas le niveau pour entrer, l'auront encore moins pour sortir dans les meilleurs. Et, ils n'auront pas les réseaux familiaux qui permettent aux autres de trouver les emplois prestigieux. La discrimination est un moyen, pour le riche, d'éliminer une concurrence dangereuse, en se donnant bonne conscience ?

(Jadis, il y avait "l'ascenseur scolaire" : le talent scolaire était repéré à la maternelle, ou quasiment. Il n'y avait pas besoin de discrimination positive. C'est ainsi que Gaston Julia, l'inventeur des fractals, qui fut major à polytechnique et à normale sup, était fils de forgeron.)

Intelligence artificielle : fin de bulle ?

Intelligence artficielle : on retombe sur terre ? me suis-je demandé. J'étais invité à un "symposium" Intelligence artificielle et relation client. Finie l'intelligence artificielle plus intelligente que l'intelligence humaine, l'obsolescence humaine programmée. Un discours sobre sur les limites de l'IA. "Démystification de l'intelligence artificielle", ai-je entendu.
  • J'ai écouté Luc Julia (descendant de l'inventeur des fractals, créateur de Siri et auteur de "L'intelligence artificielle n'existe pas"), Arnaud Laroche (EY), Patrice Slupowski (Orange), Harley Davis (IBM). Tous semblaient d'accord. 
  • Une IA pas très révolutionnaire. Le renouveau de l'IA s'explique par le fait qu'il y a de la matière à analyser (désormais beaucoup de choses sont numérisées), par la puissance du cloud, et la démocratisation d'algorithmes mathématiques sophistiqués. Pour le reste, pas d'avancée. 
  • Les outils d'analyse statistique classiques continuent à se tailler la part du lion en "machine learning". Le deep learning, les algorithmes neuronaux, concernent très peu d'applications. 
  • Les données posent de très curieux problèmes. Sans qu'on le sache, les données qui nourrissent la machine peuvent avoir des biais, par exemple révéler que la culture de votre entreprise est sexiste ou raciste. Ce qui rend votre IA sexiste et raciste. 
  • L'IA ne peut pas remplacer l'homme. L'IA a les vertus de la machine. Déjà la calculatrice de Pascal allait plus vite que l'homme. Mais, là où l'homme est fort, la machine est faible, voire inexistante. En particulier en ce qui concerne l'innovation. D'ailleurs, à tâche comparable, elle dépense vingt mille fois plus d'énergie qu'un cerveau humain. Si l'on voulait faire effectuer par l'IA toutes les tâches humaines, il n'y aurait pas assez d'énergie sur terre. Aussi, il faut cent mille photos de chats pour qu'une machine reconnaisse un chat, presque à tous les coups, alors que deux chats suffisent à un enfant... La voiture totalement autonome n'existera jamais. 
  • La confiance est une question critique. L'IA fait peur. Parce qu'elle menace l'emploi (apparemment crainte infondée), mais aussi du fait de ses biais (crainte justifiée). 
  • D'une manière générale, j'ai l'impression que tous les cabinets de conseil proposent désormais des démarches structurées pour mettre en oeuvre un projet d'IA.
  • 60% des entreprises en sont à l'expérimentation ; 30% l'utilisent en production, pour une application ; 4% en font un usage plus généralisé. (Eventuels gains pas connus.)
  • Bref, l'IA et l'homme ne sont pas en concurrence. Il faut apprendre à placer chacun sur ses forces. 
  • Finalement, le tiédissement de l'IA pourrait être une mauvaise nouvelle pour la France. En effet, le talent de nos mathématiciens serait reconnu. Les patrons techniques des plus grandes entreprises de la Silicon Valley seraient français et les entreprises étrangères installeraient des centres de recherche chez nous. Par ailleurs, l'Etat aurait parié sur l'IA (fonds de 400m€), et il serait désormais facile en France de lancer une start up. 

mercredi 26 juin 2019

La vaccination contre la rougeole, et son histoire

Des esprits arriérés refuseraient la vaccination contre la rougeole, ai-je entendu. Etrange. Dans ma jeunesse, il n'y avait pas de vaccination. Tout le monde attrapait la rougeole, et était immunisé. Pourquoi tout ce ramdam ?

Qu'est-ce qui est arrivé ? Un vaccin contre la rougeole a été découvert. Du coup, la rougeole a quasi disparu. Et les personnes qui ne sont pas vaccinées, n'entrant plus en contact avec la maladie dans leur jeunesse, sont susceptibles de l'attraper tardivement, ce qui est dangereux. (Article.)

Pendant longtemps, toutes les avancées de la médecine étaient perçues comme des progrès. Ce n'est plus le cas, désormais. Le médecin, quand il impose une de ses trouvailles, sans en discuter, et sans en peser les conséquences, parce qu'il pense être une force du bien, fait un coup de force anti démocratique ?

La démocratie menacée

"Les résultats (de l'enquête) montrent que les démocraties occidentales tendent à voir les réseaux sociaux, l'industrie financière et les Etats Unis d'Amérique, comme des menaces contre la démocratie. Le pays dont les citoyens disent que l'Amérique a eu l'impact le plus négatif sur la démocratie dans le monde sont l'Autriche, l'Allemagne, le Danemark, la Suisse et le Canada, allant de 66% pour l'Autriche à 58% pour le Canada". (Source de la citation.)

Voilà qui est paradoxal. Car tous ces accusés se sont présentés un temps comme des champions de la démocratie. Tartufferie ? Vers une mise sous contrôle des pouvoirs anti démocratiques ?

(PS. Attention. Cette étude est difficile à interpréter. (Original.) Si l'on lit le commentaire qu'en fait celui qui l'a commandée, on voit qu'il a un compte à régler avec M.Trump. Ensuite, si l'on regarde ce qui est dit sur le reste du monde (détail), on voit que la Chine s'estime plus démocratique que les USA ou la France, et que, contrairement à elles, elle n'a pas besoin de plus de démocratie. Quant à l'influence des USA, elle est vue positivement en Amérique latine, et particulièrement au Vénézuela, et beaucoup moins négativement en Chine qu'en France ou au Canada... Méfions-nous des interprétations ? Elles nous font vite tomber dans les fake news. Remarque : l'étude est sortie après l'article que j'ai cité, d'où ce commentaire en retard.)

mardi 25 juin 2019

Quelle est la France que nous laissera M.Macron ?

Ce blog se demande, régulièrement, qui est M.Macron, et ce qu'il cherche à faire. Il n'est pas impossible que M.Macron ait l'impression de le dire clairement. Mais nous décodons son discours par rapport à notre expérience. Ce qui en change le sens.

Ma dernière hypothèse en date est qu'il est un libéral. Evident ? Qu'entendez-vous par libéral ? Tout est là.

Le libéralisme, fondamentalement, est la négation des sciences humaines. C'est croire que des hommes peuvent et doivent vivre côte à côte, sans lien. Pour le libéral, c'est l'économie de marché qui permet de réaliser cette anarchie. Rien de neuf. L'idée remonte aux économistes des Lumières.

Qui dit économie de marché, dit libre concurrence. M.Macron nous paraît avoir complexifié le droit social. En fait, il pense probablement, peut-être avec raison, l'avoir rendu flexible. Le CDI a vécu. Cela devrait dynamiser l'économie, selon lui. Par ailleurs, il investit massivement dans ce qui lui semble l'avenir du monde : le numérique. Pour cela, il doit ponctionner tout le reste... Finalement, le service public, une hérésie pour le libéral, même haut fonctionnaire, devrait logiquement finir aux mains du privé.

Et l'Europe ? Il est possible que "concurrence" soit un mot clé. Il faut que tous les pays jouent sur un pied d'égalité. Et il faut que l'Europe se batte avec les mêmes armes que la Chine et les USA. Paradoxalement, le libéralisme peut se faire protectionniste.

Références, pour l'Europe : Leader de l'Europe et Discours de la Sorbonne.

The neon bible

Curieuse vie que celle de l'auteur de ce livre. Dépressif et ne parvenant pas à faire publier son premier livre, il se suicide. Il a trente et un ans. Le faire éditer devient la raison d'être de sa mère. Elle réussit après beaucoup d'efforts. C'est un formidable succès : 1,5 millions de livres vendus.

Ce livre-ci est le seul autre ouvrage que l'on connaisse de John Kennedy Toole. Il l'a écrit à seize ans, semble-t-il. Histoire d'un adolescent pauvre, racontée à la première personne. Une parole d'innocent, qui laisse apparaître la réalité d'une petite ville de province. Une vie sous l'emprise de la "bible de néon".

lundi 24 juin 2019

Canicule : fake news ?

J'entendais la radio comparer le coup de chaud qui se préparer à celui de 2003.

Est-ce honnête ? J'ai vécu la canicule de 2003, à Paris, et il me semble qu'elle avait des caractéristiques bien différentes de ce qui se prépare. D'abord, elle a duré plusieurs semaines. Ensuite, ce qui fait les dégâts du coup de chaud, ce n'est pas la température diurne, mais la température nocturne. En 2003, la nuit n'était pas plus fraiche que le jour.

Et si nos journalistes s'interrogeaient sur l'éthique de leur métier ?

Maurice Schumann et l'école de la République

Maurice Schumann parlait de ses souvenirs d'école dans un entretien à France Culture. Etudiant exceptionnellement brillant, il n'a pas pu entrer à normale sup pour des raisons de santé, ai-je cru comprendre. Maurice Schumann a été journaliste, "voix de la France" pendant la guerre, puis ensuite député, sénateur, ministre.

Il se rappelait avec émotion ses professeurs de terminale ou de Khâgne. Les temps ont bien changé me suis-je dit.

dimanche 23 juin 2019

La polarisation des médias français

Que représentent les médias français ? Une étude les compare aux médias américains.

Les médias américains sont fidèles à la polarisation de leur "marché". Il y a le pôle démocrate, et le pôle Trump. Ce qui signifie gauche, droite, mais avec une droite qui l'est plus qu'avant.

En France, il y a l'élite, concentrée, et l'anti élite, atomisée. De Libération au Figaro, on pense à peu près la même chose. En dehors, il y a une nuée de médias aux noms inconnus. Ils sont contre l'élite, mais chacun à sa manière (et peut-être aussi les uns contre les autres).

(A une époque, j'ai fréquenté les journalistes. J'ai été surpris de voir que, effectivement, une carrière les faisait passer de Libération au Figaro ou à Challenge.)

L'étude de l'Institut Montaigne.

Règlements de comptes sur l'Olympe

Jupiter-Macron veut faire la loi sur l'Olympe, dit un quotidien suisse. Qu'est-ce qui se passe ?

Il en voudrait au candidat allemand. Si je comprends bien, il le considère, en termes scientifiques, comme "une couille molle". Bon argument ? Il faut défendre les intérêt de l'Europe face à Trump, Xi Jinping, ou Poutine. Jean-Claude Junker, lui, savait se faire respecter. Mme Vestager, elle aussi, a de la poigne. De même que Michel Barnier.

La manière de M.Macron déplaît aux Allemands, qui le jugent impoli. Le hasard fait que leurs candidats sont en passe de prendre tous les postes de responsabilité, y compris à la banque centrale européenne. Or, les Allemands, c'est la rigueur pour les autres, et les exportations pour eux, c'est-à-dire, une politique forte à l'intérieur, et faible à l'extérieur. Encore une fois, ce n'est pas franchement dans notre intérêt à l'heure Xi Jinping, Trump.

Dommage que M.Macron n'ait pas jugé bon de nous informer de ses intentions ? (La campagne des européennes aurait été le bon moment pour ce faire ?)

Culture de l'erreur

La particularité de la culture française c'est qu'elle nie l'erreur, et l'échec. Pourtant ils sont inévitables. Et c'est pourquoi nous échouons pour ne pas avoir tenté, ou pour avoir nié nos échecs, et donc n'en avoir retiré aucune leçon.

Mais bâtir sa vie sur le principe de l'expérimentation, donc de la nécessité de l'erreur, pose un second problème : comment ne pas être rejeté par une telle société ?

La réponse est, aussi, dans notre culture : il y a des moyens de présenter les choses qui font que les erreurs ne paraissent plus des erreurs...

samedi 22 juin 2019

Boeing, ou les dangers du pilotage financier ?

Boeing doit-il essayer de mettre au point son 737 Max déficient, sachant que les pilotes et les passagers risquent d'avoir peur d'y monter (j'ai appris que la France était un des rares pays qu'il avait le droit de survoler) ? Doit-il avancer un programme de remplacement, sachant que, ce faisant, son retard sur Airbus s'accentuera ?...

En lisant et en écoutant, j'observe que cette affaire soulève bien des questions. Apparemment, les avions sont devenus trop complexes pour pouvoir être contrôlés par des organismes indépendants, aux USA comme en Europe. Les avionneurs s'auto contrôlent ! Peu rassurant. D'autant qu'ils sont dirigés par des considérations financières, disait un interviewé. C'est, à y bien réfléchir, l'explication la plus plausible à la série de décisions hasardeuses qui ont conduit aux accidents.

Seulement, dans le monde de l'aviation, la sanction est violente. L'erreur tue. Il serait peut être dans l'intérêt des avionneurs de mettre un terme au diktat financier, et de remettre en place des systèmes de contrôle indépendants et efficaces.

A ce titre, les organismes de contrôle français, tels que les APAVE, étaient des associations constituées par des industriels...

(Le pilotage financiers de Boeing pourrait avoir produit la chaîne d'événements suivante :
D'abord, il y a retard de Boeing sur Airbus. Moins on investit, plus on est rentable ? Puis décision d'équipement d'un vieux modèle de moteurs de nouvelle génération plutôt qu'investissement pour créer un nouveau modèle. Puis ça ne marche pas, on corrige avec un logiciel. Puis, l'instrumentation qui alimente le logiciel, économie ?, n'a pas les redondances usuelles, ce qui provoque, dans certains cas, des comportements de l'avion erronés. Puis, on n'informe pas les équipages de ces évolutions, puisqu'elles devraient être invisibles. Ce qui évite de parler de formation - Boeing ayant annoncé : nouveaux moteurs, pilotage inchangé. Puis, lorsque l'incident survient, les procédures usuelles, qu'appliquent les équipages, sont exactement ce qu'il ne faut pas faire...)

Les lois d'Internet : lois de la jungle ?

Expérience. J'utilise un moteur de recherche pour chercher un article de mon blog. Je lui donne le nom du blog et les mots qui sont dans l'article. Non seulement je ne le trouve pas, mais ce qui m'est suggéré ne contient pas tous mes mots clés !

La loi d'Internet, c'est la "popularité". Il est possible que le moteur donne un poids énorme à un mot "populaire", quitte à considérer qu'il n'est pas important que les autres mots de la recherche n'apparaissent pas dans ce qu'il trouve.

Or, la popularité ça s'acquiert. Argent ou sectes millénaristes, c'est, finalement, essentiellement une question de puissances occultes, d'instincts primaires, "greed and fear" comme disent les Anglo-saxons.

Edouard Philippe, maire de Paris ?

Election à la mairie de Paris. Mme Hidalgo ne serait plus en tête des sondages. Les candidats du président seraient devant elle, mais à égalité. Edouard Philippe, s'il se présentait, résoudrait le problème.

Mais est-ce dans l'intérêt du président ? Il manque de collaborateurs compétents. Edouard Philippe est une exception. N'est-il pas préférable de le garder au gouvernement ? Quant au citoyen de Paris, c'est plus l'ambition que la compétence qui semble caractériser le choix qui lui est offert.

vendredi 21 juin 2019

M.Macron appuie Margrethe Vestager

Monsieur Macron soutient Margrethe Vestager. Il s'agit de l'élection du président de la Commission européenne (le remplaçant de Jean-Claude Juncker).

Mme Vestager est commissaire à la concurrence de l'UE. C'est elle qui s'en est pris au GAFA.

Qu'est-ce que cet appui signifie en ce qui concerne la politique de M.Macron ? Car la concurrence, si elle est idéologie, transforme l'homme en "loup pour l'homme". Elle n'est même pas favorable à l'économie, car elle empêche le développement, nécessairement lent et hésitant, de compétences essentielles. Ce souci de la concurrence, poussé un peu trop loin, explique peut-être bien des mécontentements actuels.

Internet : avec ou sans filtre ?

Avez-vous essayé de changer le filtre de votre moteur de recherche (d'avec à sans, par exemple) d'images ? Eh bien, étrangement, cela change les résultats de la recherche la plus innocente ("pourquoi les PME ne veulent pas grandir" - Bing).

Les monstres du GAFA seraient-ils aux mains d'apprentis bricoleurs ?

jeudi 20 juin 2019

Fragile Chine

La Chine serait très forte en intelligence artificielle et en blockchain. Devant surveiller une grande population au moyen d'une multitude de caméras et de logiciels de reconnaissance faciale, elle aurait un avantage naturel dans le big data. Par ailleurs, sa population serait plus motivée par le profit à court terme que par la recherche à long terme, ou fondamentale. Finalement, elle aurait une puissance financière alimentée par l'épargne de sa population.

Voilà ce que j'entendais dans une émission de France Culture. Cela ne donne pas l'impression d'une grande puissance. Plutôt d'un pays qui se sait pauvre en facteurs de production, et qui cherche désespérément à en acquérir, quitte à prendre de gros risques.

Pourquoi ne peut-on plus avoir confiance en l'opinion commune ?

J'ai toujours tort est la devise de ce blog. Pourquoi ? Il suffit de gratter un peu, pour découvrir que les idées qui semblent les mieux acceptées ne reposent sur rien de rigoureux. Plus exactement, plus il y a de vrai, plus il sert à faire avaler du faux.

Que s'est-il passé ?

Ma génération et la précédente s'étaient habituées à croire ce que l'on leur disait. En effet, cela avait une fiabilité certaine, généralement. Et cela venait de ce que ces opinions étaient produites par des organismes de "service public". L'Etat voulait notre bien. Aujourd'hui, il n'y a plus de "service public". Car, ceux que ces services employaient vont maintenant dans des entreprises, éventuellement des ONG. L'ONG comme l'entreprise a une raison sociale. Il n'est pas question de déroger à la ligne du parti. Pas de place pour le doute, qui est l'essence de la science. Résultat : l'opinion commune est alimentée par des intérêts, des idéologies, etc.

mercredi 19 juin 2019

Apprendre à penser

Quand je lisais Don Juan, dans mon adolescence, j'en avais fait une interprétation romantique. Mais, il est probable que Molière décrivait un "grand seigneur méchant homme", de son temps.

Je soupçonne que, de Michel Serres à Michel Foucault, beaucoup de philosophes ont commis mon erreur. Ils ont utilisé leur science pour justifier leurs a priori. (Ce qui est le mécanisme du sophisme.)

Au contraire, penser, c'est sortir de soi ? C'est en faisant l'effort de comprendre l'autre, contemporain ou non, que l'on parvient à avoir une appréhension globale, systémique, du monde, d'où peut résulter une pensée utile à la collectivité ?

Frédéric Dard

Frédéric Dard sortait quatre ou cinq livres par an, et chacun se vendait à plus d'un million d'exemplaires. Comment expliquer son succès ? Le talent ?

Frédéric Dard est un pauvre. Il lit beaucoup, mais on lui fait faire des études de comptabilité. Un oncle a l'idée de lui faire rencontrer l'éditeur d'une revue, à tout petit tirage, locale : ne pourrait-il pas être journaliste ? Il a 16 ans. Le dit éditeur, ayant bien bu, n'a pas les idées très claires. Il l'embauche, sans salaire. Pour ne rien faire, dans les premiers temps. Puis pour collecter les revenus de la publicité dont vit le journal. Au début, il publie à compte d'auteur. Puis, à 27 ans, il rencontre celui qui est en train de fonder la collection Fleuve noir. Il cherche des auteurs pouvant produire en continu. C'est le succès.

Un succès qui ressemble à celui d'Asterix, peut-être : une fois San Antonio reconnu, on l'achète comme un paquet de cigarettes ?

Un Frédéric Dard aurait-il percé à notre époque ? L'Education nationale l'aurait peut-être éliminé du journalisme, ou aurait déformé son talent ? Elle en aurait fait un fonctionnaire de banlieue ? Il n'aurait peut-être pas trouvé d'éditeur ?...

En tout cas, l'histoire de Frédéric Dard est probablement plus celle d'une époque que celle d'un homme exceptionnel, pliant les événements à sa volonté.

(Réflexions venues d'un entretien entre Frédéric Dard et Jean-Louis Ezine, chez France Culture, en 1988.)

mardi 18 juin 2019

L'Education nationale : l'école de la liberté

L'école doit-elle nous former à vivre, comme le dit Edgar Morin ?

Notre école vient de la révolution. Son projet c'est la liberté. Et, pour les Lumières, la liberté, c'est penser librement. La mission première de notre école est donc de libérer notre pensée.

Comment se fait-il, alors, que nous fassions preuve d'une telle passivité ? Parce que l'Education nationale élimine, pour cause de nullité, la majorité de la population, et parce qu'elle formate la pensée de ceux qu'elle traite "d'élite". Pas un pour rattraper les autres.

Qu'est-ce que c'est que penser librement, finalement ? Je me demande si ce n'est pas être convaincu que l'on, vous ou moi, peut changer la société, d'une part, et par d'autres moyens que la violence, d'autre part. C'est cela la "politique" au sens grec de "polis", ce qui caractérise le "citoyen". Et si l'Education nationale devait être l'école de la liberté ?

Héraclite et le changement

Quand on parle changement, on cite Héraclite. Mais, on n'a que des fragments d'Héraclite, et on ne sait pas les traduire (un même texte peut être traduit de plusieurs façons différentes, qui ont des significations opposées). D'ailleurs, les quasi contemporains d'Héraclite le trouvaient obscur... Ce qu'on a voulu lui faire dire serait faux. Chaque époque a projeté sur lui des a priori qui n'étaient pas de son temps. On y a cherché une justification, au lieu de nouvelles idées.

Comme tout penseur, il n'a peut-être pas l'originalité qu'on lui prête. Les idées qu'il manipule semblent parcourir la civilisation grecque :
  • Il aurait été un champion de "l'antilogie", quelque-chose qui est à la fois propre au Grec ancien et à l'intellectuel moderne. Il s'agit de confondre un paradoxe et une preuve. (Par exemple : tous les Allemands respectent la loi, donc l'Allemagne est un chaos.) 
  • Il aurait peut-être pensé que "l'unité est dynamique", l'être se constitue "dans le mouvement des êtres", "un mouvement permanent met en présence et en conflit les éléments dont l'univers est fait", un "combat des contraires" ("polemos"), dont résulte "l'harmonie", "ce qui s'oppose à soi est aussi un ajustement à soi". Dernier point que j'entends par l'exemple du sol : il s'oppose au pied, mais, sans lui, on ne pourrait pas avancer. 
(D'après Lucien Jerphagnon et son Histoire de la pensée.)

lundi 17 juin 2019

Michel Serres

Hervé Kabla se demandait qui était Michel Serres... France Culture annonçant une rediffusion d'une série d'interviews de ce philosophe, j'ai tendu l'oreille.

Qu'ai-je retenu ? Que Michel Serres a estimé que les philosophes de son temps (les années 50) se trompaient. Ils s'engageaient dans la politique, alors que le réel changement était le progrès technologique. Il fallait comprendre ce que celui-ci nous réservait. Mais, pour cela, il fallait une double culture, que n'avait pas ses collègues : scientifique et philosophique.

Michel Serres semble faire jouer un rôle majeur à l'étymologie et à l'anecdote, fantaisistes ?, dans ses "raisonnements". Par exemple, je l'ai entendu dire que les gouvernants du monde se sont opposés au téléphone, parce que c'aurait été le moyen pour leurs femmes de communiquer avec leurs amants... Il a aussi utilisé Robin des Bois pour expliquer qu'Internet était comme Sherwood. Une loi, qui lui était propre, allait émerger d'une zone de non droit. Démonstration : Robin des Bois, c'est la "robe" du magistrat et le bois ! Seulement, en anglais, on ne dit pas Robin Wood, mais Robin Hood, et Hood, cela signifie "chaperon", comme dans Red Riding Hood (petit chaperon rouge) ou capuchon. Quant à Robin, il pourrait venir de Robert. (L'étymologie de Robert est "gloire" et "brillant".) Un "Robin Hood" peut avoir été un terme générique pour désigner un mauvais garçon. Le justicier aurait émergé de ballades relativement récentes. (Mes références viennent du wikipedia anglais.)

Ses propos m'ont fait penser à ceux de Joël de Rosnay. Je l'ai rencontré à l'époque de la Bulle Internet. J'en avais gardé l'image d'un vulgarisateur. J'ai découvert que son métier consistait à présenter les idées reçues comme s'il les avait inventées. Il était alors dans une position un peu ridicule : devant un parterre de dirigeants de start up, il était, de loin, celui qui connaissait le moins bien le sujet dont il parlait. Michel Serres aurait-il été, aussi, un vulgarisateur d'idées reçues, mal digérées ?

Histoire d'un changement ? Une masse de gens a accès à une formation supérieure, il n'est plus possible à "l'intellectuel" de dire ce qui lui passe par la tête ? L'intellectuel doit s'engager, certes, mais dans une recherche originale ?

Méchant pauvre

Le pauvre donne plus facilement que le riche. C'est bien connu (et ce blog cite une expérience qui va dans ce sens).

Pourtant, il y a des exceptions. Par exemple, dit aussi ce blog, lors de la crise de la dette grecque, les pauvres Allemands étaient ceux qui étaient les plus acharnés à vouloir punir les Grecs. Que les autres en bavent comme eux.

Peut-être que le pauvre devient méchant, lorsqu'il se sent victime d'une injustice ? Une explication pour le fameux "populisme" actuel ?

dimanche 16 juin 2019

Voiture électrique : le coup du déchet nucléaire ?

Il y a consensus : la voiture électrique va nous sauver. Vraiment ?

Sur l'ensemble de sa vie, il semblerait que son "empreinte carbone" soit deux fois moindre que celle d'une voiture ordinaire. Cependant, il faudrait regarder de près quelles sont les hypothèses prises en compte. Car beaucoup dépend du type d'énergie utilisée, charbon ou nucléaire, par exemple. Mais aussi de l'intensité de l'usage de la voiture dans les prochaines années : la fabrication d'une voiture électrique est très polluante, plus on roule, et plus elle est avantageuse. Surtout, "deux fois moins", c'est encore beaucoup. D'autant que la croissance des ventes de voitures risque de se maintenir. Sans compter que le moteur thermique consomme de moins en moins. Que donneront ces comparaisons, dans quelques années ?

L'électrique aurait d'autres avantages. En particulier, il déplacerait la pollution des riches (les villes), vers les pauvres (les campagnes).

C'est surtout la question de la batterie qui pose une difficulté. Le monde devrait produire 11m de tonnes de batteries usées d'ici 2030. Or, on ne sait pas les recycler, et elles pourraient être dangereuses pour l'environnement. De surcroît, il n'est pas certain que l'approvisionnement en certains composants (par exemple le lithium, sans lequel il n'y a pas de batterie, puisque elle est au lithium...) soit durable. On nous refait le coup des déchets radioactifs ? Oubliez ces problèmes, et parions sur le génie de nos enfants ?

Principe de précaution, nous disait-on ? Et si le mal de notre société était de s'enflammer pour des idées, sans en envisager les conséquences ?

(Sources : les batteries ; les batteries et la voiture électrique.)

Platon

Le problème de Platon c'est la politique. Politique au sens grec, c'est comment bien diriger la cité. Car la cité est tout pour le Grec.

Aujourd'hui, la cité est devenue l'humanité, le problème s'appelle "développement durable", mais la question est la même.

Platon veut une science politique, autrement dit, trouver une méthode qui permette à un groupe d'hommes de décider parfaitement.

Comment les choses se passent-elles aujourd'hui ? Confrontation "d'opinions". Chacun voit midi à sa porte (le boucher ne voit de la vie que des côtelettes, et l'instituteur que des notes...), ce qui produit un conflit. Platon veut les amener à se dégager de ce fouillis pour s'élever vers les "idées". Les idées dissipent la confusion, en montrant qu'elle est une manifestation d'un phénomène unique. Point de jugement unique, qui fait consensus. C'est en s'élevant à l'idée de soleil que l'on peut comprendre pourquoi nous ne voyons pas la même heure, et comment se mettre d'accord sur une heure unique.

On pourrait y avoir une amorce de systémique. Le brouhaha vient de ce que chacun n'a pas compris qu'il occupait une fonction, et que, pour que la cité avance, il avait besoin des autres fonctions. Mais il semble que les Grecs croyaient effectivement à la réalité des idées. Ce qui ferait l'originalité de Platon ne serait pas "l'idée", mais son application à la politique. Et peut être aussi le fait que l'on y a accès par la pensée.

Un des thèmes récurrents de la pensée grecque est "l'un et le multiple". Derrière la diversité des manifestations de la vie, il y a un principe. Pythagore serait à l'origine d'une des formalisations de cette idée. D'une part, pour lui, tout aurait été une fraction (mathématique) de l'un. D'autre part, ce que nous percevons proviendrait "d'archétypes", s'exprimant en termes mathématiques (tous les triangles rectangles ont les mêmes propriétés mathématiques). Là où l'affaire se complique, c'est que Platon aurait aussi pensé que l'idée était génératrice : l'idée de justice produirait la justice.

Comment faire coller cette "idée génératrice" avec l'archétype mathématique ? Peut-être que l'on n'entendait pas mathématique au même sens qu'aujourd'hui. D'ailleurs, encore aujourd'hui, certains ingénieurs pensent ramener la réalité à quelques équations. Peut-être aussi que la pensée humaine est toujours une forme de croyance : si elle allait au fond de ses raisonnements, elle déboucherait sur l'absurde ; il est prudent de s'arrêter en chemin.

(J'ai pioché ces idées chez Lucien Jerphagnon, Histoire de la pensée. Je ne garantis pas la fidélité à l'original.)

samedi 15 juin 2019

La PME qui voulait rester petite

Qui sont les patrons de PME (10 à 250 personnes) ? se demande une étude.

Des gens plutôt au delà de l'âge de la retraite (48% de plus de 65 ans, 9% de moins de 50 ans). Et surtout des gens qui veulent que leur entreprise demeure petite. Pourquoi ? Parce que grandir entraînerait des changements qui leur font peur.

Peut-on espérer que l'économie du pays se développe ?

Empathie

J'ai eu à discuter empathie, récemment. Voici un résumé de ce que la vie et quelques livres m'ont appris sur le sujet :
  • On ne sait pas à quel point "empathie" porte bien son nom. "Empathie", c'est souffrir avec. Cela peut aller jusqu'à tomber malade, lorsque l'autre l'est. Mais sans comprendre que cette maladie n'est pas naturelle. En fait, il est possible que l'on ait une idée fausse de ce qui rend malade. La cause de bien des maladies pourrait être une forme de dépression. Elle fait que l'on ne se défend plus, et que l'on dépasse ses limites. Le corps affaibli est la proie de n'importe quel agent pathogène, que l'on croit la cause du mal. 
  • Il y a des gens dénués d'empathie (cf. pervers narcissique). La question de l'égoïsme semble liée à celle de l'empathie. 
  • L'empathie, non pathologique, est très utile : elle permet de comprendre ce que l'autre ne dit pas (et dont il peut ne pas être conscient). Les bons négociateurs doivent, certainement, avoir une forme d'empathie. 
  • Pour que l'empathie ne devienne pas une maladie, il faut prendre conscience de ses dangers. Ensuite, il faut apprendre à être à l'écoute de ses émotions. Emotion détectée, raison en marche.  Comme le fait le médecin, le diagnostic est transformé en une prescription. 
  • Il faut aussi équilibrer sa vie en fonction du stress que provoque l'empathie, probablement, avec des périodes à soi. 
  • A l'envers, de même que l'on ressent les souffrances de l'autre, on est aussi particulièrement sensible à ses joies.

vendredi 14 juin 2019

L'enseignement doit-il produire l'insatisfaction ?

Ai-je appris, ou m'a-t-on appris ? Edgar Morin "apprend à vivre" au petit homme. Quant à moi, j'ai l'impression d'avoir joui d'une certaine autonomie. J'ai certainement beaucoup absorbé de ce qui flottait dans la société, mais pas forcément ce que l'on voulait me faire absorber. En particulier, comme tout le monde, j'ai toujours eu une piètre opinion de l'enseignement français.

Pourtant, ce que j'ai tiré de tout cela, c'est ce qu'Edgar Morin appelle "l'éros". C'est à dire l'envie d'apprendre et une certaine idée de ce que doit être une pensée rigoureuse. Paradoxalement, l'école a fait de moi un autodidacte. Elle m'a transmis désir et technique d'apprentissage, mais pas donné de savoir. Elle m'a fait voir l'idéal, en me fournissant un contre-exemple.

Pingritude

J'ai découvert tardivement que la pingrerie pouvait être une pathologie. Et même une pathologie extrêmement grave. Rien à voir avec l'Avare de Molière.

Mais, ce qui est plus surprenant est que le pingre n'est pas cohérent. Par exemple, il peut dépenser beaucoup en déplacements, sans réelle nécessité. Ou être sensible au prestige d'une marque de voiture. Ou encore refuser une promotion qui aurait pu l'enrichir considérablement.

J'en déduis que nous réagissons de manière quasi automatique à certaines combinaisons de circonstances. La question de la cohérence de notre comportement est peut-être du ressort d'une fonction humaine "supérieure". Le déclenchement de cette fonction supérieure est douloureux ?

jeudi 13 juin 2019

Journalisme : métier de classe ?

D'où viennent les journalistes ? Un article de La vie des idées.

Fini l'époque de Tintin et d'Albert Londres, ou même de Jules Vallès. Pour être journaliste, il faut faire une école de journalisme. Il y a une kyrielle de telles écoles. Mais seules les "grandes" permettent d'avoir accès aux médias prestigieux. Et, pour entrer dans ces écoles, il faut passer par sciences po ou certaines classes préparatoires. Ce qui produit des "journalistes sur sélectionnés scolairement et socialement".

Cela a plusieurs conséquences :
  • La culture de l'investigation a cédé la place à celle de la bête à concours.
  • Les valeurs et les goûts de ces bêtes à concours de la haute société ne sont pas ceux du reste du marché. 
  • Le journalisme était un monde ouvert, il se ferme. D'où conflit entre anciens et modernes. 
Le journalisme : la société française en réduction, et sa crise ?

Qu'est-ce que la pauvreté ?

Et si la pauvreté n'était pas une question d'argent ? se demande Edgar Morin (La voie).
"L'entraide, la propension à créer du lien social constituent la seule mais grande richesse sociale des mondes appauvris du sud."
Le développement tel que nous le pratiquons désorganisant la société, produit donc la pauvreté, contrairement à ce que l'on pense. La richesse serait avant tout une question de culture.

Il me semble aussi que la richesse a à voir avec la capacité au développement personnel. Comme sous l'ancien régime, c'est la naissance qui détermine le développement de nos talents. Et cette aide au développement personnel est fournie, chez nous, par les services publics.

En tout cas, il serait bon de prendre cet aspect social de la pauvreté / richesse en compte.

mercredi 12 juin 2019

Femmes et argent

Pourquoi les footballeuses sont-elles sympathiques ?

Je soupçonne que c'est parce qu'elles représentent l'esprit du sport. La joie de l'amateur, qui joue pour le plaisir, et pas pour l'argent.

Là où l'argent domine, le sportif se transforme en gladiateur décérébré, en animal de concours. Logique du marché.

Anesthésie générale ?

Un dirigeant me disait que son métier était tellement aléatoire qu'il s'était habitué et qu'il ne voyait plus le risque. Quelques jours plus tard, une erreur de recrutement à un poste critique, découverte un peu tard, lui faisait craindre le pire. Branle-bas de combat, et stress massif.

Je me demande si toute notre société ne vit pas au jour le jour. Par exemple, on m'expliquait que la stratégie de Microsoft consiste à forcer ses clients à remplacer sans arrêt son logiciel. Il serait aussi en passe d'imposer son matériel. Cela coûte très cher (et ne rapporte rien). Les équipes techniques des entreprises et des administrations sont dépassées. Microsoft, à l'image de beaucoup de gens, semble poursuivre son intérêt sans se préoccuper de quoi que ce soit d'autre. Mais, au même moment, lorsque je demande autour de moi ce qui ne va pas, il ne sort rien. On maugrée par principe. Mais on est heureux. C'est probablement aussi le cas des Gilets jaunes. Ils ont protesté, on leur a donné de l'argent. Ils se sont tus. Et même aussi celui des écologistes : pour eux l'avenir du monde se limite à l'éolienne et à la batterie électrique.

Une société d'individus ne pense pas, elle n'a pas de mémoire. A l'image des USA, elle ne sait que réagir aux crises que crée son aveuglement ?

mardi 11 juin 2019

Les changements du Monde

Je me souviens d'un temps où mon père découpait les articles du Monde. Puis il ne l'a plus acheté.

Aujourd'hui, je reçois les titres du Monde. Aucun intérêt. Le Monde me fait penser à un France Culture qui voudrait ressembler à Europe 1.

Je pense qu'un autre positionnement est possible, et rémunérateur. Celui qu'avait le journal après guerre.

Edgar Morin : Enseigner à vivre

"L'école actuellement surtout pour l'adolescence n'apporte pas le viatique bien faisant pour l'aventure de la vie de chacun. Elle n'apporte pas les défenses pour affronter les incertitudes de l'existence, elle n'apporte pas les défenses contre les erreurs, l'illusion, l'aveuglement. Elle n'apporte pas (...) les moyens qui permettent de se connaitre et de comprendre autrui. Elle n'apporte pas la préoccupation, l'interrogation, la réflexion sur la bonne vie ou le bien vivre. Elle n'enseigne que très lacunairement à vivre, défaillante en cela à ce qui devrait être sa mission essentielle."
Traité anti Education nationale ? Crise de civilisation. Il faut la régénérer. Pour cela il lui faut une "méthode pour conduire son esprit". Car la façon de penser que l'on nous enseigne est nuisible.

Ce qui compte c'est désirer comprendre, et connaître. Vouloir comprendre, c'est refuser que l'autre soit incompréhensible (donc irrémédiablement différent), tout en sachant qu'une compréhension totale est impossible. Connaître, c'est prendre conscience des failles de notre mécanisme de connaissance, et les intégrer dans notre raisonnement. En particulier, la connaissance est multiple, anti spécialisation ; connaître, c'est relier le multiple.

Dans ce dispositif, le maître d'école devient "chef d'orchestre de l'organisation de la connaissance". L'étudiant cherche de l'information, le maître l'encourage et l'aide à prendre conscience de la tâche à accomplir.

Condition nécessaire au succès : "l'éros" de l'un et de l'autre : une "passion créatrice", qui est une "vocation".

Cet enseignement doit, en particulier, fonder une "éthique du genre humain". "La condition humaine (...) est à la fois individu-société-espèce". Ce qui signifie contrôle mutuel de ces trois composants. Il doit aussi faire réfléchir à ce qu'est l'identité de la France, qu'Edgar Morin voit comme une "francisation", l'adhésion à un projet commun fondé sur l'universalisme et la liberté.

Le Mexique et M.Trump

M.Trump et le Mexique trouvent un accord sur le contrôle de l'immigration. Victoire pour M.Trump ?

En tout cas, cela semble montrer que sa technique de négociation fonctionne. Il est probable, aussi, qu'il demande beaucoup pour avoir relativement peu. Ce qu'il cherche surtout, c'est de la publicité.

J'ai aussi entendu qu'il ne s'agissait pas que de migration mexicaine. En effet le Mexique ne serait qu'un point de passage pour des immigrés venus du reste de l'Amérique latine et d'Afrique. Ce qui est en jeu n'est donc probablement pas, comme on l'entendait dire, l'immigration, mais son volume.

(J'entendais dire la même chose du Brexit : l'immigration européenne en Angleterre a été réduite, mais l'immigration en provenance des colonies britanniques se maintient, car l'économie en a besoin.)

En outre, ce bras de fer aurait été, aussi, favorable au président mexicain, derrière lequel s'était alignée sa population.

En résumé, M.Trump a un comportement qui parait de moins en moins irrationnel. En outre, lui faire plaisir peut être bon pour sa popularité, à la maison... De l'art de la négociation ?

(Informations venues de diverses émissions de France Culture.)

lundi 10 juin 2019

Appel à sujets : petit traité de changement amical

Après le petit traité de manipulation, nouvelle chronique JDN : petit traité de changement amical. Je cherche des thèmes pour mes articles. Si vous désirez faire un changement et vous demandez s'il n'y a pas de technique pour cela, merci de m'en parler !

Cela commence par diriger sans harceler. (Petit traité de changement amical : diriger sans harceler.)

En réfléchissant à cette question, que je ne m'étais jamais posée, n'étant ni manager, ni managé, j'ai compris 1) qu'effectivement diriger et harceler tendaient à marcher main dans la main, et 2) que, de manière inattendue, tout tenait peut-être à une vision erronée de ce que signifie "liberté", le principe de notre société.

L'Etat doit il contrôler les grandes entreprises ?

General Electric achète Alstom, dit qu'il va conserver l'emploi, et ne tient pas parole.

L'Etat se trouve devant un dilemme : lorsqu'il gère une entreprise, il la met en faillite ; lorsqu'il abandonne sa participation, l'entreprise est acquise par une entreprise étrangère, qui la met en pièces, et rapatrie son savoir-faire chez elle. D'où perte de "facteurs de production" qui auraient dû créer des entreprises et des emplois, et qui résultent d'investissements séculaires.

Que faire ? Il semble nécessaire que l'Etat, représentant de l'intérêt général, contrôle la propriété des dits facteurs de production. En revanche, il doit se comporter comme un actionnaire intelligent. Aujourd'hui, il impose un management, de hauts fonctionnaires, inadapté, en particulier à la gestion d'entreprises industrielles (Alcatel, Alstom, Pechiney, Usinor, etc.). L'Etat doit comprendre qu'il ne doit pas imposer ses hommes et ses idées, qui sont mauvaises, mais aider l'entreprise à faire émerger en son sein les compétences de management efficaces ?

Le coming out de M.Macron

Dans un précédent billet, je me demandais si le passage à droite de M.Macron n'était pas bon pour la droite. Il y a peut-être plus évident. Elle semble se casser la tête à se transformer, alors qu'elle a une solution évidente : lui. Elle se trouverait un chef, et lui pourrait remplacer son équipe d'amateurs par des professionnels de la politique.

Mais il n'en a peut être pas besoin. Madame Le Pen étant quasiment sûre d'être présente au second tour des présidentielles, il est quasiment sûr d'être l'autre sélectionné pour la finale.

dimanche 9 juin 2019

Les limites de l'énergie solaire

Le soleil, une centrale nucléaire, nous envoie dix mille fois plus d'énergie solaire que ce que nous consommons globalement, chaque année, disait un professeur du collège de France. L'éolien ne sera que marginal, pas le solaire.

Oui, mais les panneaux solaires n'ont qu'un faible rendement, et ils ne produisent pas au bon moment et aux bons emplacements... Surtout, il n'y a que relativement peu d'endroits accessibles où l'on puisse mettre ces panneaux. Dans ces conditions, dix-mille, ce n'est probablement pas suffisant. (A cela s'ajoute le fait, qu'il faut une énergie équivalente à trois ans de production du panneau, pour le fabriquer...)

Si ce raisonnement est juste, on peut se demander pourquoi personne ne le fait. Car il signifie que nous consommons énormément, et que la transition énergétique n'est pas possible. Il signifie aussi que le modèle de pensée sur lequel est fondé notre société est à ses limites. Il y a quelque chose de radical à réinventer.

Laisserons-nous une trace dans l'histoire ?

Faut-il être un grand homme pour laisser une trace dans l'histoire ?

Sans ses parents, il n'y aurait pas eu de grand homme. Peut-être pas de Newton sans une pomme. Et ce papillon dont le battement d'ailes crée un ouragan ? Et le catalyseur qui permet la réaction chimique, sans qu'on le trouve dans le produit final ? Le changement porte souvent un nom, mais est-ce celui à qui il appartient qui a joué un rôle décisif dans sa survenue ? Et si, que nous le voulions ou non, le monde n'était pas le même avec ou sans nous ? 

samedi 8 juin 2019

Droite / gauche n'est pas français ?

Les partis politiques français traditionnels connaissent ce que Kurt Lewin a appelé la "phase de dégel" du changement. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Les Républicains sont touchés, après le Parti socialiste.

Après étouffement de leurs alliés, les (ex) socialistes et les (ex) gaullistes occupaient tout l'espace politique. Ils reproduisaient le modèle anglo-saxon : démocrates et républicains ou travaillistes et conservateurs. De potentiellement 100% de l'électorat, ils en sont arrivés à moins de 15% aux dernières élections.

Le personnel politique n'ayant pas été renouvelé, le changement ne fait que commencer. Mais c'est, avant tout, le programme qu'il faut inventer. La question que l'on peut se poser est : n'y a-t-il pas quelque chose qui ne va pas avec le concept droite / gauche à l'anglo-saxonne? Et, ce qui fait le succès relatif du couple Macron / Le Pen n'est-il pas, justement et fondamentalement, un principe mieux en conformité avec notre culture nationale ?

Girouettes et pendules arrêtées

Je me demande si l'on ne pourrait pas faire une typologie des caractères humains, et si deux types importants ne sont pas les girouettes et les pendules arrêtées.

Il est surprenant à quel point le monde de la technologie passe d'une mode à l'autre, sans se poser la moindre question. De même les anciens libéraux sont devenus protectionnistes, sans arrière pensée. Toute la stratégie de la girouette est d'être dans le vent.

A l'inverse, il y a des gens qui ne bougent pas, comme de Gaulle. Peut-être aussi les entrepreneurs. Ils ont une conviction, qui les pousse, et leur vie n'est qu'accouchement. Quand leur heure est venue, ils font le vent. Les girouettes s'alignent.

vendredi 7 juin 2019

Qu'est-ce que le bonheur ?

Une pianiste disait qu'elle n'avait pas de téléphone portable. Imaginez une vie sans portable, et sans mails, comme avant. Des vacances sans téléphone. La paix, le bonheur.

Mais, à l'époque, on ne connaissait pas son bonheur. C'est ce que je pense, en montant un escalator arrêté, ou lorsqu'une panne de la SNCF me met, une nouvelle fois, en retard.

C'est peut-être pour cela que mes parents ont été heureux. Ils ont connu un monde où l'on mourrait de tuberculose, la guerre, les dénonciations, les privations, les études impossibles à faire, etc. et, soudainement, tout est devenu amical et lumineux.

Comment ne pas oublier le passé ?

L'entreprise française investit-elle assez ?

"Depuis une dizaine d’années, l’investissement des entreprises industrielles est plus élevé en France que dans la plupart des autres pays européens (...) Pourtant, nos performances économiques en termes de compétitivité ne reflètent pas cet effort." France stratégie et la Fabrique de l'industrie publient une étude : "L'investissement des entreprises françaises est-il efficace ?"

La première question que pose ce type d'études est sa méthodologie. Car c'est une analyse de données statistiques. Les comptabilités sont-elles faites de la même façon dans tous les pays ? Et que mesure-t-on ? On compare les investissements par rapport à la "valeur ajoutée" produite par la société, et si le taux élevé d'investissement de l'entreprise française venait simplement de ce qu'elle a peu de valeur ajoutée ? se demandent les rédacteurs de l'étude.

Elle s'interroge sur une anomalie. L'entreprise française investit beaucoup en amont, en RetD, et en logiciel, l'entreprise allemande investit en aval, dans la machine et le gain de productivité. Une explication possible pourrait être la multinationale. Le siège, en France, achète du logiciel. Mais les gains de productivité sont faits dans des filiales, à l'étranger.

On peut aussi se demander si l'on n'est pas en face du paradoxe de Solow : on ne parvient toujours pas à gagner en productivité grâce à l'informatique. Les Allemands placent leur investissement là où il rapporte, et nous, dans des rêves ?

jeudi 6 juin 2019

Comment ne pas répéter le passé ?

Ce qui me frappe est que l'on n'arrête pas de répéter les mêmes erreurs. En particulier, tout ce qui avait été mis en place après guerre pour empêcher que les mêmes causes ne produisent des effets encore plus violents a été démantelé.

La "vaccination sociale" ne pourrait-elle pas marcher ? Placer les nouveaux venus dans des situations qui ont mal tourné, dans le passé. Mais dans une version très atténuée des événements.

Comment l'écologie explique le bien et le mal

L'écologie est probablement un bon exemple des conflits que provoque la façon dont nous envisageons la conduite du changement aujourd'hui.

Jadis, l'écologie était un problème compliqué. Elle s'attaquait, en quelque sorte, à l'Histoire, à la civilisation. Le progrès humain était fondé sur un principe nocif. La création venait de l'auto destruction de l'homme par l'homme. Ce qui expliquait la pauvreté des pauvres et la souffrance psychologique des riches. C'est la question de "l'aliénation". Il y a quelque chose quelque-part dans notre raison qui a pris le pouvoir sur nous et qui fait notre malheur. Affaire compliquée : nous sommes tous coupables. Et, pire, nous ne savons pas par quoi...

Aujourd'hui, les choses sont beaucoup plus simples. L'écologie s'est réduite au réchauffement climatique, et il suffit pour l'éliminer d'utiliser de l'énergie renouvelable. Voilà qui suscite les enthousiasmes. Mais rien ne se passe. Seule explication possible : l'arriération. Moi écologiste, je suis le bien, l'autre est le mal.

Seulement, qui est contre l'écologie ? Personne ! Nous voulons tous vivre heureux et produire une humanité durable. "L'autre" n'existe pas. Ce qui bloque le changement, ce n'est pas le rejet de notre désir. C'est la façon implicite dont nous pensons le réaliser. Il se heurte à des impossibilités physiques.

Cette logique bien / mal apparaît immédiatement dans la première conversation que l'on a avec quelqu'un qui envisage un changement. Il croit que l'on résiste au pourquoi, alors que le comment qu'il envisage est impossible.

Guerre commerciale : arroseur arrosé ?

M.Trump joue-t-il à l'arroseur arrosé ? Ses guerres commerciales ne vont-elles pas se retourner contre lui, contrairement à ce qu'il croit ? (Une analyse d'économiste.)

Qui peut se mettre dans la tête de M.Trump ? En a-t-il une ? En tout cas, la logique d'une guerre commerciale, ce n'est pas cela. Il est évident qu'elle coûte cher. Son objectif n'est pas à court terme, mais à long terme. Ce que semble révéler la crise actuelle est que les échanges ne sont plus équilibrés. Tous les pays ne respectent pas les règles, implicites, du commerce international. En particulier, il y a destruction de "facteurs de production" dans certains pays. De plus, la guerre commerciale, en augmentant ses coûts d'importation, force l'industrie locale à trouver des solutions de contournement. Elle met en lumière les dépendances critiques. Toute la "supply chain", la grande innovation des dernières décennies, se réorganise.

Finalement, M.Trump semble se moquer des coûts de sa politique protectionniste : il compense les perdants en creusant son déficit, dont il se rit.

(Le déficit semble revenir à la mode : M.Macron, lui aussi, a employé cette méthode, pour circonvenir les Gilets jaunes.)

mercredi 5 juin 2019

Economie platonicienne

La monnaie n'a pas de valeur. Les économistes, en particulier les monétaristes, mais aussi Keynes, ont vu que la monnaie était un système d'alimentation, physiologique, de l'économie, susceptible à des maladies. Du coup, ils ont abordé la question de manière de plus en plus empirique, en s'éloignant de plus en plus de l'intuition commune.

Il y a quelque chose de Platon dans cette histoire. Nos impressions ne sont que confusion. Pour arriver à agir juste, il faut parvenir à s'en dégager.

Les vertus premières du dirigeant

Qu'est-ce que vos futurs employés vont attendre d'un dirigeant ? Demandé-je à un entrepreneur.

Ce que je demandais à mes dirigeants : des convictions. Le dirigeant girouette effraie ses salariés. C'est l'annonce du chômage. Il ne faut pas se laisser distraire par des idées faussement séduisantes, comme l'entreprise libérée.

Faut-il comprendre un criminel ?

Edgar Morin pense qu'il faut essayer de "comprendre" un criminel. (Ce qui ne signifie pas pardonner ou absoudre.)

Pourquoi ? Parce qu'un être humain est multiple et ne peut se réduire à une dimension, criminel, polytechnicien ou homosexuel, par exemple. Parce que les situations sont déterminantes. Mais surtout parce que ce "réductionnisme" est le poison qui provoque la haine et détruit les sociétés.

mardi 4 juin 2019

M.Macron président de Neuilly ?

Décidément, j'ai toujours tort. Je pensais que M.Macron disposait d'un socle de sympathisants. En gros ceux qui ont de belles places dans l'entreprise et ont des idées "socialement avancées". Faux : il y a eu migration d'une courbe de Gauss légèrement centrée à gauche, vers une droite qui n'a pas peur de l'extrême, avec une représentation étonnante, et dominante, chez les personnes âgées, et dans les beaux quartiers. L'électorat jeune et dynamique est parti chez les écolos.

En fait M.Macron a adopté la stratégie de M.Wauquiez ! Du coup, cela pourrait ouvrir un boulevard au successeur de ce dernier, pour peu qu'il se recentre. (Article de Politico.)

(N'est-ce pas aussi une chance pour la gauche, si elle parvient à sortir de son intellectualisme éthéré et à reprendre pied dans la réalité de l'homme moyen ?)
(Détail amusant : le déplacement de l'électorat de M.Macron rappelle ce qu'écrit Anne Fulda, biographe de M.Macron, qui le décrit comme un séducteur de personnes âgées.)

Graphique tiré de l'article ci-dessus :


Macron 2017                                         
Chart
Renaissance 2019
Chart
SOURCE: Ipsos France

Paix d'avance ou guerre de retard ?

La France a-t-elle toujours une guerre de retard ?

Quant on considère l'histoire récente, on peut se demander si elle n'avait pas plutôt une paix d'avance. Seulement, dans ce domaine, on ne peut pas être en avance quand tout le monde est en retard. Il ne faut pas se mettre en retard, mais tenir compte du retard des autres pour qu'il ne compromette pas son avance. D'ailleurs, tout le monde peut profiter de la dite avance.

Peut-être que la France n'a pas su se donner la classe dirigeante qu'elle méritait. Ceux d'en bas sont porteurs de la paix, ils ne peuvent que dire que ça ne va pas.

Qui sont les Gaulois ?

"Ces gaulois mythiques sont des hommes libres qui résistent à l'invasion romaine, mais qui acceptent l'acculturation dans un empire devenu universaliste après l'édit de Caracalla. Dans la francisation, les enfants reçoivent de bons ancêtres, qui leur parlent en même temps de liberté et d'intégration, c'est à dire de leur devenir de citoyens français." dit Edgar Morin dans Enseigner à vivre, au sujet des Gaulois dont parlait l'école de la 3ème République.

En disant "nos ancêtres les Gaulois" nos ancêtres étaient-ils moins ridicules qu'on a voulu nous le faire croire ? Le Gaulois, "libre et universaliste", toute l'identité de la France ?

lundi 3 juin 2019

Petit traité de manipulation

En 2012, j'ai publié des billets sur la psychologie de la manipulation : "petit traité de manipulation". Pas de but bien défini, sinon être un peu plus amusant que d'habitude. Puis, encouragé par Hervé Kabla, et par un certain intérêt, j'ai repris ce thème pour le JDN, en 2014. Je viens d'achever une seconde série par la question de la post vérité. (Article.)

J'ai découvert "l'influence" par le biais des travaux d'économie comportementale. L'économie classique, et la société libérale moderne, reposent sur le présupposé d'un homme d'une rationalité parfaite. Une série d'expériences frappantes montre qu'il s'agit d'un mythe.

Il m'a fallu des années pour comprendre que j'étais concerné. Ces techniques sont le propre d'une société "libérale" (i.e. qui présuppose que la société est faite d'individus indépendants les uns des autres, sans lien social). Quant on cherche à satisfaire ses désirs immédiats, on trouve nécessairement les points faibles de l'autre ou de la société. Et quand c'est la dite société qui s'y met, dans son ensemble, le pauvre individu n'a pas grande chance d'y échapper, d'autant qu'il a commencé par être un bébé...

Première piste, après abattement : reconstruire localement un réseau de liens sociaux fondé sur la confiance. On tombe, de manière inattendue, sur la question de la résilience. Et, de manière encore plus inattendue, sur le fait que la première personne en qui on doit avoir confiance, c'est nous. Ce qui amène à se demander : qui suis-je ? En quoi ai-je une valeur unique pour un autre ? Dans quelles conditions peut-on me faire confiance ?

Libéral Macron

Les élus européens du parti de M.Macron ont adhéré à l'ADLE, l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe. Que veut dire "libéral "?
  • A l'origine du parti européen, on trouve les noms de Valéry Giscard d'Estaing et de Simone Veil, ainsi que de François Bayrou. Le parti est au centre du parlement européen. 
  • Libéral aux USA signifie démocrate. En France, capitalisme extrême. 
  • Le dictionnaire dit, notamment, "le libéralisme préconise la libre concurrence, la liberté des échanges et du travail". Et aussi : "Voir capitalisme (privé), individualisme".
Ce qui semble surnager de l'action de M.Macron c'est, dans le public et le privé, des réformes du droit social. Le credo ultime du libéralisme serait-il que la société, et ses lois compliquées, est un obstacle à la prospérité ? Si c'est le cas, les partis centristes sont-ils aussi modérés qu'on veut bien le dire ?

On ne pense plus

Il est possible que les énergies "propres" soient, pour de simples raisons quantitatives, incapables de remplacer les énergies traditionnelles (à moins de réduire radicalement notre consommation).
Sait on recycler les batteries électriques ? En en faisant un emploi systématique, ne va-t-on pas vers un désastre écologique majeur ?...
Et si l'écologie et ses solutions étaient instrumentalisées par quelque lobby obscur ?
Un problème parmi beaucoup d'autres du même type.

"On" ne pense plus. Dans une société basée sur l'individualisme, il n'existe pas de dispositif transversal qui se préoccupe de l'intérêt du groupe.

dimanche 2 juin 2019

Michel Serres et la bombe

Hiroshima a fait du marin Michel Serres un philosophe. Je l'entendais dire ce matin.

Cette bombe a été une prise de conscience pour beaucoup de gens de l'époque. Et en particulier les scientifiques. Nous allions vers la catastrophe. Et cela parce que, fascinés par les succès de la physique, nous avions fondé le progrès sur les présupposés, anti naturels et humains, de la physique. Prédiction auto réalisatrice qui nous annonçait la liquidation de l'espèce humaine.

Il fallait remettre la pensée humaine sur des bases saines. Il fallait prendre le contre-pied de la physique. Il fallait étudier système et complexité.

Qu'en reste-il aujourd'hui ? Le confort des Trente glorieuses a endormi les craintes. Même les écologistes ne rêvent plus que d'éoliennes, autrement dit de géo ingénierie. Tout le combat de la Silicon Valley, dont notre start up nation est une pale suiveuse, est celui de la technologie contre l'homme. Avec pour conséquence le triomphe de l'artificiel ! Et l'on n'a plus de Michel Serres que l'image d'un aimable papy.

Altérité et transcendance

Que dit vraiment Emmanuel Levinas ? Je ne suis pas sûr que je le saurai un jour. Il est même possible que ce soit le thème de son oeuvre.

Tout pourrait reposer sur une idée très simple. Cette idée renverse les principes mêmes de notre pensée ("notre" à un sens qui dépasse "occident"). Pour lui, la transcendance et l'infini sont ici et maintenant. Ils se trouvent dans le mouvement vers l'autre, inatteignable (infini), puisqu'il est impossible de définir exactement quelqu'un, de le connaître. Il n'y a ni temps, ni espace.

En comparaison, les pensées traditionnelles sont extrêmement compliquées, tirées par les cheveux.

Dans la plupart des pensées ou religions, la vie est un voyage en solitaire. L'homme se trouve (transcendance) en allant vers Dieu, ou vers le principe de l'univers, qui sont soit "au dessus", soit dans l'au delà. C'est le cheminement conscient d'un "virtuose" (un saint, un mystique...). Quant à la société, c'est généralement un contrat entre personnes raisonnables. Ici, la transcendance consiste dans l'élan pour aider l'autre. Nous naissons avec cette responsabilité. Elle est antérieure à la raison. Dieu, c'est l'autre, chaque homme dans toute sa singularité, et il nous a élus, nous les humbles, les ordinaires et les sans grade.

Tout le livre ne paraît qu'application de cette idée à différents problèmes (de la pensée de Plotin, aux droits de l'homme), voire poésie.

Exercice gratuit ? Plaisir intellectuel ? Je soupçonne que la philosophie n'est pas coupée de la pensée commune. Elle ne fait que l'exprimer avec ses mots. Et que ce que dit Emmanuel Levinas de la nôtre est qu'elle est celle d'individualistes irresponsables, et grossiers (de ploucs ?). Mais qu'en sais-je ?

Le trumpisme des démocrates

Trump a changé le parti démocrate. Trump a écrit les nouvelles Tables de la loi du succès en politique. Les démocrates cherchent, avec l'énergie du désespoir, comment devenir des Trump de gauche. Trump est l'obsession et la fascination des démocrates.

Cela ressemble à un phénomène que j'ai noté il y a longtemps. Lorsque l'on admire quelqu'un (par exemple le meilleur élève de la classe), on tend à copier ses défauts. (Ce qui a une certaine logique : ce qui fait le succès est propre à l'individu, incopiable.) Ainsi, le candidat démocrate se met à twitter sans arrêt, n'importe quoi, et désormais se fiche des comptes de la nation. Au contraire aucune promesse n'est trop irresponsable.

C'est peut-être ce qui fait la force des champions. La fascination qu'ils exercent sur nous paralyse notre raison, et nous expédie dans les décors.

samedi 1 juin 2019

Le cercle des hommes politiques disparus

On aurait retrouvé David Cameron. Il serait avec François Fillon. Tous les deux seraient des conseillers d'Afiniti, spécialisé en Intelligence Artificielle. Un autre conseiller serait un certain Lord Browne, ancien PDG de BP, qui en a démissionné suite à un scandale. (De mauvaises langues reprochent à sa gestion d'être à l'origine d'une série d'accidents violents.)

Le puissant est immortel ? L'ordinateur et l'artificiel ne sont pas encore parvenus à éliminer tous les hommes ?

Guys and dolls

USA années 30. Le monde des (petits) gangsters.

Des nouvelles pleines d'humour, dont beaucoup ont fourni l'argument de films célèbres. Tout le talent de Damon Runyon est dans l'invention d'un langage cocasse, de formules et de personnages qui reviennent de nouvelle en nouvelle, et de situations qui ne manquent pas de finesse.

Cette société n'obéit pas aux lois de la société. Et pourtant, elle a un code de l'honneur extrêmement exigeant. Et peut-être que la morale y est moins hypocrite qu'ailleurs ?