samedi 30 novembre 2019

Nonsense literature

Lors d’une promenade un imprudent moustique 
Fut piqué au mollet par une affreuse tique. 
Il porta plainte au tribunal 
Et il nota dans son journal 
Que son cas méritait un traitement drastique.

Voilà un Limerick du professeur Suhamy.

Le Limerick est un exemple de "Nonsense literature", anglais.

Avons-nous un équivalent ? Boris Vian ou Ionesco ne sont qu'apparemment absurdes. Leurs textes cachent un sens. Peut-être cet absurde se rapprocherait-il plutôt des grosses blagues, des grosses caricatures, par exemple des dialogues d'Audiard ?

Bergson, dans Le rire ? Le rire nous dit que nous sommes ridicules lorsque nous nous perdons le contact avec la réalité, lorsque nous nous prenons au sérieux. Le "Nonsense" aurait-il un sens, après tout ?

Justice et liberté

Pierre Rosanvallon dit que notre société doit se "complexifier". En particulier, elle devrait envisager la possibilité pour les citoyens de saisir des "cours suprêmes", comme aux USA. Cela donne au citoyen le pouvoir de modifier les lois.

N'est-il pas dangereux que la justice domine la politique ? Et peut-on faire confiance à ces juges, nommés, et inamovibles ?

Jusque-là, je pensais cette idée trop américaine pour être honnête. Mais il est possible que j'aie tort, et que, en particulier, le dispositif soit assez résilient :
  • Les juges sont nommés par un processus relativement complexe, sur suggestion du président mais sur vote du parlement. 
  • Ils décident à la majorité, mais l'opinion minoritaire est aussi connue. Ce qui permet de savoir ce qui s'est passé lors des débats de la cour. 
  • Tocqueville en pensait le plus grand bien. Surtout, il notait que la Cour Suprême intervenait en dernière instance, après une succession de jugements faits par des cours de plus bas niveau. Ainsi, l'opinion avait-elle le temps de mûrir. Le processus était long. 

Première victime du réchauffement climatique : Mercedes

Mercedes annonce qu'il va licencier des milliers de personnes, dont un dixième de ses cadres de façon à "payer les énormes coûts du développement de la voiture électrique".

Ce qu'il y a de curieux dans cette affaire, c'est que la voiture électrique semble poser énormément de problèmes (environnementaux) que l'on ne sait pas résoudre, pour des gains qui ne sont pas gigantesques. C'est un peu "Nucléaire, saison 2". N'y avait-il pas des solutions plus intelligentes ? Quelqu'un s'est-il posé la question ?

Cela pose, surtout, la question de la façon dont notre société prend ses décisions. Des lobbys manoeuvrent les opinions et les gouvernements qui édictent des lois, que l'industrie doit appliquer. Tout cela se veut développement durable mais ce n'est pas ISO2600. En effet, ce processus de décision n'inclut pas les parties prenantes capitales dans ce dossier.

vendredi 29 novembre 2019

Martine prend sa retraite

A 69 ans, Martine Aubry se présente à nouveau aux élections municipales. Est-ce cohérent avec le combat qu'elle a mené, et gagné, pour réduire la durée du travail ? Son principe n'était-il pas : place aux jeunes ?

J'imagine qu'elle doit penser qu'elle est l'exception qui confirme la règle. Elle est plus compétente que ses concurrents. Il manquerait quelque-chose au monde si elle n'était pas maire de Lille, alors que ce n'est pas le cas pour un chercheur ou un coiffeur.

Bien sûr, l'électeur peut en décider autrement. Et si l'on généralisait ce principe ? Et si l'on donnait un revenu minimum aux personnes dont la société peut se passer ?

Audiovisuel public

Je n'ai jamais possédé de télévision, j'y suis allergique. J'écoute exclusivement France Musique et France Culture. Depuis quelques jours, elles sont en grève.

Avons-nous besoin d'un audiovisuel public ? me suis-je demandé.

En dehors de mon confort égoïste, et en dépit de pas mal de réflexions, je n'ai pas trouvé une raison qui prouve leur nécessité. En revanche, il semble curieux que la société, dans son ensemble, subventionne ce qui n'intéresse qu'une minorité, dont je suis.

Pourquoi avons-nous un audiovisuel public, alors ? Par habitude ? Une sorte de réserve naturelle ?...

jeudi 28 novembre 2019

Comment faire baisser le prix du mètre carré à Paris

La mairie de Paris, curieusement, semble reprendre une des idées de ce blog : un moyen de réduire le prix de l'immobilier à Paris est de proposer l'immobilier de la ville à un prix inférieur à celui du marché. Ce qu'elle a fait. (Le Parisien.) Sera-ce efficace ?

Probablement pas pour faire tomber les prix. En effet, il va y avoir sélection des acquéreurs à prix bas, selon leur niveau de revenus. Et leurs revenus ne leur auraient probablement pas permis de jouer au jeu de l'offre et de la demande parisienne. En outre, il n'y aura que 500 appartements en vente.

Cependant, cela peut être utile aux acquéreurs retenus, en les rapprochant de leur lieu de travail, par exemple. Encore faut-il voir comment ils sont sélectionnés.

En fait, une stratégie systémique pourrait me faire mentir. Imaginons que la mairie sélectionne des personnes peu fréquentables, et qu'elle les dissémine dans Paris. Voilà qui aurait un effet sur les prix de l'immobilier que la théorie économique n'a pas prévu.

Journalisme français, journalisme étranger

La Croix interroge Stefan de Vries, un journaliste néerlandais : comment le journalisme français est-il vu de l'étranger ? (Vidéo.)

J'interprète ainsi ses propos : le journaliste français est un lâche. Il crie fort, mais il est à la botte des puissants. C'est unique en Europe. Une explication de ce fait, que j'entends dans cette interview, est que son emploi est particulièrement précaire, et qu'il y tient.

Mais la véritable question n'est pas là. Le journaliste étranger semble être ferme dans sa déontologie. Qu'est-ce qui lui donne ce courage ?

mercredi 27 novembre 2019

Fabienne Kabou

France Culture parlait de l'affaire Fabienne Kabou. Elle a laissé son enfant sur une plage pour qu'il soit emporté par la marrée. Ce que ceux qui la jugent semblent retenir est qu'elle est belle, noire et très intelligente (le QI d'Obama).

On apprend aussi qu'elle entendait des voix, qu'elle a accouché seule, chez elle, qu'elle n'avait pas déclaré son enfant, et qu'elle se croyait possédée par le vaudou, et qu'elle a demandé aux juges de l'aider à comprendre ce qui lui était arrivé. En dépit de la présence de psychologues, cela ne semble pas avoir été retenu.

Quant à moi, cela m'a rappelé les cas de phobies dont parle Christophe André. Définition même d'aliénation : une idée s'empare d'un homme, et en fait son esclave. Etait-ce un cas pour la justice, ou pour la science ?

Le défi stimule l'intellect ?

Nouveau jeu. Démontrer que ce que l'ordinateur quantique est le seul a pouvoir faire, est aussi possible de manière traditionnelle.

Un de mes collègues, à une époque, voulait concevoir un algorithme qui améliore l'efficacité de tournées de livraison. A chaque fois que l'algorithme semblait mieux faire que les hommes, ceux-ci le dépassaient. Mon collègue a fini par jeter l'éponge. Mais, sans lui, jamais l'équipe des planificateurs n'aurait été aussi performante...

Le défi stimule le génie humain ? Une forme de concurrence a des vertus ?

mardi 26 novembre 2019

Le pont qui tombe

Un pont s'effondre, la semaine dernière. Apparemment un camion de cinquante tonnes a voulu l'emprunter alors qu'il était interdit au plus de 19 tonnes. On s'interroge sur les causes du drame. (Le pont avait été contrôlé il y a peu de temps.)

Un expert, qui a écrit un rapport sur la vétusté de nos ponts, voit ici une confirmation de son diagnostic.

Plus curieusement, des riverains disent qu'il n'est pas rare que de gros camions empruntent le pont... Bizarre que le pont soit tombé cette fois, alors que cela n'avait pas été le cas avant ? Preuve de vétusté ?

Peut-être que l'expert aurait du joindre à son étude des ponts, celle des Français ?

(Le Monde.)

L'Occident ou l'esprit d'Athènes ?

La Chine subira le sort du Japon ? Après l'euphorie, le repli ?

Elle joue à un jeu qui est celui de l'Occident. Il lui manque l'essentiel pour gagner : l'esprit.

Thucydide parle bien de cet esprit. Dans La guerre du Péloponnèse, Athènes joue seule, en fait. Dos au mur, elle fait preuve de ressources invraisemblables. Le triomphe lui est fatal.

L'Occident, c'est "greed and fear". Il a fait la fortune du Japon et de la Chine. C'était un moyen de s'enrichir sans effort. Maintenant que la Chine est puissante et le menace, il va devoir se réveiller. Alors la Chine, dégoûtée par un jeu absurde, se refermera ?

C'était la minute de prospective.

lundi 25 novembre 2019

Le blues de l'usager de la SNCF

Les dix dernières alertes reçues au 22 novembre dernier, concernant ma ligne de train, sur un peu plus d'un jour.
  1. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie ralenti Le trafic est ralenti entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Motif : préparation tardive des rames. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 22/11/2019 à 09:28
  2. Ligne J : Boissy l'A./Pontoise-St-Lazare 18-29/11 Période : toute la journée du lundi au vendredi. Dates : du lundi 18 au vendredi 29 novembre Les horaires et la desserte des trains entre Boissy-l'Aillerie / Pontoise et Paris Saint-Lazare sont modifiés. Pour plus d'informations, cliquez ici pour télécharger l'affiche PDF. Les horaires du calculateur d'itinéraire tiennent compte des travaux. Motif : travaux de maintenance. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 14:25
  3. Ligne J : ralenti Le trafic est ralenti entre Paris Saint-Lazare et Mantes la Jolie via Poissy. Motif : incident affectant la signalisation à Houilles Carrières sur Seine. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 11:13
  4. Ligne J : ralenti Le trafic est ralenti entre Paris Saint-Lazare et Ermont Eaubonne et entre Paris Saint-Lazare et Mantes la Jolie via Poissy. Motif : bagage oublié à Paris Saint-Lazare et incident affectant la signalisation à Houilles Carrières sur Seine. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 10:24
  5. Ligne J : fortement ralenti Le trafic est fortement ralenti sur l'ensemble de la ligne. Motif : bagage oublié à Paris Saint-Lazare. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 09:34
  6. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie perturbé Le trafic est perturbé entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Des suppressions, ralentissements ou modifications de dessertes sont à prévoir. Vérifiez si votre train circule sur : - Appli SNCF : rubrique Gares/Arrêts - Transilien.com : rubrique Prochains Départs Motif : incident affectant la signalisation à Houilles. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 08:38
  7. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie perturbé Le trafic est perturbé entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Des suppressions, ralentissements ou modifications de dessertes sont à prévoir. Vérifiez si votre train circule sur : - Appli SNCF : rubrique Gares/Arrêts - Transilien.com : rubrique Prochains Départs Motif : incident affectant la signalisation à Houilles. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 07:58
  8. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie ralenti Le trafic est ralenti entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Motif : incident affectant la signalisation à Houilles. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 07:37
  9. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie perturbé Le trafic est perturbé entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Des suppressions, ralentissements ou modifications de dessertes sont à prévoir. Vérifiez si votre train circule sur : - Appli SNCF : rubrique Gares/Arrêts - Transilien.com : rubrique Prochains Départs Motif : incident de signalisation à Houilles. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 07:02
  10. Ligne J : St-Lazare - Mantes-la-Jolie ralenti Le trafic est ralenti entre Paris Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie via Poissy. Motif : incident affectant la signalisation à Houilles. SNCF Transilien Dernière mise à jour des informations : 21/11/2019 à 06:58
C'est de plus en plus souvent comme cela. 
Pourrais-je arriver à l'heure à mon rendez-vous ? La SNCF ne répond de rien.
Est-ce normal ?

L'esprit du capitalisme : la liberté ?

En cinquante ans la façon dont l'entreprise est gérée a changé. Après guerre, on installait des machines de plus en plus performantes. Maintenant, on réduit la masse salariale des couches basses de l'organisation. De l'innovation au licenciement. Ce qui est agréable au dirigeant, qui n'a plus à faire preuve de génie. Là où il y a de la gêne...

Ce qui n'a pas changé, ce sont les dirigeants, justement. Ce sont des salariés, des diplômés. Mais, maintenant, ils sont ultra riches. Ce sont les grands bénéficiaires de leur stratégie de réduction de masse salariale. Non seulement ils se sont débarrassés des salariés d'en bas, mais aussi des entrepreneurs.

Ce n'est plus le capitalisme d'entrepreneurs de Marx, donc. Est-ce encore le capitalisme ?

Et si tout ceci, le capitalisme en particulier, n'était que le résultat de l'esprit de notre démocratie, qui est la liberté ? L'homme libre refuse les contraintes, la gêne, il exploite les failles du système. Le jour où la réduction de coût ne fonctionnera plus, le génie collectif se remettra en action ?

("Liberté négative", faut-il lire ici. La liberté négative est la liberté par refus des contraintes. Il existe un autre type de liberté. C'est celle des philosophes. Elle consiste à se libérer de l'erreur. Celle-ci demande un parcours d'apprentissage (cf. le "roman d'apprentissage"). Elle est donc incompatible avec une absence de contrainte. En fait, la "liberté négative" produirait l'inculte, l'animal.
A moins qu'elle n'ait aussi des conséquences imprévues...)

Vive la contrainte !

Il est interdit d'interdire, nous a dit la gauche. Déréglementez et vous verrez ce que vous allez voir, nous a dit la droite.
Et voilà que l'on nous parle maintenant des mérites de la contrainte. La vie n'est qu'un éternel recommencement ?

A moins qu'il ne soit utile ? Après tout, avant d'avoir rencontré la SNCF actuelle, la ponctualité des trains me semblait une loi de la nature.

dimanche 24 novembre 2019

J'accuse Internet (et sa gratuité)

L'attaque de Facebook par le fondateur de wikipedia nous rappelle que certaines autorités morales affirment que la gratuité est le vice d'Internet. Si Facebook, par exemple, était payant, il n'aurait pas besoin d'espionner notre intimité, pour en tirer de quoi nous faire chanter.

Le modèle wikipedia est un modèle intermédiaire. C'est celui de l'Eglise. La puissance de l'Eglise vient du nombre de ses fidèles. Mais ses finances sont alimentées par la charité d'une minorité. Et le modèle est d'autant plus efficace que ses coûts sont faibles, puisqu'il n'y a pas de "plus value" empochée par les propriétaires du système.

Un autre modèle est celui de l'Etat ou du bien public. Il est identique à l'Eglise, en termes de coûts, mais c'est la communauté dans son ensemble qui le finance, selon ses moyens. Ce qui améliore les chances que le dispositif serve l'intérêt général (la minorité charitable ayant rarement des intentions très chrétiennes...). Mais il est plus difficile à mettre en place que les autres systèmes, qui dépendent de l'initiative individuelle.

USA de John dos Passos

Livre parfois présenté comme un chef d'oeuvre du vingtième siècle. Les USA avant et après la première guerre mondiale. Quinze cents pages. Mélange d'histoires entremêlées, de titres de journaux, de biographies d'hommes célèbres, dramatiques et fort peu rigoureuses, de considérations personnelles. Le tout dans un style qui ressemble à une pensée enfantine, qui se veut poétique par le refus des conventions d'écriture.

Il y a le peuple, miséreux, mais que l'on ne voit jamais, une poignée de gens qui sacrifient leur vie à sa défense, qui rêvent d'URSS et de communisme, et qui de prison en privation, se détruisent, et le reste, qui est absorbé par le système, qui le détruit, moralement et physiquement.

John dos Passos a fini sa vie en soutenant Nixon... Contrairement, à ce que laisserait entendre son nom d'immigré, c'était un enfant de riche. Il a fait un tour d'Europe avec un tuteur, et des études à Harvard. Alors, faut-il voir en USA une description anthropologique des USA, ou, plutôt, un témoignage sur l'évolution intellectuelle d'un membre de la grande bourgeoisie ?

samedi 23 novembre 2019

Le QI de l'enseignant

Jadis, l'instituteur était sélectionné au moment du certificat d'études : c'était le premier du canton.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'enseignement est un choix par défaut. C'est une conséquence de sa "massification". Mais personne ne s'est demandé ce que cela signifiait.

En fait, les connaissances qui s'enseignent ne demandent pas un QI élevé. Elles sont anciennes et usées. En revanche, ce qui compte est la capacité à les faire appréhender efficacement à l'étudiant.

En conséquence on pourrait, presque, dire que le bon enseignant n'est pas celui qui est naturellement doué pour le savoir, mais, au contraire, celui qui ne le trouve pas naturel.

On devrait, aussi, chercher un moyen de simplifier l'accès à la connaissance.

Les dangereuses certitudes de la science ?

On découvre que le cerveau ne fonctionne pas comme on le croyait. Il ne réagit pas qu'aux signaux extérieurs, mais aussi aux mouvements du corps. Il mélange les uns avec les autres pour en tirer des informations, des enseignements, et des décisions. Faute de l'avoir compris, on croyait que ces signaux venus du corps étaient du bruit. On découvre aussi que les conditions de l'expérience produisaient de sacrés biais dans ses résultats. (Article de Quanta.)

C'est curieux, mais le scientifique semble faire toujours la même erreur. Il pense que la réalité se limite à ce qu'il voit. Et, de là, il en déduit ce qui doit évidemment être. Ce qui cause des désastres.

Et si le scientifique se mettait à penser qu'il ne sera jamais omniscient, et que ce qu'il ignore compte beaucoup plus que ce qu'il sait ? En quoi la science en serait-elle changée ?

vendredi 22 novembre 2019

Blues de la SNCF

L'autre jour, j'ai pris un train pour aller à un rendez-vous, à Paris. Premier arrêt. Il ne repart pas. Un problème de portes. Une demi heure plus tard, les passagers étaient sur le quai. J'avais raté mon rendez-vous. J'ai pris le train en sens inverse. Heureusement, il marchait.

Une des causes du blues de la SNCF ? Le personnel se retrouve dans un environnement dysfonctionnel. Mais la direction n'en tient pas compte et continue à le bombarder d'ordres auxquels il ne peut pas obéir ?

Cela m'a rappelé l'histoire de Christian Kozar et de la RATP. Il avait été appelé parce que les agents de la RATP se plaignaient de l'insécurité de leur travail. Il a attaqué de front les dealers et les taggers. Et il a surtout découvert que les employés de la RATP étaient laissés à eux mêmes.

Cela s'appelle le management...

Science dévoyée ?

Depuis des années, je reçois les "research news" de l'université de Cambridge. Déçu. Pourquoi ?

Parce qu'elles ne parlent que de questions à la mode, "de société". Intelligence artificielle ou développement durable, ou encore merveille de la collaboration de l'Université avec un laboratoire pharmaceutique, par exemple.

Or, pour moi, la recherche doit être "fondamentale". Les modes sont "non rationnelles", comme le montre la science !, parce qu'elles sont l'objet de multiples phénomènes (dont des rapports de force, ou, au contraire, un souci d'éviter le conflit) sans rapport avec l'objet de la science, la recherche de la vérité.

jeudi 21 novembre 2019

Le paradoxe Lubrizol

L'autre jour, un agriculteur victime de l'incendie de l'usine Lubrizol disait à la radio que l'Etat aurait dû permettre beaucoup plus tôt la reprise des ventes de lait, puisque les analyses de l'environnement montraient qu'il n'y avait pas de risque.

Où l'on voit les difficultés de gouverner un pays. Car, au même moment, le reste de la population se disait pas du tout rassurée par les dites analyses. Le gouvernement a donc fait jouer le principe de précaution.

Il se trouve que les pertes des agriculteurs sont en cours de compensation. Et ce par Lubrizol. Or, non seulement il n'est pas certain que Lubrizol soit en cause, mais la justice n'a rien dit. Contrairement à l'Etat, Lubrizol aurait-il fort bien réussi sa communication de crise ?

Le cas Picard

France culture avait rassemblé des historiens pour parler de l'affaire Dreyfus et du film de Roman Polanski. Il en ressort que le film est très bien fait.

Mais certains historiens lui ont reproché de parler de Picard, et pas des femmes du procès, qui ont été bien plus héroïques que lui.

Cela fait bien longtemps que je lis et relis l'histoire de cette affaire (un de mes livres d'enfance en parle déjà), et je l'ai fait une nouvelle fois, au hasard de wikipedia.

Le colonel Picard est un des plus brillants, et appréciés, officiers de l'armée. Sa carrière est rapide. Il est antisémite (comme beaucoup de gens, en ces temps, y compris Juifs). L'armée, alors, est une religion. Et pourtant sa conscience se révolte. Conséquence : non seulement sa carrière est finie, mais il est mis en prison.

Exemple même des mystères du changement : comment parvient-on à remettre en cause ce qui nous constitue ?  A penser en dehors de nous-mêmes ?

(Comment peut-on être Juif et antisémite ? Peut-être de la même façon que l'on est bourgeois et anti-bourgeois - i.e "bohème", ou homme blanc et anti- (vieil) homme blanc, ou homme et dénonciateur des méfaits de l'homme... C'est l'inverse du changement à la Picard : une contradiction qui confirme le statu quo.)

Que fait un dirigeant ?

Quelles sont les fonctions d'un dirigeant ? Après pas mal de réflexions, il me semble qu'elles sont au nombre de trois :
  1. La construction de la "gouvernance" ou "contrôle de gestion". Le dirigeant doit mettre en place un dispositif qui lui permet de savoir ce qui se passe dans son entreprise, et, qui, lorsqu'il prend une décision, qu'elle donne les effets voulus. (C'est une question qui concerne beaucoup plus les hommes et leur culture, au sens anthropologique, que les chiffres.)
  2. La stratégie. 
  3. Les "gros coups". 

mercredi 20 novembre 2019

Le cas Polanski

Il y a quelque chose de curieux avec Roman Polanski. Il a dû fuir les USA après y avoir perdu un procès pour relations sexuelles avec mineure. Mais, on n'en a jamais parlé. Maintenant, on l'accuse d'un viol, prescrit, et l'opinion s'acharne contre lui.

La question que tout ceci nous pose est celle de l'affaire Dreyfus : qu'est-ce que la justice ? Mais c'est aussi la question de la liberté. A partir du moment où c'est l'opinion qui fait la loi, la liberté n'existe plus, parce que l'on n'a plus le droit de penser.

De la source des inégalités

Il semble que les aptitudes soient à la fois innées (cf. les caractéristiques physiques) et acquises (si l'on ne vous enseigne pas le piano assez tôt, vous ne serez jamais un bon pianiste). Surtout, ce qui caractérise l'homme, c'est la capacité à changer.

Les inégalités viennent d'un traitement différent de ces aptitudes (capacité au changement compris) par la société. La société serait tout autre, si elle cherchait à en tirer parti également.

(Peut-être serait-elle moins secouée par des crises produites par l'émergence d'un talent auquel résiste l'ancien ordre des choses ?)

mardi 19 novembre 2019

Le moteur qui ne cherche pas

Les moteurs de recherche ne trouvent plus. J'ai l'impression qu'ils nous disent, comme Georges Marchais : "vous avez vos questions, j'ai mes réponses".

On a cru qu'Internet verrait le triomphe de la "sagesse des foules". Ce qui est arrivé est plutôt "la loi du marché". Le marché, c'est le rapport de forces. Le bon est menaçant. En conséquence, il est étouffé par celui qui a la force.

Créer un "moteur qui trouve" demande de s'interroger sur comment l'homme cherche.
  • On peut penser que chacun a sa manière. En conséquence de quoi, il serait bien qu'un moteur de recherche possède un moyen de modifier ses critères en fonction de notre satisfaction. 
  • Il est aussi vraisemblable que nous sommes des "suiveurs". Pour chaque sujet, nous commençons par rechercher une référence fiable, qui puisse nous guider. C'est souvent le rôle de wikipedia. Malheureusement, ses articles sont mal écrits, peu fiables (pas mal de choses varient d'une langue à une autre), et ses références inutilisables. 
Et si la recherche sur Internet commençait chez les hommes ?

Le changement commence petit

Ordonnez, vous serez obéis. Si ce n'est pas le cas, il s'agit de résistance au changement.

Seulement, le changement est un "processus", comme la foudre. Il ne suffit pas de désirer la foudre, pour l'obtenir. Le changement ne va pas de soi. Une de mes définition de changement est "faire ce que l'on ne sait pas faire". Ce qu'il est facile de comprendre si l'on se penche une minute sur la question du développement durable. On nous dit : si vous continuez comme cela, vous allez crever. Certes, répond le Gilet jaune, mais, si l'on fait autrement, ne va-t-on pas crever tout de suite ?

Le changement est non linéaire. Ce n'est pas parce qu'il est grand qu'il doit commencer grand. Edgar Morin parle "d'eros" comme facteur déclencheur. Eros signifie qu'il faut commencer par "donner envie" de changer. Pour cela, il faut laisser entrevoir que le changement est possible. Il suffit d'un petit exemple de réussite (c'est la technique du "projet périphérique"). Ensuite, la société s'emparera du changement.

lundi 18 novembre 2019

Réforme de l'Etat : du marché au système ?

Le gouvernement Macron promettait de réduire le coût de l'Etat. Or, les services publics sont en ébullition. Et le gouvernement doit payer pour calmer les esprits. (Pour autant, les choses s'améliorent-elles ?)

Et si, comme je le disais dans deux précédents billets, nous étions en face d'une question de conduite du changement ? Ou plutôt d'esprit dans lequel le changement est conduit ?

Depuis, probablement, le décès du général de Gaulle, le mot d'ordre est libéral. On estime que nous vivons dans une économie de marché : réformer les services publics, c'est leur couper les vivres ; ils s'adapteront.

A ce présupposé individualiste, on peut opposer une vision systémique. Les services publics ne sont pas des marchés d'individus rationnels en concurrence parfaite, mais des systèmes, à l'image des systèmes de transport. Et l'évolution d'un système, ça se réfléchit, et ça se planifie.

Délit d'opinion

Désormais, France Culture s'intéresse au sort de la "classe moyenne" et de "l'homme blanc".

En effet, on dit que le "vieil homme blanc" vote pour les partis "populistes", et que la disparition de la classe moyenne produit l'instabilité politique.

France culture n'est peut-être, comme nous, que la caisse de résonance de "l'opinion publique". Une opinion qui évolue. Comme quoi, on aurait tort d'en vouloir à quelqu'un pour ses opinions, puisqu'elles ne font que changer.

dimanche 17 novembre 2019

La raison de Hegel

"Critique de Hegel" aurait dit Kant : Hegel a-t-il raison ? (Suite de précédents billets.)

Ce qu'il dit du changement semble vérifié.

  • Le changement se fait par prise de conscience, par "dégel" de ses certitudes. Il combine une phase de transformation imperceptible, et un moment de rupture, de réinvention, de renaissance, mais de douleur.
  • Le mécanisme "d'aliénation" collective apparaît clairement dans les travaux de sciences humaines. La question du développement durable pourrait en être un exemple : l'humanité est mue par un principe qui la conduit à l'auto-destruction, disent des gens sérieux. 

Mais, justement, c'est aussi le mécanisme que décrit Hegel. Le développement non durable (pour le moment), c'est l'exemple même de sa "dialectique" en action.

Seulement, et si, contrairement à ce qu'il pensait, ce modèle ne "convergeait" pas vers un être parfaitement rationnel connaissant la "vérité absolue" ? Et si la vie consistait en une reconstruction permanente d'aliénations consenties (les règles collectives qui guident nos comportements comme la politesse et le code de la route), jusqu'à ce que celles-ci doivent être remises en cause, parce qu'elles ont pris une sorte d'autonomie, et sont devenues nuisibles ?

Et si le bonheur se trouvait, comme le dit Aristote, dans un "juste milieu", entre deux "vices", l'aliénation et l'individualisme ? Mais une recherche de juste milieu qui est un équilibrisme permanent, un changement permanent ?

Cela ne nous avance pas beaucoup, direz-vous. Ou : utile prise de conscience ?

Où va l'Angleterre ?

Brexit, le feuilleton. Les sondages semblent dire que les partis traditionnels, un moment discutés, reprennent leur ascendant. En particulier, que les Conservateurs devraient gagner les élections et donc pouvoir sortir le pays de l'UE.

Mais ces sondages invitent aussi à s'inquiéter de l'après Brexit. Car, il y a plus d'Anglais qui veulent rester dans l'UE que d'Anglais qui veulent en partir (6%, et c'est stable depuis pas mal de temps). Et il y a maintenant autant d'Ecossais qui veulent quitter l'Angleterre que d'Ecossais qui veulent y rester...

L'Angleterre va-t-elle devenir un village gaulois ? Brexix ?

(Sondage de sondages.)

samedi 16 novembre 2019

Hegel et le changement

Hegel ou le changement ? Toute son oeuvre semble ne parler que de changement. Et d'un changement  processus obéissant à des lois de la nature. Hegel ou la science du changement ?
  • Objectif, force propulsive du changement : la liberté. Au sens "libération de l'esprit" (pas du corps). Il s'agit d'arriver à penser bien. Et donc à prendre des décisions correctes. C'est en se débarrassant de ses chaînes, l'une après l'autre, que l'esprit pousse le monde en avant. 
  • Mécanisme : prise de conscience. La raison émerge du néant. L'esprit est gouverné par des croyances. Ces croyances ne servent pas l'intérêt de l'homme. Il y a "aliénation".
  • Le processus est "dialectique" : il se fait par échecs successifs. L'esprit se trouve face à ses contradictions. Ce qu'il "croyait" est faux. ("Absurde" des existentialistes.) Pour les dépasser, il doit changer. 
  • Le processus est collectif. Un individu ne peut pas penser correctement, si toute la société ne pense pas correctement. 
  • C'est donc la société dans son ensemble qui change, par phases. Le mécanisme de la dialectique s'affine. A chaque phase du progrès correspond une sorte de "principe directeur". Au début il réussit, puis, progressivement, il donne le contraire de son esprit. D'où nécessité vitale de changement. (Cf. ce qui s'est passé après guerre : un grand moment de progrès technologique, qui crée un enthousiasme fou, puis on découvre qu'il a des conséquences inquiétantes, on prend peur.)
  • La cause, fondamentale, de l'aliénation est que l'homme se croit individu, alors qu'il est partie d'un tout. Il se croit multiple alors qu'il est un. Une version plus simple (mais probablement fausse) de la pensée de Hegel est de dire que l'homme n'a pas compris qu'il a le même intérêt que ses frères. 

Hegel, par un nul

Même les spécialistes de Hegel trouvent une grande partie de ses propos incompréhensible. Voilà qui devrait fournir un sujet d'étude au savant : pourquoi écrit-on de manière incompréhensible ?  Mais, il se pourrait qu'il ait, simplement, voulu montrer que son petit confort pépère de bourgeois de province était l'aboutissement de l'histoire. Et même qu'ayant été le premier à découvrir cette vérité éternelle, il était le premier homme digne de ce nom. Ses élèves "de gauche" ont pensé que la montagne avait accouché d'une souris.

Le meilleur moyen de rendre Hegel compréhensible est de le replonger dans son temps. Il cherchait une solution aux problèmes de l'époque, c'est tout. Hegel et Kant, c'est un peu Spinoza et Descartes. Cette fois aussi, il y a un grand mouvement d'enthousiasme collectif. On pense que l'on émerge des ténèbres, que Kant a trouvé le fin mot de l'histoire. Puis, le temps passant, qu'il a raté l'essentiel. Kant sépare la raison de la passion, et explique que l'on ne peut pas aller comprendre la nature "de l'intérieur". Pour les contemporains de Hegel, c'est inacceptable.

Hegel voit l'histoire de l'humanité comme un éveil. L'humanité va de la passivité bovine à la liberté. Cette liberté est une liberté de l'erreur, de la contrainte, des pulsions, des coutumes... de tout ce qui fait que l'on ne peut penser correctement. L'homme se libère grâce à la raison, qui lui fait découvrir la "vérité absolue", que Kant pensait inaccessible. Mais la raison ne peut s'exercer que si la société ne l'entrave pas par ses erreurs. Le processus de progrès est donc collectif. La société finale, l'Etat, matérialise le droit naturel, universel, le droit rationnel. Et la première erreur dont la société doit se débarrasser, c'est la croyance que l'individu est autonome, alors qu'il n'est qu'une partie d'un tout, d'un "esprit" collectif. L'homme doit comprendre que les idéaux qu'il croit hors d'atteinte sont, en fait, en lui (au sens collectif, non individuel). Hegel se dit "idéaliste absolu" : il n'y a pas de matière, que des idées, et notre esprit en est une partie. La vérité absolue, c'est l'esprit prenant conscience de lui-même.

Contrairement à ce qu'ont cru la Révolution et Kant, on ne peut pas créer un monde rationnel de rien, dit-il, cela aboutit à la Terreur. La liberté doit émerger par étapes successives, qui suivent un mécanisme "dialectique" : chaque phase finit en contradiction, qui produit un opposé, etc. Jusqu'à convergence vers la vérité absolue, liberté, etc. Ce mécanisme est illustré par l'histoire et la succession des civilisations, mais aussi par les étapes qui permettent à l'esprit humain de prendre conscience de lui-même. Le changement est le propre de ce processus d'éveil. L'homme se découvre en changeant le monde. (Autrement dit, la recherche de la vérité ne passe pas par la transcendance, comme dans la religion, ni par l'introspection, mais par la mise au jour de l'âme commune, par un effort collectif.)

Notes du lecteur
La force de Hegel est que son modèle correspond de manière troublante à la réalité, et qu'il est non "falsifiable". Car, selon la pratique du philosophe, les termes ne sont pas définis. En conséquence, comme l'a fait Hegel, on peut dire que, puisque nous sommes à la fin de l'histoire, nous sommes rationnels. Et donc que la définition de "raison" est ce que nous sommes. Surtout, Hegel aurait vu juste si nous parvenions à construire une société dans laquelle l'individu peut immédiatement satisfaire ses besoins, comme il sait où trouver ce dont il a besoin dans sa maison. (Ce qui correspond à la définition de la "rationalité limitée", plutôt qu'à celle de "rationalité" - omniscience.)

En tout cas, l'oeuvre qui croyait justifier le statu quo a peut-être provoqué les pires cataclysmes. Ce qui, au fond, est compatible avec ses prévisions...

Malaise scolaire

Un étudiant se suicide. Ses conditions de vie ne sont plus acceptables. Apparemment, il triplait sa seconde année de licence.

De mon temps, une année de licence ne se triplait pas...

Certains me diraient que c'est une question de sélection. Je pense plutôt que c'est une question de responsabilité. L'Education nationale doit former ceux qu'elle accepte dans ses cours.

Ce qui ne va pas aujourd'hui est que tout le monde veut un diplôme supérieur, mais que l'Education nationale est incapable de fournir une formation correcte à tant de monde. Pire, l'offre de diplômés supérieurement dépasse de très loin la demande.

Que faire ? Comme avec le système de santé (mon précédent billet). Considérer l'enseignement comme un système. Et se demander ce qu'est un système éducatif qui fonctionne bien, puis comment faire évoluer ce que l'on a, pour atteindre cet objectif.

Cela demande de renoncer à la réforme au claquement de doigts. Cela demande un peu de travail et de réflexion. Mais il y a des centaines de milliers de personnes à l'Education nationale, dont des normaliens que l'on nous présente comme l'élite de toutes les nations. Peut-être que quelques-uns de ces grands personnages pourraient consacrer un peu de temps à la question ?

vendredi 15 novembre 2019

Soigner notre système de santé

Le monde médical est furieux. Il demande beaucoup d'argent.

Je soupçonne que son problème est là. La médecine n'est pas, en premier, une question d'argent. Or, elle a été réformée selon les lois du marché. Comme si un hôpital était un marché, avec des individus qui s'organisent spontanément.

Selon moi, le besoin premier de notre système de santé n'est pas de l'argent, mais, justement, le considérer comme un "système". Quel est le besoin de la population ? Comment y répondre de manière intelligente ? Comment faire évoluer ce que nous possédons, les procédures collectives de soin, intelligemment ?

Nos hommes politiques se veulent "libéraux". Eh bien, ils feraient bien de s'inspirer de l'entreprise ?

L'école forme l'animal savant

A l'école, je haïssais la philosophie. Sur le tard, j'ai découvert qu'elle était un exercice calmant, un genre de sudoku. Et qu'elle n'était que bon sens. Contrairement au roman, qui parle de la vie et de ses malheurs, elle cherche à les guérir. Mais je garde toujours la crainte de ne pas être capable de comprendre. C'est une crainte que j'ai héritée de l'école. L'école liquide ceux qui ne comprennent pas immédiatement.

Le professeur n'ayant pas toujours parfaitement compris ce qu'il enseigne, elle liquide, en fait, ceux qui n'arrivent pas à comprendre son algorithme de notation. L'école utilise des techniques de conditionnement, pavloviennes ou skinneriennes, pour former des animaux savants.

Monde à l'envers. Car, ce qui est à l'origine des matières scolaires, c'est la soif de connaissances : pourquoi ce qui est est, l'envie de comprendre. C'est un désir puissant et naturel. L'école ne serait-elle pas bien plus efficace si elle libérait cette envie ? N'est-ce pas, d'ailleurs, sa mission ?

Wiki Tribune va-t-il couler Facebook ?

Le fondateur de wikipedia annonce un concurrent de Facebook, qui n'aurait pas ses défauts.
Ce que je remarque :
  • Lancé sur la seule force du bouche à oreille. 
  • Le modèle économique de l'idée pourrait faire trembler le GAFA, et les licornes : c'est celui de wikipedia : paient ceux qui veulent, et uniquement les coûts de fonctionnement. 
Demain, Google ?

jeudi 14 novembre 2019

Tesla et le mystère allemand

Hier, on ne parlait que de "low cost", en américain dans le texte. Aujourd'hui, Elon Musk annonce l'implantation d'une usine gigantesque à Berlin.

Certes, c'est l'Allemagne de l'Est. Mais, en Allemagne, la main d'oeuvre a un prix extrêmement élevé (je ne serais pas surpris que, dans certaines spécialités, l'ingénierie par exemple, les salaires soient doubles des nôtres). Et, surtout, il n'y a pas de main d'oeuvre disponible, vraiment pas, particulièrement dans l'automobile.

Question d'image ? De marketing ? De subventions ?...

PS. Apparemment, la décision aurait été prise sur un coup de tête, à la Donald Trump. L'article ci-dessous insiste, en outre, sur la culture et les lois sociales allemandes.
(Il se trouve que j'ai fait des missions qui avaient justement pour objet de résoudre le problème du recrutement en Allemagne, dans l'automobile...)

Le blues du patron

Un chef d'entreprise m'a dit que j'étais la seule personne à avoir été gentil avec lui !

De quoi s'agissait-il ? Je lui ai expliqué, catégoriquement, que son entreprise ne valait rien. En effet, avec n'importe qui d'autre à sa tête (moi en particulier), elle était en faillite en six mois, ou moins.

Qu'un patron prenne cela pour un compliment montre à quel extrémité il en est arrivé...

mercredi 13 novembre 2019

La fortune de Donald

La fortune de Donald Trump est estimée à plus de 3md$, d'où vient-elle ?

De son père, d'abord, qui a réussi dans l'immobilier. Sans lui il n'aurait pas eu les moyens et les relations qui lui ont permis de commencer dans ce secteur. Mais aussi et surtout de son caractère fantasque. Son principal actif est son image. Donald Trump est, depuis toujours, une célébrité. Ce qui lui a permis de gagner beaucoup d'argent avec une émission de télévision, des livres et des conférences. Et enfin par la dette. Tellement de dettes que, quand il fait faillite (ce qui lui est arrivé quatre fois), ses banques préfèrent continuer à lui prêter que d'assumer les pertes qu'il leur a fait faire.

La vie est plus souvent une répétition qu'un changement. Il semble bien que Donald Trump fasse avec l'Amérique ce qu'il a fait avec ses autres projets entrepreneuriaux.

Et ensuite ? Changement de propriétaires après faillite ?

mardi 12 novembre 2019

Forte démocratie ?

Le principe de notre société, c'est la liberté. Evident ? Je ne crois pas que l'on sache ce que cela signifie. Le premier à ne pas comprendre le sens de la liberté est l'intellectuel. Il est intolérant par construction.

Etre libre cela veut dire pouvoir faire et dire n'importe quoi. Tout vous est permis, à condition que les "forces de l'ordre" soient capables de vous contenir. Il nous semble, même, naturel que la jeunesse ou les syndicats, par exemple, soient révolutionnaires, veuillent renverser la société. Ce qu'ils cassent sera remboursé par l'Etat. C'est le prix de la liberté.

Voilà peut être ce que ne comprennent pas les régimes dirigistes, chinois, russes ou autres. Pour pouvoir subir des mouvements aussi violents, une démocratie doit être résiliante.

La démocratie, roseau ?

Europe à deux vitesses

Le sort de l'Allemagne de l'Est permet peut être de comprendre le comportement de l'Europe de l'Est. (France culture.)

Ce que l'on dit de l'Europe de l'Est c'est, à la fois, qu'elle absorbe les fonds de l'Ouest, et qu'elle est anti-démocratique.

En fait, il semble que ce qui s'est passé en Allemagne de l'Est, se soit passé, en pire, en Europe de l'Est. D'ailleurs, le pire absolu est peut-être hors Europe : c'est la Russie.

L'Est a été victime d'une tentative d'annexion des forces économiques de l'Ouest. Cela s'est très mal passé en Russie, un peu mieux en Europe de l'Est. Mais tout de même suffisamment mal pour que ses pays désirent reprendre leur sort en main, et affirmer une identité qui ne se limite pas à la seule absence de lois du marché.

Qu'est-ce que la liberté ?

La commémoration de la chute du mur de Berlin a un intérêt inattendu : nous faire nous interroger sur la notion de liberté.

Notre définition moderne correspond à ce que l'on appelle la "liberté négative", c'est-à-dire l'absence de contraintes physiques. 

La définition d'après guerre était différente. Nos parents ont probablement pensé que la crise et les excès du capitalisme avaient provoqué la guerre et le nazisme. Si l'on ne voulait pas connaître le totalitarisme, il fallait créer des conditions décentes pour tous. Ce qui a conduit à un Etat paternaliste. Et ce à l'Est et à l'Ouest.  

Cet Etat paternaliste est probablement devenu étouffant, d'où 68 et 89. Mais, ce que nous disent les pays de l'Est, c'est que la "liberté négative" est allée trop loin. 

lundi 11 novembre 2019

Les brexités

Pourquoi ne trouvons-nous pas les Britanniques ridicules ? Imaginons que le Brexit se soit passé en France, en Italie, ou en Grèce, qu'en dirait le monde ? Il en pisserait de rire.

Dans une réputation, il y a deux choses : ce que l'on dit de soi, et ce que les autres disent de vous. Quand on y réfléchit bien, le protestant pense du bien de lui-même et du mal des autres. C'est le contraire pour le catholique.

On peut même se demander s'il n'y a pas quelque-chose du "pêché originel opium des peuples", pour ce dernier. Pour gouverner, les élites du sud répètent à leurs peuples : regardez comme vous êtes mauvais par rapport aux autres. Le gouvernement par le complexe.

(L'histoire se répète ? Avant guerre, on a dit "ne regardez pas vers l'Allemagne, le mal est chez nous". Mais aussi il y avait, notamment chez nos technocrates, une immense admiration pour l'efficacité allemande. La collaboration était un moyen de faire profiter la France de l'admirable rigueur allemande. C'était la "start up nation" avant la lettre.)

Le bug (culturel) de Boeing

Qu'est-ce qui ne va pas chez Boeing ? Comment le sortir de l'ornière. Questions à des experts.

Boeing souffre d'un vice culturel, ancien. On y décide dans son coin, en catimini. (A la façon des gouvernements français ?) Sans intelligence collective, décision erronée.
Quant à la sortie de l'ornière, pour l'expert, le problème à résoudre est de convaincre le public de confier sa vie au 737. Fallait-il être expert pour dire cela ?

Serait-on sur la bonne pente ? Contre discount, une compagnie anglaise s'est engagée à acheter deux cents avions. Ou, "décidément, on ne changera pas les Anglais" ?

En tout cas, le PDG de Boeing a annoncé qu'il prendrait le premier vol commercial. Mais est-ce rassurant ? Ne fait-il pas comme l'ingénieur qui a élevé l'obélisque de la Concorde : il s'était placé derrière elle pour être tué en cas de chute ?

dimanche 10 novembre 2019

Serge Gainsbourg

Serge Gainsbourg anticipait les tendances de la musique populaire. Mais il ne leur consacrait jamais plus de deux disques. (Une émission de France Musique.)

Serge Gainsbourg m'a toujours fait penser à Woody Allen. Tous les deux ont une capacité exceptionnelle à s'approprier un style, dans toute sa complexité. Ce qui a quelque-chose de génial et de mystérieux.

Woody Allen s'en remet à un "truc" : une caricature du Juif new yorkais, supposée le représenter, est le héros du film. Serge Gainsbourg, lui, fait passer la vie dans ses chansons.

C'est une opinion.

Vive l'ordre ?

J'ai remarqué que mon humeur allait au gré de l'entretien de mon jardin. Quand il est en désordre, je suis déprimé. Et pourtant, le désordre a des raisons qui, objectivement, devraient m'être favorables : j'économise mon effort, voire l'énergie de la planète.

Ce phénomène ne m'est pas propre. Un ancien militaire me disait que l'on avait remarqué que, pour que le moral des troupes soit bon, il ne fallait pas qu'elles se laissent aller. Voilà pourquoi le soldat se rase, quelle que soit les conditions dans lesquelles il se trouve, y compris à Dien Bien Phu. Un spécialiste du redressement d'entreprise m'a expliqué quelque-chose de similaire. Lorsqu'il arrive dans une entreprise, il fait repeindre les locaux, et applique une démarche de contrôle qualité. Immédiatement, sans raison apparente, la performance de l'entreprise augmente de 20%, d'après lui.

L'optimisme serait-il une question de discipline ?

samedi 9 novembre 2019

Mur de Berlin : changement raté ?

En Allemagne, la fusion entre l'est et l'ouest n'a pas donné ce que l'on en espérait.

L'Ouest s'est comporté en donneur de leçons, a colonisé l'Est, a mis ses entreprises en faillite, ses citoyens au chômage, et a provoqué l'exode des jeunes (ce qui me vaut d'avoir une cousine allemande de l'Est !). Voilà pourquoi l'Est vote pour des partis extrémistes : pour se faire entendre.

Mais l'Ouest n'a pas été seulement déplaisant et dominateur : il a reconstruit l'Est, qui est maintenant flambant neuf. Ce qui lui a coûté très cher (80 à 100md€/an, pendant plusieurs décennies !). Du coup, il n'a pas investi dans ses propres infrastructures, et ses citoyens ont subi trente ans de sur imposition (à quoi on pourrait ajouter les réformes Schröder, qui ont produit une précarisation de l'emploi). Voilà ce que disait un reportage de France Culture.

Comme quoi, l'enfer peut être pavé de bonnes intentions. Comme quoi, aussi, les Allemands ne sont pas toujours allemands : eux-aussi peuvent rater un changement faute de l'avoir correctement préparé.

La violence de l'intellectuel

Je lis USA de Dos Passos. Je suis surpris de la violence de l'intellectuel. Au début du vingtième siècle, l'intellectuel pensait qu'il fallait détruire la société. Son projet s'arrêtait là : je casse. Pas besoin de me préoccuper de la suite, ça ne peut qu'être bien. Ce qui est étonnant, aussi, est à quel point cette société est permissive. La réaction est quasi inexistante. Quel contraste avec La fin de l'homme rouge, où l'on voit le régime stalinien organiser des mises à mort industrielles de fidèles à qui il n'a rien à reprocher ! Je me suis demandé si cela ne venait pas de notre croyance en la liberté individuelle. Nous avons, quasiment, la liberté d'être des terroristes. Que nous ne nous soyons pas disloqués est un miracle. Une démocratie, cela paraît faible et ridicule, mais c'est extraordinairement résilient ?

Pourquoi l'intellectuel est-il fou ? Ne serait-ce pas le vice d'une éducation qui pense que la raison est tout et qui coupe l'individu de la vie ? N'ayant aucune connaissance du monde, il ne peut envisager, en termes de changement, que la révolution et le chaos ?

Berlin défait le mur

Faut-il se réjouir de la chute du mur de Berlin ?

Ne doit-on pas à la terreur qu'inspirait la menace soviétique une prospérité, un confort et une égalité que l'on n'aurait pas eus, à l'Ouest, si l'on n'avait pas craint que les pauvres ne soient tentés de devenir rouges, le fameux "effet domino" ? Depuis, les démons sont de retour ? Le "désenchantement de la démocratie", dont parle un précédent billet, ne vient-il pas de là ? Encore pourrait-on se dire que l'on a libéré les gens de l'Est, mais, à les entendre, ils regrettent le passé...

Ce que nous dit le mur de Berlin est peut-être, finalement, que notre système mondial possède un vice constitutif, que le théoricien produit la catastrophe, et que Berlin n'est pas une solution, mais un problème à résoudre.

vendredi 8 novembre 2019

Pourquoi n'obéissons-nous pas ?

Un jeune chercheur me disait que son sujet d'étude était les raisons qui font que l'on n'obéit pas à la raison.

Il y a une partie de la question qui est relativement classique : pourquoi ne fais-je pas ce qui est évidemment bon pour moi ? Fais tes devoirs, p'tit con !

Et une autre qui ne l'est pas : pourquoi, ne suis-je pas totalement manipulable ?

Hegel a peut-être une solution. Pour lui, le mécanisme de la pensée, et de l'histoire, est la remise en cause. L'homme, manipulé ou non, commence par penser faux, mais son esprit l'amène, en une série d'étapes, et après quelques millénaires, à parvenir à la vérité.

Peut-être, aussi, que la caractéristique de la manipulation est la contradiction : poussée à l'absurde, elle ne tient pas ? Et que l'homme, c'est le propre de son cerveau, parvient à détecter ces contradictions ?

Pierre Rosanvallon : une démocratie forte est complexe

Conférence de Pierre Rosanvallon, au Collège de France, mercredi dernier. Désenchantement démocratique : que faire ? Voici ce que j'ai retenu.

Le mot démocratie a mis du temps à s'imposer. "Pouvoir du peuple" inquiétait. Pour le reste, l'histoire de la démocratie est celle d'illusions perdues, d'espoirs qui se muent en trahisons.

Des conditions sociales aux situations sociales : l'homme politique en dinosaure
Cependant, cela a semblé un temps marcher. Mais la société a changé. Hier, elle était faite de groupes homogènes (les paysans, les catholiques, etc.) de gens peu instruits. Ils avaient leurs représentants politiques, qui pensaient pour eux. Aujourd'hui, tout le monde est éduqué, et supposé penser par lui-même. Il n'y a plus que des individus. Aux "conditions sociales" ont succédé des "situations sociales". Comme l'a montré le mouvement des Gilets jaunes, des gens dissemblables peuvent être réunis par les circonstances. "Les émotions sont plus importantes que les intérêts." Mots clés : défiance et perte de contrôle.

Les forces représentatives traditionnelles, des syndicats aux partis politiques, sont désorientées. La notion de programme n'a plus de sens, elles parlent d'intérêt général, de moyenne statistique, alors qu'il n'y a plus que des individualités, à l'émotion elles répondent subvention et matérialisme...

Le populisme : une solution aux attentes du peuple
Le populisme, lui, a compris l'air du temps. Il offre un leader qui incarne le peuple. Un leader qui répond à l'émotion par l'émotion. Et pour qui l'on n'est qu'ami ou ennemi : en dressant le peuple contre les "1%", ou contre "les autres", il lui redonne une unité, un sens, il rétablit la confiance en son sein. Et le protectionnisme est la promesse d'une reprise de contrôle sur son destin.

Une démocratie forte est complexe
Si la démocratie veut battre le populisme sur son terrain, elle doit se complexifier. Ce qui manque aux citoyens, c'est de savoir que "leurs problèmes sont mis sur la table". Il faut qu'ils puissent raconter ce qu'ils vivent. Mais, il faut aussi "démultiplier les formes de souveraineté". L'action politique ne doit pas se limiter aux élections. Il faut pouvoir agir sur la constitution (rôle des cours suprêmes). En outre, la société doit se doter d'institutions indépendantes (par exemple de régulation de biens communs). Finalement, le peuple a besoin "d'un oeil", d'un moyen de surveillance, permanent, de ceux à qui il donne le pouvoir. C'est la condition nécessaire du contrôle.

France : old tech nation, et fière de l'être ?

Décidément, ce blog va devoir être lu par les investisseurs : apparemment les milieux financiers, eux-aussi, commencent à penser que le luxe à la Arnault-Pinault et d'autres tristes métiers anciens sont de meilleurs placements que le numérique à la Netflix, Uber et WeWork. Titre du Financial Times : "‘Old tech’ shows it still has bite for investors. A good year for established names creates a headache for active managers".

Alors, pour une fois, ayons une guerre d'avance : oublions la "start up nation" et soyons la "old tech nation" ? Et si l'on en revenait au français, d'ailleurs, pour être encore plus révolutionnaires ? Soyons la nation qui est une "Exception culturelle ?"

jeudi 7 novembre 2019

PME familiale : valeur spéculative ?

Depuis un bon siècle, Goldman Sachs s'est fait une spécialité de la spéculation. Aujourd'hui, la licorne, c'est fini, quel sera le prochain épisode ? Eh bien, ce pourrait être la PME familiale. Goldman s'intéresse, en particulier, aux PME européennes. (Financial Times.)

Un conseil à ceux qui veulent faire "a quick buck" ?

Bien, mal et droits de l'homme

Aussi bien à gauche qu'à l'extrême droite, il semble qu'il y ait une même vision de l'homme. Il est bon ou mauvais. Comment réformer celui qui est mauvais, sinon en l'éliminant ? Il serait bien que ces gens se posent cette question.

Peut-on parler d'humanisme et de droits de l'homme, dans ces conditions ?

mercredi 6 novembre 2019

Le blues du fonds

WeWork a fait boire un bouillon à SoftBank, son investisseur japonais. Ce qui confirme que les licornes sont des animaux imaginaires. Quelques jours avant, le Financial Times annonçait que Warren Buffett ne savait pas comment dépenser les 128md$ qu'il détient en liquide.

Les milieux financiers disposent de beaucoup d'argent, mais ils n'ont nul endroit où l'investir ?

De la crise du modèle du "créateur de valeur" ? La valeur est partie chez les financiers, mais elle n'y a pas trouvé de créateur ?

Trump, le fils d'Obama ?

Dans certains milieux américains, on dit que l'Amérique est arrivée à un tel niveau de civilisation en élisant un noir, que cela ne pouvait que mal se terminer. (Une opinion dont Angélique Kidjo se faisait l'écho dans A voix nue.) Le bien a réveillé le mal.

Seulement, ce n'est pas Barack Obama qui a été battu. Au contraire, il a terminé son mandat avec une cote de popularité élevée. Et, auparavant, il avait été réélu assez facilement. C'est Hillary Clinton qui a mordu la poussière. Le vieux blanc serait-il moins raciste que sexiste ? Ou Hillary avait-elle moins d'empathie que Barack ?

mardi 5 novembre 2019

Le paradoxe d'Edgar Morin

Edgar Morin a écrit « La voie ». Comment changer le monde ? Livre pessimiste. Pessimisme confirmé par ses dernières interviews.

Curieusement, cela ne colle pas à ce qu'il disait, quelques décennies plus tôt, à l’émission A voix nue de France Culture. Il tirait cet enseignement, je crois, de son passé de résistant. J’en retiens que les erreurs, que condamne la société, ne sont rien par rapport à la capacité à la rédemption de l’homme.

Pourquoi avoir fait une voie « thanatos » et pas « eros » ? Alors, qu'il dit, justement, qu'à l'origine du changement, il y a éros ? Pourquoi ne pas avoir montré ce que l’humanité a de magnifique, et comment, si elle prend conscience de son pouvoir, rien ne pourra lui résister ?

Un Edgar Morin rayonnant : le levier du changement ?

Le blues de la SNCF

De nouveau la SNCF ne fonctionne plus. Je reçois à nouveau des alertes comme quoi tel train n'a pas pu partir, tel autre est bloqué en gare, ce qui paralyse tout le trafic de la ligne, tels travaux ne se sont pas finis à l'heure prévue...

Le personnel de la SNCF doit être victime d'un nouveau coup de blues. Raisons ? Réforme des retraites après celle des cheminots ? J'ai lu aussi que la SNCF serait un des derniers bastions de la CGT, et qu'elle chercherait à le garder en montrant son efficacité... Mais la réalité est souvent plus subtile qu'il n'y paraît.

C'est pourquoi le nouveau dirigeant de la SNCF a sûrement raison de vouloir commencer par écouter avant d'agir.

lundi 4 novembre 2019

D.Trump va-t-il être réélu ?

Emission sur la croissance aux USA. Avec question subsidiaire : M.Trump va-t-il être réélu ?

Il en ressort que ce qu'il espérait ne s'est pas passé. Sa politique ne profite pas aux "laissés pour compte" qui l'ont élu. L'Amérique crée des emplois, mais pas dans l'industrie. Et d'ailleurs elle crée non grâce à lui, mais parce que la réserve fédérale doit contre-balancer les conséquences de ses erreurs, par une politique monétaire laxiste.

Mais ce n'est pas ce qui compte pour l'électeur. Pour lui, M.Trump est la première personne qui l'a écouté et qui tient tête à ce qu'il perçoit comme ses ennemis. Une leçon ?

(De chez nous on a l'impression que M.Trump est haïssable, mais je suis tombé sur des photos qui le montrent dans un bain de foule.)

Apologie du vide

C'est lorsque l'on veut quelque-chose qu'on ne l'obtient pas. Pour réussir, il faut "faire le vide". Seulement, on ne peut pas "vouloir" faire le vide. Une émission d'Etienne Klein. Un enseignement à la fois chinois et systémique.

Solution ? Probablement aucune. Simplement, il faut le savoir. Et faire l'équivalent de la préparation physique de l'astronaute : des exercices de déconnexion, comme ceux que faisaient les anciens, qui pouvaient passer des heures à observer la nature ? (Cela entraîne le cerveau à se dégager, sans le vouloir, d'obsessions toxiques.)

dimanche 3 novembre 2019

Désinformation

Pour venger l'incendie de Notre Dame, un retraité tente de mettre le feu à une mosquée...

Le Monde dénonce l'extrême droite. Le Monde affirme, je me demande s'il ne devrait pas s'interroger :

Comment se fait-il que l'on puisse croire de tels bobards ? Et les croire suffisamment pour bousiller sa vie en se transformant en criminel ? Comment se fait-il, justement, qu'une grande partie de la population ne lise plus les journaux, mais préfère écouter des rumeurs stupides ?

Hamlet et le fantôme

"On pourrait déduire de ce point de départ une théorie assez simple, mais aussi plausible qu’une autre, qui rattacherait Hamlet à la tradition antique et y verrait une tragédie de l’impiété et de la désobéissance envers les dieux." (H.Suhamy.)

Une des caractéristiques de notre époque est peut-être d'interpréter les oeuvres anciennes à la lumière de nos préjugés modernes, comme si, brutalement, nous avions reçu la lumière divine.

Replacer l'oeuvre dans son contexte a au moins l'intérêt de montrer à quel point notre génie moderne ne pisse pas loin.

(Par ailleurs, à la fin de l'article du Professeur Suhamy, on trouve ceci :"L’acceptation chrétienne de la mort, une fois le monde et son agitation rejetés dans le silence – c’est sans doute le sens profond des dernières paroles de Hamlet, même si littéralement « the rest is silence » signifie qu’il n’a plus rien à dire – une fois les frayeurs païennes dissipées comme un mauvais rêve, représente peut-être le véritable aboutissement de cette œuvre et révèle l’émergence d’une prise de conscience eschatologique, jusque-là dissimulée par la troublante achronie d’un espace où coexistent des religions différentes et concurrentes.")

samedi 2 novembre 2019

Brexit : qui casse paie ?

On n'est pas sorti de l'auberge. Epuisant Brexit. Et après ? Que donnera une nation pirate aux portes d'une Europe privée d'esprit d'équipe ?

Mais le Brexit c'est autre chose. En jouant avec la bombe nucléaire, David Cameron a cru faire une manoeuvre particulièrement élégante. Il gagnerait sur tous les tableaux : il règlerait les conflits de son parti, à son avantage, et il obtiendrait de nouvelles concessions de l'UE. Jusque-là, les politiques croyaient que le machiavélisme payait. Ils étaient même fiers de leurs magouilles. Seuls les imbéciles se préoccupaient de l'intérêt général. Le politique digne de ce nom était un manipulateur. Le Brexit a été une leçon : à long terme, l'intérêt général est dans notre intérêt particulier.

Les fleurs du mal

"Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, 
Le Poëte apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :"

Exercice qui ne doit plus se pratiquer souvent : j'ai lu Les fleurs du mal dans l'ordre de ses poèmes.

Eh bien, ce n'est pas Les nourritures terrestres. C'est extrêmement déprimant. C'est une apologie de l'auto destruction maussade.

Manifeste de la contre-culture, avant que la contre-culture ne soit inventée par les Américains ? Baudelaire est un fils de famille. Il fait des études à Louis Le grand. S'en fait chasser, mais pas avant d'avoir eu le second prix de poésie latine au Concours général. Hérite une forte somme à la mort de son père. Vit une existence de dandy. Dépense la moitié de son héritage en dix-huit mois. Est placé sous tutelle. Et passera le reste de son temps dans une bohème morne.

La bohème était peuplée de fils de famille. La plupart des grands artistes avaient fait d'excellentes études, étaient bacheliers, à une époque où c'était rare. Certains avaient suffisamment d'argent pour ne pas travailler, voire ne pas devoir vendre leurs oeuvres.

La contre culture est, au fond, un manque total d'imagination. Elle dénonce quelque-chose, la culture, sans laquelle elle ne serait rien. Les poèmes de Baudelaire sont extrêmement classiques, d'une part, et, de l'autre, ils ne cherchent qu'à contrarier le bourgeois : tu aimes Dieu, alors je vais louer le diable. C'est l'invention par la contrainte, et pas la destruction créatrice.

Mais, là aussi, il y a changement. La contre-culture moderne a perdu le talent, mais a gagné l'argent. Contre est une autre façon d'être pour. "Tu m'as donné ta boue, j'en ai fait de l'or."

("Ce fantôme de squelette
N'a pour toute toilette, 
Qu'un diadème de vers 
Posé tout de travers."
Dommage que Baudelaire n'ait pas plus exploité sa veine ironique ?)

vendredi 1 novembre 2019

Nietzsche et l'Allemagne

Une vie une oeuvre de France Culture parlait de Nietzsche. Un philosophe à la réputation sulfureuse, et pourtant aimé des intellectuels français.

J'en retiens que son travail s'inscrit dans la création de la nation allemande, qui estime, en 1806, que sa renaissance passera par la Kultur. Cette Kultur doit être un rejet de la pensée française. La France louant Socrate et ses successeurs, le bien est évidemment pré socratique. Nietzsche veut donc que la société pense bien, grâce à une Kultur refondée sur de saines bases, antérieures à Socrate et à la pensée chrétienne. Il faut reprogrammer l'esprit humain. Contrairement aux Nazis, il n'est pas nationaliste allemand. Mais, plus extrémiste qu'eux, il semble désireux d'éliminer ceux qui s'entêtent à mal penser...

Donnons à Nietzsche le bénéfice du doute ou du changement ? Mais, pas à son lecteur ?

De la démocratie en Amérique : Zozos contre Totos ?

Les USA sont divisés en deux, par l'éducation. D'un côté, le pauvre, mal éduqué, mal payé, mal nourri, qui vote à droite. De l'autre, le "Bobo", le diplômé, de gauche, riche, bien portant, et donneur de leçons.

Progressivement le Bobo est devenu Toto, "une élite intellectuelle convertie aux nouvelles idéologies totalitaires de la gauche radicale"."Persuadée de sa supériorité morale, cette nouvelle gauche fait régner, depuis déjà plusieurs décennies, sur les campus, comme dans les médias, un climat intellectuel délétère. Les étudiants ne sont plus invités à débattre, mais à assumer des identités, de préférence victimaires. Et à empêcher, à interdire, à proscrire tout ce qui s’écarte d’un Politiquement Correct, conçu de manière de plus en plus restrictive." (Une enquête de la journaliste Laurence Simon, citée par France Culture.)

Les prochaines élections américaines : Trump et les Totos ?