Poursuite de la note précédente.
J’ai appris dans une bande dessinée que notre président de la République disait avoir été malheureux dans son enfance. Les auteurs de l’ouvrage se moquaient de lui au motif qu’il appartenait à une famille aisée. Ces gens ne savent pas ce qu’est le malheur. Le malheur est de ne pas obtenir ce que l'on veut, sans pouvoir se débarrasser de ses désirs. Regardons notre président, aujourd’hui. L’opinion semble trouver que son comportement ne sied pas à sa fonction. Et si la même chose lui était arrivée dans sa jeunesse ? Le moteur du changement est le malheur.
L’exemple du président Mitterrand : à la fin de sa vie, il légalise une fille « illégitime » et quelques amis au passé « douteux ». Ça aurait pu être un signal de transformation des valeurs de la société française. Ça n’a pas été le cas : nous ne savions pas comment nous adapter à une telle innovation. Le « passage en force » est une stratégie inefficace, même lorsque l'on dispose du pouvoir : il signifie que toute la société adopte un nouveau comportement, ce qui est au dessus de ses forces. La stratégie des conquérants a rarement été d’imposer à la population conquise leurs coutumes, mais plutôt de se placer dans une niche écologique préexistante et de s’y adapter.
S'il est discret le président peut avoir maitresses ou amis peu recommandables. Pourquoi ? Parce que l’hypocrisie est un « hommage rendu par le vice à la vertu ». Non seulement, elle ne met pas en cause les valeurs de la société, mais encore elle peut être un geste de bonne volonté de la part d’une personne qui reconnaît ses faiblesses. L’histoire a montré que l’hypocrisie était souvent le précurseur d’un comportement conforme aux attentes de la société. Et plus il y a d’hypocrites plus grande est la publicité faite aux valeurs qu’ils prétendent servir. Les médecins de Molière ont sûrement fait beaucoup pour la science, à un moment où elle n’avait pas grand-chose de convaincant à produire pour sa défense.Compléments :
- Sur l'utilité de l'hypocrisie : MARCH, James G., SUTTON, Robert I., Organizational Performance as a Dependent Variable, Organization Science, Novembre-Décembre 1997.
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