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mercredi 27 août 2008

Faisons danser les dinosaures

Deux notes de ce blog se contredisent :
  1. Dans l’une (Mesurer la capacité au changement d’une entreprise), utilisant la théorie des leaders / managers de John Kotter, j’explique que l’adaptabilité se mesure au nombre de « leaders ».
  2. Dans l’autre (Entreprise, bien commun), je dis que l’entreprise tend à s’auto-organiser. Pas besoin de leaders. Peut-être d’une cellule d’animation du changement, verticale.

La contradiction n’est qu’apparente. L’organisation de l’entreprise française et américaine est dite « bureaucratique ». Ce n’est pas une insulte. C’est un type de fonctionnement qui consiste à décider en haut, et à exécuter en bas. La bureaucratie a été vue comme ce que le progrès avait de mieux à proposer au monde au 19ème et à plusieurs moments du 20ème siècle. Notamment pendant quelques décennies de l’après guerre. La bureaucratie, c’est la raison qui éclaire l'humanité.

Ce modèle demande à avoir une tête capable de voir loin, et d’en déduire un plan optimal exécuté par ceux dont c’est le rôle.

Les scientifiques ont constaté il y a longtemps que l’avenir était imprévisible (c’est notamment la théorie du chaos). Mais les économistes et les hommes d’affaires ne les croyaient pas. Jusqu’aux années 70.

On a donc dû faire évoluer des bureaucraties, des populations de personnes qui se considéraient comme des exécutants. Et c’est un travail de titan. Et c’est pour cela que l’on est content lorsque l’on rencontre un « leader », qui sait rendre flexible une portion, au moins, de ce mammouth. C’est de là, je soupçonne, que vient la théorie de John Kotter. Mon expérience me fait l’approuver.

Cependant, souvent lors d’un changement, les « exécutants » découvrent que leur management apprécie l'initiative. Ils constatent qu’ils peuvent sérieusement améliorer l'agrément de leur travail. En éliminer les dysfonctionnements. On les félicite : c’était de là que venaient les difficultés de l’entreprise.

Du coup, ils apprennent à « s’auto-organiser ». Degré ultime de l’adaptation au changement ?

Considérations annexes :

  • Sur la bureaucratie comme principe d'organisation de la société française : CROZIER, Michel, Le phénomène bureaucratique, Seuil, 1971.
  • Sur la théorie du chaos, un petit livre : EKELAND, Ivar, Le chaos, Flammarion, 2002.
  • L'intuition que la raison peut nous conduire de manière imparable trouvait un fort appui dans la mécanique newtonienne. Or, Poincaré a montré il y a plus d'un siècle que celle-ci demandait une connaissance de conditions initiales parfaites. Les petits écarts sont susceptibles d'amplifications quasi infinies. Conséquence concrète : impossible de savoir si le système solaire n'éjectera pas une de ses planètes d'ici quelques centaines de millions d'années. PETERSON, Ivars, Le chaos dans le système solaire, Pour la Science, 1995.
  • Friederich von Hayek voulait convaincre les économistes du désespoir de leur quête positiviste. Faible réussite. CALDWELL, Bruce, Hayek's Challenge: An Intellectual Biography of F.A. Hayek, University of Chicago Press, 2005.

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