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vendredi 15 août 2008

JO : le Chinois ne fait pas de vagues

Je lis sur le blog de Patricia Rique (BEIJING 2008) :

Les plongeuses chinoises ont un poids inférieur de 20 Kg à celui de leurs concurrentes afin de permettre lors du plongeon de déplacer moins d'eau et par conséquent de faire moins d'éclaboussures.Elles sont donc affamées au nom du sport. (...) Selon la devise de Monsieur de Courbertin, "l'important est de participer". Cela ne semble pas être le cas des autorités chinoises.Dès lors je me demande où est l'esprit olympique et pour quelle raison le comité olympique ne s'exprime pas sur de telles pratiques incompatibles avec les valeurs olympiques qui à l'origine étaient étrangères à la puissance de l'argent.
Hypothèse : pour la Chine, les Jeux Olympiques sont une occasion de souder une nation qui en a bien besoin (cf. problèmes tibétains) et de montrer au monde son succès : elle s’est « éveillée », elle maîtrise mieux les règles du jeu de l’Occident que l’Occident lui-même.
  • Ce qu’elle nous renvoie serait donc une image de notre comportement tel que perçu par elle : la seule chose qui compte, c’est de gagner, la fin justifie les moyens ; suivons apparemment les règles du jeu, mais trahissons en l’esprit : de toute manière il n’intéresse personne.
  • Il y a quelques temps, les étudiants chinois ont manifesté à Paris en appui de la politique tibétaine de leur pays. Interprétation : le gouvernement chinois a compris que ce type de manifestation était une des règles du jeu occidentales. Les mouvements des droits de l’homme servent des intérêts nationaux à courte vue. Grossière hypocrisie.
  • Le psychologue Kurt Lewin avait une théorie sur le sujet. Pour lui une personne qui est à la frontière d’un groupe ne voit de ses règles que ce qui est extrême, pas leur subtilité. C’est ainsi que l’adolescent qui entre dans le monde des adultes est souvent un révolutionnaire. C’est aussi pourquoi les étrangers qui arrivent en France ont un comportement caricatural.
  • La Chine a, peut-être, de nous une image tout aussi caricaturale. Je ne serais pas surpris qu’elle voie le comportement occidental comme agressif, préoccupé d’intérêts matériels myopes (la théorie d’Adam Smith). Par exemple, elle semble avoir vécu le traitement de la crise asiatique de 1997 par le FMI comme une sorte de guerre atomique qui a ramené les économies locales à l’âge des cavernes. D’ailleurs le comportement des colons occidentaux qui occupaient son territoire il y a encore peu n’a-t-il pas été une leçon marquante quant aux vertus civilisatrices du « marché » ? La Guerre de l’opium n’en a-t-elle pas été un grand moment ? (Au milieu de beaucoup d’autres guerres, occasions de rançonner le pays).
Ce que la Chine n’a pas compris, c’est que si nous sommes hypocrites, c’est faute de savoir comment appliquer nos beaux principes. Il ne faut pas s’en tenir à quelques désastres non intentionnels infligés au monde non occidental (voir, par exemple : Consensus de Washington). C’était involontaire. Nous sommes des idéalistes désireux de bien faire. Mais courage, un jour nous y arriverons !

Bibliographie :
  • L’histoire chinoise : GERNET, Jacques, Le monde chinois, Armand Colin, 4ème édition, 1999.
  • Le traitement de la crise de 1997 vue des Chinois : QUIAO Liang, WANG Xiangsui, La Guerre hors limites, Rivages poche Petite Bibliothèque, 2006 et vue des USA : KRUGMAN, Paul, The Return of Depression Economics, Princeton 1999.
  • LEWIN, Kurt, Resolving Social Conflicts And Field Theory in Social Science, American Psychological Association, 1997.
  • Sur les bénéfices de l’hypocrisie : Malheureux présidents.

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