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mercredi 3 septembre 2008

Extinction du résistant français ?

Au cœur du changement que subit la France se trouve probablement celui de son modèle de résistance au changement :

Je suis frappé par l’attitude de certains dirigeants français. Surtout des « barons », des dirigeants de filiale, d’unité, de division… Ils refusent souvent d’obtempérer aux ordres de leur management. Motifs : ils savent mieux que lui ce qu’ils doivent faire ; il ne peut rien sans eux, il ne connaît pas le métier. Et ils ajoutent à leur refus une attitude de défi, que l’étranger juge impolie. Michel Crozier a décrit ce phénomène :
Les individus ou les groupes qui contrôlent une source permanente d’incertitude dans un système de relations et d’activités dans lequel le comportement de chacun peut être prévu à l’avance disposent d’un certain pouvoir sur ceux dont la situation pourrait être affectée par cette incertitude.
Ils utilisent ce pouvoir pour se construire une baronnie qu’ils administrent suivant leur bon plaisir. Je me demande aussi si l’attitude du Français ne ressemble pas à celle qu’un ami prête à ses enfants. Ils le narguent jusqu’à ce qu’il perde son sang froid. Pour lui, ils seraient malheureux s’il ne le faisait pas : ils n’auraient plus de repères. « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis ». Ce qui serait triste.

Etrangement, pendant longtemps cette attitude a exaspéré, mais sans susciter de mesures de rétorsion. Mais bloquait-elle réellement le changement ? En période de crise, l’organisation évoluait (ce que note aussi Michel Crozier). Surtout, un certain type de management, particulier à la France, dissout les résistances (voir Christian Kozar et le Reengineering de l’économie française ou Serge Delwasse et résistance au changement). Aujourd’hui, notre résistance nationale pourrait vivre ses derniers jours.
  • Il n’y a pas besoin de connaître le métier d’une unité pour savoir si elle est efficace économiquement.
  • Les groupes français ou internationaux n’ont plus de patience pour les résistants. Et il y a beaucoup de candidats pour les remplacer. Dans cet univers, la compétence est seconde derrière l’obéissance (au moins apparente).
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