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samedi 13 septembre 2008

A lire absolument

Témoignage apocalyptique de Dominique Huez, médecin du travail (Le stress au travail est lié au mode de management actuel, Le Monde.fr, 12 septembre 2008).

J’y découvre avec horreur que l’organisation qu’il décrit, l’organisation française, est le degré zéro de l’efficacité économique. Retour à l'ère glacière des sciences du management ! Avec de telles méthodes, je ne donne pas cher des chances de survie de l’entreprise française.

Il décrit un taylorisme poussé à l'absurdité : non seulement on prétend dicter à l’homme ce qu’il doit faire, mais encore le programmer psychologiquement ! Et il n’y a que des victimes : le manager reçoit des objectifs insensés, et on lui impose des moyens qui garantissent son échec. Quant à l’employé, il est broyé, et ce d’autant plus qu’il est attaché à son entreprise (une condition favorable de suicide !).

Là où l’analyse est inattendue est qu’elle montre un nœud du problème contrintuitif. Comment voyons-nous le manager ? Celui qui force des bons à rien à faire leur devoir. En fait, pour l’homme travailler, et travailler utilement, est une exigence vitale. Il construit son identité dans sa contribution à une œuvre collective, et dans la reconnaissance qu’il retire de celle-ci. C’est parce que l’organisation actuelle du travail est irrationnelle et économiquement stupide qu’il devient fou. Paradoxalement, l’organisation étant naturellement efficace, le rôle du manager est de déblayer tout ce qui peut l'empêcher de faire ce qu'elle veut faire.

Compléments :
  • Quelques idées personnelles sur comment le manager ou l'employé, peut réagir face à une main invisible qui le détruit ou le pousse à aller contre le bien commun (et l’efficacité économique). 1) Trouver des gens avec qui en parler, des amis, des alliés. Avec eux chercher comment sortir du cercle vicieux dans lequel le « système » l'enferme. 2) Attention : il fait de nous tous des coupables. (Malheur à celui qui menace de nous révéler nos crimes ! Même notre conscience est un danger.) Mais, ce qui rend l’homme heureux est « politiquement correct » : il rend l’entreprise efficace. Si l’on sait le formuler correctement on est le meilleur élève du régime.

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