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dimanche 21 septembre 2008

Sœur Emmanuelle

Le Français : pleurnichard ou malheureux ?

J’entends sur RFI une discussion sur la vie de Sœur Emmanuelle, qui atteint gaillardement ses cent ans. Le contraste entre la joie de vivre d’un bidonville égyptien et la dépression qu’elle a trouvée en France l'a frappée. Français = geignard incapable de comprendre son bonheur ?
  • Je rencontre beaucoup de gens qui critiquent leurs conditions de travail. J’écoute leur diagnostic, et leur explique qu’améliorer la situation est facile, y compris sans aucun pouvoir. Et que je vais leur donner un coup de main. Mon interlocuteur me regarde avec consternation. Le Français se plaint, mais n’agit pas. Un point pour Sœur Emmanuelle.
  • Discussion avec un médecin. Il passe beaucoup de temps avec ses patients. Pourquoi ? Ils vont mal, mais pas d’un mal que guérissent ses médicaments, ils ont besoin de parler.
Je vois donc :
  1. Une caractéristique nationale, saine.
  2. Un mal plus profond, l’explosion du lien social.

Sœur Emmanuelle a un point de vue matérialiste du monde : quand on est riche, on est heureux. Mais l’homme n’est-il pas un « animal social » ? Maslow disait que le lien psychanalytique de l’homme normal était l’amitié (la psychanalyse de Freud ne traitant que des anormaux). Le Français n’a plus d’amis, plus rien pour éliminer un stress qui le ronge. Et si la richesse réelle n’était pas matérielle mais sociale ?

Compléments :

  • Ma référence à Maslow vient de MASLOW, Abraham Harold, Motivation and Personality, HarperCollins Publishers, 3ème edition,1987. Sa fameuse « pyramide » montre ce dont l’homme a besoin pour devenir un homme. Le besoin matériel (de nourriture) est tout en bas. Ce n’est pas la seule chose utile : il y a aussi l’amour, la confiance en soi… La théorie de Maslow dit que pour que l’homme connaisse un développement harmonieux, il faut que ces besoins soient satisfaits dans sa jeunesse. Il passera ensuite au niveau supérieur, jusqu’à atteindre ce qu’il est le seul à pourvoir donner (auto-réalisation). Sinon, il aura toute sa vie un manque. S’il n’a pas correctement mangé, il mangera trop… Or, tous ces besoins sont satisfaits par la société. La force de Sœur Emmanuelle vient sûrement d’une jeunesse qui lui a permis de se construire solidement. Il n’est pas certain que la société serait aussi généreuse avec elle aujourd’hui.
  • Sur la souffrance au travail du Français (que Soeur Emmanuelle trouverait ridicule ?) : A lire absolument.

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