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jeudi 11 décembre 2008

Maslow et les droits de l’homme

Ce matin RFI parle des droits de l’homme à Cuba. On y trouve des détenus politiques. Un Cubain interrogé répond qu’au moins les gens ne souffrent pas de faim. Ce qui n’est pas le cas d’un milliard de personnes dans le monde. Et leurs droits ?

Argument qui ne dédouane pas Cuba, mais qui m’a fait réfléchir. Les rebonds de l’histoire sont bizarres. Aujourd’hui notre monde capitaliste est vu comme le berceau des droits de l’homme. Or, c’est en réaction aux excès capitalistes, à la déchéance de ses victimes, qu’a été créé le communisme. Et on oublie que les idées socialistes ont massivement influencé notre société occidentale. Un proto communiste est donc légitimement surpris d’être accusé d’enfreindre les droits de l’homme.

C’est vrai aussi que ne pas crever de faim paraît un droit fondamental. Ce qui me remémore Maslow. Pour lui la construction de l’homme se fait par saturation successive de besoins. Notamment, il faut le nourrir, lui donner de l’amour, et confiance en soi. Ensuite, il s’auto-réalise, il devient ce qu’il doit être. Tout cela est apporté par la société.

Du coup, une société qui fait de l’homme un produit que le « marché du travail » échange est attentatoire à ses droits : elle casse le tissu social qui est nécessaire à sa constitution. Il en est probablement de même d’un licenciement non préparé. L’idéologie anglo-saxonne (ou du moins celle d’une élite dirigeante), qui croit que l’homme est seul, que la notion de « société » est vide de sens, est donc, plus généralement, attentatoire aux droits de l’homme. Bien sûr, l’idéologie totalitaire, qui nie l’individu, n’a pas de leçons à lui donner.

La bonne solution, si elle existe, est probablement entre les deux. Peut-être d’ailleurs qu’elle a à voir avec notre capacité au changement. Le droit de l’homme c’est ne pas être soumis à des changements pour lesquels il n’a pas été fait ? Si changement brutal il y a, ils doivent être assumés par la société ?

MASLOW, Abraham Harold, Motivation and Personality, HarperCollins Publishers, 3ème edition,1987.
Origines de cette reflexion : Bernard Kouchner et les droits de l’homme.

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