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vendredi 16 janvier 2009

Les marchés parient sur l'explosion de la zone euro

Un article de Jean Quatremer.

L’écart entre taux d’intérêt que paient les pays de la zone Euro pour leurs dettes a brutalement augmenté. Auparavant, le marché ne faisait pas de différence entre ses membres. Puisque dorénavant il en fait, c’est qu’il pense qu’ils vont se séparer.

The Economist (L’Euro, qu’en dire ?) avait noté le phénomène il y a quelques temps. C'était un bien : il force les pays les moins sérieux à plus de rigueur, pour ne pas sortir de la zone.

Mais ce renchérissement des taux, qui, comme souvent en régime capitaliste, est un cercle vicieux, est particulièrement pervers en période de crise : plus le pays s'endette pour redresser son économie, plus le marché doute de lui, lui fait payer chère sa dette et complique son redressement.

La zone Euro envisage de demander à ses membres de promettre la rigueur une fois la crise passée, et de créer des obligations européennes : chacun paierait ses emprunts au même prix.

J’en reviens à mes idées de Greed and Fear. Il me semble que contrairement à ce que pensent les Anglo-saxons, les marchés ne « veulent »  pas le bien de l’humanité, mais ont été infiltrés par ce qu’elle a de plus abjecte. Ils essaient de s’enrichir par destruction du tissu social, en exploitant ses failles, ses alliés objectifs, qui sont nos tendances à l’individualisme, au chacun pour soi. Dans le cas de l’UE, ce pourrait être l’orgueil allemand, qui est las de devoir supporter tant de médiocres, ou, parallèlement, des parasites (le « free rider » de la théorie économique) qui exploiteraient le groupe à leur profit et le condamnerait à mort pour inefficacité.

La solution ? C’est la solidarité et un contrôle accru de la gestion des pays de la zone. Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort, aurait dit Nietzsche. Mérite du marché ?

Si la zone résiste, il « s’intéressera » probablement à d’autres proies moins coriaces (À vendre, pays pauvre). 

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