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samedi 3 janvier 2009

Les risques économiques tels que perçus en 2007

En mars 2007 avait lieu une conférence organisée par la CCIP. On y a parlé de risques économiques. J’en ai gardé le compte-rendu (Conference board business briefing, mercredi 14 mars 2007), parce que l’optimisme des participants m’avait surpris : d’après ce que j’avais entendu jusque-là, une crise était certaine (on était en plein mouvement spéculatif, les fonds LBO, par exemple, s’achetant leurs participations les uns aux autres).

Présents : une prévisionniste américaine, l’ambassadeur des USA en France (qui ne dira rien sur le risque), et deux Français : un dirigeant de multinationale industrielle, un dirigeant d’une compagnie d’assurance.

Alan Greenspan avait parlé de récession américaine, ce qui avait inquiété le marché. Risques : « abondance de liquidités », « créances douteuses ». Mais, tous sont confiants.

La plus préoccupée est l’expert américain : « il existe aujourd’hui des acteurs financiers dont nous ne comprenons pas le comportement, des titres que nous ne savons pas évaluer ». Mais « le risque de récession de l’économie américaine est particulièrement faible », « s’agissant de l’immobilier, le niveau de prix est très satisfaisant ». , « les PER (rapport prix action / bénéfice entreprise) sont actuellement sous côtés. J’ai donc toute confiance dans les marchés d’actions, même si les marchés d’obligations donnent lieu à quelques inquiétudes ». « Au cours des prochaines années, les risques apparaîtront de manière plus explicite. Les banquiers centraux doivent espérer que les marchés ont su tirer profit de leur expérience passée et qu’ils s’ajusteront de manière satisfaisante face aux événements ».

Les Français, eux, nagent dans l’optimisme. Seule mauvaise note : la France. L’assureur : « il existe des problèmes d’inadéquation du marché du travail, qui tiennent à mon sens à des retards de certains pays, dont le mien ». Quant à l’industriel, il a peur du protectionnisme français.

Sinon : « Je ne pense pas qu’il existe de problème de valorisation ».

L’assureur : « Quant aux risques économiques, ils me semblent relativement limités à l’heure actuelle. » « L’ensemble de l’économie mondiale repose sur un optimisme solide de tous les acteurs économiques ». « Si dysfonctionnements il y a, l’ajustement se fera par la finance. » « Les institutions financières sont désormais prêtes à faire face à un changement de modèle, grâce à des réformes prudentielles qui ont porté notamment sur la solvabilité. » « Il faut se réjouir à ce titre du développement d’instruments de couverture au cours de ces dernières années. »

L’expert américain : « pour ma part, je suis peu optimiste sur la flexibilité des marchés » suit l’évocation du danger des subprimes, puis « il nous faut donc rester très prudents face à cette ingénierie financière ».

Surprise, le dirigeant industriel français s’affirme plus expert que l’expert. Il est catégorique : « ces risques sont très diffus : le nombre d’acteurs et d’institutions financières est tel que le risque peut facilement être absorbé ».

Quelques observations : 

  1. les indicateurs sur lesquels ces experts basaient leurs raisonnements étaient faux (PER, prix de l’immobilier) ; 
  2. c’est ce qui devait assurer la flottaison du navire qui l’a coulé (le système financier, le système prudentiel) ;
  3. le dirigeant français semble à la fois être mal informé, travaille-t-il suffisamment ses dossiers ?, et excessivement sûr de soi, voire arrogant. Le seul danger qu’il voit ne peut jamais venir que de la France, toujours prête à le trahir ; 
  4. en termes de prévision, il n'est pas possible de faire confiance à ceux dont c'est la fonction.

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