Pages

lundi 18 mai 2009

De l’égalité des sexes

On m’a demandé de remplir un questionnaire sur les moyens d’établir l’égalité des sexes, et, accessoirement, des majorités et minorités. (Au travail.) Le dit questionnaire m’a laissé songeur. Quelles sont les conséquences de l’injustice dénoncée par le questionnaire ? Que serait un monde juste ?

  • La vie de couple doit être une guerre. Presque partout, il doit y avoir des femmes dont la carrière n’est pas ce qu’elle devrait être. Comment un assemblage exploiteur / exploité (maître, esclave ?) peut-il tenir ? Conflit permanent ?
  • Mais la notion de « carrière » ne concerne qu’un bien petit nombre de personnes. Les pauvres, eux, n’ont pas de carrière. Finalement, ils sont égaux. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’ils ont besoin d’être deux là où un suffisait par le passé. Si j’ai raison, qui a récupéré le gain ainsi réalisé ?
  • Plus curieux : à quoi ressemblerait un monde égalitaire ? Vus les horaires invraisemblables des cadres supérieurs, on se demande comment un couple ayant ces horaires pourrait avoir des enfants, et les élever. Peut-être faire appel à de la sous-traitance, comme le font nos ministres-femmes ? Mais pas à du petit personnel (pourquoi pas une nourrisse ?), un demi-monde où il n’est pas possible de faire carrière. Il faut plutôt envisager des entreprises d’entretien.
  • Il demeure la grossesse. Perte de temps dans une carrière. Comment compenser la femme pour ces années perdues ? J’ai peut-être une idée : comme elle vit plus longtemps que l’homme sa carrière pourrait se terminer plus tard. Elle démarrerait plus lentement, mais se terminerait plus fort. Reste l’inégalité entre femmes avec et sans enfants.

Conclusion ? On a là une combinaison d’éthique des valeurs et de problème de conduite du changement mal mené. On plaque sur la société une idée pour laquelle elle n’est pas prête. La société était organisée pour avoir un homme au travail et une femme à la maison, ou ayant un emploi mais pas une carrière. Si l’on veut changer une règle de la société, il faut aussi modifier les autres, de manière à ce qu’elles ne la rejettent pas. En particulier, on pourrait réduire le temps de travail, pour qu’à deux les époux travaillent comme un, et forcer les cadres à respecter ces horaires.

Du coup, toutes les femmes seraient obligées de travailler, de faire carrière. Mais le veulent-elles ? Celles qui le veulent sont elles une majorité ou une minorité ? Si elles sont une minorité ne risquent-elles pas de forcer leurs sœurs à adopter en masse un modèle qui n’est pas le leur ? D’ailleurs y a-t-il une réelle discrimination ou est-ce qu’en proportion les femmes ambitieuses réussissent aussi bien que les hommes ambitieux ? La minorité ambitieuse veut-elle un monde à son image ? (Mais alors, elle va réduire ses chances de succès ?)

L'égalité homme femme me semble un problème mal posé. Comment peut-on réussir un changement dans ces conditions ?

Complément :

  • La technique du questionnaire est appelée par les psychologues « framing » : elle sous-entend ce qui est le bien et le mal. SUSSMAN, Lyle, How to Frame a Message: the Art of Persuasion and Negotiation, Business Horizons, Juillet-Août 1999.
  • Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley apporte une élégante solution au problème ci-dessus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire