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dimanche 9 août 2009

Iran et Europe

L’Iran juge des ressortissants européens dans le cadre de procès qui ressemblent fâcheusement à ceux de Staline. L’Iran pose un difficile problème à l’Europe : que faire ?

L'Iran a trouvé le point faible de l’Europe : l’Europe n’est pas une puissance, au sens où ses décisions ne sont pas suivies des résultats qu’elles appellent. C'est pour cela qu'elle évite ordinairement d'en prendre. C’est ennuyeux, car son bouclier habituel, les USA, a une crédibilité en berne, est en crise, et n’a peut-être pas des intérêts très conformes à ceux de l’Europe. L’Europe est d’autant plus faible qu’elle a sûrement beaucoup d’otages potentiels (notamment économiques – ceux qui rendent lâches les gouvernements) en Iran.

En fait, voilà exactement l’exercice qu’il faut pour construire une Europe-puissance :

  • Elle est provoquée, elle doit réagir, sous peine de perdre toute crédibilité. Plus important : elle ne peut pas laisser ses ressortissants se faire insulter.
  • Mais cette réponse ne doit pas affermir le régime iranien, qui va l’utiliser pour montrer à son opinion que l’Occident est hostile, et que les accusations des procès étaient fondées, afin de souder sa population derrière lui.
  • Et elle doit prendre en compte les mesures de rétorsions qu'infligeront les Iraniens aux intérêts et aux ressortissants européens. Leur impact doit être évalué et des solutions trouvées pour que leurs effets ne nuisent pas à l’objectif recherché.

Cependant, il existe des facteurs favorables aux Européens, qui sont justement ceux qui expliquent l'attitude du gouvernement iranien : ce régime est extrêmement faible. Non seulement il fait face à une opposition qui pense avoir gagné les élections, mais Amadinejad est contesté par les ultras. Son lien avec Kameneï, qui lui aussi doit être sur un siège éjectable, pourrait être relativement ténu. Juste une question d’intérêt à court terme.

Curieusement, l’Europe doit retrouver ses réflexes de puissance coloniale, mais elle ne peut plus utiliser ses armées comme à l’époque où ses ambassades étaient encerclées par les Boxers, elle doit apprendre à jouer avec les règles de la démocratie pour arriver à ses fins. Il suffit qu’elle réussisse une seule fois pour qu'elle sache dorénavant comment se faire respecter. Les intérêts de ses ressortissants, et de son économie, s'en porteront bien mieux.

Compléments :

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