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mercredi 2 décembre 2009

Obama, Afghanistan et discours

Un dirigeant passe souvent des mois à concevoir une stratégie. Quand il y parvient, elle lui devient évidente. Et quand il l’annonce il est tout surpris qu’elle ne le soit pas pour ses collaborateurs. Il ne comprend pas qu’il doit leur faire vivre en accéléré le processus qui lui a permis d’atteindre sa conclusion. Je me demandais si B.Obama, qui a réfléchi pendant fort longtemps à ce qu’il allait faire en Afghanistan, allait tomber dans ce piège. Je suis donc allé lire son discours.

D’ordinaire ce type de discours doit répondre à 3 questions :

  1. Un objectif symbolique en quelques mots, si possible chiffré. L’objectif que se donne B.Obama est d’éliminer la menace terroriste que constitue l’Afghanistan (et non pas d’y installer un régime démocratique). Le retrait de ses troupes commencera en 2011, juste avant les élections.
  2. Un diagnostic qui sonne juste de la situation actuelle (le point de départ). L’Amérique ne s’est pas donné suffisamment de moyens pour combattre les Talibans (quand B.Obama est arrivé, il y avait 32.000 soldats américains contre 160.000 en Irak, au maximum).
  3. Pourquoi va-t-on atteindre l’objectif que l’on s’est donné ? 1) Plus de troupes pour combattre les « insurgés », et protéger « des centres de population clés », ce qui doit « aider à créer les conditions (…) de transfert de responsabilité aux Afghans ». 2) Assistance à des secteurs de l’économie qui « puisse avoir un impact immédiat sur la vie du peuple Afghan ». 3) Collaboration avec le Pakistan, chez qui la rébellion s’est installée.

Le discours semble ensuite vouloir aborder franchement les questions et inquiétudes. En particulier, il explique pourquoi l’Afghanistan ne sera pas le Vietnam, et il chiffre le coût de l’effort militaire. Ce discours paraît aussi vouloir répondre honnêtement aux critiques étrangères : les USA ont joué le premier rôle dans la sécurité mondiale depuis 60 ans, sans jamais chercher à le dominer, ce qui est exceptionnel ; on ne lui en a guère su gré ; il est vrai qu'il a commis quelques erreurs.

Il revient sur la stratégie de B.Obama : avant tout « reconstruire notre force ici », « parce que la nation que je suis le plus intéressé à construire est la nôtre ». Ce qui signifie réduire le prix de son engagement militaire étranger et donc le partager avec des « alliés et partenaires », d’où les efforts diplomatiques de M.Obama (qui sont donc avant tout destinés aux intérêts économiques des Américains).

Il conclut en rappelant que « quand cette guerre a commencé, nous étions unis », et qu'il aimerait que l’Amérique le soit à nouveau.

Qu’en penser ? Discours probablement intelligent, honnête et habile. Mais y a-t-il de quoi susciter l’enthousiasme des foules ? L’union sacrée qu’il appelle de ses vœux ? Le succès afghan est-il garanti ? La démonstration n’est pas très poussée. Peut-être suffit-il à B.Obama d’avoir atteint une conclusion qui le satisfait, il n’a pas besoin de la faire partager ? C'est vrai que, contrairement à mon parallèle avec la conduite du changement en entreprise, il n’a pas à convaincre son peuple pour obtenir ce qu’il veut. Un honnête discours pour quelqu’un qui n’a pas grand-chose à demander ?

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