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jeudi 25 février 2010

Cicéron

Les philosophes des Lumières admiraient Cicéron, pourquoi ? me suis-je demandé. GRIMAL, Pierre, Cicéron, Fayard, 1986.

Résistant
Cicéron fut un grand résistant au changement, il s’est arcbouté pour que la République romaine ne devienne pas un Empire. Paradoxalement, sa pensée aurait été à l’origine de l’idéologie sur laquelle s’est reposé, et qui a justifié, l’Empire. Mais aussi ses conquêtes : Rome ayant pour mission d’étendre la justice au monde.
Cicéron voulait que la République romaine soit éternelle. Ses principes fondateurs étaient parfaits, il suffisait de bien les utiliser.
Pour lui, Rome était une combinaison idéale entre monarchie, oligarchie (aristocratie) et démocratie. Chaque système a ses avantages et ses inconvénients, les combiner judicieusement permettait de profiter des premiers sans avoir les seconds. Pour cela il devait y avoir dans la cité des sages qui l’orientent dans la bonne direction, qui lui donnent de bonnes lois. Plutôt des intermédiaires que des dirigeants. Leurs choix devaient être guidés par la philosophie, héritage des pensées grecques et romaines (chaque courant philosophique ayant son utilité).
Est-ce l’égoïsme qui a fait s’effondrer l’édifice ? Les Romains, ne ressentant plus la nécessité d’une solidarité justifiée par la menace extérieure, ont commencé à se disputer pour ses acquis. Le Sénat, paralysé par les intérêts des familles qui le constituaient, semblait incapable de diriger la nation. Les tentatives de coup de force se multiplient jusqu’à ce que César, et surtout Auguste, installent définitivement l'Empire.
Ce qui est peut-être le plus surprenant est que Cicéron ait pu leur tenir tête et qu’il ait même semblé un moment sur le point de défaire Antoine. Avait-il compris quelque chose de fondamental sur le fonctionnement de Rome, qui lui permettait de faire jeu égal avec les généraux ? Était-ce son art oratoire (« éloquence (…) perfection d’une pensée sage »), qui semble avoir été sans égal ?

Lumières
Que lui trouvaient les Lumières ?
  • Son œuvre fait la synthèse de la pensée, notamment grecque, qui le précède. Première raison possible d’estime ?
  • Surtout son combat est celui de la raison, de la loi, de la morale, de la société, contre la force, la cupidité, l’égoïsme, les instincts les plus primaires de l’individu. Sous cet aspect sa pensée, plutôt stoïcienne, rappelle le Confucianisme. Certains grands hommes, après avoir cultivé leur esprit (philosophie), ont accès à la raison universelle (dont tout individu a reçu une étincelle). C’est ainsi qu’ils peuvent prendre des décisions justes. Car si la nature guide l’humanité, elle laisse au libre arbitre humain le choix (bon ou mauvais) de l’embranchement à suivre. « Le pilote d’un navire cède au vent (…) mais peut en même temps (…) amener son bateau au port ». D’ailleurs les décisions de ces sages participent à l’équilibre de l’univers. Il est aussi question, comme en Chine, de l’intangibilité des rites, antidote contre l’arbitraire.
En tout cas, ses aventures laissent penser que, quand une société est viciée, la raison a bien du mal à la régénérer. Peut-être alors n’y a-t-il d’issue que dans la dislocation, afin de pouvoir rebâtir des fondations plus solides ?

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