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vendredi 12 février 2010

Salaires des patrons (suite)

J’ai l'intuition que les grands patrons ont considérablement augmenté leurs salaires ces dernières décennies. Juste ? En tout cas, probablement vrai pour les USA :

Entre 1936 et 1939, la rémunération moyenne des 150 dirigeants les mieux payés des 50 plus grandes entreprises américaines représentait 82 fois le salaire moyen. Entre 1960 et 1969, ce ratio était tombé à 39. Mais, après l'élection de Ronald Reagan, en 1980, ce ratio est remonté en flèche, pour atteindre 187 durant la décennie 1990 et culminer à 367 au début des années 2000 ! Cette envolée est liée en particulier au développement d'un mécanisme de rémunération qui n'existait quasiment pas avant les années 1950, mais qui concerne aujourd'hui 90 % des patrons américains : les stock-options.

Pour les patrons français, je n’ai pu rien trouver d’équivalent, mais la tendance est au moins similaire :

En 1989, la révélation du salaire du président de Peugeot - 36 fois le smic - avait créée une onde de choc à travers la France. Vingt ans et une crise financière plus tard, les 50 principaux dirigeants du CAC 40 touchent en moyenne 240 fois le smic, révèle jeudi une étude du cabinet d’analyse financière PrimeView pour le magazine économique "Capital".

Ces augmentations ne seraient dues à rien d’autre qu’à un rapport de forces favorable aux grands dirigeants (et à certains de leurs salariés, comme les traders) :

Les managers (ont fait) alliance avec les investisseurs institutionnels, acceptant notamment, via les stock-options, de lier leur sort à celui du cours des actions.

Sort lié à l’action ? Il semblerait surtout qu'il y ait corrélation négative. Une analyse d’un échantillon de 90 sociétés :

Les 9 actions qui ont le plus progressé depuis 2001 (+ 640 % d'appréciation moyenne) sont celles des 9 patrons les moins bien payés (203.000 euros en 2008) Et les 9 actions suivantes, pour leur gain au cours de la même période (+ 160 %) correspondent au deuxième groupe des patrons les moins bien rémunérés (236.000 euros en 2008). A l'autre extrême : les 9 actions les moins performantes (76 % de dépréciation moyenne depuis 2001) sont celles des 9 patrons les mieux payés en 2008, avec 675.000 euros en moyenne. Et le deuxième groupe des actions les moins performantes (-54 %), rassemble le deuxième groupe des patrons les mieux payés (438.000 euros ).

Pour s'enrichir significativement, le patron doit dépecer sa société ?

Compléments :

  • Ce qui a suscité la réflexion : Salaire des patrons, Sarkozy et les salaires. Au passage j’apprends que les arguments de MM Sarkozy et Obama sont de bien vieilles ficelles. Pour que le supérieurement honnête et intelligent Obama utilise de tels sophismes grossiers, c’est qu’il doit désespérer de l'intelligence humaine…

L'un des arguments les plus utilisés pour justifier les niveaux de rémunération très élevés des PDG consiste à considérer qu'ils jouent désormais dans la même catégorie que les acteurs, les chanteurs ou les sportifs. Ce raisonnement ne tient guère la route. Tout d'abord, à de rares exceptions près, les PDG les mieux payés, gagnent nettement plus que les people les mieux rémunérés. Mais surtout, si les stars gagnent beaucoup d'argent, c'est en fonction de leur capacité à engendrer des flux de revenus colossaux sur leur seule activité, sous forme de billets de cinéma, de spectacle ou encore en associant leur image à des publicités. Rien à voir, même s'il y a aussi toujours des "petites mains" derrière le succès des stars, avec le succès d'une entreprise fondée sur le travail, la créativité, l'engagement et l'efficacité de dizaines de milliers de personnes.

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