Histoire qui m’est racontée. Travail d’une commission. Suivi par quelques uns de ses membres seulement. Conclusion unanime d’une réunion de travail : chacun doit contribuer à un document commun. Après un dernier rendez-vous de mise au point, le document sera diffusé à toute l’organisation. Les dates du projet sont arrêtées.
Rien ne se passe. Seul le leader du groupe fait le travail prévu. Au moment de se rendre à la réunion finale. Il découvre, à la dernière minute, que personne ne peut être présent. Il transmet ce qu’il a fait en demandant à ses collègues de l’annoter afin que le processus parvienne à son terme, malgré tout. Surprise. Tout le monde veut maintenant une réunion. Y compris ceux qui n’ont jamais assisté à aucune. Ce qui est étrange est que personne n’a tenu parole, or, c’est le seul à avoir respecté ses engagements (en fait les idées des autres !) qui se sent en position d’accusé !
Une interprétation possible. Modèle de l’optimisation de l’utilité (cf. théorie économique néoclassique).
Nous cherchons en permanence à exploiter les événements à notre bénéfice. C’est pour cela que nous avons avantage à ce que les autres prennent l’initiative. De ce fait, ils dégagent notre responsabilité. Et, en leur opposant notre inertie, nous pouvons leur imposer nos conditions. (C’est la stratégie qu’ont opposée les banques américaines à leur gouvernement.)
La subtilité de cette tactique est qu’elle ne peut pas nous être reprochée. De même que l’on ne peut pas signaler à un cycliste qu’il passe au rouge, sans se faire insulter. De même, il n’est pas possible de faire remarquer à quelqu’un qu’il a trahi sa parole, ce serait un manque d’éducation grossier.
Quant à la situation du leader, on peut la comprendre ainsi. Si chacun pense l’autre calculateur, il évaluera ses actes comme manifestation de son intérêt personnel. Que le leader du groupe ait fait un travail aussi rigoureux signifie certainement qu’il prépare un mauvais coup. D’ailleurs ne profite-t-il pas de l’annulation de la réunion pour passer en force ? Il est temps de l’annihiler.
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