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mercredi 28 décembre 2011

Vers la paix perpétuelle de Kant

Les Lumières veulent libérer l’homme - la liberté étant la capacité de penser par soi-même. Pour cela, il doit, en particulier, s’affranchir des croyances, inaccessibles à la raison. Donc de la métaphysique, qui ne peut qu’être vaine spéculation.

Mais les Lumières n'ont-elles pas une métaphysique ? La raison est première. Il existe un Dieu, qui veut « le souverain bien », l’intérêt général. Son existence est démontrée indirectement, par le fait que son inexistence serait inacceptable (le monde serait livré à l’aléatoire). Les Lumières sont la religion de la raison ?

De la résulte un « État de droit », où les actes de l’individu sont guidés par son devoir que lui dicte sa raison.

Cet État est une République, pas une démocratie. La République est un système politique dans lequel le législatif est séparé de l’exécutif. L’exécutif réalise la volonté générale, pas la sienne. Par contre, la démocratie est un despotisme « de tous sur un ».

Qu’est-ce qui nous sépare de la réalisation d'un tel État, en dehors de la métaphysique et de la religion ? Les hommes politiques. Ils prétendent que l’homme est faible, incapable de la discipline que demande la morale. Leurs manœuvres hypocrites rendent impossible son règne.

Mais Kant ne nie pas que son idéal ne soit pas réalisable immédiatement. Cependant, il est possible d’y tendre, sans prendre de risques. C’est cela pour un politique d’être « moral ». Recommandation capitale : le politique doit renoncer à la dissimulation (« une maxime (…) que je ne peux pas divulguer sans faire échouer par là mon propre dessein »). La « publicité », dire à tous ce qui les concernent, joue un rôle central dans le fonctionnement d’un État de droit.

Le cours des événements est favorable au règne du droit et de la paix. (« Problème qui se résout peu à peu et se rapproche de son but ».) En particulier, la guerre, qui pousse les hommes à aller à la rencontre les uns des autres, les cultures nationales, qui réalisent un équilibre des forces entre États et les maintiennent sur le qui-vive, et le commerce pacificateur amènent le monde, inéluctablement, vers une « paix perpétuelle ». Elle verra s’étendre progressivement une alliance entre États, qui se réuniront en une fédération.

Cette paix sera « armée ». C’est la concurrence entre États qui les maintient en éveil. Il en est de même de l’esprit de l’homme libre, qui a besoin des assauts de la croyance pour être stimulé.

Il est possible que la principale transformation nécessaire à la réalisation d’un État de droit soit celle de l’homme qui doit apprendre « à se servir de son entendement ». (Est-ce cela le progrès ?) Ce qui demande « résolution » et « courage ». Cependant cette pensée n’est pas solitaire. L’homme ne peut penser qu’en communauté : la liberté de communiquer est donc essentielle.