Comme le dit le biologiste Robert Trivers, qui a étudié
l’avantage évolutif du mensonge, on ne ment bien que si l’on est convaincu par
son mensonge. Pour être malfaisant, le manipulateur devrait être conscient de
ses actes, ce qui n’est pas le cas, probablement.
La manipulation est une innovation, au sens de Robert
Merton, c’est une tricherie à laquelle nous invite notre société. Car elle, et
mon instituteur de CM2, nous a dit que l’individu devait s’épanouir, se libérer
des contraintes sociales. Mais le meilleur moyen de réussir, seul, n’est-il pas
d’exploiter nos positions de force sociales ? Quand on n’est pas un
oligarque, sur quoi avons-nous du pouvoir sinon sur nos proches ?
Un ami libanais me disait qu’il avait été éduqué dans la
rue, par son village. Aujourd’hui, la société s’étant distendue, barricadée
dans ses demeures, elle n’a plus les moyens de nous mettre à temps dans le
droit chemin. Or, plus la manipulation nous réussit, plus elle devient un réflexe
inné.
Compléments :
- TRIVERS, Robert, The Folly of Fools, Basic Books, 2011.
- Voici un paradoxe comme les aime ce blog : en libérant l’homme, 68 l’a asservi !
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