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dimanche 3 juin 2012

Don Montebourg contre les licenciements ?

J’entendais la radio dire que M.Montebourg volait au secours des entreprises en difficulté. J’entendais aussi des syndicats protester de ce qu’ils n’avaient pas été consultés. Tout ceci m’a plongé dans un abîme de perplexité.

Car tout ce monde a presque moins de culture de l’entreprise que le gouvernement précédent. C’est dramatique ?

Prenons le cas du syndicat. Il a la conviction intime que le patron est un exploiteur. Il faut donc lui extirper le maximum par la force. Tactique ? Être le plus nuisible possible. Malheureusement, quand un patron boit la tasse, ce comportement syndical lui enfonce la tête sous l’eau.

Quant à M.Montebourg, il semble croire que l’entreprise en difficulté a besoin de trouver des financements. Ce à quoi The Economist répondrait certainement qu’elle les aurait trouvés si elle n’avait pas été nase. Lui donner de l’argent en prive l’économie ! Voila pourquoi la France des trente glorieuses a fini par capoter : en protégeant nos canards boiteux, nos hauts fonctionnaires ont asséché le reste de l’économie. D'où chômage de masse. Bis repetita

En fait, ils ont tous raison, mais dans le mauvais ordre. Ce qui fait qu’ils ont tous tort. Car, ce qui plombe une entreprise est un cercle vicieux. Le redresser ne coûte rien, sinon un coup de génie. Une fois qu’on a trouvé ce qui cloche, il est simple d’intéresser l’investisseur, puisque l’on peut expliquer qu’il est en face d’une aubaine. Abstrait ? Quelques exemples qui me viennent en tête :
  • Succession dans une PME. Le fondateur, commercial dans l’âme, est remplacé par son fils, un manager, il « casse les prix » de peur de perdre ses clients. (Un classique !)
  • Fusion de plusieurs unités. Les employés se replient sur eux, et ne font plus les « travaux d’intérêts généraux », autrement dit, ils laissent leurs collègues – et l’entreprise - s’enfoncer.
  • Pour augmenter la rentabilité d’une société, avant une vente, son équipe dirigeante supprime son centre de recherche. Or, il fait le succès et les marges – énormes – de l’entreprise.
Tout ceci peut paraître évident. En fait, il ne l’est pas du tout. Entre la cause et les conséquences il s’est passé des années : on a oublié à quoi l’entreprise ressemblait jadis. D’ailleurs, on se trompait sur ce qui la faisait marcher. Et, surtout, bien souvent celui qui décide maintenant vient d'arriver et n'a pas de contact avec ceux qui connaissent les réalités de l'entreprise, ses employés.

Alors quid de M.Montebourg ? Qui ne tente rien n’a rien. S'il est intelligent, il finira par apprendre de ses erreurs. Ce qui compte est de se jeter à l'eau, avec la volonté de gagner le 100m. Intelligent ? C'est être in quiet.

Compléments :
  • Pour essayer de faire passer les idées de ce billet, j’ai réalisé une série d’émissions pour décideursTV…
  • Globalement toute notre économie est victime d'un cercle vicieux : elle doit apprendre à innover avec les moyens dont elle dispose, pour pouvoir se différencier, augmenter ses marges...
  • Je pense que nommer un « propriétaire » du redressement de l’économie nationale est une excellente initiative. Cela ressortit à un conseil que je donne depuis toujours, ou presque : quand vous pensez que votre organisation doit acquérir une compétence, il faut nommer un responsable de la dite compétence. En multipliant les expériences (initialement désastreuses !) il finira par apprendre ce qu’il faut savoir sur la question. 

2 commentaires:

  1. Montebourg va faire semblant de pouvoir agir jusqu'aux législatives, et puis après on en parlera plus.

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  2. Effectivement. C'est possible.
    Je me demande d'ailleurs s'il ne suit pas l'exemple de Nicolas Sarkozy, avec une approche du sauvetage d'entreprise similaire : chercher une forme de "coup médiatique" (trouver des fonds, plutôt qu'entrer dans la réalité de la vie de l'entreprise)...
    D'un autre côté, que pourra-t-il faire ensuite ? N'est-il pas une bonne stratégie (de promotion personnelle ?) d'être vu tous les jours aux côtés des entreprises ? Même si l'on ne leur sert à rien ? N'est-ce pas plus motivant que de rester dans son bureau de ministre ?...

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