Pages

vendredi 9 novembre 2012

Gallois et Tocqueville

Même un polytechnicien n’arrive pas à bien comprendre le rapport Gallois.

En fait, si l’on en croit Elie Cohen, ce rapport est un exemple de notre génie national. Il dit de manière effroyablement compliquée une chose très simple. A savoir que le mal de la France est que ses entreprises produisent trop cher du milieu de gamme. Elles doivent s’orienter vers le haut de gamme. Cette idée fait consensus parmi nos élites.

Pourquoi ne pas envisager d’autres directions, direz-vous ? (Par exemple, une ouverture sur les marchés étrangers, qui, par effet d’échelle, réduirait les coûts ?) Nos élites seraient-elles victimes d’une nouvelle lubie, comme au temps des 35h ? Ceci est une autre histoire.

D'autres auraient demandé aux entreprises ce dont elles avaient besoin. Peut-être auraient-elles eu des idées intelligentes, et bon marché ? Pas question. Comme le disait Tocqueville, notre gouvernement doit faire notre bonheur, y compris contre notre volonté.

Dans cette logique, le rapport conclut que « des actions de longue haleine doivent être menées en matière de formation, de recherche, de gouvernance, d’exportation, de solidarité entre grandes et petites entreprises et de refondation du contrat social ». Mais c’est du long terme et l’entreprise est en perdition ! On rajoute donc « un transfert immédiat et inconditionnel des charges sociales non contributives (…) vers un impôt universel à assiette large ». Mais ces prélèvements vont accentuer la crise ! Certes, mais, la France est sous la menace d’une intervention extérieure (UE, FMI, marchés), pas question de transiger ! Alors, on prend les dites mesures, tout en en différant l’action ! « le gouvernement change de direction et reconnaît que la priorité est à la baisse de la dépense publique et à la restauration des marges des entreprises. Ce message devrait être entendu par le FMI, les marchés et l’UE. »

Curieusement, alors que d’une question simple, le gouvernement a tiré des mesures d’une rare complexité, il a totalement omis de se pencher sur le détail de leur mise en œuvre : « les 10 milliards de baisse de dépenses publiques ne sont guère détaillés alors qu’il faudra sans doute s’engager dans la réforme du mille-feuille territorial, des dépenses de santé et des multiples organismes publics qui ont proliféré » et plus loin « Le dispositif de transferts de charges est illisible et comporte des incertitudes majeures. »

Amateurs pris de panique ?
L'Ancien Régime et la Révolution.
Ou les conséquences imprévues de  la réforme à la française.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire