Même un polytechnicien n’arrive
pas à bien comprendre le rapport Gallois.
En fait, si
l’on en croit Elie Cohen, ce rapport est un exemple de notre génie
national. Il dit de manière effroyablement compliquée une chose très simple. A savoir
que le mal de la France est que ses entreprises produisent trop cher du milieu
de gamme. Elles doivent s’orienter vers le haut de gamme. Cette idée fait
consensus parmi nos élites.
Pourquoi ne pas envisager d’autres directions, direz-vous ? (Par exemple, une ouverture sur les marchés étrangers, qui, par effet d’échelle,
réduirait les coûts ?) Nos élites seraient-elles victimes d’une nouvelle lubie,
comme au temps des 35h ? Ceci est une autre histoire.
D'autres auraient demandé aux
entreprises ce dont elles avaient besoin. Peut-être auraient-elles eu des idées
intelligentes, et bon marché ? Pas question. Comme le disait Tocqueville,
notre gouvernement doit faire notre bonheur, y compris contre notre volonté.
Dans cette logique, le rapport conclut que « des actions de longue haleine doivent être
menées en matière de formation, de recherche, de gouvernance, d’exportation, de
solidarité entre grandes et petites entreprises et de refondation du contrat
social ». Mais c’est du long terme et l’entreprise est en perdition !
On rajoute donc « un transfert
immédiat et inconditionnel des charges sociales non contributives (…) vers un
impôt universel à assiette large ». Mais ces prélèvements vont accentuer
la crise ! Certes, mais, la France est sous la menace d’une intervention
extérieure (UE, FMI, marchés), pas question de transiger ! Alors, on prend
les dites mesures, tout en en différant l’action ! « le gouvernement change de direction et
reconnaît que la priorité est à la baisse de la dépense publique et à la
restauration des marges des entreprises. Ce message devrait être entendu par le
FMI, les marchés et l’UE. »
Curieusement, alors que d’une question simple, le
gouvernement a tiré des mesures d’une rare complexité, il a totalement omis de
se pencher sur le détail de leur mise en œuvre : « les 10 milliards de baisse de dépenses
publiques ne sont guère détaillés alors qu’il faudra sans doute s’engager dans
la réforme du mille-feuille territorial, des dépenses de santé et des multiples
organismes publics qui ont proliféré » et plus loin « Le dispositif de transferts de charges est
illisible et comporte des incertitudes majeures. »
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