Comment M.Sarkozy a-t-il voulu réformer la police ? Par
le « management par objectif ». Le management pas objectif rémunère
une personne en fonction de sa performance. C’est travailler plus pour gagner
plus. C’est surtout l’adaptation à la France du bonus des banquiers et des
dirigeants. C’est la conséquence d’une hypothèse : il ne tient qu’à l’homme
de faire mieux. Et quand tous les hommes font mieux, la prospérité est
générale. C’est l’expression même du libéralisme.
Cette idée ré émerge régulièrement. Par exemple, à la suite
de Taylor, l’industrie occidentale a cru que la production optimale consistait
à faire fonctionner ses machines à plein régime. Or, une chaîne de production
est conditionnée par son maillon le plus faible. Si vous cherchez à produire
plus qu’il ne peut le faire, vous accumulez des stocks intermédiaires. C’est ce
que les Japonais ont compris, il y a au moins 40 ans. Ce qui leur a donné un avantage
qui a failli rayer de la carte nos industries. Pour survivre elles ont dû leur
emprunter le « juste à temps ». (Sur cette problématique voir : The Goal d’Eliyahu M. Goldratt.)
Car ce que Sarkozy, Taylor et les libéraux n’ont pas saisi,
c’est que le monde n’est pas fait d’individus isolés, il y a, en plus d’eux,
quelque chose qui s’appelle la « société ».
Pour relier Nanterre à chez moi, je dois passer par la route
et ses embouteillages, ou par les voies de la RATP. C ’est eux qui
déterminent mon heure d’arrivée, pas moi. Autrement dit, la performance
individuelle est conditionnée par celle de la société. Si vous
voulez réduire mon temps de parcours, vous devez modifier l’organisation de la société. Ce qui est l’exacte
définition du changement.
C’est pour ne pas avoir compris cela que M.Sarkozy fut un « Jacques Chirac en sueur ». Zéro
résultat, en dépit d’une agitation frénétique.
Mais, le management par objectif n’est pas seulement bête, il est surtout dangereux. L’exemple de la police le montre (cf. référence ci-dessus). Pour atteindre les objectifs dont elle n’avait pas les moyens elle a dû tricher. C’est probablement ce qui est arrivé à notre société : elle nous a donné l’illusion de la croissance, alors qu’elle ne faisait que brûler notre héritage.
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