Dans ma jeunesse, cette solidarité me semblait un peu
ridicule. Deux polytechniciens qui se rencontraient se tutoyaient, et pensaient
immédiatement du bien l’un de l’autre. N’appartenaient-ils pas à une élite que
le monde nous enviait ? Lorsqu’un polytechnicien dirigeant avait besoin d’un
spécialiste de quelque chose, il appelait un camarade qui avait la dite
spécialité. Jamais il n’était question d’argent. On était au dessus de cela.
Mais les factures étaient réglées.
Depuis, j’ai changé d’avis. Le réseau des polytechniciens
était un réseau de confiance. On y trouvait des gens extrêmement compétents et
peu coûteux, en particulier si l’on considère les salaires pratiqués de nos
jours. Dans ces conditions, il était rationnel que l’on fasse appel à eux les
yeux fermés. Mieux : pas besoin de chercher, d’évaluer… on trouvait la
bonne personne tout de suite. Un rêve. Tous ceux qui ont cherché un artisan savent de quoi
je parle.
Eh bien, il me semble qu’un enjeu important de notre avenir est de reconstruire de tels réseaux.
Flatteur
RépondreSupprimerPas tant que ça. Car pourquoi en est-on arrivé là? Et attention à une réaction fondamentaliste, qui voudrait revenir au passé sans avoir répondu à la question précédente. Car, les anciennes pratiques appliquées aux nouveaux polytechniciens ressortiraient à une sorte d'entente un rien mafieuse...
RépondreSupprimerJe me suis interrogé. Il me semble que ce qui a été perdu est l'humilité. Le polytechnicien initial était humble, celui que j'ai rencontré (plus vieux que moi) était faussement humble, la nouvelle version est arrogante, et imbue de son génie. (La caricature clarifie le propos.)
Pourquoi en est-on arrivé là? Parce que, hypothèse, les premiers étaient écrasés par la complexité de leur tâche (construire la France avec une science balbutiante), les nouveaux ne sont plus que des administrateurs.
à titre d'exemple : au 19ème siècles, les ingénieurs du corps des mines étaient responsables de la sécurité des chaudières (qui tendaient à exploser), aujourd'hui leurs descendants arrivent directement à la tête des entreprises.