Premier accord possible. La condition de l’homme, c’est-à-dire
ce qui fait de l’homme un homme. Pour elle c’est la politique, au sens grec du
terme. C'est-à-dire le processus créatif, entre égaux, qui
conduisait la cité à édifier l'avenir. Il me semble aussi que le propre
de l’homme est d’avoir des « copains », et de perdre du temps avec
eux. Il doit pouvoir penser, c’est-à-dire ne pas être prisonnier de son
héritage social, afin d'être capable de le critiquer, et de construire celui de ses enfants. Qu'est-ce qui est plus stimulant que vouloir changer le monde ?
Partagerais-je aussi son jugement sur la société
moderne ? Hannah Arendt disait, définition grecque, que l’économie était la gestion
de la maisonnée. Son objet était donc d’assurer les besoins primaires de l’individu.
Par conséquent, la domination du monde par l’économie signifiait celle de l’homme
par ses impératifs physiologiques. Je constate, effectivement, que les emplois se divisent de
plus en plus en deux groupes. Celui de « privilégiés » qui vivent nuit
et jour en troupeaux de courtisans ; et celui des perdants qui ont du mal
à joindre les deux bouts. Le point commun de ces deux conditions est qu’elles
ne permettent pas la pensée. Au fond, ce que dit The Economist n’est que cela :
soit vous appartenez à l’élite des affaires, en perpétuels vaine réunion et voyage d’affaire,
soit vous êtes un loser et vous devez produire sans trêve pour assurer votre
rédemption. Les Diogène, à la fausse commune.
Mais tout n’est pas perdu. Hannah Arendt dit encore que
devenir un homme résulte d’une sorte de métamorphose. L’on doit sortir de l’esclavage
de ses besoins organiques. Peut-être est-ce le sens du combat en cours ? L’humanité
lutte contre l’économie qui cherche à flinguer son intellect ? Ce faisant,
elle devient humanité ? Elle se « réalise », selon l’expression
de Maslow ? Processus douloureux, mais naturel ? Et si c’était lui la
condition nécessaire et suffisante de l’humanité ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire