Une question
fondamentale : qu’est-ce qui fait de nous des hommes ?
A l’origine du livre est une question que nous ferions bien
de nous poser, en urgence : qu’est qui fait de nous des hommes, et pas des
légumes ? Tout le livre est bâti sur une hypothèse fondamentale : « l’homme »
digne de ce nom a des caractéristiques uniques ; elles lui sont données
par son environnement (il est « conditionné »
pour être un homme).
La question est extraordinairement importante, parce que si
elle a effectivement une réponse, elle peut détruire d’entrée de jeu certains projets de société. En particulier le dernier que nous ayons subi :
construire la société sur le principe du marché.
L’âge d’or : la
Grèce (Athènes ?) présocratique
L’homme semble avoir connu un instant d’épanouissement
exceptionnel : la Grèce présocratique. La réponse à notre question s’y
trouve. L’homme, digne de ce nom, est fait par l’action « politique ». Les affaires de la
cité (la polis de politique) sont décidées
par un débat au sein d’une petite élite d’égaux. Ils ne
travaillent pas, ils ne sont que parole et action. Ils se sont élevés au dessus des appétits vils. Leur objectif ? L’immortalité.
Celle de la cité, et de leurs actions, qui produisent cette immortalité. Autrement
dit, la gloire.
Sans dimension collective rien n’est possible. C’est elle
qui définit la réalité. (La réalité est ce sur quoi s’accorde le groupe.) C’est
surtout elle qui permet à l’homme d’être un homme. Son identité se révèle, a posteriori, par les résultats que son « action »
a eus, au cours de sa vie. Donc de ce qu’en a fait le groupe. Point essentiel,
et inquiétant : le résultat de l’action est imprévisible. Et agir, c’est
naître, puisque c’est dans l’action que se construit l’identité.
Mais, cette action politique n’est pas tout. Au dessus d’elle,
après elle, il y a la « contemplation ».
L’homme, arrivé à un certain stade de son développement personnel, va aller
chercher la vérité au fond de lui-même, dans son « esprit ».
Au bas de la pyramide du développement humain se trouve le
travailleur, esclave chez les Grecs. Il obéit exclusivement aux exigences
physiologiques. Un rien au dessus est l’artisan. Lui, au moins, produit des
objets, donc du un peu durable.
La chute, sans fin,
de l’homme déchu
L’histoire humaine est celle de la lutte entre l’homme et l’espèce.
Cette dernière veut décérébrer l’homme. En faire un corps. Et elle n’en finit
pas de gagner.
Sa victoire commence avec Socrate, premier socialiste. Platon
rêve d’un monde d’artisans. La religion catholique vide la contemplation de son
sens, en la démocratisant. Mais le pire est la science. Avec Galilée et son
télescope (victoire de l’artisan), l’homme découvre un monde nouveau. Il se met
à douter de ses sens. Or c’étaient eux qui faisaient la véritable réalité. Du
coup, il sombre dans le relativisme. Double effet pervers. Il transforme la
signification « d’action » et de « contemplation ». L’action
est maintenant expérience scientifique. Rien n’existe sans elle. La
contemplation devient la recherche, à l’intérieur de soi, de modèles
(mathématiques) qui expliquent l’expérience. Mais cela est auto réalisateur !
Ce que l’homme voit au fond de lui (cf. la psychologie) est l’effet de sa
physiologie, l’expression de ses tripes, pas de son esprit. Du coup, il ne peut
« comprendre » de ce qui l’entoure que ce qui correspond à ce modèle.
Ce qu’il croit objectif ne l’est donc pas. Il est prisonnier de sa physiologie !
Il n’est plus qu’un élément d’un énorme tube digestif.
Ce qui est étrange est que l’avilissement de l’homme est
sans fond. La victoire de l’artisan a amené celle du travailleur (bête de
somme). La division du travail a fait de nous des rouages d’un processus qui
produit pour la consommation. Autrement dit rien d’immortel n’en sort. L’espèce
a gagné. C’est d’ailleurs ce que signifie la victoire de l’économie. Chez les
Grecs et les Romains, l’économie est la gestion de la maison. Or, ses
préoccupations, alimentaires, régissent le monde moderne ! Pire, la
machine menace de travailler à notre place. Nous privant ainsi de notre dernière raison d'être !
(Ce que cela m'inspire suit.)
(Ce que cela m'inspire suit.)
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