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lundi 13 mai 2013

La croissance : seule sortie de crise possible ?

Ce blog suit notre crise depuis 5 ans. Voici ses conclusions du moment.

Le monde n’a pas connu de croissance ces dernières décennies. Le gros de la population a été nourri à crédit par des formes de subventions publiques. Cette croissance virtuelle a permis à certains de s’enrichir colossalement, au détriment des autres. Mais le phénomène n’est pas qu’individuel. Les perdants et les gagnants comptent aussi des secteurs économiques et des Etats. Par exemple, l’industrie des contenus s’est faite pigeonner par la (fausse) mode du gratuit. Elle a profité aux opérateurs. De même, l’Europe du nord a exploité la crédulité de l’Europe du sud, par le biais de l’euro.

Les Etats seraient-ils coupables de la crise ? Sans leurs manœuvres dilatoires, jamais il n’y aurait pu avoir cette fausse croissance. (Et jamais « les 0,1% » n’auraient pu doubler leur part de la richesse globale.) Mais, il suffit de discuter avec un Français pour comprendre que la culpabilité est générale. Car il est férocement opposé à ce que l’on touche à son pécule. Il a applaudi à tout ce qui semblait lui rapporter. Il n’a pas compris les mécanismes de redistribution. Par exemple que la puissance publique tend à le faire travailler, en le payant bien (trop ?) ; ce qui n’est pas le cas du marché mondial, qui enrichit les intermédiaires.

Faire payer les pauvres ? Ou les riches ?
Que faire ? The Economist veut sabrer les « entitlements », les avantages acquis (la sécurité sociale, la retraite, etc.). Nous ne pouvons plus nous les payer dit-il. Malheureusement, pour la même raison qu’il a été facile d’arnaquer la classe moyenne, elle ne le permettra pas. Et elle a un poids politique colossal. Faire payer le riche ? Même une tonte courte n’enrichirait pas les pauvres. Surtout, les riches contrôlent l’économie. Ils possèdent des moyens de rétorsion redoutables.

Relancer la croissance
Bref, il n’y a pas d’autre solution que de relancer la croissance. Et ce, qu’on la pense nocive ou non. Comment ? Retour aux trente glorieuses. La guerre a provoqué un boom scientifique sans précédent. La planification étatique a fait profiter la planète de ses applications pratiques. En particulier, les nationalisations qui ont eu lieu à cette époque avaient pour objet d’empêcher la résistance au changement du secteur privé (Eh oui – pour la France : WORONOFF, Denis, Histoire de l’industrie en France du XVIème siècle à nos jours, Le Seuil, 1994.) Si l’on met de côté la guerre, deux idées peuvent être tirées de cette histoire.
  1. Notre économie financière a détruit le capital productif qui permet l’innovation et la croissance. Il faut recréer une économie entrepreneuriale.
  2. L'économie de marché, laissée à elle-même, tend à résister au changement. Elle doit être prise en main par une sorte d’intérêt collectif supérieur, dont la forme d’intervention demeure à concevoir.
Et une troisième ne doit pas être oubliée. Cette croissance ne peut plus être de la nature de la précédente. Elle doit être durable.

2 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec ces trois conclusions.

    La deuxième pourrait être nuancée de deux façons ; comme le montre Mancur Olson selon la synthèse que vous mettez en lien.

    la concurrence pure et parfaite produit de l'innovation quand et où elle peut se produire. Mais elle est loin d'être la règle de l'économie moderne, plutôt l'exception. La règle est celle des accords de coalition bloquante, qui sécurisent un avoir aux dépens de l'innovation comme de la durabilité. Les livres de Stiglitz le montrent bien dans les cas de la pharmacie ou des mines.

    Et l'économie de marché peut-elle être "prise en main" ? Le terme est peut-être trop fort. Imaginons un marché (physique, de village) : le prendre en main le détruirait. Mais un responsable en charge de l'intérêt général (le maire de village) peut construire le marché, le protéger, l'éclairer, le nettoyer ou non, l'encadrer, le fermer, le bousculer, le perturber avec la sirène de pompiers, y faire ou non ses achats… Bref, il a beaucoup de moyens de faire réussir ou non ce marché. Même s'il ne peut ni décréter cette réussite, ni fonctionnariser commerçants et clients.

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  2. Moi aussi, je suis d'accord! D'ailleurs, je vais sortir un billet sur la régulation du marché au Moyen-âge, qui va dans votre sens.

    En fait, je me méfie de la réglementation par une personne (danger de totalitarisme), je soupçonne que c'est à la société de décider de s'auto réguler. Un phénomène, qui, pour moi, a quelque chose de mystérieux. C'est une forme de décision collective.
    Un économiste s'est penché sur cette question : http://christophe-faurie.blogspot.fr/2008/08/governing-commons.html.

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