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samedi 18 mai 2013

L'entreprise doit se métamorphoser

L’Insead semble s’être lancé dans une réflexion sur la durabilité de l’entreprise. Je ne suis pas sûr que le problème soit pris par le bon bout. Selon moi, c’est l’entreprise, en elle-même, qui n’est pas durable. Une fois qu’elle le sera, elle respectera la nature et l’éthique, sans efforts.

Ces dernières décennies, les entreprises sont devenues bureaucratiques. Le critère de sélection des managers est politique. Le tueur gagne, et rend la vie impossible aux personnes compétentes. Et on a appliqué la philosophie taylorienne à l’organisation : l’homme est devenu un exécutant, quand il n’a pas été remplacé par une machine. Résultat ? Une entreprise qui est ouverte à tous les vents de la concurrence, et qui est incapable de changer en profondeur, tout en changeant sans arrêt ! Comme le note The Economist, les investisseurs s’impatientent. Les entreprises empilent les bénéfices, mais rien de nouveau n’en sort.
Ratio profit des entreprises / PIB, aux USA (venu de A.Fatas de l'Insead)

Ce mouvement a été accompagné d’un grand lavage de cerveau. On nous a dit que ce massacre serait créatif. La grande entreprise ne crée pas d’emplois, contrairement aux PME. Tout est donc le mieux dans le meilleur des mondes : les chômeurs vont créer des emplois ! Mais on ne s’improvise pas entrepreneur ! Et un homme de talent peut avoir un bien plus grand impact sur le monde dans une grande entreprise, que dans une poubelle !

Qu’est-ce qu’une entreprise durable ? C’est une entreprise qui a une assurance sur la vie. Autrement dit un « métier », un avantage concurrentiel fort, qui la distingue. Et cet avantage n’est pas donné par la machine, que tout le monde peut acheter, mais par l’homme, et le capital social qu’accumule un groupe d’hommes travaillant ensemble. Si l’entreprise veut redevenir durable, elle doit se donner un dirigeant qui est un « leader » (au sens des sciences du changement), et apprendre à recruter et à cultiver les talents sur d’autres critères que leur capacité à trucider leurs collègues, ou à être des bêtes de somme. 

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