Livre de Xénophon, Flammarion, 1997.
Fin des guerres du Péloponnèse. Une armée de mercenaires
grecs vient se joindre aux troupes de Cyrus, qui veut renverser son frère, roi
de Perse. Mais Cyrus se fait tuer bêtement. Les Grecs doivent revenir chez eux,
alors qu’ils sont perdus en territoire ennemi, sans guide. Pour comble de
malchance, leurs généraux se font attirer dans un piège, et massacrer. L’Anabase
est l’histoire de leur retour. C’est aussi une parabole. Voilà ce que doit
faire la Grèce, si elle veut être invincible.
L’armée grecque est peu nombreuse, mais elle se révèle
redoutable. Pour rentrer chez elle, elle va proposer ses services à des alliés
de passage, qui lui font franchir à chaque fois une nouvelle étape. Sa force, c’est
la démocratie, la raison, et l’union. Les généraux sont élus. Ce qui permet de
les remplacer quand ils meurent. C'est ainsi que Xénophon devient général. Chaque décision est débattue. Et Xénophon veut
démontrer qu’un sain jugement remporte l’adhésion générale. Mais cette armée de
citoyens est aussi puissante parce que chacun est, en quelque sorte, un
professionnel qui se bat pour ses intérêts. Les armées informes de mercenaires
ou de villageois qu’elle rencontre, bien que beaucoup plus nombreuses, ne font
pas le poids. D’ailleurs, elle sait apprendre de ses revers. Plus elle combat,
meilleure elle devient. Les exploits d’Alexandre sont déjà dans l’Anabase.
Mais sa force est aussi sa faiblesse. Dès que le danger se
dissipe, les divisions et l’indiscipline renaissent. Et la défaite n’est pas
loin.
Le banquet
Le livre contient aussi « le banquet ». Ce serait
une réponse par Xénophon au banquet de Platon. On y voit un Socrate, brave
homme, prôner le bonheur de vivre, droitement, entre honnêtes gens. Le Socrate de Xénophon n’a
rien à voir avec celui de Platon. Je soupçonne d’ailleurs que l’Anabase est une
illustration de son enseignement. C’est une leçon de raison pratique, de
décision dans l’action. On y voit aussi que Socrate était partisan des
sacrifices. D’ailleurs, à chaque décision, et il y en a beaucoup, on consulte
les augures et on égorge des animaux.
Pierre Chambry, traducteur, pense que le vrai Socrate
ressemblait à celui de Xénophon. Pour ma part, je me suis demandé si le vrai
Socrate n’était pas plutôt une sorte de révélateur. N’amenait-il pas ceux qu’il
rencontrait à découvrir leur nature ? Cette découverte faite, peut-être
croyaient-ils que Socrate pensait comme eux ? Alors que lui voulait qu’ils
pensent par eux-mêmes ?
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