Livre de Pierre Servent, Perrin, 2011. Pourquoi la France n’arrête-t-elle pas de se faire battre ? D’abord
militairement, puis économiquement ? Dans ce livre, il y a des choses originales, et d’autres
qui ne m’ont pas accroché.
Parmi ces dernières une critique convenue de la France,
de ses élites, de sa langue… sans aucune démonstration qu’il s’agit là de la
cause de nos maux. Et si, dans d’autres conditions, ces défauts étaient des
atouts ? Peut-être sommes-nous un champion de course à pied qui s’est
égaré dans un bassin de natation ? Et s’il suffisait de retourner sur la
terre ferme ? Deux de ses remarques torpillent d'ailleurs sa critique. Certes, la France
ne fut pas glorieuse, mais elle en est au même point que les autres. Ensuite,
après chaque défaite, notre pays s’est redressé extraordinairement rapidement.
Le plus intéressant dans ce livre est la description de nos
trois dernières guerres. Elles ne sont pas du tout celles que l’on nous
raconte. En fait, depuis les guerres napoléoniennes, l’Allemagne n’a qu’un
objectif : tailler la France en pièces. Or, la France ne semble pas s’en
soucier. Ce qui en dit déjà long sur nos chances de réussite. A tous les coups,
l’Allemagne joue la même tactique. Celle de Napoléon. C’est une offensive, qui
vise le chaos. La force de la manœuvre est l’autonomie laissée à chacun d’en
faire à sa tête, d’improviser. La faiblesse de la France est toujours la même,
durant les 3 guerres : un Etat major de politiciens intellectuels et
peureux. Mais l’issue des conflits aurait pu être différente. La guerre
de 14 est sauvée par l’indiscipline de Gallieni (les taxis de la Marne) du scénario 70 / 40, mais l’incompétence du haut commandement cause une hécatombe de
morts inutiles (300.000 ?). En 40, l’armée française, ses tanks et ses
avions (!), sont très supérieurs à ceux des Allemands. L’Etat major
allemand n’a rien à envier au français en termes de médiocrité. Mais trois généraux
vont parvenir à le contourner. Et à utiliser avec génie le peu qu’ils ont. Ils
mettent la France KO.
Et le complexe de l’autruche, d’où vient-il ? Je ne
crois pas que le livre le dise clairement. Pour ma part, une anecdote me semble
significative. Un général parle des réformes qu’il fait subir à l’armée. Conscient
du conservatisme de ses vieux crabes. Il a mis en place des cercles de
réflexion qui les court-circuitent. Paradoxe. N’est-il pas lui-même un vieux
crabe ? Et, en ne consultant pas ses homologues ne leur donne-t-il pas
raison d’être sur leurs gardes ? Et si c’était cela la faiblesse de la France ? Elle est une autruche, parce que le danger vient de l’intérieur ? Mais dès que
son regard se tourne vers l’extérieur, et qu’elle oublie ses querelles, elle
devient redoutablement efficace ? Ressemblerait-elle à la Grèce de Xénophon ?
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