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samedi 5 octobre 2013

Société d’irresponsables ?

Un directeur général quitte une grosse association. Son travail a consisté à la faire entrer dans les temps modernes. Il lui a apporté, notamment, les pratiques de l’entreprise privée. Il a aussi renouvelé ses sources de revenus. Le tout en peu de temps et dans des conditions difficiles. Au moment où il part, il découvre un spectacle curieux. Les membres du conseil d’administration et ses anciens collaborateurs s’emparent de ses projets, et se disputent ses fonctions. Chacun étend ses prérogatives, on recrute, on investit… selon son bon plaisir et sans prendre en compte les contraintes de la réalité, ou même du droit. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les ambitions rencontrent vite celles des autres et se contrarient. Brutalement, on se met à regretter le directeur général. Et s’il n’avait pas été qu’un sadique ? Et si les contraintes qu’il mettait aux projets individuels avaient une raison ? Et si, sans arbitre, il ne pouvait y avoir de jeu ?

En écoutant cette histoire, je me suis demandé si elle n’était pas une métaphore de celle de notre société. On nous a dit (un de mes instituteurs en tête) que nous devions libérer notre génie. Toutes les contraintes étaient scélérates. Nous avons haï les détenteurs du pouvoir. Ah que le monde serait meilleur, si l’on était à leur place. C’est ce qui nous est arrivé. Et aujourd’hui nous sommes effrayés par notre propre irresponsabilité. Mais il n’y a plus personne pour nous protéger de ses conséquences.

Mais aussi, ne peut-on pas reprocher à Charles de Gaulle et à sa génération d’avoir conçu une société d’irresponsables ?

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